Le quatre-vingtième anniversaire de la libération de la Corse, premier département métropolitain soustrait à l'occupation allemande après de durs combats, est célébré par de nombreuses cérémonies. Il faut féliciter Corse-Matin dont le supplémentaire hebdomadaire Settimana ouvre ses pages à cet événement majeur du 8 septembre au 6 octobre.
Dans le premier numéro, il a été proposé un bond dans le passé en revivant les premiers combats, du soulèvement d’Ajaccio à la libération de Bastia.
La semaine du 15, les Journées du patrimoine ont été l'occasion de faire une balade dans les villes et villages où la Seconde Guerre mondiale a laissé des traces, parfois insoupçonnables. Le patrimoine reste vivant, même disparu, grâce notamment à des guides, des historiens, des passionnés qui portent, haut, la bonne parole.
Le numéro du 22 septembre portera un regard sur le quotidien du peuple corse pendant l’Occupation. Il reviendra également sur un monument cinématographique international tourné en Corse, sur la plage de Saleccia, dans les Agriates : Le jour le plus long. Des souvenirs en compagnie de ceux qui ont vécu le tournage.
Le 29 septembre, Settimana sera dans les rangs de l’armée, parmi les goumiers et les soldats américains, dans le maquis aussi avec le témoignage d’un résistant.
Ce mois inédit se termine historiquement le 4 octobre avec le retrait des dernières troupes de Bastia. Mais, comme le devoir de mémoire se fait également auprès des jeunes générations, c’est dans le Zitellina, le 6 octobre, que l’histoire se mettra à hauteur d’enfants. C’était comment d’avoir 10 ans pendant la guerre ? Un Corse, aujourd’hui âgé de 90 ans, racontera.
PS: si vous n'avez pas les deux premiers numéros de cette série, adressez-vous au journal ou à votre revendeur habituel.
La rentrée scolaire a été placée sous la polémique concernant les vêtements. Le gouvernement a, après beaucoup de retard, décrété l'interdiction dans les établissements scolaires de certains vêtements trop connotés comme islamistes.
A cette occasion, est revenue dans les médias l'idée d'imposer un uniforme aux élèves. Contrairement à ce que certains ont pu raconter, l'obligation n'a jamais existé dans les établissements publics, sauf dans les Antilles. A la rigueur, dans le primaire, il était recommandé d'avoir une blouse ou un tablier (sans style ni couleur imposés) quand l'utilisation du porte-plume et de l'encrier entraînait de gros risques de taches sur les habits.
Ce qui est certain, c'est que les vieilles photos montrent que les écoliers de Poggiolo n'ont jamais porté d'uniforme.
Les écoliers poggiolais en 1900 (liste de leurs identités en cliquant ICI)
Avec Bernard PAOLI dans les années 1920:
Avec Jojo ANTONINI, entre 1945 et 1954:
Au premier plan, François PINELLI, Mélanie PASSONI, Ernestine MALAGUTI et Marie BATTESTI, et au second plan, Toussaint COLONNA, Antoine SICCHI et Jacques DEFRANCHI.
Ensuite, en 1956, avec Angèle POMPEANI:
De gauche à droite, Jean-Marc TRAMINI, Guy TRAMINI, Jean-Martin PINELLI, Germaine SICHI, Noël SICHI, Jean-Marie PASSONI et Rita PINELLI.
Avec Judith OTTAVI, en 1964-1965, la dernière classe de Poggiolo.
Christian PINELLI, Angèle ANGELINI et Lucie OTTAVY.
En prime, une photo des écoliers d'Orto et une de ceux de Soccia, toujours sans uniforme (à dater et à identifier):
Le 12 septembre 2023 est le jour exact où Pierre Marie NIVAGGIOLI aurait eu cent ans s'il avait vécu.
Malheureusement, il est mort en 1950, il y a 73 ans, à l'âge de 27 ans. Son nom n'est pas inconnu des Poggiolais ou des passants qui jettent un coup d'œil sur le monument aux morts.
Sur les quatre côtés de l'obélisque commémoratif, sont gravés les noms des trente soldats poggiolais victimes de la première guerre mondiale. Devant, deux plaques sont posées. L'une est à la mémoire des morts de 1939-1945 et sur l'autre se lit la simple inscription en lettres dorées:
INDOCHINE
LTPIERREMARIENIVAGGIOLI
Il s'agit d'un soldat oublié d'une guerre oubliée: la guerre d'Indochine qui, de 1946 à 1954, vit la France tenter de sauvegarder son empire colonial d'Extrême-Orient.
