Pendant toute la saison 2011-2012, nous avions pu suivre, semaine après semaine, l'aventure de l'A. S. SOCCIA et la consécration avec la
montée en Division d’Honneur du championnat d’entreprise (anciennement appelé amitié, les plus vieux qui ont défendu à l’époque les couleurs de l’AS Soccia s’en rappelleront, puis corporatif où
l’équipe a principalement joué en promotion d’honneur).
La reprise a été difficile car, comme on peut le lire sur le site:
"Tout le monde comprendra que le mois d’août est sacré pour tout Socciais ou sympathisant socciais . Les
festivités aoûtiennes à Soccia sont multiples et variées (apéro, karaoké, apéro, concours de boules, apéro, bals, apéro, challenge mariés-célibataires, apéro, re-bal , apéro, re-concours de
boule, apéro, St Élisée, apéro, et quand tout se calme un peu, on en profite pour prendre enfin un petit apéro tranquillement où l’on refait l’été. Le conseil des sages pense d’ailleurs à faire voter un mois d’août de 45 jours. C’est vrai quoi, plus le temps de prendre un apéro."
La nouvelle saison a commencé le 24 septembre et nous n'avions aucune nouvelle car le site était victime de nombreux problèmes techniques. Finalement, le web master (Philippe Defranchi) a pris le taureau par les cornes et a rétabli la connexion.
Maintenant, chacun peut être informé des péripéties de l'équipe des Deux Sorru.
Les débuts n'ont pas été faciles car les adversaires sont de niveau supérieur à l'an dernier. Les deux
premiers matchs ont été autant de défaites:
- Soccia - Pietrosella: 2 à 4
- Soccia - 6éme canton: 1 à 4
Mais, le 9 novembre, ce fut la première victoire de l'AS en
division d'honneur (soccia - Air France 4 à 3).
Le 19 novembre, nouvelle désillusion avec l'échec contre Corse Déco (4 à 3).
Progressivement, les compte-rendus complets de chaque confrontation se retrouvent sur ce site.
En y allant, vous pourrez avoir toutes les informations sur les activités de l'équipe. Et, ce qui est le plus important, envoyez des mots d'encouragement aux joueurs. Ils vous en
remercieront.
Seulement, s'il ne reçoit pas 50 messages de soutien avant Noël, le
site ne pourra plus vivre.
Avec la Révolution Française et le Premier Empire, les citoyens français furent désormais appelés à
accomplir le service militaire et à payer "l'impôt du sang" avec leur propre vie.
"La Corse-Votre Hebdo" du 9 novembre 2012 est revenue sur l'importance des
pertes subies par l'île. L'article présente l'ouvrage d'Antoine-Toussaint ANTONA intitulé "Ceux du 173e"(Colonna Edition).
Pendant la première guerre mondiale, la Corse versa un lourd tribut avec 11.325 morts, soit près de 3,5%
de la population totale. Pour l'ensemble de la France, la proportion de morts par rapport au nombre de soldats appelés sous les drapeaux fut de 16,5%. Dans notre région, avec environ 40.000
mobilisés et 2.500 engagés volontaires, ce pourcentage s'éleva à près de 25%. Un quart des "poilus" corses ne revint pas de cette guerre.
Avec celui de Vezzani, le canton de SOCCIA (l'ancienne piève de Sorro in Sù) fut le plus
meurtri.
La carte ci-dessous, extraite de "50 DOCUMENTS POUR UNE HISTOIRE DE LA CORSE", publication du CRDP de Corse, montre le
funeste record de + de 6% de morts. Les deux taches rouges de ces cantons sautent aux yeux. Il s'agit (ce que le document ne précise pas) de plus de 6% par rapport à la population totale.
D'après "La Corse-Votre Hebdo", ce serait 12% des hommes qui ont disparu dans notre canton.
Dans sa brochure sur son oncle Jean LOVICHI, Romain DURAND a écrit: "Son nom est gravé sur le monument
aux morts de Poggiolo avec vingt-six autres: la moitié de ceux qui sont partis". Les pertes seraient alors de 50% des jeunes partis au front. On comprend,
dans ces conditions, que Poggiolo et les autres villages aient alors sombré dans une profonde atonie démographique et économique.
Dans "La Corse et les Corses pendant la Première Guerre mondiale : à travers des documents d'archives"
d'Évelyne TORRE, édité par le CRDP en 1981 (ouvrage mis en référence d'un article de Charles MONTI dans "Corse-Matin" du 11 novembre 2006), trois causes sont invoquées
pour expliquer l'importance des pertes corses:
"- L'importance des Corses dans l'armée de métier, et particulièrement l'armée coloniale, présente en première ligne.
- Les Corses, surtout des paysans en 1914, appartiennent aux régiments des fantassins souvent en première ligne eux
aussi.
- La présence de beaucoup d'engagés"
Pourquoi la mort s'est-elle plus particulièrement abattue sur notre micro-région? Peut-être parce que ces trois
éléments se sont cumulés ici, alors qu'elles étaient atténuées dans certains cantons.
En tout cas, voici des raisons pour que le souvenir des morts de notre village
soit particulièrement respecté.
Tout simplement, le bouleversement est provoqué par des travaux d'embellissement. Depuis quelques jours,
l'entreprise RAFFALLI d'Ajaccio, sollicitée par le Syndicat d'Electrification de la Corse et la mairie, procède à l'enfouissement de lignes électriques.
Sur 300 mètres, du Lucciu jusqu'au Fragnu, la chaussée a été creusée pour poser à 1,60 mètre de profondeur,
quatre tuyaux de cables destinés à faire passer la moyenne et la basse tension électrique. Un transformateur de type T 400 sera enterré près du monument aux morts. Bientôt, de nombreux fils
inesthétiques auront disparu et le courant ne devra plus connaître ces baisses de tension qui endommagent souvent les appareils.
