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10 mars 2024 7 10 /03 /mars /2024 18:00

 

Une initiative récente pour les maisons qui ne sont pas occupées toute l'année dans nos villages.

 

Une conciergerie pour les résidences secondaires
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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 18:00

 

 

Le Salon de l'Agriculture qui vient de fermer ses portes est un grand événement économique. Il a également une grande importance sentimentale et psychologique: il faut se souvenir que nous tous, descendants de familles de Poggiolo et des villages voisins, nous sommes des descendants de paysans. 

 

Les Poggiolais d'autrefois n'étaient pas en majorité éleveurs comme en d'autres endroits de Corse. Ils étaient surtout cultivateurs comme l'a bien décrit Xavier PAOLI dans L'histoire abrégée du village avant 1914:

 

"Ils sont une centaine et vivent essentiellement des produits de leurs terres (la propriété foncière étant également répartie, ils sont tous propriétaires). Ils cultivent du seigle, de l'orge, un peu de froment, du "bled de barbarie" et transforment ces céréales en farine dans deux moulins situés en contrebas, sur les rives du Fiume Grossu. Ils soignent leurs arbres, châtaigniers, noyers, mûriers.

Pour effectuer les travaux de labour, chaque famille possède une ou deux paires de bœufs (il y en a 22 dans le village) mais, contrairement aux autres communautés de la piève, ils pratiquent peu l’élevage de brebis ou de chèvres en grands troupeaux (un seul berger).
Ils font commerce du lin, du vin et surtout du tabac qu'ils échangent pour de l'huile avec les gens de Balagne.

En somme, ils pratiquent une petite polyculture de subsistance qui les met à l'abri de la disette."
 
 

Le tabac, ou ERBA CORSA, était une véritable richesse qui assura de bons compléments de revenus au XIXe et au début du XXe siècle.

 

Le tabac, richesse oubliée de Poggiolo

La culture du tabac a été introduite en Corse depuis l'Italie du Nord dès la fin du XVIème siècle. La production et la vente en étaient libres sous les Génois.

Même après avoir instauré en 1810 le monopole de l'Etat sur les tabacs, Napoléon Ier, pour ne pas ruiner les paysans insulaires, accorda aux Corses le privilège de planter et de vendre librement l'herbe à Nicot.

Dans les villages, on cultivait la nicotiana rustica, appelée l'erba corsa, pour la consommation locale.

La plante était souvent semée en avril dans les enclos à bétail momentanément abandonnés. Elle profitait du fumier qui avait engraissé la terre et la récolte avait lieu en août. Puis, les feuilles étaient séchées à l'air libre.

Le détail de toutes ces opérations se trouve dans l'article "La culture du tabac en Corse" de Cyprien GABRIEL (Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 1922).

Plant de tabac sauvage à Lopigna (photo Pipe club de Corse http://pipeclubdecorse.e-monsite.com)

Plant de tabac sauvage à Lopigna (photo Pipe club de Corse http://pipeclubdecorse.e-monsite.com)

Au milieu du XIXème siècle, des variétés plus élaborées furent implantées près de Corte, d'Ajaccio (à Campo dell'Oro) et de Cargese. En 1925, la production corse atteignit 400 tonnes, dont 20 à Cargese.

Liste des planteurs corses aidés par le conseil général en 1930 (photo Pierre-Jean Luccioni)

Liste des planteurs corses aidés par le conseil général en 1930 (photo Pierre-Jean Luccioni)

Les feuilles ramassées étaient vendues aux industriels comme Henri ALBAN. Déjà propriétaire d'une usine de tabac à Bône, ALBAN fonda en 1913, au 89 du cours Napoléon, la manufacture d'Ajaccio célèbre par sa façade de style néo-mauresque décorée de mosaïques, classée depuis 1992 comme monument historique.

Concurrencé par l'usine Job-Bastos de Toga près de Bastia, l'établissement ferma en 1940. 

photo msoldi1 (https://www.flickr.com)

photo msoldi1 (https://www.flickr.com)

Le tabac, richesse oubliée de Poggiolo

Pendant la seconde guerre mondiale, la production recula pour faire place aux cultures vivrières. Malgré un rebond après 1945, le tabac corse cessa peu à peu d'être cultivé et disparut entre 1950 et 1970.