Pierre Marie NIVAGGIOLI était lieutenant au 4ème RAC (régiment d'artillerie coloniale) quand il fut tué au combat le 4 mai 1950 près de MY THO, dans le delta du Mékong, au sud de l'actuel Vietnam. Il eut la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, la Croix de guerre des TOE (théâtres d'opérations extérieures) avec palme et étoile de bronze et la Légion d'Honneur.
Sa mort pourrait suffire pour se souvenir de lui. Mais son identité et sa naissance méritent également attention.
NIVAGGIOLI n'est pas un nom de Poggiolo. Il est fréquent à Murzo et à Muna. Mais la mère de Pierre Marie était d'origine poggiolaise.
Il naquit le 12 septembre 1923, non pas à Poggiolo ni en Corse, mais à Sousse, en Tunisie. Cette ville était alors, grâce à Jean François GALLINI, une véritable annexe des Deux Sorru. Pratiquement toutes les familles des villages des Deux Sorru y étaient présentes. Il est recommandé de lire l'article intitulé L'empire sahélien des Sorrinesiqui fait une étude approfondie de cette colonisation très particulière.
Statue de Gallini à Sousse.
S'étant engagé dans l'armée, Pierre Marie NIVAGGIOLI suivit les cours de l'Ecole de Cherchell (en Algérie). Dans cette ville, à la caserne Dubourdieu, avait été créée l'E.E.A.A.F.N. (Ecole des Elèves-Aspirants d'Afrique du Nord) dans le but de former rapidement des centaines de chefs de section et de peloton nécessaires à l’ossature des unités de toutes armes après que, à la suite du débarquement anglo-américain de novembre 1942, l'Afrique du Nord française eut basculé dans le camp des Alliés.
Pierre Marie fit partie de la 4ème promotion, dite Promotion "MARCHE AU RHIN", qui forma 782 élèves du 16 avril 1944 au 30 octobre 1944, avant d'aller combattre en Europe.
Pendant sa formation, le 1er août 1944, les futurs aspirants furent passés en revue par le général de Gaulle, comme le montre la photo suivante.
Photo extraite du site http://www.emicherchell.com/ecole/historique.html
Moins de six ans plus tard, le jeune officier mourait en Indochine.
Pour son centenaire, ayons une pensée pour Pierre Marie NIVAGGIOLI, symbole de ces Corses qui furent si intimement liés au sort de l'empire colonial français.
Le 11 novembre prochain, lors de la cérémonie habituelle, la mairie aura-t-elle une attention particulière pour lui?
Tout n'a pas été dit sur l'histoire et les traditions de Poggiolo car des documents inattendus peuvent surgir, comme ici pour la procession de saint Roch le 16 août 1982.
Agnès CECCALDI en a retrouvé un enregistrement réalisé avec le caméscope de son père Valère qui l'avait prêté à un ami. Agnès a pris la peine de faire un montage de cinq minutes avec les images de la vieille cassette vidéo. Merci pour ce travail.
La comparaison entre ce film et celui réalisé par Philippe PRINCE cette année (voir Les processionnaires) montre de nombreuses différences en une quarantaine d'années:
- La messe avait lieu dans la chapelle, et non pas en plein air, mais on sollicitait pour la quête ceux qui étaient restés dehors.
- Le trajet était plus court que maintenant.
- La chorale féminine était en tête du cortège alors qu'elle a été occupée cette année par les chanteurs masculins.
- A 1 minute 35, on voit que le prêtre tient une petite croix. Elle contient une petite relique de saint Roch lui-même. A l'issue de la procession, les croyants allaient l'embrasser. Cette relique existe toujours à Poggiolo mais elle n'est plus montrée (voir l'article La relique oubliée).
- Contrairement à ce que l'on pense souvent, la participation n'était pas forcément très importante. Très grossièrement, on peut compter une quarantaine de personnes en 1982 contre soixante en 2023.
Ce qui est frappant, c'est la sobriété des vêtements à l'époque. Dans la vidéo de maintenant, les couleurs sont plus vives et plus variées.
