Si Napoléon III ne s’est jamais rendu à Guagno-les-Bains (voir article précédent: Napoléon Ier à Guagno-les-bains et pas Napoléon III (1/2)), d’autres membres de sa famille y sont bien venus, à commencer par le plus illustre de tous : Napoléon Ier.
Les renseignements sur ce sujet se trouvent par exemple dans «Au chevet de l’empereur», l’ouvrage du docteur Augustin CABANES (1862-1928), paru en 1924 (pages 64 et 66). La vie du fondateur du Premier Empire y est racontée sous l’angle médical.
Premier portrait de Bonaparte en Italie (le dessin de Napoléon en 1789 se trouvant dans le livre "Au chevet de l'empereur"est un faux).
Devenu lieutenant en second de l’armée royale, Napoléon BONAPARTE était affecté à Valence quand il sollicita et obtint un congé. Il quitta son régiment pour Ajaccio où il arriva le 15 septembre 1786.
Depuis la mort de son père Charles en 1785, sa famille connaissait de grandes difficultés. Le grand-oncle de Napoléon, l’archidiacre Lucien, souffrait terriblement de la goutte. Son frère Joseph devait partir à Pise pour ses études universitaires. La santé de sa mère Letizia laissait à désirer.
Napoléon devint donc le chef de famille et, son congé expirant, il envoya le 21 avril 1787 une nouvelle demande de congé pour un semestre sous le prétexte de rétablir sa propre santé. La démarche reçut un accueil favorable. Il put ainsi accompagner sa mère suivre une cure aux Bains de Guagno.
Augustin CABANES écrit sur ce dernier point :
Madame Letizia qui, naguère, avait fait un heureux usage des eaux de Guagno, s’y fit accompagner par son fils Napoléon. Guagno, qui ne jouit plus de la vogue qu’elle a eue, était alors la plus fréquentée des stations thermales de Corse. Elle possédait un établissement vaste et bien tenu ; on y trouvait, outre une chapelle pour le service du culte, une auberge, une table d’hôte passable, et le plus souvent, une société des plus choisies. Le nombre des baigneurs s’élevait annuellement à sept ou huit cents ; les uns y allaient en quête de santé ; d’autres, du calme de la retraite, cherchant un délassement aux luttes politiques ou aux soucis des affaires.
Paoli, entouré des Abbatucci, des Casabianca, des Ornano, parfois de Bonaparte, tous les personnages, en un mot, qui formaient son escorte habituelle, venait à Guagno presque chaque année. Madame Mère en tirait toujours du soulagement; elle souffrait de douleurs rhumatismales pour lesquelles maints traitements avaient été expérimentés, notamment une cure de station, réputée pour ces sortes de maux, de Bourbonne-les-Bains. Notons, en passant, que si Napoléon avait hérité de sa mère certaines qualités viriles, il tenait aussi d’elle cette constitution arthritique que le legs paternel ne fit que renforcer.
Sans aucun doute, le voyage fut entrepris pendant le printemps ou le début de l’été de l’année 1787. Napoléon rentra sur le continent en octobre 1787.
Il suivit en 1790 une autre cure pour combattre une infection paludéenne attrapée dans son casernement d’Auxonne (Côte d’Or), mais ce fut à Orezza.
Celui qui n’était pas encore Napoléon Ier séjourna bien à Guagno-les-Bains, en tant qu’accompagnateur de sa mère.
Cette présence vaudrait la peine d’être signalée, de même que celle de Pascal PAOLI. La plaque fixée sur la façade de l’établissement thermal pourrait être modifiée pour devenir:
De plus, la contradiction avec la date de 1808 serait moins flagrante puisque Napoléon dirigea la France de 1799 à 1814.