 Certains Poggiolais se souviennent encore d'avoir goûté cette "herbe" au goût particulièrement âpre et fort.

Les anciens fumaient l'erba corsa comme tabac à pipe. Ils la chiquaient parfois.

Le tabac était conservé dans dans des zani ou zanetti, petites bourses en peau de chat.

Pour l'allumer, on se servait de l'amadou, matière inflammable extraite de l'amadouvier (u pane d'esca), champignon parasite des arbres.

Photo extraite de http://pipeclubdecorse.e-monsite.com/

Photo extraite de http://pipeclubdecorse.e-monsite.com/

Poggiolo et Soccia (où cette culture est avérée dès avant 1850) produisaient suffisamment de tabac pour la consommation des villageois et dégageaient même un excédent qui était écoulé surtout dans le Niolu en échange notamment de fromages. Les Poggiolais manquaient de produits laitiers car ils étaient plus cultivateurs qu'éleveurs. Mais leur "erba", dont la qualité était assez réputée, permettait au village de retirer un bénéfice appréciable.

Cette richesse a été complètement abandonnée et son existence disparaît rapidement des mémoires.

Maintenant, pour s'enfumer les poumons, il n'est plus possible d'utiliser du tabac autochtone.

Le tabac, richesse oubliée de Poggiolo

Documents utilisés:

- Jean COPPOLANI: "Cargèse. Essai sur la géographie humaine d'un village corse" (1949)

- Cyprien GABRIEL: "La culture du tabac en Corse" (Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 1922)

- Pierre-Jean LUCCIONI: "Tempi fà, arts et traditions populaires de Corse" (ed. Albiana, 2007)

- Jean-Baptiste PAOLI: "Histoire d'un petit village de montagne au cœur de la Corse du Sud"

- site du Pipe Club de Corse: http://pipeclubdecorse.e-monsite.com/

 

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28 février 2024 3 28 /02 /février /2024 18:00
Cinq reportages sur les Deux Sorru

 

Le récent reportage télévisé sur le thermalisme à Caldanelle et à Guagno-les-Bains a suscité une vive émotion. 

 

En fait, il était le second d'une série de cinq épisodes tournés dans les Deux Sorru.

 

L'intégralité se trouve en cliquant sur "Per Sti Lochi", nom de la série réalisée par Jean-Philippe Mattei, Marion Fiamma, et Rosanne Cesari.

 

Le premier épisode part du pont du Liamone et montre la vie d'un berger de Coggia.
 

 

Cinq reportages sur les Deux Sorru

 

Le second est donc celui sur les sources thermales.

 

Le troisième montre les activités de la factrice de Balogna qui donne également des cours de cuisine.

 

La quatrième partie présente la savonnerie Circinella de Vico, aussi bien la fabrique que la boutique. Cette activité a déjà été présentée sur ce blog dans l'article "Circinellu était-il une femme?".

 

La série se termine, encore à Vico, avec la présentation du collège Camille Borossi, de ses élèves, professeurs et chef d'établissement.

 

Des vidéos indispensables pour connaître notre canton et ceux qui veulent y travailler. Suivez le lien ci-dessous.

 

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29 janvier 2024 1 29 /01 /janvier /2024 18:06

 

Avec 678.000, le nombre de naissances a été en 2023 le plus bas en France depuis 1946.

 

Cette année-là, les bébés avaient été 840.000 à voir le jour. Ils furent même 867.000 en 1947, 1948 et 1949.

 

Ces chiffres ont été abondamment commentés dans la presse écrite et audio-visuelle. Spécialistes de démographie et simples journalistes ont souvent expliqué la faible natalité par la situation économique, l'inquiétude envers la pollution et le changement climatique, sans oublier le désir de s'épanouir dans sa vie personnelle avant de fonder une famille. Voir l'article paru le 16 janvier sur le site de France bleu.