Quarante et un ans plus tard, le plus touchant est de voir tous ces hommes et ces femmes maintenant disparus. Pratiquement toutes les familles étaient représentées et nos lecteurs pourront reconnaître des visages.
Plusieurs présents en 1982 sont toujours vivants: on peut voir Valère, Fosca et, vers 1 minute 30, François BARTOLI. Mais qui étaient les petits enfants qui suivaient la procession ou qui ont embrassé la statue?
Malgré les smartphones avec leurs selfies et les réseaux sociaux, la carte postale reste un élément incontournable des vacances. La Corse est même la région ayant le plus grand nombre de ventes de cartes, nous apprend le Corse-Matin de dimanche 13 août.
Depuis que le Marseillais Dominique PIAZZA eut l'idée, en 1891, de la carte postale photographique, l'envoi de ces messages montrant le lieu où l'on passe l'été s'est largement popularisé, même si Facebook ou Tik Tok sont largement mis à contribution.
On retrouve chez des collectionneurs des cartes postales d'autrefois qui pouvaient être illustrées par des petites photos accompagnées de dessins, le tout étant colorié, comme celle-ci qui a comme texte "Un Souvenir de Soccia", accompagné du mot "J'arrive" sortant de la cheminée d'une locomotive à vapeur. Il faut comprendre que la dame photographiée va prendre le train pour Soccia.
Comment? Mais il n'y a pas de train passant par Soccia!!!
D'ailleurs, le reste du dessin montre une assez grande agglomération avec des cheminées d'usine sur un espace plat au bord d'un large cours d'eau. Rien de ce que chacun connaît du village des Deux Sorru. Aucun rapport avec la réalité.
L'explication est fournie par cet autre document qui est le verso d'un modèle de carte postale dessinée.
Il existait avant la première guerre mondiale un commerce de cartes. Des représentants comme celui dont le nom est mentionné ici allaient contacter des maires pour leur proposer des cartes déjà prêtes sur lesquelles il ne restait qu'à ajouter le nom de leur commune.
C'est ainsi qu'il a existé des cartes de Guagno, Orto ou Balogna, avec des illustrations de fleurs ou d'oiseaux.
Serait-ce donc le maire de Soccia de l'époque ou un Socciais voulant flatter son village qui a voulu montrer que le train y passe?
Merci à Jean-Pierre FONDEVILLE qui nous avait transmis ces documents il y a quelques années.
Quand ils jouent, les jeunes enfants sont toujours plus ou moins influencés par le milieu social ou culturel dans lequel ils baignent. Ainsi, aujourd'hui, ils copient souvent les super-héros.
L'inspiration n'était pas la même au milieu du XXème siècle.
Cette photo a été prise en 1945 ou 1946 à Poggiolo par Marie-Louise MARTINI (1913-2012) sur le côté de la maison familiale, là où il y a actuellement le grand laurier.
Le groupe que nous voyons ici était tout simplement occupé à jouer à... participer à une messe officiée par Valère CECCALDI (à gauche, les épaules recouvertes d'un tissu servant d'habit liturgique), preuve de la forte imprégnation religieuse de l'époque.
Afin de faire plus sérieux, certains garçons avaient des moustaches faites de barbe de maïs.
Cliquer sur la photo pour l'agrandir.
Tout en haut, se trouve Antoine DEMARTINI,
en deuxième ligne, Valère CECCALDI, trois garçons non identifiés (famille CECCALDI?) et Marie DEMARTINI,
en troisième ligne, Jeannot DEMARTINI, Dominique DEMARTINI, Edouard MARTINI et Paul MARTINI,
tout en bas, Hélène CECCALDI et Jacques Antoine MARTINI avec une pomme.
Merci à Agnès CECCALDI pour avoir retrouvé cette photo et à Jacques Antoine MARTINI pour ses explications.
Les incendies qui ont ravagé la Grèce, la Sicile, l'Algérie... sont des désastres qui ont, à juste titre, concentré l'attention des journalistes. Du coup, ils ont accordé peu d'importance au séisme d'une magnitude de 3,2 ressenti près de Niort jeudi 27 juillet 2023. Il est vrai qu'il a causé peu de dégâts, surtout par rapport à celui des 16 et 17 juin dans la même zone, en Vendée, où deux communes viennent d'être déclarées en état de "catastrophe naturelle".
N'oublions pas que notre partie de la Corse est sujette aux tremblements de terre.
