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5 juin 2025 4 05 /06 /juin /2025 07:00

 

Un document ancien vient d'être ajouté à l'article précédent par Philippe PRINCE. 

 

Cliquer sur les images permet de les agrandir.

Un peu de Libbiu pour Murzu

 

Cette feuille non datée, mais très certainement de la fin du XIXe siècle, semble être un accord entre l'Etat et la commune de Murzu sur le partage de la forêt de Libbiu (Libio).

Un peu de Libbiu pour Murzu

 

Le village recevrait 322 hectares 80 ares, l'Etat gardant 1200 hectares 80 ares.
Un plan montre bien ce partage.

 

Un peu de Libbiu pour Murzu

La partie attribuée à la commune est coloriée en brun pâle. Pour bien la situer, attention à l'orientation de la carte: le nord, montré par une flèche, se trouve à droite de la feuille. Il faut lui faire opérer un quart de tour à gauche pour retrouver les points cardinaux dont on a l'habitude.

 

Un peu de Libbiu pour Murzu
Un peu de Libbiu pour Murzu

Les terrains étant alors intégrés à Murzu partent au nord du ruisseau de Riosecco, là où est désormais la limite officielle entre Pighjolu et Murzu. Ils suivent ensuite un arc de cercle depuis la Punta di Sirenese jusqu'à la Sposata.

 

Nos lecteurs auraient-ils d'autres documents sur ces accords de délimitations?

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4 juin 2025 3 04 /06 /juin /2025 07:00

 

 Voici juste 160 ans, le 1er juin 1865, une bataille rangée entre habitants de Poggiolo et de Rosazia fut évitée de justesse. La cause en était la propriété et l'exploitation de Libbiu.

 

   La forêt de Libbiu avait autrefois un rôle économique important de par l'exploitation de ses arbres et de par l'élevage qui s'y pratiquait. Cette importance explique la poussée de fièvre qui, au XIXème siècle, opposa habitants de Poggiolo et de Rosazia.

 

   Après la création des communes par la Révolution Française, il fallut parfois du temps pour appliquer ce principe dans toute la Corse.

 

   Ce n'est qu'en 1835 qu'eut lieu la délimitation de la forêt domaniale de Libio-Tritorre (orthographe de l'époque et en partie encore utilisée par les cartes de l'IGN) mais la réclamation de Jean-Baptiste MARTINI entraîna un procès, premier épisode d'une opposition entre les deux villages sur l'attribution de ces terrains.

 

    En août 1863, le maire de Poggiolo Jean-Baptiste Etienne DEMARTINI (né en 1832 et décédé en 1897, maire de 1860 à 1867) se plaignit que les gens de Rosazia, mécontents du tracé intercommunal, aient, maire en tête, enclavé les terrains contestés derrière des clôtures qu'ils avaient édifiées.

 

    Le 1er juin 1865, l'escalade prit une tournure plus grave car les habitants de Rosazia mirent le feu à des cabanes de bergers poggiolais à Libbiu. 

 

    Voici ce qu'écrivit le maire de Poggiolo dans sa lettre au Préfet de Corse le 2 juin,  lettre conservée aux Archives départementales d'Ajaccio:

    "Je suis obligé pour le troisième fois de vous écrire pour vous faire connaître la conduite tenue par M. le Maire de Rosazia. Le 1er du courant il s'est rendu à la tête de ses habitants dans la montagne de Libio, propriété qui appartient de temps immémorial aux particuliers de Poggiolo, et a mis le feu aux cabanes et aux bergeries des bergers de Poggiolo bâties en pierre qui y existaient depuis plus de cent années. Les pauvres bergers ont vu consumer sous leurs yeux leurs abris et même le peu de mobilier qu'ils y avaient. Cet acte barbare a irrité les habitants de ma commune. Pour contenir leur indignation, j'ai été obligé à inviter la gendarmerie de Guagno à se rendre sur les lieux du dégât le deux du mois de juin où plus de cinquante hommes de ma commune s'étaient rendu pour demander raison à M. le Maire de Rosazia qui s'y trouvait avec ses habitants."

 
Extrait de la lettre du maire de Poggiolo. Cliquez pour l'agrandir.

Extrait de la lettre du maire de Poggiolo. Cliquez pour l'agrandir.

   

  L'affrontement physique n'eut pas lieu et l'affaire retourna entre les mains de la justice. Mais ce fut long:

    En mai 1867, le tribunal d'Ajaccio donna gain de cause aux Poggiolais qui se plaignaient d'avoir à payer des impôts à Rosazia. Par là, les juges reconnaissaient que ces terrains étaient sur la commune de Poggiolo.

    La décision finale revint, en 1873, à la cour d'appel de Bastia qui fixa les limites de Libbiu entre les deux communes.

    Il fallut attendre décembre 1881 pour que le bornage fut réalisé.

 

   Sur cette carte, les lignes jaunes représentent les limites actuelles, désormais non contestées,  des communes. Sur les flancs du Ciarbellu (Cervellu), jusqu'au sommet, la forêt de Libbiu (Libio) est bien poggiolaise. Les conflits sont tout à fait apaisés.

 

La fièvre monte à Libbiu

Cet article reprend un texte publié le 26 septembre 2012.

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7 mai 2025 3 07 /05 /mai /2025 07:00

 
L'association Letia-Catena, animée par le dynamique Antoine-Martin ARRIGHI, annonce deux prochaines initiatives: la sortie imminente d'un nouveau livre et le programme des Rencontres du 17 août à Letia Saint Roch.
 
