Peu connu mais très important pour l'histoire de Poggiolo et Guagno-les-Bains, un texte fut rédigé voici exactement 170 ans.
Le 17 septembre 1850, le conseil d'arrondissement d'Ajaccio reconnut "qu'il y a opportunité de distraire du territoire de Guagno l'enclave connue sous la dénomination de St Antoine et de la réunir au territoire de Poggiolo, seule commune qui puisse à bon droit la revendiquer".
Les conseils d'arrondissement étaient composés d'élus, à raison d'un par canton, qui donnaient leur avis sur ce qui concernait le territoire de l'arrondissement, qui est une portion du département. Le régime de Vichy les suspendit par la loi du 12 octobre 1940 et ils n'ont jamais été rétablis.
En 1850, ce conseil comptait douze membres. D'après l'annuaire du département, le représentant du canton de Soccia se nommait PINELLI J. N. (Jean Noël?).
Pourquoi cette demande a-t-elle été adoptée et quelles en furent les conséquences?
UNE LONGUE GUERILLA
Louis-Philippe pensa résoudre le conflit par l'ordonnance du 7 septembre 1840 autorisant le Préfet "à acquérir de la commune de Guagno, soit à l'amiable et au prix qui sera déterminé par une expertise contradictoire, soit, s'il y a lieu, par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique:
1° les terrains sur lesquels sont situées les sources thermales de St Antoine de Guagno (...)
2° Les bâtiments et constructions actuellement affectés à l'établissement thermal de Guagno et qui seraient la propriété de la commune".
La municipalité de Guagno ayant refusé l'accord amiable, l'expropriation fut prononcée par le tribunal de première instance d'Ajaccio le 3 mars 1841.
Mais les Guagnais continuèrent à occuper les terrains et à entretenir une véritable guérilla juridique contre le département et contre les Socciais.
UN JUGEMENT DE SALOMON
Le vœu du conseil d'arrondissement du 17 septembre 1850 s'inscrivait dans ce contexte.
Les élus furent écoutés. Il est vrai que l'argument invoqué était nouveau: "Fidèle au principe qu'il a proclamé touchant à la suppression des enclaves". Les limites des communes corses créées par la Révolution Française furent longues à être fixées. Voir les difficultés entre Poggiolo et Rosazia dans l'article "La fièvre monte à Libbiu".
Le pouvoir central accéda à la demande. L'attribution de l'enclave de Saint Antoine, c'est-à-dire de Guagno-les-Bains, à Poggiolo fut entérinée par le décret du Prince-Président Louis-Napoléon BONAPARTE (il ne devint empereur que le 2 décembre 1852) en date du 19 septembre 1852. Ce véritable jugement de Salomon mit fin aux oppositions entre Soccia et Guagno.
Désormais, Guagno-les-Bains est officiellement un hameau de Poggiolo mais l'établissement thermal n'appartient pas à la municipalité. Il est propriété du conseil général, et maintenant de la Collectivité de Corse. Et l'on attend son redémarrage...