 

La mentalité actuelle est bien différente de celle de 1946. On sortait alors d'une guerre horrible et l'avenir du monde était incertain avec la "guerre froide" qui se profilait. Le rationnement alimentaire existait toujours (il dura jusqu'à la fin de 1949). Mais ces inquiétudes n'empêchaient pas de vouloir profiter de la vie et de croire en l'avenir. Pour la génération qui avait 20 ans en 1946, il était donc normal de se marier et d'avoir des enfants, plusieurs enfants.

 

Cette génération fut celle qui engendra le "baby-boom", cette hausse des naissances qui accompagna les "trente glorieuses".

Cette mentalité peut être illustrée par des photos de cette époque envoyées par Marie-Dominique TEYSSEDOU-CHENEL.

 

Par exemple, le samedi 21 septembre 1946 (date écrite au verso de cette photo), un mariage fut célébré à l'église Saint Siméon de Poggiolo. Mais nous n'avons pas l'identité des deux mariés.

 

Quand on n'avait pas peur de l'avenir

 

Les jeunes qui n'étaient pas encore mariés s'amusaient dans le village, comme sur ces photos qui datent de 1947:

 

- dans les sentiers

 

A partir de la droite: André Pinelli, Denise Demartini et Jean-Martin Franceschetti (qui se maria en janvier 1949).

A partir de la droite: André Pinelli, Denise Demartini et Jean-Martin Franceschetti (qui se maria en janvier 1949).

 

- sur le balcon d'une maison familiale

2ème à partir de la droite: Jean-Martin Franceschetti - 3ème: Denise Demartini.

2ème à partir de la droite: Jean-Martin Franceschetti - 3ème: Denise Demartini.

 

- sans oublier la corvée d'eau à la fontaine (photo déjà publiée dans plusieurs articles)

 

Quand on n'avait pas peur de l'avenir
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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 18:00

 

L'année a débute par la publication de nombreuses données chiffrées, et notamment de celles de l'INSEE (institut national de la statistique et des études économiques). Elles donnent les populations légales de 2021 entrant en vigueur le 1er janvier 2024. Le site de l'INSEE donne les explications de ce décalage. Il faut se rappeler que ces résultats ont des conséquences importantes comme le montant des dotations de l'Etat.

 

Vous trouverez ici les résultats concernant les quatre communes de notre haut-canton pour les années 2010, 2015 et 2021, permettant de voir l'évolution sur un temps court. Pour une comparaison, nous avons ajouté en rouge la population comptée lors du recensement de 1926, soit pratiquement il y a un siècle. Depuis, nous sommes passés dans un autre monde.

 

Nota bene: la population comptée à part comprend des personnes dont la résidence habituelle est dans une autre commune mais qui ont conservé une résidence sur le territoire de la commune (explications plus précises sur le site de l'INSEE). 

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Image INSEE

Image INSEE

 

Total de la population du haut-canton en 2021: 486 habitants.

 

Total en 1926: 1568 habitants.

 

 

 

POGGIOLO

1926: 278 (dont 86 à Guagno-les-Bains)

Population légale: un demi-millier de personnes à Sorru in Sù

 

 

SOCCIA

 1926: 398 habitants

 

Population légale: un demi-millier de personnes à Sorru in Sù

 

 

ORTO

1926: 226 habitants

 

Population légale: un demi-millier de personnes à Sorru in Sù

 

 

GUAGNO

1926: 666 habitants

 

Population légale: un demi-millier de personnes à Sorru in Sù
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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 18:00

 

Il serait trop simple de croire que, à Poggiolo, les enterrements puissent avoir lieu uniquement dans le cimetière communal ou dans le cimetière privé dont le portail est de plus en plus dégradé (voir l'article "un chef-d'œuvre qui disparaît").

 

Quelques familles ont leur propre lieu de sépulture. 

 

Au-dessous de l'église, s'échelonnent trois constructions presque parfaitement alignées.

 

Sauf la photographie aérienne, toutes les illustrations de cet article sont de Michel FRANCESCHETTI.

Sauf la photographie aérienne, toutes les illustrations de cet article sont de Michel FRANCESCHETTI.

 

En haut, la plus imposante est la chapelle funéraire DESANTI-BARTOLI.