 
I/ ---Le livre de notre association, MIMORIA MUNTAGNOLA, est à l'imprimerie. Il sera en vente à Letia à la fin du mois de mai.
Nous pourrons l'acheter pour Vingt Euros : 
--à Letia auprès des membres actifs;
--à la librairie le Mouflon , 19 Bd Fred Scamaroni à Ajaccio;
--à Sagone à la Villa Romana;
--à Renno, à SIPOFA;
--à Vico à la librairie du Café National.
Ci-dessous, reproduction des pages 1 et 4 de couverture.
 
Letia-Catena prépare l'été

 

II/--Les Rencontres de Letia (I Scontri) auront lieu au hameau de saint Roch le 17 Août 2025.

Nous comptons sur votre présence amicale et active.
Cordialement

 

 

I Scontri di Letia 2025, les rencontres de Letia,

se dérouleront

le dimanche 17 Août 2025 à Letia San Roccu,

                                   à partir de  15 Heures.                                           

 

Au cours de ces Rencontres, interviendront :  

Antoine Marie GRAZIANI.

Historien et chercheur, professeur des universités, il est l’auteur d’un nombre important d’ouvrages dont la plupart sont consacrés à l’histoire de la Corse ou à la biographie documentée des grandes figures de cette histoire.  Membre honoraire de l’Institut Universitaire de France. Il a obtenu le Prix du livre corse 1992 pour Les Feux de la Saint-Laurent et le prix de la Région corse en 2000 pour Sampiero, un mercenaire européen au XVIe siècle. Il a signé en 2002 une biographie de Pascal Paoli, Père de la patrie corse (Prix spécial du livre corse). Il est l’auteur en outre d’une Histoire de Gênes en 2009 et il a obtenu le Prix de la Région corse à nouveau en 2011 pour La violence dans les campagnes corses du XVIe au XVIIIe siècle et le Prix Don José Morellini (Haute-Corse) pour le premier volume de sa nouvelle Histoire de la Corse en 2014.                       

Jean Pierre POLI  

Avocat et essayiste. Il est l’auteur du livre "1769-1789, vingt ans de résistance corse", qui a obtenu le prix du livre corse en 2019. En 2007 il a publié le livre "Autonomistes corses et irrédentisme fasciste". Jean Pierre Poli interviendra en début d'après-midi, le 17 août, pour nous présenter son nouveau livre, qui porte également sur les "Autonomistes corses et l'irrédentisme fasciste", réédité en septembre 2024 aux éditions Piazzola. Cette étude porte divers ajouts qui relèvent d'une étude précise de la situation de l'entre deux guerre (1919-1939) et provenant de sources diverses.                                                                        

 Erick MICELI ,

Historien et chercheur, docteur en histoire moderne des universités de Corse et de Gênes, spécialiste des dynamiques politiques dans la Corse de l’époque moderne. Il est l’auteur du Livre, publié en janvier 2024 : « Les Révolutions corses et l’idée républicaine. Pascal Paoli face à ses innovations, limites et contradictions », le Bord de l’eau Editions. Erick Miceli interviendra à l'occasion du tricentenaire de la naissance de Pascal Paoli, proclamé le 15 juillet 1755 général du Règne de Corse, à l'âge de 28 ans, élevé à la dignité de Père de la patrie en juin 1794 par les députés de l'ensemble des localités de la Corse, réunis en assemblée générale à Corti. Il quittera la Corse pour son deuxième exil en Angleterre, avant l’effondrement du royaume anglo-corse.                 

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24 mars 2025 1 24 /03 /mars /2025 07:00

 

   Après avoir échappé de justesse au quadrillage opéré par le capitaine MARINETTI, chef des voltigeurs corses (opération décrite dans l'article précédent), Théodore et Mathieu Poli avaient quitté les deux cantons de Sorru pour se réfugier dans la Cinarca.

   Ils se reposèrent dans une cabane de MORTOLA, dans la commune d'AMBIEGNA, où ils furent encerclés par des voltigeurs.

   Sur l'affrontement final, les versions diffèrent.                                                             

   Henri PIERANGELI dit PIERHOME (dans "La vie du bandit Théodore") raconte comment le berger Toussaint COLONNA s'était rallié aux voltigeurs et s'était embusqué près de la bergerie avec les voltigeurs GRAZIANI et FORNARI.

   Pour François ROBIQUET (dans "Statistique de la Corse"), ces trois hommes étaient tous voltigeurs et rôdèrent douze jours avant de tomber sur Théodore le 5 février 1827 (au matin du 4 février pour PIERHOME). Dans le combat, GRAZIANI et FORNARI furent blessés mais ce fut ce dernier qui tua Théodore.

    Une troisième version est fournie par l'écrivain Santu CASANOVA (1850-1936). Originaire du village d'AZZANA, élevé à ARBORI et scolarisé à VICO (donc dans la zone des exploits de Théodore), Santu Casanova avait recueilli le récit des exploits du bandit auprès des anciens des villages.

    Il en fit le texte ci-dessous qui est traduit de la version parue en langue corse dans le périodique "L'Annu Corsu" de 1932. L'auteur commet une grande erreur en datant la mort de Théodore de l'année 1831 au lieu de 1827. Il décrit une trahison d'un berger. Il invente l'intervention d'une jeune fille pour vérifier le décès du bandit (qu'il place le 6 février). Enfin, il décrit avec des détails scabreux ce qui arriva à son corps. Le coup de théâtre final laisse planer le doute sur ce qui advint de celui qui avait imposé la loi du maquis pendant sept ans. 

 

Les exploits de Théodore: la mort et la disparition (6/6)

 

"On ne put avoir raison du bandit que par la trahison.

