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Réponse à la devinette
Alors qu'elle nous paraît toute naturelle maintenant, la liaison entre Poggiolo et Soccia ne fut réalisée qu'à la fin du XIXe siècle, en 1882.
Auparavant, comme un article récent l'a montré, le chemin débutait aux Case Supprane et passait derrière l'actuel bar du Belvédère. Soccia avait un lien direct avec Guagno-les-Bains en négligeant Poggiolo.
La situation changea à l'occasion de l'amélioration de la voie entre Les Bains et Orto. Les progrès peuvent être suivis par les états de situation publiés lors des sessions du conseil général de la Corse (recueil disponible sur Gallica).
L'adjudication d'un projet de nouvelle route entre les Bains de Guagno et Orto fut remportée en avril 1873 par l'entreprise ARRIGHI qui commença les travaux en 1876 et les arrêta plusieurs mois début 1877, faute de subsides du département.
En septembre 1878, le conseil général confia à la commission départementale délégation pour "fixer le tracé des chemins et prescrire leur ouverture au redressement". Parmi les chemins dont elle fixa le tracé et les limites, il y eut "le chemin d'intérêt commun n°41: partie comprise entre le village de Poggiolo est le col de Santa-Anaria".
En septembre 1880, il restait "une lacune de 945 mètres, comprise entre le village de Poggiolo et le col de St-Anaria". Ce col est le lieu actuellement appelé souvent "les trois chemins" et près duquel fut édifiée au Moyen-Age l'église de Santa Anaria (ou Santa Maria) aujourd'hui totalement disparue. Les travaux devaient débuter le 16 mars 1880 mais la question des indemnités de terrains n'avait pas encore été réglée, la municipalité ne faisant pas beaucoup d'efforts pour y arriver. Du côté d'Orto, il restait 177 mètres pour les mêmes raisons.
Il fallut forcer la main aux propriétaires pour aboutir à des avis publiés dans Le Journal de la Corse du 30 mai 1882. Le maire Jules Martin DESANTI (qui vécut de 1831 à 1910) enregistra le 20 mai les cessions de terrains de quatre propriétaires:
- Antoine PIETRI, vigne et terres, à Vignali, pour six cent quatre-vingt quatre francs et soixante centimes
- Angèle-Françoise LOVICHI, qui vécut de 1827 à 1917 et était la veuve de l'instituteur Jean LOVICHI, jardin, à Chioso Bambito, pour cinq cent vingt-sept francs et quatre-vingt-dix-huit centimes
- Pierre MARTINI, dit de Gracieuse (1829-1911), jardin, au Luccio, pour sept cent soixante quatre francs et cinquante centimes
- Louis DEFRANCHI, terre et vigne, à Covita, pour mille treize francs.
Les sommes sont très différentes car les surfaces et leurs utilisations agricoles étaient variées. Si l'on rapporte le prix à la surface, on se rend compte que le terrain de Madame LOVICHI valait 196,28 francs à l'are (1 are=100 m2) alors qu'Antoine PIETRI reçut 53,99 francs par are.
Ainsi, les travaux furent achevés quelques mois plus tard et la route prit son tracé actuel. Agrandissez la carte ci-dessous.
Le quotidien national Le Figaro de mardi 7 février publie en une page entière une présentation de l'enquête sur la disparition de la Caravelle Ajaccio-Nice du 11 septembre 1968. Cet article n'apprendra rien à ceux qui suivent cette affaire depuis longtemps mais Antoine GIANNINI, journaliste à Corse-Matin et correspondant du Figaro et de l'AFP en Corse, a le mérite de présenter une synthèse claire pour les lecteurs continentaux.
Bonne lecture.
Merci à Philippe Prince pour avoir signalé ce texte.
Voici la dernière série de dates se terminant par le chiffre "3" qui concernent des événements de l'histoire de Poggiolo.