 

La privatisation des sépultures poggiolaises

Une chapelle funéraire se présente comme une chapelle de taille réduite avec une porte, des murs et un toit. Elle peut accueillir un ou plusieurs cercueils. Comme une véritable église, elle est dotée d'un autel permettant d'accomplir un rite funèbre.

Pour plus de renseignements, lire l'article "Les caveaux poggiolais".

La privatisation des sépultures poggiolaises

 

Sur le caveau qui est en dessous, l’inscription «FAMILLE L. A. PINELLI» permet de savoir qu'il est la dernière demeure de plusieurs membres d'une branche de la famille qui a été l’une des plus anciennes et des plus nombreuses de Poggiolo. Il a la forme d'une maisonnette surmontée d’une croix, avec des murs décorés de pierres alternativement grises et rouges. Sa construction date de la fin du XXème siècle.

 

La façade est constituée par douze plaques fermant les casiers destinées aux cercueils. La moitié des places est occupée.

 

 

La privatisation des sépultures poggiolaises

 

 Enfin, plus bas, en partie caché, un caveau plus petit montre six plaques. De forme rectangulaire avec un fronton triangulaire, il se trouve dans un petit espace clôturé et bien entretenu par la famille à qui il appartient.

 

Sur son fronton, sont inscrits les noms: PINELLI - VENTURINI - OTTAVY.

 

Ces noms expliquent la situation de ce caveau car ils sont apparentés à la famille CALDERONI dont la maison est à quelques mètres. Pour plus de renseignements, lire l'article "Le caveau caché".

 

La privatisation des sépultures poggiolaises

 

Certaines parties du cimetière communal ont une situation particulière. Au cœur de celui-ci, il se trouve un carré MARTINI. Il se dit que cette famille aurait donné le terrain à la commune pour constituer le cimetière mais aurait tenu à garder ce morceau pour elle. Par ailleurs, certains caveaux, comme celui des CECCALDI, ont des dimensions imposantes.

 

Cette photographie aérienne permettra de donner une idée claire des diverses localisations.

 

La privatisation des sépultures poggiolaises
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17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 18:52

 

Tous les Poggiolais ne connaissent pas le cimetière privé dont le portail a fait l'objet de l'article précédent. Où est-il donc situé?

 

Quand on se trouve devant l'église Saint Siméon, il suffit d'emprunter le chemin qui débute à gauche et longe le mur du cimetière communal en direction de Soccia et d'Orto. Il correspond au sentier multi-centenaire qu'empruntaient nos ancêtres avant la création des routes actuelles.

 

Mais où est-il donc, ce cimetière?

 

Au bout de quelques pas, après la porte métallique de la station de pompage, il faut prendre une montée sur la gauche

 

Mais où est-il donc, ce cimetière?

 

Et le but est atteint: on peut longer le mur d'enceinte du cimetière privé jusqu'au portail.

 

Tout cela se situe sur une distance très réduite.

 

En 2010, il était très facile de trouver cet endroit car la mairie avait eu l'heureuse idée de faire réaliser un débroussaillage complet, alors qu'il s'agit d'un terrain privé, et la construction se voyait parfaitement.

 

Mais où est-il donc, ce cimetière?

 

Mais, depuis, la végétation a bien prospéré.

 

Toutes ces photos sont de Michel Franceschetti.

Toutes ces photos sont de Michel Franceschetti.

 

Sans se déplacer, il existe un autre moyen de situer et de visualiser ce lieu, avec les photos prises par satellite (cliquer sur l'image pour l'agrandir). La limite du cimetière se distingue encore assez bien.

 

Mais où est-il donc, ce cimetière?
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15 octobre 2023 7 15 /10 /octobre /2023 18:00

 

Les événements internationaux et nationaux se bousculent, inquiétant la population et désarçonnant les politiciens car la société française a considérablement changé et l'on n'en a pas vraiment pris conscience. Le sociologue et politologue Jérôme FOURQUET vient de publier "La France d'après", un livre de base indispensable pour savoir où nous en sommes tous.

Corse-Matin du dimanche 15 octobre publie un entretien dans lequel Jérôme FOURQUET consacre une partie à l'évolution de la société corse.

 

Dans "L'archipel français" paru en 2019, l'auteur avait évoqué la vague des prénoms corses.