    Arrivé le soir du samedi 5 février 1831 sur les bords du Liamone, il attrapa une pneumonie et se réfugia dans la cabane d’une veuve de Guagno qui passait là l’hiver avec ses chèvres. Le malade passa la nuit avec une forte fièvre. Au matin, la veuve envoya son berger à COGGIA pour chercher un pain en recommandant bien de ne pas faire savoir que Théodore était dans la cabane. Mais le berger ne pouvait rester sans parler. Quand il arriva à COGGIA, tous les villageois étaient à l’église. Seuls trois voltigeurs: COLONNA, FORNARI et GRAZIANI, écoutaient la messe sous l’orme de la place de l’église. Le berger, ne pouvant plus garder son secret, s’approcha de ces trois pénitents et leur demanda s’il n’y avait rien de nouveau à COGGIA. Ces derniers, intrigués de la demande, lui répondirent :

« Ici, il n’y a rien ; mais toi, sais-tu quelque chose ? »

- Moi, je sais quelque chose, mais il faut que je garde le secret pour moi »

- Et que sais-tu? Parle. Qui est le gros poisson ? »

- Théodore a une pneumonie dans la cabane de ma patronne. Si vous descendez, vous le prenez comme un mulet ».

    Le poisson étant gros et désiré ardemment. Les voltigeurs partirent en courant et encerclèrent la cabane en hurlant :

    « Attention Lorelli, attention Colombani, attention Catignio ! tous prêts ! ».

    Burghellu, le frère de Théodore qui était au maquis, en entendant l’appel de COLONNA, s’éloigna en croyant que toutes les brigades étaient là-bas. En voyant la cause perdue, Théodore fit une dernière tentative pour sortir après avoir tiré sur GRAZIANI. Celui-ci avait un bras en morceaux mais les deux autres firent feu, et le bandit tomba à quatre pas de la cabane avec son fusil tendu sur un genou dans une attitude de défense. Les voltigeurs surpris ne savaient s’il était vivant ou mort. Une fille de la patronne regardait le bandit qui ne bougeait plus.       

   COLONNA lui dit :

   « Va voir s’il est mort »

   - J’irais si vous me donnez le foulard qu’il a autour du cou »

   - Vas-y; nous te le donnerons ».

    Quand la petite fille le toucha, Théodore était mort et ne faisait plus peur, ni aux gendarmes ni aux voltigeurs. Au comble de la satisfaction, les héros de la mort de Théodore Poli, qui devait résonner dans toute l’Europe, sautaient de joie et improvisèrent un vocero sur le mort au nom de sa compagne enceinte et sur le point d’accoucher.

 

Stava tutta addulurata
Di Tiadoru la cunsorte
Quandu intese la nuvella
Ch'ell'era firitu à morte.


Oh ! s'eiu un era in partu
Aggravata da i dulori
Vulia sfugà lu me sangue
Contru li vultisgiatori.

 

(Elle était toute affligée,

la compagne de Théodore,

quand elle entendit la nouvelle

qu’il était blessé à mort.

 

Oh si je n’étais pas enceinte

Accablée par les douleurs

J’aurai voulu épancher mon sang

Contre les voltigeurs)

 

    Pour s’assurer qu’il ne ferait pas feu même après sa mort, les voltigeurs déchargèrent un fusil puis prirent le mulet de la bergère, attachèrent le mort par les pieds à la croix du bât et partirent vers VICO en criant à voix étouffée:  

  

Compra stacci, ciarnìgliuli, ferru,

acciaghju, chjodi, stacchette è carne fresca !

(Achetez des tamis, des cribles, de la ferraille,

de l’acier, des clous, des pointes à chaussure et de la viande froide !)

 

    La nouvelle se répandit dans toute la région. De chaque village, accoururent des hommes, des femmes, des vieux et des enfants. Quand le cortège entra dans VICO, il était escorté de plus de deux mille personnes. Déposé dans l’église de VICO qui était sur la route, le mort fut confié à un certain ORSONI, ancien voltigeur installé comme boucher à VICO. Théodore, pendant le voyage sur la mule, avait eu la tête cassée. ORSONI lui souda sa blessure avec des herbes parfumées et lui fit une raie sur sa coiffure qu’il avait abondante.

   Dans la nuit, six hommes armés entrèrent dans l’église et prirent le mort devant ORSONI. On n'a jamais su où il a été enterré. Quand le tribunal arriva à VICO avec tout son attirail, ils ne trouvèrent que les murs."

 

    Le plus fameux des premiers bandits corses abattu, le banditisme n'en avait pas moins de beaux jours devant lui. La même année 1827 où mourut Théodore, on compta 125 assassinats en Corse. Pour éradiquer cette violence, il faudra l'expédition militaire de 1931. 

 

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15 mars 2025 6 15 /03 /mars /2025 12:00

 

 Théodore POLI a défié les autorités pendant plusieurs années (voir les articles précédents: le n° 1le n° 2le n° 3 et le n° 4).

 

   Au début, il bénéficiait d'une certaine sympathie dans la population de Sorru. Il pouvait ainsi parader en uniforme d'opérette dans les rues du village de GUAGNO près duquel se trouvait son premier refuge.

 

   Ensuite, il s'installa "dans un bois situé aux confins du village d'ORTO, une maison confortable dont il avait fait son hôtel de plaisance", écrit Henri PIERHOME. Dans cette maison, résidaient une de ses maîtresses et son oncle UCELLONE. Théodore n'avait pas à craindre d'intervention policière car un passage souterrain dans la cave lui permettait de rejoindre "à deux cents mètres derrière la maison, (...) un ravin profond (Malavia), tapissé d'une végétation extrêmement touffue", qui rejoignait un bois de châtaigniers (à Isoletta).