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Septembre 1943 (il y a 80 ans): Mimi CANALE, de Guagno-les-Bains, débarqué en Corse avec les goumiers, est le premier soldat à entrer dans Vico libéré.
http://poggiolo.over-blog.fr/2016/05/les-heros-poggiolais-de-la-seconde-guerre-mondiale.html
http://poggiolo.over-blog.fr/2015/05/la-guerre-de-mimi.html
Septembre 1943 (il y a 80 ans): Jean-François CECCALDI, élu maire en 1919 et chassé par le gouvernement de Vichy, reprend la tête du conseil municipal. Il resta à ce poste jusqu'en 1959, soit un total de quarante ans.
http://poggiolo.over-blog.fr/2018/11/sous-l-uniforme.html
14 octobre 1943 (il y a 80 ans): une des premières décisions du maire réinstallé fut d'interdire la divagation des animaux. Fut-elle efficace?
http://poggiolo.over-blog.fr/article-div-117148298.html
1953 (il y a 70 ans): l'escalier en bois du clocher de l'église Saint Siméon est reconstruit en béton.
http://poggiolo.over-blog.fr/2020/06/stage-cloches.html
19 juillet 1963 (il y a 60 ans): le séisme le plus important enregistré dans le Sud de la France (magnitude: 5,9 à 6) au cours du XXème siècle est ressenti à Poggiolo.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-30524055.html
mars 1973 (il y a 50 ans): après de gros travaux, réouverture des thermes de Guagno-les-Bains par la société d'économie mixte gérée par Charles HOUVER. Le 16 mars 1976, la source est déclarée d'utilité publique par arrêté ministériel. Mais la fermeture intervint vingt ans plus tard.
1973 (il y a 50 ans): réforme cantonale qui supprime la moitié des cantons de Corse. Vico et Soccia deviennent les Deux Sorru. Dominique COLONNA, maire divers gauche de Vico, est le premier conseiller général de cette nouvelle entité.
http://poggiolo.over-blog.fr/adieu-a-jean-gaffory
1973-1974: grande souscription pour la réfection de l'église Saint Siméon et son clocher.
http://poggiolo.over-blog.fr/2016/02/les-poggiolais-donnent-1974-1-4.html
12 juillet 1983 (il y a 40 ans): fiumara (crue provoquée par de fortes pluies) d'un niveau record au pont des Bains.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-gare-a-la-fiumara-67644850.html
1983 (il y a 40 ans): fermeture du café de Jean-Marie ORAZY. Le Belvédère reste le seul bar de Poggiolo.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-anciens-et-nouveaux-bars-106840106.html
http://poggiolo.over-blog.fr/2017/04/bar.html
1993 (il y a 30 ans): décès, à 97 ans, de Jean-Baptiste PAOLI, dernier survivant des anciens combattants de 1914-1918. Il est à droite sur la photo.
A gauche: Jean-Antoine FRANCESCHETTI, avant-dernier survivant de la guerre, décédé en 1987, à 90 ans.
2013 (il y a 10 ans): lors des travaux de restauration, CORTI, assistant de Marios SEPULCRE et arrière-petit-fils du peintre BASSOUL, décroûte la peinture verte de la chapelle Saint Roch et retrouve les couleurs originelles en brun marbré des colonnes.
http://poggiolo.over-blog.fr/alors-et-la-surprise-de-saint-roch
2023 se situe exactement un siècle après une année 1923 particulièrement chargée.
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1903 (il y a 120 ans): le peintre Jean-Baptiste BASSOUL termine la décoration de l'église Saint Siméon, commencée par Jean-Noël COPPOLANI, mort en 1880.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-l-eglise-d-en-haut-saint-simeon-44872891.html
1er février 1903 (il y a 120 ans): naissance de Martin PAOLI à Poggiolo.
Instituteur, chevalier de la légion d'honneur, conseiller général SFIO (parti socialiste) du canton de Soccia à partir de 1945, élu maire de Poggiolo en 1959, décédé le 1er juin 1968.
