Aussi incroyable que cela puisse paraître, la tombe de Petru Santu LECA, mort en 1951, fut rapidement oubliée. Il fallut que Jean-Pierre GIAFFERI, le maire d'Arbori de l'époque (le maire actuel est Paul CHIAPPELLA), ordonna des recherches en 2017 pour qu'elle fut retrouvée dans le carré privé extérieur au cimetière communal.
Vous trouverez ci-dessous, publié dans "Corse-Matin" du 6 novembre 2017, le compte-rendu de la cérémonie rédigé par Pascale CHAUVEAU ainsi que la notice biographique qui l'accompagnait.
Hommage au poète Petru Santu Leca
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Jean·Pierre Giafferi, maire du village, a pris l'initiative de démaquiser le carré privé où était supposé reposer celui qui reste une des gloires du village.
Dernièrement, un hommage à Petru Santu Leca, mort en 1951, a été rendu sur sa tombe en présence de membres de sa famille et d'une trentaine d'invités.
Au siècle dernier, nul n'avait le culte des morts tel qu'on le connait aujourd'hui: les sépultures étaient limitées par deux pierres au sol, permettant d'identifier les emplacements au cas où les croix de bols finiraient par pourrir et disparaître. Sans famille sur place, faute de pierre tombale ou de stèle portant un nom, nombre de défunts sont tombés dans l'anonymat le plus complet. À Arbori, on savait le poète enterré au cimetière, en dehors de la partie communale.
Jean-Pierre Giafferi, maire du village, a pris l'initiative de démaqulser le carré privé où était supposé reposer celui qui reste encore aujourd'hui une des gloires du village (une plaque a été apposée sur sa maison natale en 1961), et d'organiser in situ une cérémonie en hommage.
Venue spécialement de Paris et très émue, Marie-Florence Roncaloyo a tiré un portrait Intime de ce grand-oncle dandy et léger, et raconté quelques souvenirs de famille. Mais elle a surtout rappelé la démarche Intellectuelle de Petru Leca. Professeur d'Italien à Nice dans les années 20, fondateur de la revue culturelle méditerranéenne L'Aloès, il publiera ensuite dans la revue L'Annu Corsu, fondée par son ami et futur beau-frère Paul Arrlghi.
À son tour, Jean-Joseph Franchi, professeur de lettres et documentaliste, a lu un poème du poète, entrecoupant les vers de commentaires instructifs et pleins d'humour. Car, dans toute son œuvre, Petru Leca a implanté son village d'Arbori au cœur de l'âme corse. Enfin, Jean-Claude Leca interprétait Ti tengu cara, magnifique chanson de sérénade écrite par Petru Leca et immortalisée par Antoine Ciosi, avant que la tombe ne soit bénie par le père Bonnafoux et le diacre François-Aimé Arrighi.
PASCALE CHAUVEAU
Notice biographique: Un régionaliste
Dès la fin du XIXe siècle, quelques auteurs manifestent une volonté de préserver leur langue et leur culture. Le documentaliste Jean-Joseph Franchi remarque qu'à Arbori sont nées plusieurs revues corses.
En 1880, Santu Casanova crée A Tramuntana. En 1923, Paulu Arrighi et Antoine Bonifacio fondent L'Annu Corsu, où figurent des textes et poèmes de Petru Leca dès le début. Puis viendra A Muvra à l'initiative de Petru Rocca. Contrairement aux autres revues décriées pour leur bienveillance envers l'Italie de Mussolini, L'Annu Corsu prône un "régionalisme de bon aloi" et devient d'ailleurs rapidement L'Année corse.
Dans le premier numéro, les auteurs affirment "n'avoir ou ne voulant avoir aucune idée politique, n'étant ni séparatistes, ni autonomistes, ni nationalistes, ni italophiles, ni francophobes, mais simplement régionalistes ou corsistes". Le seul but est de faire connaître la petite patrie et la littérature locale. Lues dans le monde entier, ces revues ont permis d'accoutumer les Corses à la lecture de leur idiome. et à en montrer la richesse et le charme.