Le plus grand succès de MAISTRALE fut peut-être «A CANZONA DI U CUCCU», magnifique ode à la Nature naissante, qui fut rapidement enregistrée sur disque et est toujours chantée.
Le coucou chante le printemps. Le printemps après les servitudes de l'hiver, c'est la liberté et l'indépendance.
Alors que nous sommes en décembre et que nous avons l'impression que toute cette année 2020 a été un long hiver, cette chanson donne du baume au cœur.
Le texte complet de ce poème se trouve en dessous de la vidéo. Il est extrait de la version de "Risa è canti" éditée en 2001 par le CRDP de Corse avec des commentaires de Dumenicantone GERONIMI.
Le tribunal d'Ajaccio va examiner à partir de lundi 13 décembre le meurtre commis à Soccia en novembre 2017.
Voir ci-dessous l'article de Jeanne-F COLONNA paru dans "Corse-Matin" du 7 décembre.
L'assassinat de Soccia jugé
Lundi 14 décembre, la cour va se transporter jusqu'au village de Soccia, durant toute la semaine, afin de comprendre ce qui a pu se produire en novembre 2017.
Antoine Pietri, 30 ans, comparaît pour l'assassinat de Patrick Julien, âgé de 52 ans au moment des faits. La victime était un élu de la commune des Dui Sorru. Il était également le gérant d'une société de BTP.
La victime a été tuée "au volant" de son engin de chantier, selon les premières constatations. Antoine Pietri, jeune berger de la région, a toujours nié les faits que la justice lui reproche.
Et pour tenter de se faire entendre, il a d'ailleurs entamé une grève de la faim, en 2019, qui s'est soldée par une hospitalisation. Rapidement après les faits, les gendarmes de la section de recherches ont établi qu'il y avait eu un différend, au sujet de l'exploitation d'un terrain agricole, entre la victime et Antoine Pietri.
De plus, de nombreux éléments matériels, selon le document rédigé par le juge, confondraient l'accusé.
Durant l'instruction, la défense d'Antoine Pietri avait dénoncé des incohérences et sollicité de nombreux actes d'enquête supplémentaires, sans pour autant obtenir satisfaction.
Deux nouvelles affaires jugées aux assises de Corse-du-Sud
La machine judiciaire aurait dû démarrer le vendredi 4 décembre et ne s'arrêter que le 18 décembre prochain. Mais l'absence, non justifiée, d'un accusé a quelque peu modifié le plan d'audie...
Le 10 et le 11 décembre, Bernadette PIETRI a été impressionnée par le Tretorre enneigé.
De son côté, Antoine MANGIAVACCA a publié sur Facebook "cette vue de Soccia et les Deux-Sorru sous de très beaux contrastes, entre Soleil et averses de grésil avant-hier (6 décembre)."
La lumière donne une impression de crèche de Noël.
Les élus de l’interco Spelunca-Liamone et les habitants montent au créneau contre une fermeture programmée pour janvier 2022
Ils étaient près d’une centaine, hier en début d’après-midi, à s’être rassemblés devant la trésorerie de Vico pour protester contre sa fermeture définitive annoncée au 1er janvier 2022: l’intégralité des élus des 33 communes de l’intercommunalité Spelunca-Liamone, soutenus par le député Jean-Jacques Ferrara et la conseillère territoriale Véronique Arrighi. Mais aussi par bon nombre de particuliers aux arguments très pragmatiques: « On y paye des impôts, bien sûr », note Ceccè, « mais c’est plus facile d’être en visuel pour trouver une oreille attentive quand on demande des arrangements. Et quand on a simplement besoin d’un renseignement, on l’obtient facilement.». De son côté, Marie-Do fulmine contre les boîtes vocales, avec lesquelles on n’arrive jamais à obtenir un interlocuteur. Tous s’accordent à dire qu’ils entendent depuis des années des discours visant à favoriser le rural et développer l’intérieur, et qu’il y a là une occasion de mettre en œuvre les promesses faites aux villageois qu’ils sont.
