Actuellement toujours synonyme de retour des beaux jours, des vacances et des moments agréables, le mois de juin n'eut pas cette saveur voici exactement cent ans.
En juin 1922, dans les villages corses, on se préparait à accueillir des cercueils.
Pendant longtemps, les cadavres jonchant les champs de bataille étaient ensevelis sur place, sauf pour quelques grands généraux.
Avec la première guerre mondiale, des nécropoles et des ossuaires rassemblèrent les restes de nombreux soldats. Mais des familles voulaient que leur enfants reposent dans leur ville ou village d'origine. De nombreux transports furent organisés et il fallut du temps.
Ainsi, ce fut le cas pour au moins un Poggiolais qui est mentionné dans un journal quotidien. "Le Petit Marseillais" du 12 juin 1922 contient un encadré intitulé "Le Retour de nos Morts Glorieux". il annonce que, ce jour-là, le navire "Liamone" doit partir pour la Corse avec les cercueils de vingt-cinq soldats insulaires provenant de Creil et d'Orient.
Le Liamone devant l'entrée du Vieux Port de Marseille.
Le dernier nom de la liste est "Desanti Jean, sergent, Poggiolo".
Il s'agit de Jean Toussaint DESANTI, fils de François-Marie DESANTI (1865-1902) et de son épouse Françoise COLONNA (1868-1942). Il est né le 29 avril 1892 à Poggiolo.
Alors que, comme beaucoup de Sorrinesi, il habitait en Tunisie, il s'engagea dans l'armée à l'âge du service militaire. Le 18 mars 1913, il entra au 4e régiment de marche des tirailleurs algériens. Il devint sergent au début de la guerre, le 12 septembre 1914.
Mais, quelques semaines plus tard, le 2 octobre 1914, il mourut au combat à Crouy, dans la Somme. Il fut le quatrième des trente Poggiolais victimes de cette guerre. Il est inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo sous l'identité de "DESANTI JEAN" et il lui est donné le grade de "sergent major" au lieu de "sergent".
Photo Michel Franceschetti
Son corps, placé dans la nécropole de Creil, fut ramené par train jusqu'à Marseille le 11 juin 1922 et embarqué le 12 pour être inhumé dans son village de naissance presque huit ans après son décès.
Un cœur gravé signale toujours sa présence dans la chapelle funéraire de la famille DESANTI-BARTOLI..
Inscription sur la tombe de Jean Toussaint DESANTI à l'intérieur de la chapelle funéraire. Photo J-P CHABROLLE
D'autres familles durent attendre pour voir revenir les cendres de leurs héros.
Ce ne fut pas spécifique à 1914-1918. A la fin de la seconde guerre mondiale, plusieurs années furent nécessaires avant le retour du corps de Marc Jean OTTAVY, mort le 19 novembre 1944à Pont-de-Roide (Doubs) où il fut d'abord inhumé. Sa tombe fut entretenue par une famille de cette commune jusqu'à ce que le transfert vers le caveau familial à Poggiolo put être organisé.
Le photographe Antoine MANGIAVACCA, plus connu sous le nom de KLAPE, publie régulièrement ses œuvres sur Facebook.
Ses photos, dont il commercialise les tirages, sont souvent des vues des Deux Sorru. Mais elles peuvent représenter d'autres parties de la Corse, la Provence, le ciel.
Le 13 juin, son cliché n°1008 était un petit exploit: la ville de Pise, avec sa célèbre tour penchée, photographiée depuis la Corse. Son texte de présentation:
La tour de Pise photographiée du Cap Corse, du haut de la Cima di e Follicie à 1300 mètres d'altitude. Cette fois-ci c'est une image en couleur, pas d'utilisation de l'infrarouge.
J'ai profité de l'excellente visibilité de Vendredi pour réaliser cette image. Pise est à environ 130km de distance et les sommets en fond sont à 180km. C'est toujours amusant de se dire qu'on peut la voir d'ici !
Tirages disponibles avec ou sans légende, me contacter par message.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
On peut noter que la photo suivante, le 15 juin, montrait Soccia vu d'avion mais d'une façon inhabituelle, surtout par rapport aux cartes dont on a l'habitude. Ici, le nord est en bas et le sud en haut.
Soccia est en bas avec la partie de l'Umbriccia dans l'ombre. Ce village paraît démesuré par rapport à Poggiolo qui est au centre et à Guagno-les-Bains qui est à droite.
Au fond on perçoit également le golfe d'Ajaccio et l'aéroport.
Si l'on croit le dicton selon lequel on ne prête qu'aux riches, il faut reconnaître que que Napoléon III, malgré le désastre final de son règne, garde une riche popularité. Des histoires bienveillantes mais totalement inventées courent sur lui.