EN 1923, IL Y A CENT ANS
- naissance de Marcel ANGELINI
Engagé dans les Forces Françaises Libres et chevalier de la Légion d’honneur, il fut un des nombreux Poggiolais engagés dans la lutte contre l'Allemagne en 1939-1945.
http://poggiolo.over-blog.fr/2016/05/les-heros-poggiolais-de-la-seconde-guerre-mondiale.html
- décès de l'abbé Jean-Toussaint Martini.
Né le 17 juin 1842, il embellit l'église de Poggiolo par plusieurs dons comme la statue de Saint Siméon.
http://poggiolo.over-blog.fr/2017/02/le-vrai-simeon.html
- Petru ROCCA fonde le Partitu Corsu d'Azionze.
Né à Vico le 28 septembre 1887, il publia la revue A Muvra en 1920 pour défendre la culture et la langue corse. Il entra dans le domaine politique en créant ce parti, devenu ensuite le Partitu Corsu Autonomistu. Son influence intellectuelle fut très grande.
http://poggiolo.over-blog.fr/2021/07/souvenir-de-petru-rocca.html
- 8 juillet: François COTY est élu sénateur, après le décès le 20 avril de Jean-François GALLINI.
Le richissime parfumeur était déjà conseiller général du canton de Soccia depuis le 11 septembre 1921. Mais son élection fut annulée, notamment pour avoir eu le soutien du bandit Nonce ROMANETTI. En 1931, il devint maire d'Ajaccio.
http://poggiolo.over-blog.fr/2021/09/le-canton-etait-au-parfum.3/3-une-revanche-ephemere.html
- 12 septembre: naissance de Pierre Marie NIVAGGIOLI, à Sousse, en Tunisie.
D'origine poggiolaise, il fut tué au combat en Indochine en 1950. Une plaque porte son nom devant le monument aux morts.
http://poggiolo.over-blog.fr/2020/04/indochine.html
- décès de Jean Toussaint DESANTI.
Présent sur le monument aux morts de Poggiolo alors qu'il décéda cinq ans après la guerre, il est inscrit comme « DESANTI Jean Toussaint lieutenant», accompagné par une accolade le réunissant avec DESANTI Jean (mort au combat le 26 février 1915) et l’inscription « FRERES ».
- 4 octobre: à Soccia, la procession se termine dans le plus grand désordre.
MAISTRALE, poète ayant des liens familiaux avec Poggiolo, la raconta de façon humoristique dans la revue A Muvra.
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L'ANNÉE 1933 (il y a 90 ans)
- 1933: construction de la Villa Martini (dite maison de Ceccantone), dernière des maisons de Poggiolo comportant une date de construction.
http://poggiolo.over-blog.fr/2018/07/maison-de-ceccantone.html
- 29 mai 1933: André SPADA capturé à Coggia
Après l'expédition militaro-policière de novembre 1931, il était le seul bandit à avoir échappé à l'arrestation. Errant entre San Bastiano et Pastricciola, il chercha refuge dans la maison familiale où les gendarmes vinrent le cueillir.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-les-80-ans-de-l-epuration-du-maquis-les-105749699.html
- 20 novembre 1933: Jean-Baptiste TORRE condamné à mort pour l'assassinat d'Antoine Guagno le 17 août 1931 à Guagno-les-Bains.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-les-80-ans-de-l-epuration-du-maquis-2-de-89986490.html
http://poggiolo.over-blog.fr/2022/02/torre-rattrape-a-muna.html
2023 verra l'anniversaire de plusieurs affaires religieuses et judiciaires du XIXe siècle.
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du 10 au 15 mars 1803 (il y a 220 ans): vente aux enchères des terres paroissiales confisquées par la Révolution.
Une première vente eut lieu le 10 mars 1803 mais elle fut annulée par une contestation du conseil municipal de Poggiolo: rien n'était prévu pour assurer un minimum vital au curé, situation que les catholiques poggiolais ne pouvaient accepter.