Des arguments relayés par François Colonna, président de la communauté de communes: « On nous explique gentiment qu’avec la délocalisation, ce sera beaucoup mieux, mais encore faudrait-il que ça marche, ce qui n’est pas le cas. Fermer une trésorerie n’est qu’un détail pour eux, qui engendre qui plus est 12 suppressions d’emplois, mais ils (la direction régionale des finances publiques, ndlr) n’ont pas conscience de ce qu’est le service public en général, et de l’importance de la trésorerie d’un village en particulier. »
Passage en force
Matthieu Caillaud, secrétaire départemental du syndicat FO des finances publiques, évoque le piège qui consiste à «faire croire que les Maisons des services peuvent se substituer aux institutions telles que la CPAM, Pôle emploi, la Carsat, ou les services des impôts». «En réalité, elles n’agissent que comme une boîte aux lettres, et ne sont qu’un intermédiaire supplémentaire entre l’usager et nos services. Aucun agent d’une maison des services n’aura jamais les compétences des collègues formés et spécialisés de la trésorerie, qui sont les mieux placés pour répondre aux questions spécifiques des contribuables», poursuit-il. Enfonçant le clou, il met en cause directement l’administration de vouloir passer en force, accusant Mme Assouline, directrice régionale des finances publiques, de ne pas respecter la parole du préfet de Corse, ni la volonté des élus locaux.
Le 1er décembre, le préfet Lelarge a en effet annoncé que la fermeture des trésoreries de Levie et Sainte-Marie Sicché, prévue au 1er janvier 2021, était suspendue à la mise en place d’une commission ad hoc chargée de réfléchir à l’implantation des services de l’État dans l’île. «Le 10 décembre, en annonçant clairement que la fermeture était reportée au 1 er septembre 2021, Mme Assouline s’oppose clairement à la décision du préfet, et démontre qu’elle n’entend absolument pas prendre en compte l’avis des élus, malgré la soi-disant concertation qu’elle est censée mener avec eux : reporter, ce n’est pas suspendre ! Elle a entamé un bras de fer avec un manque total de respect pour le préfet et les élus du rural», soutient le syndicaliste.
Dans toutes les réflexions, la loi Montagne revient en boucle, pour améliorer l’accessibilité et la qualité des services publics, en reconnaissant le cumul des contraintes de l’île-montagne. On rappelle aussi l’engagement de l’ancienne préfète Josiane Chevalier, qui avait déjà fait part, par écrit à Gilles Simeoni, de son opposition aux projets de fermetures des trésoreries, par souci d’équilibre et de maillage territorial, et pour défendre le maintien des services publics de proximité en particulier en milieu rural.
Une réunion doit se tenir en préfecture, lundi à 12 h 30. Mais déjà, l’organisation d’un rassemblement de toutes les intercommunalités concernées devant les locaux de la DGFIP est envisagée. «On a besoin de vous, car la direction n’a qu’une crainte, c’est vous!» martèle Matthieu Caillaud.
Pour mémoire, le rappel du calendrier des fermetures de trésoreries programmées ou déjà effectives : 2016, Piana ; 2018, Porto-Vecchio ; 1er janvier 2021, Levie et Sainte Marie Sicché, report au 1er septembre 2021 ; 1er janvier 2022, Bonifacio et de Vico.
Texte et photo de Pascale Chauveau (Corse-Matin, samedi 12 décembre 2020)
Voici 70 ans, le 11 décembre 1950, mourait MAISTRALE, de son vrai nom Dumenicu Antoniu VERSINI, journaliste et écrivain qui fut surnommé « le barde corse » et eut un prestige immense dans la première moitié du XXème siècle.
Il est important à connaître pour son talent… et aussi parce qu’il eut des liens importants avec Poggiolo.
LES DÉBUTS
Né à Marignana le 25 décembre 1872, il fit ses études au lycée de Bastia. Puis, il fut employé d’octroi à Marseille (il habitait 5 rue Jean Martin, dans le quartier Saint Pierre) et instituteur avant de vivre de ses publications.
Il paraît qu'il adopta le pseudonyme de MAISTRALE à la mort du poète Frédéric MISTRAL. Comme ce dernier l’avait fait pour la langue provençale, il combattit toute sa vie pour la langue corse.
Il fonda le journal « A Corsica », sous-titré « Muzzicone di jurnale di i Corsi a u Fronte », rédigé entièrement en langue corse, et distribué gratuitement aux soldats corses dans les tranchées pendant la Première Guerre Mondiale.
Des renseignements sur ce journal se trouvent à l'adresse:
http://data.over-blog-kiwi.com/0/96/48/01/20140313/ob_4b3758_26-31-acorsica-v3.pdf
UNE ŒUVRE MULTIFORME
MAISTRALE fonda l'Academia Corsa en 1921 et collabora au journal "A Muvra". En 1922, il devint membre du Partitu corsu d'Azzione de Petru ROCCA qui représentait l’autonomisme. En 1928, quand ce parti se rapprocha de l’Italie fasciste, il s’en retira.