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Propos recueillis par Samuel RIBOT

Dans « La France d'après », le politologue démontre que le vote n'obéit plus à des traditions régionales. Selon lui, le pouvoir d'achat, le mode de vie, la sécurité et l'accessibilité des services publics jouent désormais un rôle déterminant.

 

 

On pensait que le Big Bang politique s'était produit avec l'élection présidentielle de 2017. Mais vous le situez plus en 2022. Pourquoi ?

Je parlerais plutôt d'activité sismique, avec un premier tremblement de terre en 2017 puis une réplique en 2022.

En 2017, on a le surgissement d'un candidat inconnu des Français trois ans plus tôt, qui va être élu en défiant toutes les lois de la science électorale. Marine Le Pen est au second tour et on assiste à la dégringolade du Parti socialiste, avec les 6,5 % de Benoît Hamon.

2022, c'est la réplique du premier tremblement de terre : un duel Macron-Le Pen qui s'est installé, un PS qui continue sa descente aux enfers avec 1,7 % pour Anne Hidalgo et, alors que François Fillon avait fait près de 20 % en 2017, un score catastrophique pour Valérie Pécresse (4,5 %). Les deux grands partis qui ont organisé notre vie politique depuis 50 ans se retrouvent donc à 6 % en score cumulé...

 

 

La société de l'après-guerre était encore dominée par l'Église, d'une part, et les partis, dont le parti communiste, d'autre part. Quelles sont les conséquences de leur effondrement ? 

Si on remonte quelques décennies en arrière, on avait encore sous les yeux une France « Don Camillo contre Peppone », avec d'un côté l'Église catholique et de l'autre les communistes. En 1960, 35 % des personnes interrogées disaient aller à la messe le dimanche et 25 % des électeurs votaient communiste au niveau national à chaque grande élection.

Aujourd'hui, 3 % des Français vont à la messe et le candidat communiste, Fabien Roussel, a fait 2,5 % à la présidentielle. En 60 ans, soit à peine deux générations, ces deux blocs structurants ont perdu leur influence sur la société.

 

Jérôme Fourquet par Hermance TRIAY.

Jérôme Fourquet par Hermance TRIAY.

 

Vous évoquez le cas de la Corse pour illustrer des bouleversements culturels et sociétaux qui trouvent une traduction directe dans les urnes, avec l'arrivée des nationalistes au pouvoir…

 

Il faut d'abord remonter à l'effondrement des « clans ». Le paysage politique corse a longtemps été structuré autour de grandes familles - Zucarelli, Giacobbi et Rocca-Serra - qui ont exercé le pouvoir et les responsabilités en gros depuis le XIXe siècle jusqu'aux années 2010. Mais ce système correspondait à un état donné de la société : une Corse très rurale, pieuse, dépendante des services publics.

 

Or, à compter des années 1980, cette société est rentrée dans la post-modernité. Les villages se sont dépeuplés, la matrice catholique s'est effondrée - ce que montrent très bien les taux d'IVG et de divorce -, l'agriculture a été supplantée par d'autres activités et les zones commerciales, logistiques et pavillonnaires ont explosé.

 

Le clanisme était la traduction électorale d'une société corse organisée selon un modèle traditionnel, canton par canton, avec une dominante agricole. Ces grandes familles tiraient par ailleurs une partie de leur pouvoir dans leur capacité à intermédier avec Paris. Cet équilibre social, culturel et économique a volé en éclats au cours des trente à quarante dernières années. La disparition de ce substrat duquel ces familles tiraient leur légitimité a permis aux nationalistes d'accéder au pouvoir. Leur succès est donc aussi lié à ce bouleversement de la société corse.

 

 

Jérôme Fourquet analyse le bouleversement de la société corse (et française)

 

Notre société est touchée par un phénomène de décivilisation et une individualisation croissante, estimez-vous. Avec quelles conséquences ?

On observe que les profs, par exemple, disent avoir beaucoup plus de mal à tenir leurs classes que dans les années 1960, que les incivilités se multiplient dans les transports, les hôpitaux, sur la route.

