Le comité des fêtes de Soccia organise la fête des rois samedi 7 janvier.
L'annonce mentionne que "la galette des rois" sera partagée mais l'illustration montre une galette parisienne à la frangipane et un gâteau brioché avec fruits confits de type provençal.
Alors que, avec de nombreux records de températures dépassés, la fin de 2022 a ressemblé à la fin de 2021, qui avait été la plus douce jamais mesurée par Météo France et alors que de nombreuses stations de ski ont dû fermer leurs pistes, cette photo détonne.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
Extraite du fonds Saveriu PAOLI, elle montre quatre personnes s'amusant dans la neige à Poggiolo.
A gauche, le plus âgé est Jean-Baptiste DESANTI. Puis, se trouvent François-Xavier PAOLI, Marphise DESANTI et Robert BATTESTI.
Le lieu précis est facile à reconnaître. Ce sont les premières maisons du village, le lieu nommé A Vazzina, peu avant le Fragnu. Les constructions sont restées les mêmes de nos jours.
Photos Michel Franceschetti.
La date est indiquée au bas du cliché: "Hiver 1939-40".
Très vraisemblablement, il doit s'agir du mois de janvier 1940.
En effet, du 10 au 26 janvier, la plus grande vague de froid depuis 1838 a déferlé sur la France, n'épargnant aucune région.
Bastia en janvier 1945 (photo Emmanuel Leroy-Ladurie).
De plus, un élément particulier ne doit pas être oublié: depuis le 3 septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne étaient en guerre avec l'Allemagne. La censure avait été établie et contrôlait étroitement l'information. Ainsi, pendant plusieurs jours, ses services interdirent aux journaux d'évoquer les intempéries, peut-être pour éviter de démoraliser la population.
Ainsi, un journaliste de Marseille-Matin dut attendre le 19 janvier pour pouvoir écrire:
"Si paradoxal, si puéril que cela paraisse, la Censure nous interdit de parler du temps qu'il a fait. Il y a, paraît-il, danger pour la défense nationale d'écrire qu'il a plu, neigé ou que le mistral a soufflé. Nous ne comprenons pas."
(cité page 140, dans Michel Franceschetti, Une drôle d'année à Marseille, Marseille, Gaussen, 2021)
Mais, à Poggiolo, on était loin de ces querelles et loin de l'invasion allemande qui allait fondre sur la France quatre mois plus tard.
Mais oui, les téléspectateurs qui ont été attentifs hier aux aventures de Candice Renoir ont pu remarquer qu'une partie avait été tournée à Vico.
Vers la fin, quand la femme qui était cachée raconte tout, la scène se passe sur une terrasse dont l'arrière-plan montre parfaitement la Sposata. Les réseaux sociaux en ont vite rendu compte.
Auparavant, le domicile d'Orso, l'homme assassiné, est à Vico. Les volets bleus de la maison visitée par l'héroïne du téléfilm sont bien reconnaissables sur la photo accompagnant l'article paru le 15 mai 2022 dans Corse-Matin.
Rien ne serait plus simple, si la volonté en existait, que de trouver où rendre hommage à "l'homme le plus cultivé de Corse": sa maison familiale.
Gian Antonio PINELLI, dont quatre articles de ce blog viennent de rappeler la vie très fournie, est né en 1760 dans la même demeure que là où il est mort en 1832.
La maison PINELLI serait une des plus anciennes de Poggiolo. Faisant partie des Case Suprane, elle domine la route actuelle.
Toutes les photos de cet article sont de Michel Franceschetti.
D'après une inscription aujourd'hui disparue, elle aurait être édifiée en 1610, puis elle fut agrandie pour atteindre ses dimensions actuelles en 1702, comme l'indique un linteau gravé.
Actuellement, la partie nord-ouest, la plus ancienne, est à Félicie et Dominique.
Mais aucune inscription, aucune plaque en ce lieu, aucune indication dans un quelconque dépliant. Les Poggiolais actuels sont-ils capables de penser aux Poggiolais d'antan?
Gian Antonio sera l'un des rédacteurs du Journal du département de la Corse, parce qu'il est au nombre des rares Corses qui ont aussi bien la maîtrise de la langue italienne que de la langue française.
Cet atout était important car ce journal, créé le 1er novembre 1817, fut bilingue jusqu’au 2 octobre 1824 (une colonne en français et une colonne en italien).
Destiné à faire connaître les lois, jugements et actes de l’administration, il était un véritable bulletin officiel et un instrument de la francisation de l’île. Il devint ensuite Le Journal de la Corse qui se fait une gloire d'être actuellement le doyen de la presse européenne.
L'auteur de la Chronique de la vieille Corse parue dans Le Petit Bastiais du 29 septembre 1943 écrit:
"Dans un sens, l'abbé Jean Antoine Pinelli peut être considéré comme le premier journaliste régulier que connut la Corse avec son premier journal également régulier".
Le Poggiolais continuait à servir l'administration française.
Pinelli fut l'un des conseillers du général Brenier de Montmorand, responsable d'une commission chargée d'évaluer les besoins de la Corse. Il est nommé conseiller général de Soccia le 11 mars 1818.