Esprit vif, il eut une œuvre abondante et diverse, en prose et en vers. Il publia jusqu’à la guerre «l’Almanaccu di Maistrale». Il écrivit des lamenti («Lamentu di u Banditu»), des sirinati («U Sirinatu à i sposi»), des textes satiriques… Son plus grand succès fut peut-être «A CANZONA DI U CUCCU», magnifique ode à la Nature naissante, qui fut rapidement enregistrée sur disque et est toujours chantée.
Dumenicu Antoniu VERSINI était très attaché à son village d’origine auquel il consacra le poème «Marignana».
Mais il connaissait bien les Deux Sorru et les Deux Sevi.
LES DEUX SORRU ET DEUX SEVI
SOCCIA
Il publia en 1924, imprimé par «A Muvra», un texte intitulé "Una prucissione in Soccia", poème comique de 37 strophes de 6 vers qui a été présenté et expliqué dans trois articles de ce blog:
-3- La maréchaussée intervient
LETIA
Il écrivit en 1932 «A Letia. San Roccu contru San Martinu» (texte visible en cliquant ici).
GUAGNO
Le 4 août 1935, inaugurant la plaque du souvenir sur la maison natale de Circinellu à Guagno par un discours en français, il se heurta violemment à Petru ROCCA (avec qui il était en froid depuis la rupture de 1928) qui lui reprocha en langue corse de falsifier l'histoire. Voir à ce sujet l'article de Pasquale MANFREDI dans l'Almanach de A Muvra 1936 (pages 17 à 19).
POGGIOLO
Il ne semble pas avoir écrit sur Poggiolo, sauf dans «A Corsica» où il fit une grosse confusion entre Guagno et Guagno-les-Bains, ce qui a été remarqué dans l’article paru dans ce blog en septembre 2011 sous le titre « Attention ! Livre dangereux ! ».
LA FAMILLE POGGIOLAISE
Il était pourtant marié à une Poggiolaise.
Il avait épousé le 12 janvier 1896, à Marignana, Marie-Thérèse LOVICHI, née le 5 septembre 1867 à Poggiolo. Elle était la fille de Giovan Paolo LOVICHI, instituteur dans notre village, et de son épouse Angela Francesca PINELLI.
Acte de mariage de Dumenicu Antoniu VERSINI et Marie-Thérèse LOVICHI (mairie de Marignana – Archives Pumonti)
Marie-Thérèse avait un frère Charles, né en 1862, qui fut sous-préfet en Algérie et dont le fils Jean mourut aux Dardanelles en 1915.
Maistrale était donc l’oncle par alliance du jeune héros poggiolais dont l’histoire a déjà été racontée ici (voir l'article "Face au tombeau d'Achille").
Il est probable qu’il ait séjourné brièvement à Poggiolo dans la maison de la famille LOVICHI qui est maintenant celle de Xavier et Marie-Ange PAOLI.
Dominique Antoniu et Marie-Thérèse eurent une fille, Toussainte, née en 1896. Marie-Thérèse mourut le 31 juillet 1948 à Marignana, deux ans avant son mari, le «barde de la Corse» qui décéda le 11 décembre 1950 à Ajaccio où il avait fait aménager son tombeau longtemps à l’avance.
A ce sujet, une anecdote pour terminer:
Un après-midi qu’il s’était assis pour se reposer auprès de sa tombe, une visiteuse, intriguée par sa ressemblance avec la statue lui dit en corse :
« C’est un parent à vous. Il vous ressemble, non ? »
Le barde lui répondit :
« Mais c’est moi ! Il faisait trop frais à l’intérieur alors je suis sorti prendre le soleil. »
La femme fit un signe de croix et s’échappa épouvantée.
Mathieu HENRY a présenté son roman "Anna" lors d'un entretien paru dans "Corse-Matin" le 1er décembre. Il s'explique sur son cheminement. Il révèle que le village d'Anna s'inspire beaucoup de Soccia.
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Après un recueil de nouvelles fantastiques paru en 2011, Mathieu Henry publie à 34 ans son premier roman, "Anna", publié aux éditions Les trois colonnes.
Une enquête policière dans un village de montagne, sur l’assassinat d’une jeune fille de 25 ans, apparemment sans problème. À travers ses deux enquêteurs, l’auteur va explorer les secrets, les grandeurs et les bassesses des habitants, jusqu’à l’ultime rebondissement.
Deux ouvrages, deux styles différents, et un dénominateur commun : votre village de Soccia en toile de fond. Quelles sources d’inspiration orientent vos choix d’écriture ?