L'individu, qui est aujourd'hui traité successivement comme un enfant-roi puis un client-roi, qui n'a pas appris à gérer sa frustration, se croit autorisé à « péter un câble ».

Tous les métiers qui sont au contact de la clientèle racontent la même expérience. Cette évolution produit des effets très sensibles dans la société et cela entraîne des conséquences électorales, avec une prime aux partis qui se réclament de la loi et de l'ordre.

 

 

Entre 2002 et 2022, tous les indicateurs montrent une « vague bleu marine ». Vous notez que le RN a su s'emparer de problématiques populaires, comme la disparition des services publics ou le pouvoir d'achat...

En 2002. Jean-Marie Le Pen fait 18 % au second tour, 20 ans plus tard sa fille fait 41,5 %. Si on suit ce que j'appelle « la diagonale bucolique », qui va du sud de l'Aveyron jusqu'en Bretagne et qui vote historiquement très peu FN-RN, on est passé dans le même temps de 10 % à 35 % des voix. Or, dans ces régions, les gens parlent salaire, pouvoir d'achat, disparition des services publics, insécurité et immigration. Et durant les vingt dernières années, sous l'impulsion de Marine Le Pen, le FN devenu RN a justement ajouté à ses thèmes « historiques » ceux du salaire et du pouvoir d'achat. Un discours critique d'autant plus facile à tenir que le RN n'a jamais été au pouvoir au niveau national.

 

 

On se dit qu'il doit être extrêmement délicat aujourd'hui de penser une stratégie politique à l'échelle nationale. Comment faire face à une telle complexité ?

Dans une société qui s'est fortement dépolitisée, une proportion importante d'électeurs procède en deux temps.

D'abord, en comparant son propre diagnostic empirique de l'état du pays avec les faits et gestes d'un ou d'une candidate.

Si les problèmes soulevés par tel ou tel candidat correspondent à ma situation, je vais être prêt à écouter ses propositions. Les thèmes que vous allez aborder vont donc permettre de capter l'attention des électeurs. Une fois que vous avez passé cette première étape, peut-être que les gens écouteront vos propositions.

 

 

Quel avenir demain pour les trois pôles politiques constitués ?

La difficulté du bloc central, c'est qu’il va perdre son leader et architecte en la personne d'Emmanuel Macron. Si les résultats sont bons dans la suite du quinquennat et qu'un candidat naturel émerge, le bloc peut toutefois se maintenir.

Du côté de la Nupes, on constate qu'entre les violences policières, l'abaya et aujourd'hui le conflit israélo-palestinien, les tensions sont très fortes. Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon a déjà été candidat trois fois et il est âgé.

Enfin, du côté du RN, le parti reste rejeté par une majorité de Français. Les sondages montrent encore aujourd'hui qu'environ 70 % d'entre eux craignent les conséquences d'une arrivée de l'extrême droite au pouvoir, même parmi ceux qui votent pour ses candidats.

En revanche, ce qui me paraît certain, c'est que nous ne reviendrons pas au vieux clivage gauche-droite, qui est définitivement derrière nous.

 

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6 octobre 2023 5 06 /10 /octobre /2023 17:00
Une Corse moins pauvre demain?

 

« Une Corse moins pauvre demain ?»

Lundi 16 octobre 2023 de 16h30 à 20h

à l’Espace Diamant d’AJACCIO 

 

La Coordination inter-associative de lutte contre l’exclusion organise un colloque dont le thème est « Une Corse moins pauvre demain? » le Lundi 16 octobre 2023 de 16h30 à 20h à l’Espace Diamant d’AJACCIO.

 

Seront abordés :

  • la place de la pauvreté dans les dysfonctionnements du système Terre-Humain.
  • des voies pragmatiques pour un meilleur accès en Corse à la Santé, aux ressources alimentaires et énergétiques.

