Ils sont devenus trop nombreux, ces villages dont les ruelles sont vides, les maisons toujours fermées et les soirées silencieuses. Au cœur de l'hiver, quand il fait bien trop froid pour refaire le monde sur un muret ou maltraiter le cochonnet sur la place, les habitants de ces communes ont comme refuge et comme passe-temps leur canapé et leur écran de télé.
Parce qu'au terme d'un long processus qui a vu partir la boulangerie, l'épicerie, l'école, la Poste et finalement le café, le village est devenu un joli dortoir, avec une église au milieu. Et le lien social s'est affaibli.
Ces phrases sont l'introduction d'un article signé par Morgane QUILICHINI et Marc-Ange INGRAND qui est paru samedi 2 mars dans "Corse-Matin" sous le titre "Ces cafés qui maintiennent le lien social dans les villages";
Après cette triste constatation, l'article devient optimiste en montrant quelques exemples de villages où le bar subsiste, parfois avec l'aide de la mairie, et, comme le déclare le maire de Bustanicu, reste "un lieu qui permet d'entretenir le lien social dans un village".
On ne peut que faire la relation avec l'expression de "agora" qui fut employée par Bernard FRANCESCHETTI dans l'article de Marie-Joseph ARRIGHI-LANDINI qui présentait la vie à Poggiolo ("Corse-Hebdo" du 29 décembre 2000).
Poggiolo reste optimiste, à l'image de son bar où l'on aime se réunir. Ouvert depuis 1960, ce sont les CHITI qui le tiennent depuis trois générations: Argia et Antoine ont commencé, Umberto, leur fils, et sa femme Monique ont pris la suite. Aujourd'hui, c'est Alexis, mari de Martine, qui l'ouvre quotidiennement.
Pour Bernard FRANCESCHETTI, "c'est sans doute le bar le plus actif. Nous sommes presque tous les jours une dizaine à l'apéritif. C'est un lieu de convivialité. On ne s'invite pas forcément, le bar devient donc l'endroit où l'on peut se retrouver. C'est une agora, presque un service public, il permet de confronter les générations et de transmettre les savoirs, les idées. Quant un bar ferme, c'est presque aussi grave qu'une école".
La légende de cette image est un peu confuse. Dans l'ordre, de gauche à droite, on peut reconnaître: Christian, Monique, Umberto, Roger et Bernard.
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