"Allemagne année zéro" est un film de Roberto Rossellini, sorti en 1948. Il évoque la tragédie des Allemands déboussolés par la défaite de 1945 et survivant avec difficultés dans un pays dévasté, une Allemagne qui n'existe plus et qui n'a plus d'avenir.
La même situation a existé pour les Poggiolais à la suite des guerres des seigneurs de la Cinarca, à la fin du Moyen Age. On peut même distinguer trois années zéro.
La première année zéro, en 1459, fut la répression qui suivit la révolte de Raffé de Leca.
L'idée de base en est donnée par le blog casa di a memoria:
"Si les Génois de l'office avaient dû comparer les Cinarchesi à un végétal, ils auraient sans aucun doute choisi le chiendent, a rimigna. Cette plante a la facheuse habitude, alors qu'on la croit exterminée, de repartir d'un minuscule bout oublié de sa racine blanche pour réoccuper le terrain en quelques mois. Celui-ci reverdit entièrement mais plus rien n'y pousse hors cet envahissant gazon sauvage. Le seul moyen de s'en débarrasser est d'en oter le plus de racines possible puis d'y planter des légumes riches en amidon."
Jean-Ange Galletti, dans "Histoire illustrée de la Corse", décrit ainsi cette répression:
"En 1459, la Compagnie de Saint-Georges envoya en Corse Antoine Spinola; homme rapace et perfide, qui laissa sur tout son passage les traces de sa férocité. Les pièves de Niolo, de Sia, de Cruzini, de Sevedentro et Sorrinsù furent dévastées de fond en comble, surtout celle de Sia, dont les habitants furent obligés de quitter pour toujours leurs habitations."
A la page 33 de son livre "Letia et la région de Vico", François PAOLI précise: "Parmi les villages ainsi dévastés et brûlés, se trouvaient forcément ceux de Evisa, Tasso, Marignana et Cristinacce, et, en même temps que les différents hameaux de Vico, les villages de Renno, Balogna, Letia et Murzo. Sans préjuger d'autres destructions, ici ou là".
L'auteur fait remarquer qu'incendier les maisons était facile car elles "avaient l'essentiel de leurs murs en bois, et leurs toits de scandole également en chêne ou en châtaignier". Rien n'interdit de penser que Poggiolo ait fait partie des villages victimes.
Le cataclysme fut violent mais bref. Les Génois ont utilisé les brutalités habituelles du temps: massacres des adversaires, incendies des maisons, confiscation de la nourriture...
Antoine Spinola promulga ensuite une amnistie mais le mal avait été fait: les communautés de Sorrù in Sù se retrouvaient dans des champs de ruines.
(à suivre)