L'article sur "L'or vert de Guagno et de Poggiolo" montrait l'étendue des terrains situés sur la commune poggiolaise et qui sont propriétés de la région. Il existe également des surfaces appartenant au conseil général de Corse-du-Sud.
Il est connu par tous que l'établissement thermal est départemental mais ce n'est pas le cas de ce seul bâtiment. La carte ci-dessous est extraite de "Guagno-les-Bains à travers la petite histoire du thermalisme", livre écrit par François VAN CAPPEL DE PRÉMONT, architecte du Patrimoine.
Le chiffre 1 désigne l'hôtel des Thermes et le chiffre 2 montre l'établissement thermal. Mais la partie de couleur jaune, qui représente tout ce qui est propriété du conseil général, est bien plus grande, s'étendant de la chapelle St Antoine (où se trouvait l'hôpital militaire) jusqu'au pont qui enjambe le Fiume Grosso.
fUne telle emprise foncière résulte de l'histoire très compliquée de la source sulfureuse. En voici la chronologie très simplifiée.
Avant la Révolution, l'ermitage de St Antoine près duquel se trouvait la source dépendait du curé de Poggiolo. Au XVIème siècle, Sampiero Corso, dans sa correspondance, nommait l'endroit les bains de SORNU pour Sorru.
Après 1789, le terrain revient à la commune de Guagno qui en 1822 vend le terrain au Vicolais Jean Multedo pour qu'il y construise un hôpital militaire.
Mais, le 7 septembre 1840, une ordonnance du roi Louis-Philippe déclare d'utilité publique les travaux d'agrandissement. Le préfet est autorisé à acquérir les terrains de la commune de Guagno nécessaires à ce travail. La municipalité refuse et finit par être expropriée par un jugement du 3 mars 1841. Multedo obtient à perpétuité la propriété du quart des eaux et des terrains de l'établissement thermal, le reste étant cédé au Ministère de la Guerre (arrêté préfectoral du 6 novembre 1841).
L'opposition guagnaise, sous forme de protestations du conseil municipal et de mise en culture des terrains par les habitants, provoque de multiples incidents qui ne sont peut-être pas étrangers à la décision gouvernementale d'attribuer les terrains dits de "l'enclave de St Antoine" à la commune de Poggiolo, en septembre 1852.
Le 26 décembre 1924, le Ministère de la Guerre renonce à sa propriété au profit du département. Celui-ci décide le 20 mai 1932 de racheter le quart restant aux demoiselles Peraldi de Commène, héritières de Multedo et de Jean de la ROCCA (dont il a été question dans l'article "Jean a-t-il triché?") puis de sa veuve.
Mais, entretemps, en 1923 et en 1930, plusieurs aliénations au profit de personnes privées avaient été consenties. Cela explique la présence de parcelles de couleurs blanches à l'intérieur des parties jaunes sur le plan.
Depuis, la situation foncière est restée la même. Il n'en est pas de même pour l'exploitation des eaux mais ceci est une autre histoire.
En tout cas, la région, avec ses forêts, et le département, avec Guagno-les-Bains, sont des propriétaires bien plus importants que la municipalité de Poggiolo.
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