En application de la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat vue précédemment (voir les articles "La Laïcité en action dans les Deux Sorru : des inventaires difficiles (1/6)" et "La Laïcité en action dans les Deux Sorru : La fabrique part dans la dignité (2/6)"), tous les biens de l’Eglise de France furent confisqués pendant l’année 1906 après avoir été inventoriés.
Pour ce qui concerne la Corse, «Les «morceaux» de jardins, arbres et autres minuscules propriétés appartenant à la mense épiscopale et aux fabriques paroissiales, remplissent 38 pages du Journal Officiel du 5 mai 1909» (François J. CASTA, «Le diocèse d’Ajaccio», ed. Beauchesne, 1974, page 227).
Voici ce qui peut être trouvé dans le Journal publié ce jour-là au sujet des villages du canton de Soccia :
A Poggiolo, les «meubles de l’église» furent confiés au curé et le «jardin Chioso Chiesale» devint propriété communale.
Ce terrain était la partie cloturée, «chiusa», qui restait d’une grosse propriété ecclésiastique («chiesale») s’étendant autrefois d’au-dessus de Saint Siméon à la rivière et, sur l’autre versant, jusqu’à Umbriccia. Une grande partie avait été morcelée et vendue en quasi-totalité aux familles DESANTI.
Son nom a été très déformé et il est maintenant devenu «u ouijale» (orthographe phonétique).
Il semble coïncider au territoire d’un lot qui fut exclu de la vente, en 1803, des biens paroissiaux confisqués par l’Etat révolutionnaire (voir le prochain article de cette série).
Ce terrain se trouve très facilement sur le plan cadastral actuel où il correspond à la parcelle numéro 144, c’est-à-dire à une grande partie de l’espace compris entre les maisons FRANCESCHETTI et CALDERONI.
Comme un plan est toujours assez abstrait, nous vous proposons plusieurs photos d'époques différentes et d'auteurs différents pour mieux connaître ce terrain.
Le terrain fut ensuite longtemps loué à Jean-Antoine FRANCESCHETTI pour y mettre son âne.
Maintenant, grâce à la loi de séparation de 1905, Chioso Chiesale est le trésor de la municipalité poggiolaise car il est son seul bien en dehors du bâtiment de la maison communale et de la salle des fêtes.
Et il est aussi le seul vestige de la richesse foncière ecclésiastique d’avant la Révolution.
(à suivre: "Une vente aux enchères bien compliquée (5/6)")