Il fut président du comité cantonal de Sorro in Sù de 1821 à 1825, fonction qui lui permit d’aider beaucoup ses concitoyens .
LE DEUS EX MACHINA DE L'ÉCOLE EN CORSE?
Même retiré dans son village d’origine, il continua à avoir une fort influence comme en témoigne l’abondante correspondance qu’il échangea, notamment sur les questions d’éducation.
Esprit REQUIEN était un naturaliste français, né le 6 mai 1788 à Avignon. Il se consacra très tôt à la botanique et réalisa le premier inventaire botanique de la Corse où il passa beaucoup de temps et où il mourut le 30 mai 1851 à Bonifacio. Plusieurs lettres de l’abbé PINELLI ou envoyées à celui-ci se trouvent dans les archives de REQUIEN sans que l’on sache très bien comment elles y sont arrivées.
D’autre part, les inspecteurs chargés de l’instruction publique en Corse écrivaient souvent à l'abbé PINELLI pour l’organisation de l’enseignement dans le canton ou dans l'ensemble de la Corse.
Ainsi, en janvier 1821, MOURRE félicita Gian Francesco pour son travail mais ne trouvait pas utile “d’établir une nouvelle école dans une petite commune qui en possède déjà trois” (il s'agissait de Soccia!!!). Un an plus tard, COTTARD l’informa qu’il acceptait la nomination du signor COLONNA comme instituteur à Guagno et en profita pour lui demander des lettres de recommandation pour des villes italiennes où le gouvernement l’envoyait en mission.
L’influence de l’ecclésiastique vivant bien loin d’Ajaccio était donc toujours forte. D’ailleurs, MOURRE et COTTARD ne manquaient pas de l’informer de leur nomination, maladie et mutation !
UN PRÊTRE SOUCIEUX DES AUTRES
Après avoir quitté ses fonctions à la Préfecture, Gian Antonio PINELLI devint curé de SOCCIA en 1821 ou 1822 et le resta jusqu’à sa mort.
L’Almanach du clergé de France de 1823 précise qu’il était un des deux seuls curés de deuxième classe de l’arrondissement et que sa fonction lui donnait autorité sur les desservants de GUAGNO, ORTO et POGGIOLO.
BENCI observe que, “retiré enfin à Poggiolo, il se consacra assidument à conseiller et à faire s'accorder les paroissiens, passant le reste du temps dans sa bibliothèque riche et choisie” (page 76 de Piero d’Orezza, traduite par Dominique ANTONINI-LIARD).
L’écrivain italien ajoute: “Je me rappellerai toujours avec grand plaisir cette brève mais douce entrevue que j'eus avec le docteur Pinelli, parmi ses livres, en grignotant en même temps une bonne omelette au brocciu que son bon cœur m'offrit.” Il promit à BENCI de lui donner des informations sur le fameux CIRCINELLU qui refusa de se soumettre à la France de Louis XV. Il mourut avant de pouvoir se rendre à GUAGNO pour interroger lui-même des témoins. Mais son neveu, Carlo Francesco Pasquale PINELLI, le filleul de Pasquale PAOLI, notaire et maire de POGGIOLO de 1822 à 1847, accomplit la promesse faite par son oncle.
Carlo Francesco était devenu greffier de justice de paix du canton de Soccia, peut-être avec l’aide de son grand-oncle Gian Antonio.
Il n’est pas interdit de penser que celui-ci ait permis à Carlo Francesco Pasquale de devenir maire de Poggiolo en été 1821 (à 26 ans, record dans l’histoire de la commune!). A cette époque, les maires des petites communes n’étaient pas élus mais désignés par le préfet, donc avec l’accord du gouvernement.
Gian Antonio décéda le 26 décembre 1832 à POGGIOLO, à l’âge de 72 ans. Le décès fut déclaré devant Carlo Francesco Pasquale PINELLI par deux autres de ses neveux : Gioan Vincenzo, curé, et Gioan Antonio, cultivateur (voir le dépouillement des registres d'état-civil par Pierre LECCIA, disponible sur Généanet).
Acte de décès de Gian Antonio Pinelli
La plupart de ses notes, notamment le manuscrit d'une monographie sur le département du Liamone, ont été confiées par ses héritiers à l'ingénieur Robiquet auteur d'un volumineux ouvrage sur l'île.
La réputation de grand intellectuel de l’abbé PINELLI et celle de la richesse de sa bibliothèque restèrent vives longtemps. Plusieurs livres et guides sur la Corse publiés au XIXème siècle en font mention. Par exemple, Jean-Ange GALLETTI, à la page 140 de son Histoire illustrée de la Corse, écrit en 1863: “POGGIOLO (...) a donné le jour à l’abbé PINELLI, ancien moine, et homme remarquable dans les belles-lettres”.
Depuis cette époque, il ne reste plus rien des livres accumulés par l’homme le plus cultivé de Corse.
Les souvenirs même de l'existence de Gian Antonio PINELLI, ce Poggiolais exceptionnel, se sont effacés. Dans le village, rien, pas même une petite inscription. Espérons que ce blog permettra de combler ce trou de la mémoire collective.