 

Voltigeur corse

Voltigeur corse


 

    Le refuge était sûr. Mais, après la période de gloire où il avait regroupé des dizaines de contumaces dans la forêt d'Aitone, Théodore vit les difficultés s'accumuler. La création du corps des voltigeurs corses lui porta un rude coup car ces auxiliaires connaissaient bien le terrain. Des défections se produisirent parmi ses lieutenants. D'après PIERHOME, ce fut UCELLONE qui permit aux forces de l'ordre de monter l'embuscade où périt BRUSCO, le grand ami de Théodore. A la fin de l'été 1826, il jugea préférable de quitter la maison d'ORTO avec son frère Joseph.

 

    Le Capitaine MARINETTI, commandant la troisième compagnie de voltigeurs corses, entreprit alors une véritable expédition pour traquer les bandits. Le cheminement peut être suivi sur la carte ci-dessous (cliquez sur elle pour l'agrandir).

 

Les exploits de Théodore: la traque (5/6)
  • Le vendredi 20 octobre 1826, il partit de VICO avec un détachement de quinze voltigeurs et alla à ORTO.
  • Le samedi 21, il quitta ORTO pour GUAGNO où il interrogea des paysans à qui THÉODORE avait interdit de ramasser des châtaignes. Il apprit ainsi que le bandit serait réfugié dans la forêt de PEGA. Mais il décida de d'abord bien ratisser les alentours en perquisitionnant et en interrogeant dans les différents villages.
  • Le dimanche 22, il revint à VICO.
  • Le lundi 23, il repartit de VICO pour CARGESE.
  • Le mardi 24, MARINETTI inspecta le poste de PIANA et se renseigna sur le bandit NEGRONELLO, obtenant confirmation qu'il était devenu inoffensif.
  • Le mercredi 25, il était à OTA.
  • Le jeudi 26, il arriva à RENNO.
  • Le vendredi 27, il était à LETIA. De là, le soir, il se rendit dans la forêt de PEGA (entre le col de Sorru et le Liamone, en face de LETIA). Il répartit ses voltigeurs à divers postes stratégiques pour quadriller les lieux.                           
  • Le samedi 28, au petit matin, MARINETTI descendit du col de Sorru avec huit hommes. Il découvrit la grotte où se réfugiaient les deux frères POLI. Dans l'échange de coups de feu qui suivit, Théodore fut blessé au bras gauche et son frère au menton. Mais ils réussirent à s'enfuir.

    MARINETTI rentra à VICO. Les deux fuyards dévalisèrent plus tard le curé de PASTRICCIOLA et se cachèrent à AMBIEGNA où leur carrière prit fin, comme l'indiquera un prochain article.

(à suivre)

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8 mars 2025 6 08 /03 /mars /2025 07:00

 

   Comme tous les habitants de Sorru in sù, les Poggiolais eurent à subir les exactions de Théodore POLI (précédents articles sur Théodore: ICI,  et encore ICI). Il leur fallait se méfier en empruntant les routes et il était préférable de se regrouper. Cette précaution n'était pas toujours suffisante, comme le montra l'embuscade de 1824 où un voltigeur et un Poggiolais furent abattus (voir l'article ). Le maire de Poggiolo dut même véritablement mobiliser ses concitoyens. L'épisode est conté à la fois par Henri PIERHOMME et François-Guillaume ROBIQUET.

 

COMMENT PROTÉGER LE PAYEUR?

   Le 29 juillet 1822,  M. POZZO DI BORGO, payeur de la Corse, se trouvait à GUAGNO-LES-BAINS (qui est appelé POGGIOLO-LES-BAINS dans le livre de PIERHOMME). Il devait se rendre à VICO porteur d'une grosse somme. Mais il avait reçu plusieurs messages de plus en plus menaçants du BRUSCO, le principal lieutenant de Théodore, qui voulait le racketter (le mot n'existait pas encore mais la réalité oui).

  

  D'après Henri PIERHOMME, le maire de POGGIOLO, "se méfiant à juste titre de l'insécurité qui régnait dans la région, eut l'idée d'escorter le payeur avec une quarantaine de montagnards armés et résolus".

    Si son nom n'est pas donné, on peut supposer que cet édile courageux et prévoyant était Carlo Francescu Pasquale PINELLI. Nommé alors par le préfet, ce maire resta en place de 1821 à 1847. A partir de 1841, il eut comme adjoint Antoine-François FRANCESCHETTI. 

 

UN MAIRE TRÈS PARTICULIER

    Mais ce maire était un personnage très particulier. En effet, il était le filleul de Pasquale PAOLI, "u Babbu di a Patria".

   Pour montrer leur attachement au Général de la Nation, plusieurs familles de notables lui demandèrent d’être le parrain de leurs fils. 

   Le baptême de Carlo Francescu Pasquale PINELLI, fils de Gioan Natale Pinelli et de son épouse Maria Leca, eut lieu en l’église Saint Siméon le 30 septembre 1795, à l'époque du royaume anglo-corse. 

 L’acte du baptême indique que, Pasquale PAOLI n'étant pas présent, sa procuration avait été attribuée «nella persona del Signor Dottor Giovantonio pinelli».

   Il est facile de reconnaître sous ces mots Gian Antonio PiNELLI, surnommé «l’homme le plus cultivé de Corse», qui était le grand-oncle du jeune baptisé. 

Carlo Francesco Pasquale devint greffier de justice de paix du canton de Soccia, peut-être avec l’aide de son grand-oncle Gian Antonio. 

   Il n’est pas interdit de penser qu’il ait également permis à Carlo Francesco Pasquale de devenir maire de Poggiolo en été 1821 (à 26 ans!). A cette époque, les maires des petites communes n’étaient pas élus mais désignés par le préfet, donc avec l’accord du gouvernement. Sa vie est racontée ICI.

