De nombreuses observations peuvent être tirées de l'étude de documents anciens. L'image de Guagno-les-Bains, appelé Bains de Vico, parue en 1851 dans le "Le Magasin pittoresque" (voir les articles "Bains de Vico ou Guagno-les-Bains ?" et "Les ponts de Guagno-les-Bains"), a permis de mieux connaître l'histoire du pont de Caldane. Cette gravure nous renseigne également sur l'évolution de l'habitat dans la station thermale.
Sur cette illustration, les bains de Vico, devenus Guagno-les-Bains, ne ressemblent pas à un village. Deux constructions sont visibles et l'article d'accompagnement les décrit ainsi:
Les eaux minérales sont distribuées dans des cellules dont on voit le sommet au delà du fleuve, par-dessus les maquis; une auberge occupe le haut d'une colline voisine;
Les "cellules" sont les salles de l'établissement de bains construit en 1821-1823 et complètement refait de 1845 à 1856. L'image date du milieu des travaux. Curieusement, l'hôpital militaire, ouvert au même moment que l'établissement, n'est pas mentionné. Il était au sommet de Saint-Antoine, là où subsiste la chapelle, et dominait bien les Bains. A-t-il été confondu avec l'auberge citée dans l'article comme se trouvant sur la colline?
L'hôpital a été fermé à partir de 1856 mais l'ampleur du bâtiment encore visible sur cette carte postale du début du XXème siècle, reproduite ci-dessous, est telle qu'il paraît curieux que ce "Magasin pittoresque" de 1851 ne mentionne pas cette construction, même si le dessin se plaçait plus à droite.
Le plus bizarre est l'absence totale de maisons d'habitation sur l'image comme dans le texte. Personne ne vivait donc en permanence à Guagno-les-Bains en 1851?
Il faut se référer à d'autres documents. Trois publications peuvent être consultées:
1 - Le docteur Jean-Baptiste THIRIAUX, dans son "Essai sur la topographie physique et médicale de Saint-Antoine de Guagno", publié en 1829, écrit qu'il existe alors plusieurs "petites hôtelleries" occupées "que pendant la saison des bains". Il ajoute: "il y a vingt ans que les baigneurs n'avaient encore d'autre abri à Saint-Antoine de Guagno que des cabanes de feuillages".
2 - Le docteur Antoine Laurent Apollinaire FÉE, dans son ouvrage intitulé "Voceri: chants populaires de la Corse" et publié en 1850 (voir article "Voceru sorrinesu"), décrit la visite qu'il fit en Corse pendant l'été 1845. Il note qu'il existe "deux pauvres auberges" et que "lorsque la place vient à manquer, on y supplée en construisant des abris de feuillage".
3 - En 1851, Jean LA ROCCA écrivait dans une brochure publicitaire intitulée "Bains de Guagno": "Au lieu des établissements qui s'élèvent aujourd'hui à Guagno comme autant de palais, il n'y avait autrefois que de misérables cabanes couvertes de fougère, où les malades étaient obligés d'apporter eux mêmes du linge, des matelas, et des ustensils (sic)".
On peut supposer que, soixante-quatre ans plus tôt, en 1787, Napoléon BONAPARTE abrita ainsi sa mère quand il l'accompagna pour une cure (voir l'article "Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (2/2)") !
Conclusion: Une ou plusieurs auberges existaient donc au tout début du XIXème siècle mais les principaux abris étaient de simples huttes.
A quel moment n'y eut-il que des maisons en dur?