Décédé le 26 décembre 1832, voici exactement 190 ans, Gian Antonio PINELLI est bien oublié à Poggiolo. Mais les Poggiolais s'intéressent-ils vraiment à leurs ancêtres?
Gian Antonio PINELLI représenta Pasquale PAOLI lors d'un baptême à Poggiolo, comme l'a montré le second article de cette série.
Ce troisième article raconte ses actions et ses importantes fonctions à la fin de la Révolution et sous l'Empire, toujours d'après la notice rédigée par Eugène GHERARDI dans le Dictionnaire historique de la Corse.
Le texte de cette biographie, publié ici sur fond jaune, sera coupé par des explications et des compléments.
UNE RÉFÉRENCE DANS L'ENSEIGNEMENT
Eugène GHERARDI écrit que, après être allé habiter quelque temps à Florence,
Gian Antonio PINELLI retourne en Corse en 1796 où il est promu par l'évêque GUASCO à la charge de vicaire général du diocèse de Sagone; on le retrouve en 1805 prêtre à Piana.
Il doit s’agir de Matteu Francescu GUASCO, dernier évêque de Sagone de 1773 à 1801. Le Poggiolais voit donc de près la fin du diocèse.
PINELLI entame par la suite une carrière dans l'enseignement. Bénéficiant de l'amitié de Letizia Bonaparte et du cardinal Fesch, Pinelli est tour à tour directeur, en 1806, de l'école secondaire communale d'Ajaccio puis proviseur lorsque l'école devient collège en 1818.
La Revue encyclopédique de 1819 permet d'apprendre qu'il fut aussi “régent de rhétorique” et développa, lors de la rentrée des classes du 25 octobre 1818, devant toutes les autorités religieuses, civiles et militaires de la Corse, “le plan d’enseignement prescrit pour ce collège, et la supériorité de la méthode d’enseignement actuelle”.
Il avait donc la haute main sur l'enseignement en même temps qu'il dirigeait l'administration de l'île.
LE PILIER DE L'ADMINISTRATION NAPOLÉONIENNE
De 1810 à 1816, il est secrétaire général de la préfecture.
Gian Antonio exerça d’abord la fonction de secrétaire général du département du Liamone puis de toute la Corse quand celle-ci fut réunie en un seul département en 1811.
Il assista donc Ghjacintu ARRIGHI de CASANOVA, préfet du Liamone depuis 1803 et ensuite de toute l’île. Le 15 mars 1814, le nouveau préfet fut Francescu Saveriu GIUBEGA, neveu de Lorenzo GIUBEGA, parrain de Napoléon BONAPARTE. Le 5 septembre, Louis XVIII nomma François Louis Joseph de BOURCIER de MONTUREUX. Le 6 avril 1815, avec le retour de l’empereur, GIUBEGA revint... jusqu’au 14 juillet où le roi, de nouveau sur le trône, désigna Louis COURBON de SAINT GENEST.
Pendant cette période troublée, PINELLI resta à son poste et assura la permanence de l’administration française. Il aurait été l'homme le plus puissant de Corse sans le général MORAND qui imposait un ordre despotique et qui lui l'humilia en 1810.
En 1810, il a l'honneur d'être choisi pour assister au mariage de Napoléon, mais la délégation ne peut s'y rendre à cause de l'opposition du général Morand qui gouverne l'île.
Mariage de Napoléon et de Marie-Louise.
Avec la réinstallation de la monarchie des lys en France, en 1815, la carrière de Gian Antonio PINELLI, tout entière placée sous la protection des Bonaparte, n'était-elle pas terminée? Il en sera question dans l'article prochain.
Chant considéré comme indispensable à la célébration de la fête chrétienne de Noël, PETIT PAPA NOËL n'a absolument rien de religieux. Mais il est devenu depuis 1946, quand Tino ROSSI l'interpréta pour le film Destins, le morceau musical qui accompagne la fête du 25 décembre.
Alors, écoutons cette vidéo tirée du film restauré. Apprécions la voix du grand chanteur corse et regardons tous les santons de la crèche représentés dans cet extrait.
Quel bonheur pour ceux qui veulent fêter Noël en allant à l'église: Corse-Matin publie aujourd'hui samedi la liste des cérémonies religieuses des 24 et 25 décembre.
Enfin, pas pour toute la Corse.
Rien n'est écrit au sujet des offices dans les villages des Deux Sorru. Il y a bien "Cargese, Piana et Deux Sevi" et aussi "Cinarca et Cruzini" mais vraiment rien pour Orto, Guagno, Poggiolo et Soccia.
Comme, sur le site du diocèse de Corse, le calendrier des messes du haut-canton s'est arrêté au 1er novembre, la seule façon d'avoir un Noël chrétien serait donc le "bouche à oreille"?
Mais non, on est sauvé: les horaires sont sur la page Facebook du couvent de Vico, sauf que...
Sauf que cette liste a été publiée aujourd'hui 24 décembre vers 8 h 30, ce qui est tard pour prendre ses dispositions.
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).