Ce risque a d'ailleurs été ressenti voici juste soixante ans.
Le tremblement de terre du vendredi 19 juillet 1963 a été le plus important enregistré dans le Sud de la France (magnitude: 5,9 à 6) au cours du XXème siècle. Heureusement, l'épicentre était situé en mer, à 80 km au large de San Remo.
Michel FRANCESCHETTI se souvient:
"Vers 7 h du matin, alors que je venais à peine de me réveiller et que j'étais encore couché à l'étage de la maison de mes grands-parents, j'ai senti mon lit rouler d'avant en arrière et d'arrière en avant, et je vis les tableaux du salon où je couchais se balancer un bref instant. Tout cela dura peut-être deux ou trois secondes. Il n'y eut aucune casse et certains Poggiolais ne s'en aperçurent même pas. Par contre, Le Provençal Corse du lendemain écrivit que, à Evisa, "toute la population s'est retrouvée dans la rue centrale au même moment"".
Tous les renseignements sur ce séisme se trouvent dans les "Annales de l'Institut de Physique du Globe" de l'Université de Strasbourg (pages 35 et 36) qui peuvent être consultées ICI.
Dans le livre "Vico-Sagone. Regards sur une terre et des hommes" (ed. Piazzola, 2016), le professeur Jean-Dominique BERETTi a publié d'autres témoignages à la page 634:
-Joseph GINI: "On aurait dit les vibrations d'un gros camion".
-Un maçon sur un toit: "Aghju vistu u goudron chi facia l'onde" (j'ai vu le goudron de la route onduler).
A cette occasion, des anciens se souvinrent d'avoir senti un autre séisme en 1928 et en 1948.
La Corse a connu de fréquentes secousses, y compris dans notre canton. "Corse-Matin" avait publié le 24 février 2009 une note historique à ce sujet:
"Le premier signalement sismique dans l'histoire de l'île remonte à 1775. "On écrit de Vico, bourgade dans la partie occidentale de l'île de Corse, près de l'embouchure du Liamone, que le 6 octobre, à 7h35 du matin, on a ressenti une secousse de tremblement de terre assez violente pour faire abandonner tout à coup les maisons, mais elle ne dura que deux secondes et ne renversa que quelques pierres", indiquent les documents d'archive. D'autres secousses se produiront à la fin du mois dans la même région: "Une secousse a renversé une maison à Vico et une au village de Quillani (sic)". D'après les spécialistes, l'épicentre se trouvait alors au large du golfe de Sagone.
Il y a eu aussi des mouvements le 3 avril 1978 et le 7 juillet 2011, ce dernier ayant fait l'objet d'un article dans ce blog, dont le lien se trouve à la fin de ce texte.
Séisme de 2011.
Pourquoi les Deux Sorru sont-ils particulièrement touchés?
La raison a été fournie par l'abbé GIROLAMI-CORTONA qui, à la page 17 de sa "Géographie générale de la Corse" publiée en 1893, écrivit:
"La Corse a ressenti rarement ces phénomènes sismiques (...). On ne peut citer que trois mouvements d'oscillation et un ébranlement général. Le premier mouvement se fit remarquer à Vico, Appricciani et Guagno en 1775: ce qui prouve la corrélation des tremblements de terre avec l'origine volcanique des eaux thermales, Vico se trouvant à douze kilomètres des bains de Guagno et à environ cinq kilomètres des Caldanelle".
Hier soir, jeudi 7 juillet, à 21h 21, la terre a tremblé en Corse et en Provence. Selon le bureau central sismologique de Strasbourg, l'épicentre du séisme était situé en mer, à 100 km à l'...
Au rebours du vandalisme qui se manifeste de plus en plus souvent et attaque les symboles les plus sacrés, les Corses d'autrefois se rassemblaient souvent à l'occasion de cérémonies religieuses et les insignes cultuels étaient respectés. Il en était ainsi surtout à la Fête-Dieu qui était l'occasion de faire sortir de l'église des objets particulièrement précieux.
Qui connait la Fête-Dieu maintenant?
Instituée en 1264 par le pape Urbain IV et nommée également Corpus Christi ou Fête du Saint-Sacrement, elle a lieu en principe le jeudi qui suit la Sainte Trinité, soit soixante jours après Pâques. Pour des raisons pratiques, on la repousse au dimanche suivant. Ainsi, en 2023, elle a été fixée au dimanche 11 juin.