Signature de Carlo Francesco Pasquale Pinelli maire en 1841

Signature de Carlo Francesco Pasquale Pinelli maire en 1841

 

THÉODORE HUMILIÉ

    Donc, en 1822, le maire mobilisa donc une forte escorte (le recensement de 1821 donnait alors une population de 170 habitants dans la commune).

 

   THÉODORE et BRUSCO s'étaient postés derrière un rocher, sur la route de Sorru, "à une lieue environ" de GUAGNO-LES-BAINS, soit 4 km. En voyant arriver la troupe, les bandits renoncèrent à lancer l'assaut. Ils se contentèrent de tirer quatre balles qui tombèrent aux pieds des paysans et ils s'enfuirent en montrant le poing tandis que les Poggiolais leur criaient, d'après ROBIQUET: "Pourquoi fuyez-vous? Venez ici si vous  l'osez !".

 

   Mais de tels actes furent rares et Théodore poursuivit sa carrière jusqu'à sa mort en 1827.

(à suivre)

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1 mars 2025 6 01 /03 /mars /2025 07:01

 

Si des gendarmes et des voltigeurs corses tombèrent sous les balles de Théodore (voir les articles précédents), les prêtres furent victimes d'une autre façon du "Roi de la Montagne".

 

PUNIR LES MAUVAIS BERGERS

 

Henri PIERHOMME (de son vrai nom PIERANGELI) rapporte que Théodore aurait expliqué le sens de sa stratégie en disant: "je vise certains prêtres qui sont de mauvais serviteurs de Dieu et qui, par leurs paroles impies, dressent leurs ouailles contre les "frères du malheur" que nous sommes. Ils prèchent la pauvreté et la bonté au nom de Jésus, qui était pauvre et bon, mais ils vivent dans l'abondance et accumulent les écus tout en attisant contre nous la fureur de nos ennemis. Il convient que nous punissions ces mauvais bergers et que nous prélevions sur eux le trésor de guerre qui nous permettra de défendre notre liberté et notre vie... Nous sommes avec Dieu contre ses méchants serviteurs!"

 

Les exploits de Théodore: le curé de Poggiolo (et d'autres lieux) (3/6)

 

Il est piquant de se rappeler que, d'après la tradition, Théodore POLI descendrait de Lario POLI ou Hilaire (écrit aussi Hylaire), curé de GUAGNO, qui avait bénéficié de faveurs de la part de Théodore de NEUHOFF, roi de Corse en 1736. En souvenir, le curé aurait prénommé son fils (car de nombreux prêtres corses eurent des enfants jusqu'à la fin du XVIII° siècle) Théodore. Le prénom serait passé ensuite à son petit-fils qui fut le "roi de la montagne".

Théodore avait créé une véritable organisation de bandits, régie suivant ce que l'on appella les "Constitutions d'Aïtone". Afin d'alimenter le trésor de guerre, des groupes de 5 à 7 personnes armées se déplaçaient de village en village pour racketter certains habitants. Ces percepteurs opérèrent dans le SORRU, le SEVI, le CRUZZINI, le NIOLO et jusqu'en BALAGNE. Le 22 juillet 1822, loin de leur champ d'action habituel, Théodore et plusieurs complices assaillirent le curé de PIEDIGRIGGIO (près de PONTE LECCIA) dont la maison fut entièrement pillée.

 

LA LETTRE AU CURÉ DE POGGIOLO

Le plus souvent, le prêtre recevait une première injonction à payer. S'il ne s'exécutait pas, il en recevait parfois une seconde avant d'être agressé physiquement.

En avril 1823, Théodore et d'autres contumaces firent sommer les deux prêtres MASSIMI, desservants, l'un de POGGIOLO, l'autre d'ORTO, de leur fournir une somme de 300 francs. A l'époque, le prêtre de SOCCIA était le seul avec le titre de curé et il avait autorité sur les prêtres de Sorro in sù (POGGIOLO, GUAGNO et ORTO) et sur ceux du Cruzzini (AZZANA, PASTRICCIOLA, ROSAZIA, SALICE et SCANAFAGHIACCIA qui prendra le nom de REZZO en 1921) qui n'étaient que ses desservants. La somme demandée n'ayant pas été payée à la date déterminée, ces ecclésiastiques reçurent la lettre suivante :


« Aussitôt que vous recevrez la présente, nous vous ordonnons de venir avec celui qui vous la remettra, et d'apporter la somme de 600 livres, au lieu-dit la Serriciola, territoire d'ORTO. Nous vous prévenons que, si vous ne versez pas cette somme aujourd'hui, conformément à l'avis que nous vous avons déjà donné, votre vie en répond ainsi que vos biens, les animaux comme les choses inanimées. Nous exterminerons tout sans aucun égard. Peine de mort pour quiconque ira chercher des subsistances pour les deux curés.
Nous vous saluons, et vous tiendrons parole. Le temps expire aujourd'hui. »

 

 

Lettre signée Théodore Poli
Lettre signée Théodore Poli

Lettre signée Théodore Poli

On ignore quelle suite fut donnée à ce texte mais la réputation de Théodore était telle que l'on s'exécutait par tous les moyens.

Ainsi, l'abbé LECA, desservant de PASTRICCIOLA, reçut le 7 février 1825 une lettre lui demandant 50 fr. L'ecclésiastique ne put rassembler  que 10 fr qu'il remit à l'envoyé de Théodore. Il reçut bientôt un second message accompagné de telles menaces qu'il dut emprunter 10 fr et les envoya en renouvelant ses excuses. Cet effort ne l'empêcha pas d'être de nouveau rançonné le 10 novembre 1826 par Théodore et son frère qui, après l'avoir garrotté, dévalisèrent son logement.