A Marseille, on croit dur comme fer qu'il a inauguré en personne la rue Impériale, devenue ensuite rue de la République, le 15 août 1864, alors que, ce jour-là, il participait à des fêtes officielles à Paris.
En Corse, tout le monde est persuadé que, avec l'impératrice Eugénie, il a suivi une cure aux thermes de Guagno-les-Bains alors que le couple impérial n'a jamais dépassé Ajaccio lors de sa visite.
Mais d’autres membres de sa famille y sont bien venus, à commencer par le plus illustre de tous : Napoléon Bonaparte.
Les renseignements sur ce sujet se trouvent notamment dans«Au chevet de l’empereur», l’ouvrage du docteur Augustin CABANES (1862-1928), paru en 1924 (pages 64 et 66). La vie du fondateur du Premier Empire y est racontée sous l’angle médical.
Premier portrait de Bonaparte en Italie (le dessin de Napoléon en 1789 se trouvant dans le livre "Au chevet de l'empereur"est un faux).
Devenu lieutenant en second de l’armée royale, Napoléon BONAPARTE était affecté à Valence quand il sollicita et obtint un congé. Il quitta son régiment pour Ajaccio où il arriva le 15 septembre 1786.
Depuis la mort de son père Charles en 1785, sa famille connaissait de grandes difficultés. Le grand-oncle de Napoléon, l’archidiacre Lucien, souffrait terriblement de la goutte. Son frère Joseph devait partir à Pise pour ses études universitaires. La santé de sa mère Letizia laissait à désirer.
Letizia, Madame Mère, en 1800.
Napoléon devint donc le chef de famille et, son congé expirant, il envoya le 21 avril 1787 une nouvelle demande de congé pour un semestre sous le prétexte de rétablir sa propre santé. La démarche reçut un accueil favorable. Il put ainsi accompagner sa mère suivre une cure aux Bains de Guagno, il y a 235 ans.
Augustin CABANES écrit sur ce dernier point :
Madame Letizia qui, naguère, avait fait un heureux usage des eaux de Guagno, s’y fit accompagner par son fils Napoléon. Guagno, qui ne jouit plus de la vogue qu’elle a eue, était alors la plus fréquentée des stations thermales de Corse. Elle possédait un établissement vaste et bien tenu ; on y trouvait, outre une chapelle pour le service du culte, une auberge, une table d’hôte passable, et le plus souvent, une société des plus choisies. Le nombre des baigneurs s’élevait annuellement à sept ou huit cents ; les uns y allaient en quête de santé ; d’autres, du calme de la retraite, cherchant un délassement aux luttes politiques ou aux soucis des affaires.
Paoli, entouré des Abbatucci, des Casabianca, des Ornano, parfois de Bonaparte, tous les personnages, en un mot, qui formaient son escorte habituelle, venait à Guagno presque chaque année. Madame Mère en tirait toujours du soulagement; elle souffrait de douleurs rhumatismales pour lesquelles maints traitements avaient été expérimentés, notamment une cure de station, réputée pour ces sortes de maux, de Bourbonne-les-Bains. Notons, en passant, que si Napoléon avait hérité de sa mère certaines qualités viriles, il tenait aussi d’elle cette constitution arthritique que le legs paternel ne fit que renforcer.
Sans aucun doute, le voyage fut entreprispendant le printemps ou le début de l’été de l’année 1787. La saison de cure débutait alors en juin, parfois en mai. Napoléon rentra sur le continent en octobre 1787.
Il suivit en 1790 une autre cure pour combattre une infection paludéenne attrapée dans son casernement d’Auxonne (Côte d’Or), mais ce fut à Orezza.
Celui qui n’était pas encore Napoléon Ier séjourna bien à Guagno-les-Bains en 1787, en tant qu’accompagnateur de sa mère.
Cette présence vaudrait la peine d’être signalée, de même que celle de Pascal PAOLI. La plaque fixée sur la façade de l’établissement thermal pourrait être modifiée pour devenir:
De plus, la contradiction avec la date de 1808, date de la nomination d'un médecin inspecteur des eaux thermales, considérée comme la reconnaissance officielle de la station, serait moins flagrante puisque Napoléon dirigea la France de 1799 à 1814.
Des initiatives importantes sont prises par les collectivités locales dans le domaine de la santé. Le 18 juin, une page entière de Corse-Matin a été consacrée à Cargese et Sagone.
A Cargese, depuis 2016, le pôle de santé rassemble de nombreuses spécialités médicales et aide considérablement les habitants de Porto et Piana. A Sagone, les travaux avancent rapidement pour la maison de santé qui doit s'ouvrir dans le courant de l'année 2023.