Les nouvelles que j’ai écrites correspondaient aux styles de livres que je lisais à l’époque : horreur, épouvante, histoires fantastiques, avec des auteurs comme Stephen King ou Lovecraft. Tous les personnages que j’avais mis en scène étaient des amis et connaissances, ancrés dans le canton et connus de tous, ce qui m’avait aidé à m’inspirer. Cette fois-ci, tous les personnages sont fictifs, mais on peut retrouver toutefois l’ambiance et l’atmosphère de Soccia, voire y reconnaître certaines maisons. L’écriture de ces nouvelles courtes a été un bon entraînement pour construire ce roman policier de 160 pages, plus long, plus abouti et plus précis. Il contient plus de personnages et de rebondissements.
Sept ans se sont écoulés entre les deux livres. Est-ce le temps qu’il vous a fallu pour écrire Anna ?
Oh non ! En janvier 2019, j’ai été longuement hospitalisé à Marseille pour un grave problème de santé. L’écriture m’a permis de tenir le coup. J’avais l’idée de départ en tête, et Anna a été écrit en trois semaines. Mais ensuite il m’a fallu un an pour relire, corriger, ajouter et enlever certains passages. Au fil de la réécriture, j’avais sans cesse de nouvelles idées, et j’ai même changé 3 ou 4 fois le coupable, en trouvant des liens plus logiques, des mobiles plus intéressants ou plus inattendus.
Ce travail de relecture n’en finit jamais. Mes deux tantes, Françoise et Marie-Claire, m’ont été d’une aide précieuse, ainsi que l’écrivain Jean-Michel Raffalli qui a bien voulu y jeter un œil. Si j’ajoute le regard de mes parents et de ma compagne, tous ces coups de main ont été essentiels, car, seul, j’aurais sorti le livre dans trois ans. On reste toujours partagé entre l’envie de modifier encore et celle d’en finir. Rendre son bébé est toujours difficile. Même si, au final, j’ai le sentiment que le livre est bien ficelé, j’ai hâte d’avoir les impressions des lecteurs en retour, leurs avis et critiques, savoir s’ils ont été surpris ou s’ils avaient deviné la fin.
Avez-vous rencontré des difficultés pour publier le livre ?
Déjà, pour le premier ouvrage, on m’avait dit qu’il était impossible d’être édité de nos jours si on ne connaît personne dans ce milieu. Éditer à compte d’auteur restait la seule solution. Les éditions Persée avaient toutefois participé à la création de la maquette et aux corrections, et j’avais dû assurer la promotion en participant notamment à la foire au miel de Murzu. Pour Anna, je travaille avec les éditions des Trois colonnes. Outre la librairie La Marge à Ajaccio qui avait constitué un petit stock, le livre doit être précom-mandé chez les libraires locaux et aussi auprès de la Fnac, Amazon, Cultura.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
J’ai deux autres projets en tête, dont la première trame est quasiment terminée. L’idée de reprendre les mêmes enquêteurs que pour Anna m’a traversé l’esprit mais, finalement, je repartirai sur des bases nouvelles. En attendant, je continue à lire beaucoup, toujours Stephen King, mais aussi Franck Tillier, Pierre Lemaitre, Harlan Coben… La lecture est la meilleure façon de progresser dans l’écriture, car ce n’est pas ma formation d’origine : j’ai passé un DUT de gestion à Corte. Reste que si l’écriture n’est pas mon métier, cela reste une véritable passion, soutenue et encouragée par mes proches. Et pendant mon hospitalisation, cela a constitué une véritable thérapie
Le 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, est devenu le jour de A festa di a nazione. Martine STOMBONI en a fait le thème du dossier publié vendredi 4 décembre dans la page spéciale Corse "Campà Corsu" de "La Provence".
Vous pouvez lire ci-dessous les éléments de ce dossier et notamment l'entretien avec l'historien Antoine-Marie GRAZIANI.
Le jour où la Corse s’est dotée d’une fête nationale
Au sujet de A festa di a nazione, beaucoup de choses ont été dites et écrites. Concernant son texte fondateur, ses auteurs ou l’année à partir de laquelle la fête de la nation corse a été célébrée comme telle, le 8 décembre. Mais l’important est ailleurs. Ce qui réunit les Corses ce jour-là, ce n’est pas le souvenir. C’est la conscience. Celle d’appartenir à une terre et de célébrer son histoire, de partager des traditions et une culture commune. La conscience de faire partie d’une même unité, de se retrouver autour d’un hymne, d’un drapeau, d’une langue. La conscience d’être une "nation".