La deuxième vente aux enchères, le 15 mars, fut remportée par Antoine François Cristinacce de Vico, agissant en accord avec Jean Peraldi de Vico et François Franceschetti. Le curé garda la Tignosa.
1823 (il y a 200 ans): le bandit Théodore Poli, de Guagno, se fait proclamer « roi du maquis » par des bandits réunis dans la forêt d'Aitone. En avril 1823, il menace les prêtres desservants de Poggiolo et d'Orto s'ils ne lui versent pas de grosses sommes.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-les-exploits-de-theodore-n-3-le-cure-de-57621460.html
28 juin 1833 (il y a 190 ans): le Vicolais Casanelli d'Istria est nommé évêque d'Ajaccio.
Né à Vico le 24 octobre 1794 et décédé à Ajaccio le 12 octobre 1869, il dirigea l'Église corse durant trente-six ans et la réforma en profondeur. S'étant rendu acquéreur du couvent de Vico, il y implanta les Oblats de Marie-Immaculée qui entretiennent la vie spirituelle dans les Deux Sorru.
1863 (il y a 160 ans): le conseil de fabrique de Poggiolo décide la construction d'une nouvelle église (ce sera l'actuel Saint-Siméon).
Le premier argent fut apporté par la vente du presbytère dès le mois d'octobre 1803. Il fallut cinquante ans d'opiniâtreté pour terminer la construction.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-l-eglise-d-en-haut-saint-simeon-44872891.html
1873 (il y a 150 ans): décision finale de la cour d'appel de Bastia sur les limites entre les communes de Poggiolo et de Rosazia à Libbiu.
La création des communes par la Révolution française s'appliqua difficilement en Corse, surtout dans les zones forestières disputées pour leurs richesses en bois et en terrains pastoraux. Le conflit fut particulièrement violent entre Poggiolo et Rosazia.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-la-fievre-monte-a-libbiu-110406479.html
1883 (il y a 140 ans): pour la première fois, un radical, Etienne Leca, est élu conseiller général du canton de Soccia.
Le canton, qui paraissait être un bastion bonapartiste, tomba dès 1877 dans les mains du républicain Simon Ucciani. Cinq ans plus tard, il s'orienta encore plus à gauche.
http://poggiolo.over-blog.fr/2015/03/la-liste-des-conseillers-generaux-de-sorru-in-su.html
1er juin 1883 (il y a 140 ans): décret de fermeture définitive de l'hôpital militaire de Guagno-les-Bains20
Autorisé en 1822, cet établissement fit, en plus des bains civils, la fortune de Guagno-les-Bains. Mais, soixante ans plus tard, il ne justifiait plus et, malgré les protestations, la fin fut irrémédiable.
http://poggiolo.over-blog.fr/2018/04/l-irresistible-degradation-de-l-hopital-militaire.html
20-27 juin 1893 (il y a 130 ans): aux assises de Bastia, procès de l'agression du 26 septembre 1892 qui vit la mort de deux gendarmes à Soccia:
deux personnes (dont le maire de Guagno) condamnées aux travaux forcés à perpétuité, sept à 20 ans de bagne et une dizaine entre 3 et 10 ans.
Dans toutes les familles, à chaque nouvelle année correspondent des anniversaires nouveaux à célébrer.
Pour Poggiolo et les villages voisins, 2023 permettra de penser à des événements passés et à des personnes disparues. S'en souvenir est important car c'est ainsi que l'on peut garder ses racines et penser à tout le poids de l'Histoire qui, que nous le voulions ou non, a fait ce que nous sommes.
Les dates proposées ici sont des années se terminant par le chiffre "3". Quelques mots donnent l'importance de chaque événement et un lien est donné quand un article du blog des Poggiolais l'a déjà évoqué.
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1453 (il y a 570 ans): La république de Gênes, à court d'argent et voulant se concentrer sur son domaine continental, cède ses droits sur la Corse à l'Office de St Georges.
