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12 décembre 2023 2 12 /12 /décembre /2023 18:00

 

Autrefois, il n'était pas exceptionnel de voir un ou plusieurs forgerons ou maréchaux-ferrants dans les villages. Pour Poggiolo, a déjà été évoquée la figure de Félix DESANTI.

 

Pour Soccia, des renseignements nombreux et précis ont été fournis dans A Mimoriabulletin de l'association du même nom, qui avait son siège aux Archives départementales d'Ajaccio et qui se définissait comme un "atelier de recherches en histoire locale en Corse". Le regretté Jean-Baptiste PAOLI y a souvent écrit.

 

Dans le numéro 44 paru en 2002, Dominique OTTAVI avait présenté la liste des "maîtres du feu" de Soccia, d'après les actes d'état-civil et d'après ses souvenirs. Il mentionnait quelques vestiges existant encore dans le village mais peut-être ont-ils maintenant totalement disparu. Nous accepterions volontiers des photos de ces personnes et de ces lieux.

 

Cette étude est suivie d'une note de L. AMBROGI sur "l'activité des Maestri ferrari" qui donne des renseignements utiles sur le travail de ces personnes essentielles dans la vie d'autrefois.

 

Les maîtres du feu de Soccia

 

I MAESTRI FERRARI DI A SOCCIA

Par Dominique OTTAVI

 

Au fond d’un atelier, rien n’est plus noble à voir,

Qu’un front tout en sueur, un visage tout noir,

Un sein large et bronzé que la poussière souille,

Et deux robustes bras tout recouverts de rouille.

 

Description poétique d’un forgeron que nous récitions en classe à Soccia.

Quels ancêtres pouvaient bien répondre à ce portrait ?

En 1773, les registres paroissiaux font état de la naissance d’une fille de MAESTRO LORENZO.

Il s’agit là, certainement, du plus vieux « maestro ferraro » recensé à Soccia.

 

La forge des SANTONI :

Elle est située près de l’église. A ce jour, les murs tiennent toujours mais la toiture est effondrée. Le matériel a été dispersé après la cessation d’activité.

Quels étaient les maîtres des lieux ?

 

LORENZO SANTONI : né vers 1758, fils de SALVATORE DE GIACOMO ALFONSO. Il épouse en 1786 ANGELA SANTA MAINETTI. En 1818, âgé de 60 ans, il exerce toujours sa profession. Il a deux garçons : PADEVANTONIO, né en 1794 et décédé en 1820, et l’aîné SALVATORE, né le 5 août 1787. C’est ce dernier qui exerce à son tour la profession de maestro ferraro comme cela résulte de l’acte de décès de son frère en 1820 (déclarant : SALVATORE SANTONI, fratello ; maestro ferraro).

 

SALVATORE SANTONI : il épouse en secondes noces MARIA LECA.

Ils eurent 9 enfants (6 garçons et 3 filles).

Il est décédé en 1875. En 1851, il est recensé comme forgeron. Son fils Laurent est décédé en 1862 et son aîné Padevantonio est recensé comme propriétaire. Il héritera de la forge mais ne fera pas retentir le marteau sur l’enclume. La forge Santoni sera silencieuse après 1875.

 

OTTAVIO OTTAVJ, dettu OTTAVIONE, probablement en raison de sa forte stature.

Le 25 juillet 1810, à la naissance de son fils Francesco Marie, il est déclaré MAESTRO DI FOCO, mais à son décès, le 2 avril 1821, il est MAESTRO MURATORE. Ces deux activités n’étaient pas contradictoires, comme nous le verrons plus loin.

 

VALERIO OTTAVJ.

En 1819, à la naissance de GIODOMENICO, son père VENERIO est MAESTRO STAZZONARO et en 1821, à la naissance de MARIA, son père est appelé VALERIO et il est MAESTRO FERRARO.

Au recensement de 1846, OTTAVJ VALERE, âgé de 53 ans, exerce toujours la profession de forgeron. Son atelier est situé au lieu-dit TEGGIA (Maison Battesti-Bonafos actuellement). Mais il est surtout connu comme entrepreneur de chemin royal sous la monarchie de Juillet (construction de la route Vico-Guagno-les-Bains). Ses affaires le retiennent loin de Soccia et en 1839, pour le mariage, il est retenu à Vico, mais consentant à l’union. Il en est de même pour le mariage de sa fille Marie Françoise (l’aïeule de notre ami Jean PAOLI) avec PAOLI Jean de Letia.

Statistiquement, il y avait à Soccia, à cette époque, deux ateliers de forgerons.

Au recensement de 1861, on retrouve deux forgerons : SANTONI Sauveur, âgé de 75 ans, et COLONNA Jean Silius, né en 1821, dont l’atelier se trouve au quartier de TEGGIA.