 

LA LETTRE AU CURÉ DE GUAGNO

Théodore tenait une comptabilité rigoureuse des contributions qu'il recevait. Le plus souvent, ses envoyés gardaient le numéraire et lui remettaient les objets précieux qu'il écoulait ensuite. La lettre ci-contre, datée du 18 juillet 1823, est adressée au curé de GUAGNO LEMPERONI qui lui servait de boîte aux lettres. Parmi les informations de cette missive, on apprend que le curé principal SANTI a versé 100 scudi (monnaie italienne de faible valeur) au lieu de 100 francs et qu'Antonio PELLEGRINI n'a encore

rien versé. Par contre, Antonio DALTORI, doyen de COGGIA-SAGONE, est en règle.

 

Mais les prêtres ne furent pas toujours résignés à être tondus.

 

LA RÉSISTANCE DES CURÉS

Henri PIERHOMME écrit avec amusement que la première réaction des prêtres fut "d'appeler sur Théodore les malédictions du ciel" mais que "cette méthode de défense s'était révélée inefficace". Une attitude plus active fut nécessaire.

Barthélémy GAFFORY,  curé de CASTIFAO, ayant reçu un premier ordre pour payer la taxe, mobilisa ses paroissiens. Quand Théodore et cinq complices vinrent taper à sa porte, ils furent accueillis par une fusillade venant des fenêtres du presbytère. L'un d'eux fut blessé et la bande préféra déguerpir. 

A CASTIGLIONE, l'abbé COLONNA utilisa la même tactique. Théodore reçut une balle dans l'épaule.

 

La résistance des curés, et l'écho qu'elle eut auprès des paroissiens, commença à marquer le début des difficultés du "Roi de la montagne".

(à suivre)

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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 07:00

 

C'était, au jour près, il y a 230 ans. Le 28 février 1795, le Poggiolais Francesco FRANCESCHETTI était reconnu comme député de la piève de Sorru in sù.

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Pendant la Révolution Française, les excès de la Convention avaient poussé Pascal PAOLI à demander l'aide anglaise. Il en résulta que la Corse fut associée au royaume d'Angleterre pendant près de deux ans, de 1794 à 1796, sous l'autorité du roi Georges III. 

 

Les armoiries du royaume anglo-corse

Les armoiries du royaume anglo-corse

 
 
La Constitution du royaume anglo-corse fut adoptée par la Consulte du 19 juin 1794 qui réunissait les représentants de chaque communauté urbaine et villageoise comme Anton Domenico DEFRANCHI pour Soccia, Francesco Antonio MASSIMI pour Orto et Gio: Antonio PINELLI  pour Poggiolo).
 
 
Elle prévoyait un Parlement composé de deux députés par piève.    
Le Titre II de la Constitution précisait que, pour être électeur, il fallait avoir 25 ans, être domicilié depuis au moins un an dans la piève et être propriétaire. Pour être député, on devait également posséder au moins 6.000 livres de biens-fonds (biens immeubles) dans la piève.
 
 
L'élection de Francesco Franceschetti est confirmée
 
L'abbé LETTERON ayant publié les "Procès-verbaux des séances du Parlement anglo-corse" (tous écrits en italien) en 1891, nous sommes bien renseignés sur ce qui s'y passa.
 
Ce Parlement se réunit le 7 février 1795 à Bastia et créa le 17 février un "comitato de verificazione de'poteri" pour régler les contentieux électoraux. Ce comité avait en son sein un représentant de chacune des neuf juridictions.
 
Mais il fut immédiatement paralysé par la contestation de l'élection de Giovanni STEFANOPOLI, originaire de Cargese, pour la juridiction de Vico. Finalement, il fut remplacé par Durabile Maria COLONNA CECCALDI (de la piève de Sevidentro) le 27 février. La juridiction de Vico regroupait les pièves de Cruzini, Sorroingiù, Sevinfuori, Sevidentro et de Sorroinsù (orthographe de l'époque). 
 
 
Dès le 28 février, une des premières affaires examinées par le comité fut le recours intenté par Francesco Antonio MASSIMI (celui qui représentait Orto en juin 1794) contre l'élection de Francesco FRANCESCHETTI et de Filippo LECA pour représenter Sorroinsù.
 
Le mémoire, présenté par le fils mineur (ayant donc moins de 25 ans) du contestataire, avançait:
- que le vote ne s'était pas tenu au lieu habituel,
- que les habitants de Soccia n'avaient pas pu voter dans les règles car ils n'avaient pas été convoqués,
- que LECA n'avait pas la fortune nécessaire pour être élu
- et que Francesco FRANCESCHETTI n'avait pas eu la majorité des voix.
 
 
Le recours fut facilement repoussé pour différentes raisons:
 
  - Tout d'abord, rien ne prouvait que MASSIMI père ait bien donné mandat à son fils pour le présenter.
  - Francesco Antonio MASSIMI ayant, lors de l'élection, donné sa voix à LECA, il ne pouvait ensuite prétendre que ce candidat n'était pas éligible.
  - Certains documents fournis se contredisaient et étaient démentis par le procès-verbal officiel de la municipalité poggiolaise et du Podestà.
  - "Enfin, les assemblées de la piève de Sorroinsù ont été toujours tenues à Poggiolo, comme lieu central, et en ont été produites les plus authentiques justifications."
 
 
La Chambre entérina sans problème la recommandation du Comité et notre piève put être ainsi représentée sans problème par Francesco FRANCESCHETTI et Filippo LECA tout le temps que dura le royaume anglo-corse, jusqu'en octobre 1796.
 