Elle eut une grande popularité, d'autant plus qu'elle se manifestait en se déroulant sur la voie publique et avec un grand décorum. L'eucharistie devait être portée en cortège solennel dans les rues et les chemins pour les sanctifier et les bénir.
La photo ci-dessous, prise par Marie-Louise MARTINI et se trouvant dans le Fonds Saveriu PAOLI, le montre bien.
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
On reconnait immédiatement que la scène se situe sur le côté gauche de la chapelle St Roch.
A gauche, un prêtre tient avec ses deux mains l'ostensoir qui contient le corps du Christ sous la forme de l'hostie consacrée. Un abri est constitué par un dais formé d'un baldaquin mobile à quatre hampes tenues par quatre paroissiens.
Tout à fait à droite, des enfants de chœur en aube blanche, dont un balance l'encensoir, ouvrent la procession. Ils viennent de franchir la rigole qui était alors à ciel ouvert.
Au centre, des enfants et une adulte ont des corbeilles. Ils y puisent des pétales de rose qui sont jetés sur le sol où marche l'ecclésiastique. On les voit très bien juste devant ses pieds.
Cette scène date de 1956, nous a affirmé un des participants.
Justement, qui sont-ils?
Le prêtre qui tient l'ostensoir est Jacques Antoine MARTINI, dit "prête Ghjacumu".
Il était né à Poggiolo le 4 juillet 1873 et y décéda le 14 juin 1956, après avoir été curé à Renno, Calcatoggio et Piana. Cette image de la Fête-Dieu date donc de peu avant son décès. Paul MILLELIRI devint curé de Poggiolo et Soccia quelques mois après.
Au centre, au premier plan, se distingue très bien un jeune garçon qui est en train de prendre des pétales dans son panier: c'est Jean-Marc TRAMINI.
Les autres participants toujours vivants de cette procession sont:
- Germaine SICCHI (la fille avec le bandeau dans les cheveux)
- Noël SICCHI (l'enfant de chœur qui tient l'encensoir)
- Jean-Marie PASSONI (l'enfant de chœur le plus à droite).
Parmi les adultes, certains de nos lecteurs reconnaîtront plus ou moins facilement:
Dans les archives de Saveriu PAOLI, cette photo est accompagnée de deux autres:
-une prise juste avant, qui permet de voir que "Tatanella" participait au jet de pétales
- une autre prise juste après, devant la porte de la chapelle, qui montre que Guy TRAMINI, à droite, avait le même rôle (et le même habillement) que son frère Jean-Marc, à gauche.
Tous deux, ainsi que Germaine, semblent écouter les observations que leur fait Rosine FRANCESCHETTI (1900-1994).
Rosine n'est pas habillée suivant la tradition corse. Elle porte cependant sur la tête un foulard noir ou une mantille, comme toutes les femmes de l'époque qui devaient cacher leurs cheveux dans les cérémonies religieuses par respect et dignité envers Dieu.
Cette obligation, répétée dans le Code de droit canon de 1917, se référait au Premier Épitre de Saint Paul aux Corinthiens, Chapitre 11, Versets 1 à 16 (d'aprèsle site La femme catholique). Elle n'existe plus du tout maintenant.
Des images d'il y a 67 ans, deux tiers de siècle !
La photo, qui vient du Fonds Saveriu PAOLI, a certainement été prise tout près de Poggiolo mais il est difficile de mieux préciser.
Quant à la date, nous n'en savons rien. Simplement, le troisième personnage en partant de la gauche serait Philippe FRANCESCHETTI, frère de Jean-Antoine. Sachant que "Filipone" est né en 1901 à Poggiolo (et décédé à Marseille en 1970), on peut raisonnablement estimer que l'image aurait été prise vers 1920, certainement entre 1918 et 1920. Lemoment est important car la jeunesse des visages montre que ces garçons ont échappé de justesse à la mobilisation pour la première guerre mondiale qui venait à peine de s'achever. N'oublions que trente Poggiolais venaient de mourir dans ce massacre.
Philippe fut ensuite mobilisé pour la "drôle de guerre" en 1939-1940 mais les combats furent d'un tout autre ordre.
