Il fut tel que Jean BAZAL, dans "Avec les derniers bandits corses", écrit:
"L'attentat soulève un grand mouvement d'indignation, contre les bandits corses qui s'attaquent aux malades et aux infirmes. CAVIGLIOLI essaie de justifier son assassinat par la légitime défense. Mais ça ne prend pas. Les pouvoirs publics se décident à agir."
Effectivement, avec cet attentat, la coupe était pleine car le banditisme corse avait atteint un niveau exagéré.
UN NIVEAU EXAGÉRÉ
Après la guerre de 1914-1918, le maquis se remplit de bandits "modernes" qui avaient des audaces et des audiences croissantes. La situation est bien décrite par la contribution de l'universitaire Ralph SCHOR au colloque sur "LE BANDITISME ET LES REVOLTES DANS LES PAYS MEDITERRANEENS" qui s'est tenu à Nice en octobre 1981. En voici le texte:
"Vers 1930, de nombreux cantons situés dans les régions montagneuses du centre de l'île étaient contrôlées par des bandits.
Le bûcheron SPADA régnait dans la CINARCA. BARTOLI, jadis transporteur routier, était campé près de Zicavo. CAVIGLIOLI était installé dans le secteur de SAGONE. L'ancien gendarme BORNEA s'était également constitué son propre fief.
Ces individus, dépourvus de scrupules et influencés par les méthodes en vigueur dans le "milieu" des grandes villes du continent, avaient formé des bandes armées et réalisaient des profits grâce au vol, au chantage, au "racket", à la prostitution. Ils ne rançonnaient généralement pas les touristes, mais bien plutôt les industriels et commerçants corses, particulièrement les hôteliers, à qui ils promettaient de ne pas gêner leurs activités, contre paiement d'une forte somme. Les bandits ne se privaient pas d'intervenir dans les joutes électorales ; ils faisaient élire des maires, ils exerçaient des pressions sur les délégués chargés de désigner les sénateurs, ils prélevaient des taxes sur certains candidats; les politiciens les moins scrupuleux recherchaient l'appui, souvent efficace, de ces puissants personnages.
Les succès qu'ils remportaient et la longue impuissance des forces de l'ordre avaient donné aux bandits l'impression qu'ils possédaient un pouvoir presque illimité. Grisés, ils se comportaient souvent en véritables souverains : ROMANETTI se disait roi de CINARCA, Bartoli se proclamait gouverneur des cantons de Zicavo et Santa-Maria-Siché. Ils dictaient leurs volontés, ils adressaient des ultimatums par voie de presse, ils rendaient leur justice, ils arbitraient des conflits entre débiteurs et créanciers, ils interdisaient le port d'armes aux policiers traversant leur territoire.
CAVIGLIOLI s'était réservé le droit exclusif de la chasse dans les plaines de SAGONE et du LIAMONE; SPADA avait interrompu durant deux mois le service postal entre AJACCIO et LOPIGNA.
Les contrevenants s'exposaient à la mort ; BARTOLI était responsable de quinze assassinats, SPADA de treize. Dans l'arrondissement d'AJACCIO, cinquante personnes, dont six gendarmes, furent tués durant les années 1930 et 1931."
TROMBINOSCOPE DES BANDITS
On voit dans cet extrait l'importance du banditisme, et particulièrement dans les Sorru et en Cinarca-Cruzzini:
- Dans un article antérieur (http://poggiolo.over-blog.fr/article-la-securite-de-la-circulation-dans-les-d-78924168.html), ce blog a raconté la rencontre du député de MORO-GIAFFERI avec le bandit Joseph BARTOLI près de SAGONE pendant l'été 1931.