Par Marine STROMBONI
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A festa di a nazione. Chaque année la Corse célèbre la fête de la nation le 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception. Une date choisie en référence à un texte rédigé lors de la consulta des 6-8 janvier 1735 où les insulaires en lutte contre la présence gênoise se sont réunis à Orezza. Sur ce texte, de nombreuses choses ont été écrites, le mythe prenant souvent le pas sur la réalité historique. Antoine-Marie Graziani est professeur à l’université de Corse, historien moderniste auteur de nombreux articles et ouvrages traitant de la Corse et de la Méditerranée occidentale, il revient sur cette période complexe de l’histoire des révolutions corses.
❚ Que s’est-il passé à Corte, du 6 au 8 janvier 1735 ?
1735 est une période un peu difficile pour les révolutionnaires corses. À l’époque, les généraux de la nation, Andrea Ceccaldi, Luiggi Giafferi et Giacinto Paoli (le père de Pasquale) sont en grandes difficultés. Sur cette consulta, qui est la réunion des responsables des différentes pièves (circonscriptions, NDLR) on sait très peu de chose. On sait qu’un texte a été rédigé, un texte relativement important pour l’histoire des révolutions corses.
❚ Que dit ce texte ?
Il existe deux versions. La première est reproduite par l’historien Ambroggio Rossi et au début, il y a une invocation à l’Immaculée Conception ce qui n’est pas étonnant, l’Immaculée Conception étant une sorte de marque de fabrique des franciscains, et il y en avait beaucoup autour de Giacinto Paoli. Ce texte a été conçu dans une période où les généraux devaient reprendre en main le mouvement révolutionnaire. Son objectif était de remobiliser les troupes et il explique comment va fonctionner la Corse libérée de la présence gênoise. Mais le problème est qu’il existe une seconde version de ce texte, provenant des Mémoire de Sebastiano Costa, publiées par madame Luciani en 1972. Dans cette version, la partie religieuse a été expurgée. J’ai retrouvé la version d’Ambroggio Rossi à l’Archivio di Stato de Gênes qui en explique le contexte.
❚ Est-ce ce texte qui place la Corse sous la protection de l’Immaculée Conception ?
Oui, tout en sachant que mettre la Corse sous le gouvernement de la Vierge n’est pas une nouveauté. Les Gênois l’avaient déjà fait un siècle auparavant et la France également, sous Louis XIII. On met souvent des choses dans ce texte qui n’y sont pas. Cela fait partie des deux travers relatifs à l’histoire de la Corse.
Le premier est de déplacer les objets. Le second de vouloir tout mettre sous Pasquale Paoli. Ce texte de 1735 pose les bases d’un cadre politique et juridique de la nation corse. Ce jour-là, les éléments de l’État sont posés et il est notamment question de monnaie mais ce n’est pas une constitution. La constitution date de 1755 et pour moi, ce texte n’est pas une constitution. C’est un texte riche, qui comporte beaucoup d’éléments mais plus institutionnel que constitutionnel. Le mot "constitution" d’ailleurs n’y figure pas.
❚ Est-ce néanmoins bien ce texte qui est à l’origine d’une fête de la nation célébrée le 8 décembre ?
Le choix de cette date se base sur l’invocation à l’Immaculée Conception en début de ce texte. Et c’est à la fin du XIXe siècle, dans la période de trouble qui en Corse a précédé la loi de 1905 que l’on parle pour la 1ère fois d’une fête nationale le 8 décembre.
Propos recueillis par Marine STROMBONI
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Les étudiants en première ligne des revendications
C’est dans les années 1990 que les étudiants de l’université Pascal Paoli à Corte ont remis sur le devant de la scène cette journée du 8 décembre. "Ils ont décidé de prendre une journée, raconte Antoine-Marie Graziani. Comme beaucoup d’événements de ce type, les revendications sont rapidement passées des étudiants aux lycéens."
Et si l’université décide alors de rendre le jour de l’Immaculée Conception férié, il n’en va pas de même pour le rectorat. "D’abord, la réponse a été ’non’, poursuit l’historien. Puis le phénomène a été récupéré pour devenir une journée où on parle de la Corse."
Des ateliers et interventions sont organisés sur l’histoire de la Corse, sa musique, ses chants… le 8 décembre devient l’occasion pour les élèves de se réapproprier la culture insulaire.
Aujourd’hui, certaines associations et communes organisent également des festivités ponctuées de débats, conférences historiques et soirées culturelles mais aussi des messes et processions bien que la fête de la nation corse dépasse largement le cadre religieux.
M.S.
Cours de langue corse:
le jeudi à la mairie de Soccia de 18h à 19h30 pour les adultes et de 19h30 à 20h pour les enfants.
Vacances scolaires
Pâques:
du samedi 15 avril au mardi 2 mai
Vacances d'été:
à partir du samedi 8 juillet