En 1967, après la guerre des six jours, durant laquelle l'armée égyptienne fut écrasée par l'armée israélienne, les soldats égyptiens furent abondamment moqués pour avoir abandonné leurs chaussures afin de s'enfuir plus vite dans le désert. Il en avait été de même lors des combats d'octobre 1956 dans le Sinaï.
Des militaires peuvent également être obligés de partir sans avoir eu le temps d'enfiler leurs souliers quand ils ont été surpris par une attaque pendant la nuit. C'est ce qui arriva aux Grecs en 1734 pas loin de nos villages, à Camputile.
Quand l'insurrection générale corse contre l'occupation génoise se produisit en 1730, les Grecs de Paomia restèrent fidèles à Gênes. Encerclés dans la tour d'Omigna fin avril 1731, ils réussirent à se réfugier à Ajaccio, tandis que leur village était dévasté.
En 1734, trois cents Grecs formèrent une milice de volontaires pour combattre les Corses. Le lieutenant Ghjacumu Santu PETRICONI, envoyé par Gênes, devait aller secourir la garnison de Corte assiégée par les Naziunali. Pour aller vite, PETRICONI mit ses troupes dans des navires pour débarquer à Sagone. De là, il comptait grimper par le Niolo.
Mais le chef des Corses, Ghjuvan Ghjacumu AMBROSI, dit CASTINETA, comprit la manœuvre et s'avança dans la même zone.
La suite est racontée par Jean-Laurent ARRIGHI à la page 76 du livre "Vico Sagone Regards sur une terre et des hommes" (ed. Alain Piazzola):
"Là, il [CASTINETA] apprend que les Grecs, exténués par leur marche forcée en montagne, sont en train de bivouaquer sur le plateau de Camputile. C'est à cet endroit que, dans la nuit du 29 au 30 mars [1734], le campement sera attaqué par surprise. Un grand nombre de Grecs est alors tué et les autres, dans l'affolement, s'enfuient dans les montagnes en abandonnant armes et chaussures".
Les survivants parvinrent, non sans mal, à se regrouper à Vico.
Si vous passez par Camputile, vous ne trouverez plus de chaussures abandonnées mais ayez une pensée pour ceux dont le sang coula sur ce plateau.