Si l'on croit le dicton selon lequel on ne prête qu'aux riches, il faut reconnaître que que Napoléon III, malgré le désastre final de son règne, garde une riche popularité. Des histoires bienveillantes mais totalement inventées courent sur lui.
A Marseille, on croit dur comme fer qu'il a inauguré en personne la rue Impériale, devenue ensuite rue de la République, le 15 août 1864, alors que, ce jour-là, il participait à des fêtes officielles à Paris.
En Corse, tout le monde est persuadé que, avec l'impératrice Eugénie, il a suivi une cure aux thermes de Guagno-les-Bains alors que le couple impérial n'a jamais dépassé Ajaccio lors de sa visite.
Mais d’autres membres de sa famille y sont bien venus, à commencer par le plus illustre de tous : Napoléon Bonaparte.
Les renseignements sur ce sujet se trouvent notamment dans «Au chevet de l’empereur», l’ouvrage du docteur Augustin CABANES (1862-1928), paru en 1924 (pages 64 et 66). La vie du fondateur du Premier Empire y est racontée sous l’angle médical.
Premier portrait de Bonaparte en Italie (le dessin de Napoléon en 1789 se trouvant dans le livre "Au chevet de l'empereur"est un faux).
Devenu lieutenant en second de l’armée royale, Napoléon BONAPARTE était affecté à Valence quand il sollicita et obtint un congé. Il quitta son régiment pour Ajaccio où il arriva le 15 septembre 1786.
Depuis la mort de son père Charles en 1785, sa famille connaissait de grandes difficultés. Le grand-oncle de Napoléon, l’archidiacre Lucien, souffrait terriblement de la goutte. Son frère Joseph devait partir à Pise pour ses études universitaires. La santé de sa mère Letizia laissait à désirer.
Napoléon devint donc le chef de famille et, son congé expirant, il envoya le 21 avril 1787 une nouvelle demande de congé pour un semestre sous le prétexte de rétablir sa propre santé. La démarche reçut un accueil favorable. Il put ainsi accompagner sa mère suivre une cure aux Bains de Guagno, il y a 235 ans.
Augustin CABANES écrit sur ce dernier point :
Sans aucun doute, le voyage fut entrepris pendant le printemps ou le début de l’été de l’année 1787. La saison de cure débutait alors en juin, parfois en mai. Napoléon rentra sur le continent en octobre 1787.
Il suivit en 1790 une autre cure pour combattre une infection paludéenne attrapée dans son casernement d’Auxonne (Côte d’Or), mais ce fut à Orezza.
Celui qui n’était pas encore Napoléon Ier séjourna bien à Guagno-les-Bains en 1787, en tant qu’accompagnateur de sa mère.
Cette présence vaudrait la peine d’être signalée, de même que celle de Pascal PAOLI. La plaque fixée sur la façade de l’établissement thermal pourrait être modifiée pour devenir:
De plus, la contradiction avec la date de 1808, date de la nomination d'un médecin inspecteur des eaux thermales, considérée comme la reconnaissance officielle de la station, serait moins flagrante puisque Napoléon dirigea la France de 1799 à 1814.