ELOGE DE PASCAL PAOLI
Grande satisfaction pour tous les marins: les journaux du lundi 30 novembre 1931 publièrent le compte-rendu du lancement du paquebot "Pascal Paoli" aux chantiers de PORT-DE-BOUC, en présence de Louis de CHAPPEDELAINE, ministre de la Marine marchande, et de François PIETRI, ministre du Budget, mais aussi député et président du conseil général de la Corse.
Il ajouta ensuite:
"Si Bonaparte est tout notre orgueil, Paoli est toute notre émotion. Napoléon, au demeurant, est à la France entière, ou à l'Europe; Paoli est à nous seul. Ne cherchez pas à débrouiller les tréfonts (sic, au lieu de tréfonds) d'une sensibilité collective, faite d'éléments qui échappent à la dure logique nationale. Laissez-nous croire simplement que le héros de nos dernières luttes, en mettant fin, chez nous, à cinq siècles de désordres, en y faisant régner une impartiale justice, une justice à laquelle, par le plus éclatant hommage que la postérité puisse rendre à un homme, son nom sert encore d'éloge - giustizia paolina - en fondant l'université de Corse, en abaissant la tyrannie des seigneurs, en dotant notre pays d'une constitution libérale, nous a préparés dignement à l'honneur d'être un jour des Français".
UN SILENCE SUSPECT
Aucune allusion ne fut faite sur la chasse aux bandits qui avait alors lieu sur l'île. L'HUMANITÉ de ce même jour trouvait d'ailleurs ce silence suspect:
"A la débauche de publicité qui accompagna les débuts de l'expédition policière en Corse a succédé la consigne du silence.
(...)
Après les <<communiqués>> et les reportages sensationnels des journalistes de police festoyant avec les officiers au <<Canari>>, à Ajaccio, on est revenu au régime des petites nouvelles sobres, des dépêches laconiques de l'Agence Havas.
(...)
Ce qui ressort de ces nouvelles devenues si modestes, c'est que plus que jamais la présence d'un corps expéditionnaire pour donner la chasse à cinq ou six individus serait absolument ridicule, s'il n'y avait pas autre chose.
Mais il y a autre chose. Il y a le plan militaire de l'impérialisme français sur la Corse."
Egalement suspecte pour les communistes était la toute récente condamnation à mort de MATTEI.
En effet, "nul doute que cette condamnation n'ait été obtenue que par une pression spéciale des autorités françaises."
Le journal décrivit ensuite la bagarre, terminée par un coup de feu, qui valut la peine capitale à MATTEI et il termina:
"Il a déclaré regretter profondément son geste, commis dans un moment de fureur. Ajoutons, pour les patriotes, que cinq de ses frères ont été tués à la guerre. Mais les circonstances atténuantes lui ont été refusées. Il aura la tête tranchée sur la place publique de Bastia.
Il est clair que cette exécution a été décidée en connexion de l'occupation militaire, pour terroriser la population."