Les identités de ces sept jeunes seraient, de gauche à droite:
Jean Noël PINELLI,
François DEMARTINI,
Philippe FRANCESCHETTI,
Jean-Baptiste DESANTI,
Jean-Baptiste CECCALDI,
Toussaint CECCALDI.
et en hauteur, au second plan, Jean DESANTI (de u Rossignolu).
Mais si un de nos lecteurs a plus de renseignements...
Si le principe de laïcité est présenté de nos jours comme une idée de tolérance et d'apaisement, il s'appliqua parfois très rudement.
La Troisième République, dès qu'elle devint pleinement républicaine en 1879, avec la démission du maréchal Mac-Mahon, chercha par tous les moyens à réduire l'influence de l'Eglise dans la société. Cette lutte connut une nouvelle vigueur avec la victoire des radicaux anticléricaux en 1902.
Le couvent de Vico fut victime de ces orientations en 1880 et surtout en mai 1903, soit il y a exactement cent vingt ans.
LE SAUVETAGE DE 1880
Les décrets de mars 1880, inspirés par Jules FERRY et Léon GAMBETTA, permirent de fermer 261 couvents et d’expulser près de 6.000 religieux dont beaucoup partirent à l’étranger. Mais le couvent de Vico fut sauvé, comme l’écrit l’abbé François CASTA :
«A l’annonce de l’application des décrets de 1880, l’attitude des populations fut si menaçante – en particulier à Vico en faveur des Oblats et à Sartène en faveur des Franciscains – que le préfet télégraphia à Paris pour signaler que l’expulsion des religieux était, dans ce département, une entreprise dangereuse, voire impossible. Après avoir reçu un blâme du ministre, le préfet, prêt à donner sa démission, se rendit à Paris. Très mal reçu, il finit par faire entendre ses arguments et obtenir un sursis en faveur des religieux de Corse, à l’exception des Jésuites» (François J. CASTA, «Le diocèse d’Ajaccio», ed. Beauchesne, 1974, page 216).
Une pétition, présentée au Sénat par le légitimiste Charles CHESNELONG, signée par trois mille habitants de Vico et des environs (plus exactement de Cargèse, Murzo, Ota, Bologna, Guagno, Rosazia, Pastricciola, Arbori, Vico, Salice, Poggiolo, Orto, Coggia, Soccia, Marignana et Azzana) qui s’étaient dits prêts à donner leur vie pour garder les Oblats, explique l’attitude du préfet OMER de MARÇAY. Il fut d’ailleurs remplacé dès octobre de la même année 1880.
L'EXPULSION MAIS SANS LA CONFISCATION
Une nouvelle alerte eut lieu en 1903 alors que les expulsions de communautés religieuses se multipliaient.
La plus spectaculaire fut celle des Chartreux qui, le 29 avril, quittèrent le monastère de la Grande-Chartreuse dans la neige, entre deux rangées de soldats.
«En juillet 1901, nouvelle loi d'expulsion contre les congrégations non autorisées. Les Oblats de Vico reçurent l'ordre de livrer la maison au Gouvernement le 2 mai 1903. La foule accourue empêcha les forces de l'ordre de déloger les Oblats et les autorités judiciaires d'apposer les scellés aux portes. Le préfet réquisitionna la troupe qui devait arriver le 3. Pour éviter des incidents sanglants, le père Bernardin d'Istria se présenta à une fenêtre du couvent et convainquit les fidèles à laisser partir la communauté, qui fut solennellement accompagnée à Vico.
Le couvent ne fut nationalisé que pour peu de temps. Mgr Noël Casanelli, vicaire général et neveu de Mgr Raphaël Casanelli d'Istria, fit valoir en justice une clause de l'acte de donation du couvent aux Oblats par son oncle. Elle stipulait que si pour une raison quelconque ceux-ci quittaient la maison, la propriété devait revenir à sa famille. Il obtint gain de cause en 1907 et le couvent devint la propriété de la famille Casanelli qui en fit sa résidence d'été.» (Yvon BEAUDOIN, OMI, article "Vico" dans le "Dictionnaire historique" vol. 1 du site Oblate Communications, http://www.omiworld.org/).
Grâce à la précaution de l’évêque, l’Etat ne put mettre la main sur le couvent. Le couvent revint finalement au diocèse en 1927 et les Oblats s’y réinstallèrent en 1935. Et ils y sont toujours.
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).