Ses troupes vont opérer une reprise en mains sanglante du territoire des seigneurs de Leca dont les Deux Sorru font partie.
5 juillet 1513 (il y a 510 ans): d'après un document génois, des Poggiolais sont revenus semer sur des terres interdites par la "disabitazione".
En 1501, après la dernière révolte de Giovan Paolo de Leca, la population de plusieurs villages avait été déportée pour transformer les Sorru en désert. Au bout de quelques années, des anciens habitants voulurent retrouver leurs terres d'origine malgré les sanctions. Quelques années plus tard, la mesure fut annulée.
http://poggiolo.over-blog.fr/article-poggiolo-les-annees-zero-1501-3-3-107041031.html
1713 (il y a 310 ans): Santa Maria delle Gratie devient l'église paroissiale de Soccia.
Elle reçoit l'autorisation par l'évêque de Sagone d'ouvrir des registres paroissiaux. Mais l'église Saint Siméon de Poggiolo est toujours "piévane" et son curé a autorité sur les desservants de Guagno, Orto et Soccia.
http://poggiolo.over-blog.fr/2017/08/erreur-soccia.html
1783 (il y a 240 ans): première mention des "eaux chaudes minérales de Guagno" sur une carte française, dans le Mémoire sur l'histoire naturelle de l'Isle de Corse, de Pierre Barral.
30 avril 1783 (il y a 240 ans): d'après un rapport signé par "Francesco Franceschetti, Podestat, et par Gio-Stefano Pinelli et Paolo Martini, padre del comune », l'école de Poggiolo compte 16 élèves et est dirigée par le diacre Giovan-Antonio Pinelli.
Première mention de celui qui avait alors 23 ans et fut surnommé "l'homme le plus cultivé de Corse".
http://poggiolo.over-blog.fr/2022/12/il-y-a-190-ans-disparition-de-l-homme-le-plus-cultive-de-corse.html
Décédé le 26 décembre 1832, voici exactement 190 ans, Gian Antonio PINELLI est bien oublié à Poggiolo. Mais les Poggiolais s'intéressent-ils vraiment à leurs ancêtres?
Gian Antonio PINELLI représenta Pasquale PAOLI lors d'un baptême à Poggiolo, comme l'a montré le second article de cette série.
Ce troisième article raconte ses actions et ses importantes fonctions à la fin de la Révolution et sous l'Empire, toujours d'après la notice rédigée par Eugène GHERARDI dans le Dictionnaire historique de la Corse.
Le texte de cette biographie, publié ici sur fond jaune, sera coupé par des explications et des compléments.
UNE RÉFÉRENCE DANS L'ENSEIGNEMENT
Eugène GHERARDI écrit que, après être allé habiter quelque temps à Florence,
Gian Antonio PINELLI retourne en Corse en 1796 où il est promu par l'évêque GUASCO à la charge de vicaire général du diocèse de Sagone; on le retrouve en 1805 prêtre à Piana.
Il doit s’agir de Matteu Francescu GUASCO, dernier évêque de Sagone de 1773 à 1801. Le Poggiolais voit donc de près la fin du diocèse.
PINELLI entame par la suite une carrière dans l'enseignement. Bénéficiant de l'amitié de Letizia Bonaparte et du cardinal Fesch, Pinelli est tour à tour directeur, en 1806, de l'école secondaire communale d'Ajaccio puis proviseur lorsque l'école devient collège en 1818.
La Revue encyclopédique de 1819 permet d'apprendre qu'il fut aussi “régent de rhétorique” et développa, lors de la rentrée des classes du 25 octobre 1818, devant toutes les autorités religieuses, civiles et militaires de la Corse, “le plan d’enseignement prescrit pour ce collège, et la supériorité de la méthode d’enseignement actuelle”.
Il avait donc la haute main sur l'enseignement en même temps qu'il dirigeait l'administration de l'île.