Acte du Parlement anglo-corse sur les délits et les peines, daté du 18 mai 1795

Acte du Parlement anglo-corse sur les délits et les peines, daté du 18 mai 1795

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22 février 2025 6 22 /02 /février /2025 07:00
Les exploits de Théodore: mort aux gendarmes (2/6)

L'article du 15 février a été le premier d'une série que ce blog consacre à Théodore POLI, le premier grand "bandit d'honneur" qui était originaire de GUAGNO et qui sévit surtout dans les Deux-Sorru. De nombreux épisodes proviennent de l'ouvrage que Henri PIERHOME (de son vrai nom, Henri PIERANGELI) lui a consacré. Mais d'autres renseignements ont été également trouvés dans "Recherches historiques et statistiques sur la Corse" écrites par François-Guillaume Robiquet en 1831.

 

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     Trahi par le gendarme PETIT dont il se vengea de façon sanglante le 14 février 1820, THÉODORE poursuivit ces représentants de l'ordre de sa haine.          

 

LA HAINE DES GENDARMES

     Son premier attentat eut lieu près du pont du LIAMONE où un gendarme qui traversait le fleuve fut blessé.

     Un peu plus tard, le 17 août 1821, THÉODORE, accompagné des deux frères MULTEDO et de gendarmerie royalePELLEGRINI, dit BRUSCO, investirent MURZO et se firent préparer un déjeuner par Philippe-Antoine COLONNA. Les gendarmes, avertis par le maire, arrivèrent de VICO. L'échange de coups de feu blessa BRUSCO et un MULTEDO. Les bandits se réfugièrent à MUNA où ils furent soignés. Puis, ils s'enfuirent par ROSAZIA. Une semaine plus tard, COLONNA, soupçonné à tort d'avoir été complice des gendarmes, fut assassiné.

     Le 21 novembre 1821, la gendarmerie de CORTE, aidée par trois guides locaux, rencontra un groupe dirigé par THÉODORE et blessa mortellement Christophe ARRIGHI dont le corps fut transporté dans une grotte voisine. Un peu plus tard, Théodore et ses complices revinrent et fusillèrent un gendarme et le guide Mathieu FERRACCI.

     De nombreux coups de main eurent ensuite lieu. Le 19 octobre 1822, la gendarmerie de CASAGLIONE fut attaquée par une bande de cinq contumax dirigée par THÉODORE déguisé en gendarme. Un pandore malade fut tué. Les assaillants furent finalement repoussés par des habitants alertés par le maire ALBERTINI.

     Mais le bilan s'alourdit: un gendarme tué à PASTRICCIOLA, un tué et un blessé à ORTO, deux blessés à ROSAZIA.

 

  CONTRE LES VOLTIGEURS

Volt1822     Devant l'importance du banditisme (190 homicides ou tentatives en 1822 pour une population de 170.000 à 180.000 habitants), dont THÉODORE était l'élément le plus actif et le plus connu, le vicomte de SULEAU, préfet de la Corse de 1822 à 1824, souhaita lever un corps auxiliaire composé de Corses pour prêter main forte à la Gendarmerie. Entre 1816 à 1822, 116 gendarmes avaient été victimes du devoir.
     Le Bataillon des Voltigeurs Corses (dont l’effectif théorique s’élèvait à 421 hommes recrutés dans l'île) fut donc créé par l'Ordonnance Royale du 6 novembre 1822, comme auxiliaire de la 17ème Légion de Gendarmerie Royale de la Corse,
     Le bataillon était régi par les règlements de l’infanterie pour ce qui concernait l’organisation de la vie courante et l’avancement, et de la gendarmerie pour celui du service et des missions
          La vie du Voltigeur était constituée de longues patrouilles dans la montagne et d’embuscades. Quatorze d’entre eux firent le sacrifice de leur vie dans l’accomplissement de leur mission. Ils furent également des cibles pour THÉODORE.

Ainsi, en 1824, deux voltigeurs escortaient de VICO à ORTO, leur résidence, un muletier transportant des vivres. Un jeune paysan de POGGIOLO, nommé FRANCESCHETTI, se joignit à eux. Ils tombèrent dans une embuscade organisée par THÉODORE et BRUSCO. Un voltigeur fut tué et le jeune Poggiolais blessé mortellement. Ce dernier était un neveu de THÉODORE qui manifesta un réel chagrin quand il apprit l'identité de sa victime.

 

   

Les exploits de Théodore: mort aux gendarmes (2/6)

 THÉODORE avait voué une véritable haine aux forces de l'ordre. Les représentants d'une autre institution furent aussi ses victimes: les prêtres (à voir dans un prochain article).

 

     Les noms des lieux cités dans l'article sont entourés en rouge. Cliquez sur la carte pour l'agrandir.

carte gendarmes Théodore

A suivre

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15 février 2025 6 15 /02 /février /2025 07:00

 

Dans l'histoire de la Corse, le premier bandit "officiel" fut Théodore POLI, de Guagno.

 

L'imaginaire collectif s'est emparé de ce personnage dont les exploits ont été amplifiés et déformés. On raconte souvent que Théodore a tué le bourreau de Bastia, qu'il l'aurait  même guillotiné. Par exemple, l'universitaire Pierre ANTONETTI écrivait, dans son "Histoire de la Corse" publiée en 1973: "Et l'on assiste aux tristes exploits d'un Théodore POLI (...), véritable "Roi de la montagne" qui, de sa forêt d'Aïtone, pouvait se payer le luxe de descendre à Bastia pour s'y emparer du bourreau et l'exécuter en pleine ville". Cette version est reprise dans certains sites internet qui, par exemple, écrivent: "Un bandit notoire alla même jusqu’à enlever et exécuter le bourreau de Bastia".

