Etait-ce parce que le président de la république française devait aller en voyage officiel en Algérie les 19 et 20 décembre ou était-ce un simple hasard?
Toujours est-il que la chronique "Storia e storie" de Jean-Pierre GIROLAMI, dans "La Corse-Votre hedo" du 14 décembre, a pour titre "Louis XVI libère les Corses des barbaresques" et raconte comment le roi de France a fait libérer les Corses esclaves en Afrique du Nord..
Pendant longtemps, la Corse a souffert de la piraterie et des raids barbaresques qui s'emparaient des habitants pour les vendre comme esclaves sur les marchés des ports du Maghreb.
Les villages côtiers, trop exposés aux attaques, furent abandonnés du XVIème au XVIIIème siècle. A partir de 1569, l'évêque de Sagone dut même s'installer à Vico. Mais les pirates musulmans pouvaient parfois avancer loin à l'intérieur des terres, surtout à partir du golfe de Porto où ils préparaient leurs attaques avant la construction de la tour génoise. Des Poggiolais en furent peut-être victimes.
Dans son étude sur "Letia et la région de Vico dans l'histoire de la Corse", François PAOLI donne des exemples bien précis sur les malheurs provoqués dans notre micro-région:
"Cristinacce avait ainsi été la cible d'un raid terrible en 1550, à l'occasion duquel quatre-vingts personnes avaient été emmenées en captivité. En 1565, ce serait le tour d'Ambiegna, avec la prise de quarante-quatre habitants. Entre temps, en avril 1564, c'était au tour de Chidazzo et de Marignana de se trouver victimes d'une attaque. Celle-ci allait être victorieusement repoussée, grâce à l'alliance et l'intervention rapide des habitants des villages alentour, faisant plus d'une centaine de morts parmi les assaillants. Ceux-ci semblaient avoir été guidés par un renégat originaire de Renno, un certain Griscello. Il allait en être de même, au mois de mai suivant, à Appricciani, à côté de Vico.
A Letia, quand on étudie la liste des habitants établie pour le paiement des "tailles" en 1591, on ne trouve pas moins de deux "chefs de feu" prisonniers des Turcs."
L'article de Jean-Pierre GIROLAMI raconte la fin de ces souffrances. En 1779, après que le Roi de France eut payé une rançon de 250.000 livres au bey de Tunis et au dey d'Alger, un navire suédois ramena à Marseille cinquante-sept esclaves corses ainsi que vingt-quatre femmes et enfants provenant d'Alger et de Tunis. Ils avaient tous été capturés avant 1768, date du rattachement de la Corse à la France. Un traité signé en 1770 obligeait les Tunisiens à rendre immédiatement les Corses capturés après ce rattachement.
Le 19 août 1779, les Corses débarquèrent à Calvi, puis le 21 à Saint-Florent, puis à Bastia et les derniers, originaires du sud, arrivèrent le 2 septembre à Bonifacio et le 5 à Ajaccio. Ce retour fut accompagné de grandes cérémonies et d'acclamations qui en firent une excellente opération publicitaire pour le roi Louis XVI.
Notre canton était concerné car deux des libérés, rachetés à Tunis, étaient originaires de Sagone:
- ROSSI (Georgio), capitaine, 47 ans, et "chef" du groupe des esclaves ramenés de Tunis (c'est lui qui a la liste de ses compagnons d'infortune). Accompagné de deux de ses filles. "Il fait part de son désir de servir sur mer, pour le roi, comme avant pour la nation corse"
- MARCHETTI (Sébastien), matelot, qui a 80 ans et qui détient le triste record de captivité au Maghreb: 41 ans!!!
Si la Corse n'eut plus à en souffrir, la piraterie persista en Méditerranée jusqu'à la prise d'Alger par les troupes de Charles X en 1830.
Mais tout cela est un passé très lointain...
Renseignements complémentaires:
http://www.lafoliedix-huitieme.eu/les-lys-leur-eclat/topic2300.html