Cette liste n'est pas la conséquence de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat votée le 9 décembre 1905. Son article 3 prévoyait de dresser un «inventaire descriptif et estimatif» des biens ecclésiastiques. (voir l’article http://poggiolo.over-blog.fr/2016/01/des-inventaires-difficiles-1-4.html)
Pourtant, ce document date bien de 1905. Il n'y a pas d'erreur. En prévision de la loi se séparation, et afin de ne pas être "spolié", le diocèse d'Ajaccio avait demandé un recensement des biens de chaque église et chapelle. Les membres de la fabrique (la fabrique était l’association des laïcs gérant les finances de la paroisse) ont donc rédigé une liste qui est très précise.
La quatrième page cite bien une statue de Saint Roch se trouvant sur l’autel de la chapelle qui lui est consacrée. Cette œuvre, évaluée à 40 francs de l’époque, aurait, d’après cet inventaire, été achetée par la fabrique en 1855.
Ce nom est celui d’une société importante de fabrication de figures catholiques au XIXème et au début XXème. L’encyclopédie Wikipedia fournit les renseignements suivants, repris sur de nombreux sites :
« La Maison Raffl (aussi connue sous le nom de La Statue Religieuse) était une entreprise de fabrication de statues religieuses et de mobilier d'église installée au 64, Rue Bonaparte à Paris. Raffl est le nom du premier propriétaire, mais il y en eut beaucoup d'autres pendant sa période d'activité, entre 1857 et les années 1920.
Cette société produisait des œuvres de toutes tailles et dans de nombreux différents matériaux allant du plâtre au bronze en passant par le carton comprimé et la fonte de fer.
Cette activité était particulièrement favorisée dans la seconde moitié du xixe siècle, portée par la mode du style sulpicien, la construction de nombreux édifices religieux de style éclectique et leur équipement en statues de saints, et la dévotion populaire renouvelée, par exemple, au Sacré-Cœur de Jésus ou à la Vierge des récentes apparitions (Rue du Bac à Paris, La Salette, Pontmain, Lourdes...). La fabrication en série par le procédé du moulage, notamment en plâtre, permettait des prix de revient très inférieurs à ceux de la statuaire traditionnelle en pierre ou en bois.
Elle en fabriqua des dizaines de milliers (plus de 62.000 pour la seule période de 1871 à fin 1877), installées dans les églises de toute la France et exportant également dans le monde entier. »
Mais, si la fabrique de Poggiolo a fait l’acquisition de la représentation de saint Roch en 1855, elle n’a pas pu l’acheter à cette société qui a débuté en 1857 !!!
Pour résoudre ce problème, plusieurs possibilités existent :
- les rédacteurs de l’inventaire se seraient trompés en notant 1855 comme date de cet achat mais, déjà qu’il se pourrait qu’ils se soient trompés d’un an pour ce document, cela ferait beaucoup !
- la statue actuelle avec l'inscription «LA STATUE RELIGIEUSE PARIS» ne serait pas celle achetée en 1855 mais un nouveau modèle qui aurait été commandé plus tard, après l’inventaire, soit après 1906.
Or, nous trouvons des renseignements plus fournis que sur Wikipedia avec le site http://patrimoine-de-lorraine.blogspot.fr/2011/11/bar-le-duc-55-conference-sur-jeanne.html :
« Depuis le 1er mars 1907 les Maisons Raffl, Froc-Robert, Peaucelle, Raphaël Casciani et Cachal-Froc, sont réunies sous le nom de MAISON RAFFL.
Le 1er avril 1907, Auguste Peaucelle (1865-1941) s'associe avec Yvonick Pacheu et Lecaron afin de créer "La Statue Religieuse" ».
SOURCE : Bernard Mugnier - La Statuaire Johannique - Tome second - page 369 - 2011.
Notre statue de saint Roch daterait donc d’après le 1er avril 1907 ? Pourquoi pas ?
Seules les archives de la paroisse de Poggiolo, si elles existent, pourraient donner une certitude.