 

Objectif : Faire comprendre que des mesures structurelles ambitieuses et dépendant en tout ou partie de notre volonté peuvent faire régresser la pauvreté en Corse de manière efficace et durable


Au programme :

Introduction : Mr François PERNIN président de la Coordination de lutte contre l’exclusion
Animateur : Un journaliste de FR3 Via Stella


Intervenants : (Chaque intervention sera suivie de questions / réponses avec la salle)

➢ Mr Jean Philippe PERNIN responsable d’enseignement à l’Université Inter-Ages du Dauphiné, Co-Président de l’Association de Préfiguration de la Maison de l’Anthropocène de Grenoble qui place l’augmentation des inégalités et de la pauvreté comme l’un des constituants du dérèglement du Système Terre-Humain: « Comprendre pour agir : quel avenir pour l’humain sur notre planète ? ».


➢ Mr Hyacinthe CHOURY, secrétaire général du Secours Populaire en Corse, vice-président de la CLE. « Comment ces dérèglements se déclinent-ils en Corse ? ».


➢ Mr François CASABIANCA, membre du CESEC, ancien chercheur à l’INRAE : « Produire ce que l’on mange ».

 

➢ Mr Georges GUIRONNET, fondateur de SOLECO, entreprise pionnière de la production d’énergie solaire en Corse, membre de Negawatt de Energie Partagée/Energia Nostra, défenseur de l’Architecture frugale.  "Produire l’énergie que l’on consomme : les chemins de l’autosuffisance énergétique en Corse ".

 

➢ Pr Laurent PAPAZIAN réanimateur au CH de Bastia et ancien chef du service réanimation à l’hôpital Nord de Marseille, enseignant et chercheur à Aix-Marseille université et Università di Corsica, Président de la Société de Réanimation de Langue Française « Améliorer l’accès aux soins : un CHU en Corse » .

 

 

Inscription (obligatoire) à adresser à : 

Coordination de Lutte Contre l’Exclusion 

contact.cle20@gmail.com

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5 octobre 2023 4 05 /10 /octobre /2023 18:06
Un nom pour le tiers lieu de Sorru In Sù

 

Le tiers lieu de Sorru in Sù cherche toujours son nom, 

 

Après une série de consultation citoyenne dans les villages du haut canton, nous avons lancé nos premières activités : Atelier psychomotricité, massage bébé, chasse au trésor intergénérationnelle, cours de Yoga, journée zéro déchet, fabrication de shampoing solide & baume à lèvre naturels, chants et quadrille corses, atelier théâtre, spectacle... Un grand merci à tous ceux qui ont accueilli, aidé, soutenu.

 

Après 2 mois de sourires et de partage, nous poursuivons l'expérience dans la joie et la bonne humeur ! 

 

Il nous reste peu de jours pour trouver un nom pour notre tiers lieu.

 

Parce que nous souhaitons un choix collégial, un vote participatif, nous avons besoin de vos avis. Un certain nombre de personnes se sont prononcées, proposant les noms suivants :

 

  • I figlioli di a surgente
  • U fiume grossu
  • I Figlioli di Sorrù in Sù
  • Bella Stonda
  • Sorru in Sù
  • Sorru in Sù :Terzu Locu, I figholi di a surgente
  • Spartera
  • Agisce rende Filice

 

 Vous pouvez voter pour l’un de ces noms ou proposer vos idées, en cliquant sur ce lien : https://forms.gle/mQyigXtfV7rzCSz6A

 

Nous comptons sur vous 😊!  

 

Mathilde BENDLER

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Présentation

  • : Le blog des Poggiolais
  • : blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù). Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
  • Contact

Qu'est-ce que ce blog?

Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité.
POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici.
Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO.
Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images.
Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).

Recherche

Le calendrier poggiolais

 

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Votre ancêtre a participé à la guerre de 1914-1918?

Envoyez une photo de lui à l'adresse larouman@gmail.com

Elle pourra être publiée dans notre dossier des combattants poggiolais.

.....

Artisans, inscrivez-vous pour le marché du 1er mai au couvent de Vico (06-46-50-33-60)

 

REPAS SANGLIER A SOCCIA

 

VACANCES SCOLAIRES:

du samedi 27 avril au lundi 13 mai.

Début des vacances d'été: samedi 6 juillet.

La météo poggiolaise

Pour tout savoir sur le temps qu'il fait et qu'il va faire à Poggiolo, cliquez sur LE BULLETIN METEO

Un bulletin indispensable

  le bulletin des paroisses des Deux Sorru.

 

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