Le journal rapporte un propos de l'adjoint au maire de Vico chargé de ce dossier: "Nous souhaitions libérer de l'espace pour le Foyer d'accueil médicalisé de Guagno-les-Bains qui devrait prochainement être transféré à Vico".
Ce projet est connu depuis longtemps mais, maintenant que le terme s'approche, l'avenir du bâtiment de l'établissement des Bains n'est pas connu des habitants.
La rédaction du Blog des Poggiolais a reçu un appel d'une descendante des Russes débarqués du navire "Rion" il y a un siècle. Voir l'article "Le centenaire du Rion" .
Nous le publions. Il ne s'agit pas de notre partie de Corse mais sait-on jamais?
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Le "Rion".
Bonjour,
Je suis en recherche de photos, informations et anecdotes de mon grand père Basile Lougovoy et de ses amis russes (Nicolas ? , Serge ? et ? Ostinoski de Calenzana) arrivés dans le Rion en 1921.
Mon grand père a épousé en 1932 à Cassano ma grand mère maternelle Natalina Colombani (fille de Marie Lunette Franchi et d'antoine Colombani).
Basile nommé "Bobo" et Natalina ont vécu à Cassano - Montemaggiore puis Calvi.
Mon Grand père travaillait la terre et faisait du miel. Il a travaillé aussi au Clos Landry. Je souhaite trouver les noms de famille de ses deux amis corses : Serge et Nicolas... ainsi que des copies de photos d'époque que je pourrais recevoir par mail ou par sms : loduvar1@gmail.com
Merci pour votre aide. Je souhaite transmettre ces souvenirs et informations à mon fils, curieux comme moi de ses origines russo-corses. Basile est décédé à Montemaggiore, et je suis en recherche (aussi) des courriers qu'il aurait pu recevoir de sa mère (de Tchernigov Anissov) et de photos d'archives ou ses amis et lui seraient présents.
En un demi-siècle, l'aspect de Poggiolo et de Soccia n'a pratiquement pas changé, comme l'ont montré les articles précédents: sur Poggiolo (cliquer ici)et sur Soccia (cliquer ici).
Loin des villages de Sorru, une photo donne la même impression.
Quinze jeunes étaient partis en voitures de Poggiolo le matin du 20 juillet 1969 pour aller visiter le nord de la Corse dans une balade de trois jours. Après Cargese, ils s'étaient arrêtés en début d'après-midi à L'Ile-Rousse où cette photo fut prise par Joël CALDERONI.
Y figurent, de gauche à droite:
- un copain qui ne vint que cette année-là
- Christian PINELLI
- Hervé OULIÉ
- Hervé CALDERONI
- Jean-Marc OULIÉ
- Bernard FRANCESCHETTI
L'endroit représenté est bien facile à reconnaître: derrière le marché couvert de L'Ile-Rousse.
Ce marché, construit en 1844, élu comme "le plus beau marché de Corse" par les téléspectateurs de TF1 13 h, a la caractéristique d'avoir 21 colonnes doriques. Deux sont visibles ici.
En 1969, le sol était pavé et deux magasins d'alimentation étaient voisins.
Pour connaître la situation actuelle, consultons Google Maps.
Incroyable! Rien n'a changé!
En janvier 2009, date de l'image trouvée sur internet, les pavés et les deux magasins étaient toujours là!
Pour trouver un changement important par rapport à la même journée du 20 juillet 1969, il faut revenir à Cargese où les Poggiolais étaient passés le matin.
Certains se firent photographier appuyés sur les racines aériennes du belombra qui s'épanouissait près de l'entrée de l'église grecque. En Corse, on écrit parfois "bellombra" et on dit également "ombu".
On peut reconnaître, de gauche à droite:
- Michel FRANCESCHETTI, alors barbu et moustachu, et (ô aberration) avec des chaussettes dans ses espadrilles,
- Bernard et Marie-Claude FRANCESCHETTI
- François OLIVA
- Hervé CALDERONI
- Monique FRANCESCHETTI
Au fond: Jean-Marc OULIÉ et le copain.
Retour à Google pour revoir cet arbre: il n'y est plus.
En novembre 2008, un jeune olivier était à sa place. Le belombra avait dû être coupé pour cause de maladie.
Devant l'église grecque, les arbres donnent bien de l'ombre (voir cette photo du 14 août 2011). Mais l'espèce n'est plus la même.
Photo Philippe Franceschetti, 14 août 2011.
Le 20 juillet 1969, date des photos de Cargese et de l'Ile-Rousse, est resté dans toutes les mémoires car c'est le jour des premiers pas de l'homme sur la Lune. Mais, contrairement à beaucoup, ce groupe de jeunes s'intéressait plus à la Corse qu'à notre satellite.
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).