LE PILIER DE L'ADMINISTRATION NAPOLÉONIENNE
De 1810 à 1816, il est secrétaire général de la préfecture.
Gian Antonio exerça d’abord la fonction de secrétaire général du département du Liamone puis de toute la Corse quand celle-ci fut réunie en un seul département en 1811.
Il assista donc Ghjacintu ARRIGHI de CASANOVA, préfet du Liamone depuis 1803 et ensuite de toute l’île. Le 15 mars 1814, le nouveau préfet fut Francescu Saveriu GIUBEGA, neveu de Lorenzo GIUBEGA, parrain de Napoléon BONAPARTE. Le 5 septembre, Louis XVIII nomma François Louis Joseph de BOURCIER de MONTUREUX. Le 6 avril 1815, avec le retour de l’empereur, GIUBEGA revint... jusqu’au 14 juillet où le roi, de nouveau sur le trône, désigna Louis COURBON de SAINT GENEST.
Pendant cette période troublée, PINELLI resta à son poste et assura la permanence de l’administration française. Il aurait été l'homme le plus puissant de Corse sans le général MORAND qui imposait un ordre despotique et qui lui l'humilia en 1810.
En 1810, il a l'honneur d'être choisi pour assister au mariage de Napoléon, mais la délégation ne peut s'y rendre à cause de l'opposition du général Morand qui gouverne l'île.
Avec la réinstallation de la monarchie des lys en France, en 1815, la carrière de Gian Antonio PINELLI, tout entière placée sous la protection des Bonaparte, n'était-elle pas terminée? Il en sera question dans l'article prochain.
(à suivre)
Le célèbre Pascal PAOLI fut remplacé dans une circonstance très particulière par Gian Antonio PINELLI, ce qui montre l’importance que le Poggiolais avait pu atteindre.
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Nous avons commencé à publier la notice biographique rédigée par Eugène GHERARDI dans le Dictionnaire historique de la Corse.
D’après ce texte, publié ici sur fond jaune, le prêtre poggiolais avait jugé plus prudent d'aller habiter Florence à l'époque des troubles du royaume anglo-corse entre 1794 et 1796.
Gian Antonio PINELLI retourne en Corse en 1796
Mais Xavier PAOLI, l'historien poggiolais, avait trouvé, dans les registres paroissiaux de Poggiolo, le document suivant qui contredit cette date et montre que Gian Antonio fut mêlé à un acte important.
Il s’agit d’un acte de baptême établi le 30 septembre 1795. Le nouveau chrétien était un membre de la famille PINELLI, fils de Gioan Natale et de son épouse Maria LECA, auquel on donna les prénoms de «Carlo francesco Pasquale».
UN BAPTÊME POLITIQUE ?
Le dernier prénom est aussi celui du parrain que le document appelle «Sua Xccelonza il Signore Generale Pasquale de Paoli», formule écrite avec des lettres plus grosses que les autres et avec de grandes boucles.
Le doute n’est pas permis: ce personnage est bien Pascal PAOLI, u «Babbu di a Patria», le Père de la Patrie corse.
Le choix de ce parrain n’était pas innocent. Poggiolo et les villages voisins des Deux Sorru ont soutenu Pascal Paoli contre les Génois puis contre les troupes françaises.
Les parents PINELLI avaient voulu montrer leur attachement à celui qui avait permis l’indépendance de la Corse avant son rattachement au royaume de France en 1768. D’autres familles insulaires firent le même choix pour le baptême de leurs enfants. Jean-Laurent ARRIGHI a compté trois cas similaires chez des notables de Vico, entre 1756 et 1764, pendant la période de l’indépendance (Vico Sagone, Regards sur une terre et des hommes, ouvrage collectif, ed. Piazzola, 2016, pages 81 et 82).
En septembre 1795 le contexte était totalement différent. Depuis juin 1794, sous l’influence de Pascal PAOLI, la rupture avec la France révolutionnaire avait été votée par la Consulte de Corte et le royaume anglo-corse avait été institué.