COLONNA Jean Silius a 3 filles et 1 garçon, mais la succession est assurée par OTTAVI Antoine Dominique, fils de OTTAVJ François et COLONNA Julie Xavière, son neveu.


 

Soufflet de forge, Musée de l'ADECEC à Cervioni.

Soufflet de forge, Musée de l'ADECEC à Cervioni.

A STAZZONA DI PIDJOLU

En 1881, OTTAVY Antoine Dominique dettu PEDIOLA est le seul forgeron en activité à Soccia. Sa forge était une construction en bois qui a été démolie dernièrement. Nous avons tous connu cet atelier qui n’ouvrait plus ses portes qu’en été, car après la Grande Guerre, en raison de son grand âge, notre forgeron était parti en Tunisie auprès de ses enfants.

Mais au retour des « Tunisiens » l’activité reprenait pour le plus grand plaisir des enfants que nous étions. Lequel d’entre nous n’a pas actionné le puissant soufflet, pour pouvoir être au premier rang et observer le travail du fer, parmi les gerbes d’étincelles ?

Que faisait Ziu Pediola pendant ces vacances ? Réparations d’outils, de serrures, mais surtout les croix mortuaires en fer forgé pour les défunts de l’année. On peut encore les voir dans l’ancien cimetière, soit sur les tombes, soit entassées à l’entrée.

La maison d’OTTAVY Antoine Dominique a été vendue par les héritiers. Le nouveau propriétaire a pu récupérer une partie du matériel et constituer une sorte de musée d’artisanat. Le dernier vestige de l’antre de Vulcain, l’enclume, est visible sur le mur du jardinet édifié à l’emplacement de l’ancienne forge.

 

L’USINE DE JEAN SANTONI dettu Jiovanello.

On ne peut passer sous silence l’usine de Jean SANTONI. Cet artisan génial avait aménagé, à Lavatoggio, dans un bâtiment qui existe toujours, un équipement pour utiliser l’énergie hydraulique. C’était « l’usine ». Il y travaillait le bois, les souches de bruyères pour les ébauchons de pipe grâce à un tour, mais aussi le fer car il était armurier. Après sa fin tragique (meurtres de gendarmes), l’établissement fut désaffecté au début du siècle.

 

LES MARÉCHAUX FERRANTS

Le regretté Jules OTTAVY, à la retraite après une carrière militaire dans l’artillerie, avait installé à Soccia une forge qu’il comptait développer. Malheureusement, en 1948, il fut emporté par une courte maladie sans pouvoir réaliser son projet.

Antoine Marie MAINETTI, retraité militaire, avait également appris à l’armée l’art de ferrer les chevaux, les mulets et les ânes. Pendant longtemps, il a rendu service aux gens de Soccia.

 

Dominique OTTAVI

Les maîtres du feu de Soccia
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Les maîtres du feu de Soccia
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commentaires

&
Une précision sur le poème il est d'un poète breton, Auguste Brizieux (présent dans les manuels de fin d'études en 1947) :<br /> <br /> Au travail ! Au travail ! qu’on entende partout<br /> le bruit sain du travail et d’un peuple debout !<br /> Que partout on entende et la scie, et la lime,<br /> La voix du travailleur qui chante et qui s’anime !<br /> Que la fournaise flambe et que les lourds marteaux,<br /> Nuit et jour, et sans fin, tourmentent les métaux.<br /> Rien n’est harmonieux comme l’acier qui vibre,<br /> Et le cri de l’outil aux mains d’un homme libre !<br /> Au fond d’un atelier, rien n’est plus noble à voir<br /> Qu’un front tout en sueur, un visage tout noir,<br /> Un sein large et bronzé que la poussière souille,<br /> Et deux robustes bras tout recouverts de houille !<br /> Au travail ! Au travail !<br /> <br /> <br /> © Auguste BRIZEUX<br /> <br /> Auguste Brizeux (1803-1858)<br /> Poète romantique, Auguste Brizeux est orphelin de père et placé chez le recteur Joseph Lenir qui lui inculquera quelques rudiments de philosophie et de théologie. Surnommé « le prince des bardes bretons », il n’oublie jamais ses racines bretonnes et retourne fréquemment en Bretagne pour se ressourcer. Après la parution de son premier recueil Marie, qui remporte un vif succès, il part en Italie puis est nommé à l'Athénée de Marseille. L'année 1845 marque la consécration de son talent. Le poème Les Bretons, grâce à l'appui d'Alfred de Vigny et de Victor Hugo, est couronné l'année suivante par l'Académie française. Après plusieurs voyages en Italie, il meurt à Montpellier emporté par la tuberculose. (http://www.poetika17.com/theme-du-mois.html)
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