 

Un peu de clarté est nécessaire.

LES LIVRES DE PIERHOME

 

De nombreux renseignements se trouvent dans "La vie du bandit Théodore", publié en 1934 et écrit par Henri PIERHOME.

Le véritable nom de cet auteur était Henri PIERANGELI.


Né à Bastia en 1875, décédé en 1945, Henri PIERANGELI était le neveu du républicain Emmanuel Arène. Elu député de Bastia en 1906, il fut réélu en 1910, puis 1914, 1919 et 1928 sous l'étiquette de la "gauche radicale", nom d'un groupe du centre-droit. Il abandonna la vie politique après son échec à la sénatoriale partielle de 1937.

 

Il est piquant de savoir que son fils épousa à Marseille en 1922 une nièce de l'écrivain royaliste Charles MAURRAS.

 

Il est l'auteur d'études sur la Corse économique, d'un roman historique ("Anna Maria") et de vies romancées: "Gallochio, bandit corse", "La vie du bandit Bellacoscia", "La Vie du bandit Théodore", ...

 

Son ouvrage est donc une base documentaire essentielle mais quelques confusions y sont présentes et il doit être étayé par d'autres sources.

 

 

DE LA DÉSERTION À L'ORGANISATION

 

Théodore POLI naquit en 1797 à Guagno. Conscrit en 1816, il avait tiré un mauvais numéro et obtenu un sursis mais il fut rappellé le 11 novembre 1819.


Le brigadier PETIT, de la gendarmerie de Guagno, laissa passer le temps imparti et, après avoir promis de le laisser tranquille, l'arrêta cependant comme déserteur le 4 février 1820. Il le conduisit menotté à Ajaccio. Mais Théodore déserta rapidement pour de bon, se précipita à Guagno et, le soir du 14 février 1820, abattit le gendarme qui festoyait chez un habitant. Son histoire de bandit débuta à ce moment.


Réfugié au maquis, il s'associa avec un contumace PELLEGRINI, dit BRUSCO, qui vivait près de Vico, puis avec les frères MULTEDO. Il en vint à créer une petite communauté de près de 150 bandits, dans la forêt d'Aïtone, sur laquelle il règnait en véritable dictateur.

 

Lors de la création de cette organisation, près de Guagno, Cecco SAROCCHI proposa de tuer le bourreau pour porter un défi aux autorités. SAROCCHI, né en 1792 à Rusiu, avait été condamné 15 fois dont 4 à la peine de mort. Il avait obtenu des autorités un passeport  pour s'exiler en Italie mais il voulait venger son ami ANCINO qui avait été guillotiné à Bastia à l'issue d'un procès que le bandit jugeait bâclé. Théodore ne voulut pas participer à cette action mais donna son accord.

 

LE RAID DE BASTIA


Le 24 janvier 1824, Louis SIMALIOT, exécuteur des hautes œuvres de Bastia, accompagné de son aide Martin ALVIDA, qui était aussi son gendre (il avait épousé sa guillotinefille Marie-Esther), s'en alla à la chasse à l'étang de Chiurlino. Tombé dans une embuscade tendue par Cecco SAROCCHI, Pascal GAMBINI et Jean-Baptiste TORRE, SIMALIOT réussit à s'échapper. ALVIDA resta entre les mains des ravisseurs.
Ceux-ci demandèrent 300 écus. Au moment du versement de la rançon, SAROCCHI et ses complices furent arrêtés. Le corps d'ALVIDA fut retrouvé ensuite, à Furiani, égorgé d'un coup de poignard le 2 février. SAROCCHI fut guillotiné le 31 mai 1825 sur la place Saint Nicolas, par SIMALIOT lui-même.

Théodore mourut le 5 février 1827 (et non pas en 1831 comme le datent certains sites) après de nombreux méfaits (dont ce blog contera bientôt quelques exemples) mais il n'était directement pour rien dans l'affaire du bourreau (ou plutôt de l'aide-bourreau).

 
La légende s'empara vite de lui. Dans la fameuse "Colomba" de Prosper MÉRIMÉE,  parue en 1840, on peut lire une référence au raid de Bastia.

Colomba, pour faire peur aux voltigeurs qui cherchent son frère Orso, leur demande :


«Savez-vous, messieurs, que si par hasard les trois frères GAMBINI, SAROCCHI et Théodore POLI se trouvaient à la croix de Sainte-Christine avec BRANDOLACCIO et le curé, ils pourraient vous donner bien des affaires. Si vous devez avoir une conversation avec le Commandant de la campagne (MERIMEE place en note que "c’était le titre que prenait Théodore POLI")je ne me soucierais pas de m’y trouver. Les balles ne connaissent personne la nuit.» 

 

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Présentation

  • : Le blog des Poggiolais
  • : blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù). Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
  • Contact

Qu'est-ce que ce blog?

Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité.
POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici.
Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO.
Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images.
Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).

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Le calendrier poggiolais

 

 

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Dates à retenir:

Chaque mardi de l'été: apéritif sous le tilleul du couvent de Vico.

Du 20 au 29 juillet: Festival Sorru in Musica.

Samedi 19 juillet: concours de boules "La Poggiolaise".

Samedi 16 août: fête de saint Roch.

Mercredi 20 août: concert du groupe Cuscenza.

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L'album de photos des Poggiolais:

Pour le commander, suivre le lien:

https://www.collectiondesphotographes.com/i-nostri-antichi-di-u-pighjolu-de-philippe-prince-demartini.html

 

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Votre ancêtre a participé à la guerre de 1914-1918?

Envoyez une photo de lui à l'adresse larouman@gmail.com

Elle pourra être publiée dans notre dossier des combattants poggiolais.

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