Le baptême eut lieu en septembre à Poggiolo alors que d'importantes révoltes rurales s'étaient déclenchées dans le Vicolais en juin, par opposition à la politique fiscale mise en place par Charles André POZZO DI BORGO, président du Conseil d'Etat sous l'autorité du vice-roi britannique sir Gilbert ELLIOT. Les familles aisées soutenaient ce mouvement par crainte d'une révocation de la nationalisation des terres d'Eglise. L'agitation se répandit rapidement dans la partie occidentale de l'île.
D'après Antoine CASANOVA et Ange ROVERE (La Révolution française en Corse, Payot, 1989, page 258), "Paoli manifeste sa sympathie pour le mouvement populaire" mais s'inquiète de son ampleur, déclarant que "li popoli del delà da Monti sono peu furioso chez da questa parte".
Faudrait-il interpréter le baptême poggiolais, avec le choix du prénom, comme un acte éminemment politique? Serait-il une manifestation d'attachement au Père de la Patrie et de méfiance envers le gouvernement anglo-corse?
Carlo Francesco Pasquale PINELLI fut donc baptisé le 30 septembre 1795 alors qu'il était né le 11 janvier 1794. Il avait 1 an et 8 mois, âge assez habituel pour l'époque.
L'absence du parrain à la cérémonie n'a rien d'étonnant. Pascal PAOLI n'était pas non plus venu aux baptêmes vicolais mentionnés ci-dessus. Il avait été chaque fois remplacé par un mandataire.
Au moment de ce baptême, il n'était d'ailleurs pas libre de ses mouvements. Il se trouvait à Bastia, sous la surveillance constante des Anglais. Le 14 octobre, le vieux chef corse s'embarqua à Saint-Florent pour son exil en Angleterre où il finit sa vie en 1807.
Deux semaines plus tôt, son filleul avait reçu la "cérémonie battesemale al sacro fonte di questa parochia", c'est-à-dire sur les fonts baptismaux de l'église Saint-Siméon.
LE MANDATAIRE D'U BABBU
Le parrain étant absent, la procuration ("mandat di prépara") avait été attribuée "nella persona del Signor Dottor Giovantonio pinelli".
Il est facile de reconnaître sous ces mots Gian Antonio PINELLI. Il était le grand-oncle du jeune enfant baptisé car il était le frère de son grand-père Anton Francesco PINELLI. Il est ici qualifié de "Signor Dottor", car il était docteur en théologie et en droit.
D'après la notice d'Eugène GHERARDI parue dans le Dictionnaire historique de la Corse", Gian Antonio serait allé habiter Florence pendant la période du royaume anglo-corse. Mais nous avons ici la preuve qu'il était bien présent au baptême de son petit-neveu le 30 septembre 1795.
Etait-il en vacances? Etait-il venu spécialement pour représenter Pascal PAOLI à cette cérémonie? Ou était-il définitivement revenu en Corse?
Toujours est-il qu'il fut bien "procuratore" du Père de la Patrie. La "madrina", la marraine, était Angela Francesca PINELLI qui ne signa pas l'acte de baptême car "dichiara di non sapere scrivere".
Une dernière signature termine le document: celle du curé Giovanni BONIFACY qui s'opposa à l'administration française pour conserver le titre de "piévane" à l'église Saint Siméon. Il a été question de lui dans l'article "Les origines et l'organisation religieuse de la pieve".
Les années suivantes, Gian Antonio PINELLI eut un rôle de premier plan dans l'Eglise et dansl'administration de la Corse, ce que contera le prochain épisode.
(à suivre)
Cours de langue corse:
le jeudi à la mairie de Soccia de 18h à 19h30 pour les adultes et de 19h30 à 20h pour les enfants.
Vacances scolaires d'été:
à partir du samedi 8 juillet
20ème édition du festival Sorru in Musica:
Du 21 au 30 juillet 2023.