Jean-Baptiste MARY a eu les honneurs de la "une" et de la deuxième page de "Corse-Matin" mercredi 3 avril car il dénonçait les risques que faisait courir la construction projetée d'une villa sur un site d'intérêt historique (du XIIème siècle), près du hameau de Rondulino.
Cette situation fait penser au baptistère San Ghjuvà d'Ajaccio déjà évoqué dans un autre article récent. Le patrimoine corse est en danger.
(photo Corse-Matin, 3 avril 2013)
Rondulino est un des hameaux qui constituaient le village de Paomia, maintenant dans la commune de Cargese.
Jean-Baptiste MARY, chercheur étudiant en mastère d'archéologie, est habilité à faire de la prospection à Paomia. En dehors du cri d'alarme lancé dans "Corse-Matin", son travail est expliqué dans les pages 6 et 7 du bulletin "INSEME" d'avril (lire le texte entier de l'article en cliquant ICI et ICI). Ses découvertes de nouveaux sites et l'approfondissement des sites déjà connus l'ont amené à "remettre en question l'idée que le territoire de Paomia était désertée à l'arrivée des Grecs.".
Quand, en 1676, les Génois accueillent des chrétiens grecs de Vitylo fuyant l'occupation turque (voir l'article sur la mousse corse), ils les installent entre Sagone et l'actuel Cargese (qui n'existait pas encore) sur des lieux que tous les historiens décrivent comme abandonnés à cause de la malaria et des raids des barbaresques pillards et chasseurs d'esclaves (voir l'article sur Louis XVI et les barbaresques). Mais, pour MARY, les Corses ont été chassés de leurs propriétés. "On peut donc penser aujourd'hui que l'attaque des Corses sur la colonie grecque, au XVIIIème siècle, n'est pas une forme de campanilisme, comme cela a été suggéré autrefois. Il s'agit en fait de vengeances ayant pour but de récupérer les terres dont ils ont été expropriés".
Campanilisme signifie: attachement exclusif à sa terre d'origine et hostilité aux étrangers.
(photos Michel Franceschetti, juin 2011)
Les raids contre ces étrangers protégés par l'Etat (génois puis français) ont eu lieu le 30 avril 1731, en 1793 et en 1814.
Ils ont pris la forme de groupes armés nombreux (plus de deux mille en 1731) et rassemblant tous les groupes des habitants des villages de montagne. Quels villages? Vico, Letia, Renno et Balogna étaient concernés en premier lieu car ils étaient coupés de leur débouché littoral et des lieux de pâturage hivernaux où mener les troupeaux en hiver. Mais les textes mentionnent parfois des gens de Soccia et Guagno dans ces expéditions militaires.
Rien n'interdit de penser que des Poggiolais se soient solidarisés avec le reste de la juridiction de Vico pour chasser les Grecs. Il y a là matière à creuser, non pas la terre comme MARY, mais en dépouillant les vieux documents.