Le reste du village n'est pas concerné pour le moment mais le projet existe.
Poggiolo sera ainsi bien desservi pour le courant électrique, bien loin de la situation qui en avait fait le
dernier village du canton à recevoir l'électricité, en 1948!
Merci à Philippe pour son reportage photographique!
La cérémonie du 11 novembre à Poggiolo fait l'objet d'un article dans le "Corse-Matin" du 14 novembre:
Simple et émouvante cérémonie du souvenir
En cette matinée du 11 novembre, la quasi-totalité des Poggiolais était rassemblée au monument aux morts
autour du maire Angèle Pinelli et de ses adjoints et conseillers municipaux. Un moment de recueillement en hommage aux soldats morts dans les divers conflits mondiaux.
Une cérémonie simple dépourvue de tout apparat.
Après une brève allocution du maire, le premier adjoint Jean-Silius Paoli a donné lecture du
message de Concorde et de paix, adressé à toutes les communes de France, par le ministre des anciens combattants.
Après un dépôt d'une gerbe au pied du monument aux morts sur lesquels sont gravés les noms des 37
Poggiolais morts pour la France lors des conflits 1914-1918, 1939-1945, ou champs extérieurs, ce fut la minute de silence.
À l'issue de la cérémonie, la municipalité a reçu les habitants au cours d'un apéritif dînatoire. Cette
manifestation de l'amitié s'est déroulée dans une ambiance familiale, créant un lien entre toutes les familles vivant toute l'année dans Sorru in Sù.
Comme nous n'avons pas de photos de Poggiolo, nous vous proposons le diaporama réalisé par Marthe Poli et publié
sur son blog (http://marthepoli.blog.club-corsica.com/). Le reportage est complet sur l'hommage et sur le verre partagé dans le village de
Guagnu.
Les lecteurs de ce blog peuvent publier des commentaires à chaque article et ils n'utilisent pas assez
cette possibilité.
Mais le commentaire qui suit le texte du 31 octobre sur les fours vaut la peine d'être relayé. Comme pour
notre dernier article sur les photos de Letia, il s'agit ici de demande de documents.
Cet appel avait déjà été publié mais il contenait une erreur qui a été rectifiée.
L'auteur du texte est Dominique VERVACKE:
"Bonjour, c'est trés agréable lorsque nous sommes loin du village de voir et revoir des photos ou articles
qui tissent un lien encore plus fort entre nous tous. Je voudrais faire une demande aux nombreuses personnes qui visionnent ce site. Je suis depuis
maintenant assez longtemps à la recherche de photos ou souvenirs en tout genre de ma famille LECA Marie Dominique (Miniquel) et des autres membres de ma famille: Julie, Pierre Toussaint, François
et Noël, mais pour lui j'ai Josiane. Merci d'avance à tous."
Pour répondre, vous envoyez un texte sous forme de commentaire à cet article et il sera retransmis.
Jean-Pierre et Rose-Marie CHABROLLE ont fait voici quelque temps un voyage à Salers, dans le Cantal. Et ils ont eu une révélation:
"Nous avons découvert, dans le musée, une pharmacie avec des pots de pharmacie et l'un nous a intrigué... Il était indiqué "mousse corse"...Or cette mousse corse, nous la voyons tous les jours sur la plage de Sagone... ces algues en motte... Bref, comment ces algues s'étaient-elles trouvées dans la pharmacopée?... Internet est alors sollicité et, oh surprise... j'apprends qu'il s'agit d'un vermicide-fuge... son utilisation thérapeutique nous vient des Grecs... et elle fut importée en Corse... à Sagone... Et si on relançait son utilisation ?"
Une mousse corse en pharmacie? Essayons d'éclaircir ce mystère.
Un remède antique
La mousse de Corse, Alsidium helminthocorton, ou mousse de mer, (en fait, une algue) se récoltait d'abord en Grèce, en raclant les rochers des côtes. On ramenait ainsi un mélange de près de vingt espèces différentes qui avait de grandes qualités comme vermifuge. Du thalle central, rouge sombre, partent des filaments rampants, entrelacés, dressés, cylindriques, charnus, violet foncé (description sur le site de phytoréponse).
Elle était surnommée dentelle de Vénus car « on raconte qu’un jour Vénus voulut se baigner ; elle quitta ses vêtements légers, un coup de vent survint et ses dentelles tombèrent dans les flots »(site de phytoréponse).
Complètement oublié depuis l’Antiquité, ce remède est remis à l'honneur au XVIIIème siècle. Pierre-Alexandre MARTIN, avant de succéder à son père comme apothicaire du roi Louis XV en 1767, fait connaître l'emploi de de la mousse de Corse en décembre 1755, par une note insérée dans les "Mémoires littéraires, critiques, etc." de GOULIN (article de Maurice BOUVET sur « Les apothicaires royaux », Revue d’histoire de la pharmacie, n°70, année 1930).
Mais le renouveau de ce remède est dû surtout à l'action de Dimo STEPHANOPOLI. Il est le petit-fils d'un des chefs des Grecs Mainotes installés à Paomia par les Génois. Il voit le jour en 1729 à Ajaccio où ses compatriotes se sont réfugiés après avoir été chassés par les habitants des deux-Sorru. Docteur en médecine, médecin de la famille Bonaparte, il devient chirurgien-major au Royal-Corse en 1777, puis à l’hôpital militaire d’Ajaccio en 1780, d’après la fiche du CHTS, reprise par Orsu-Ghjuvanni CAPOROSSI.
Il s’intéresse aux plantes, ce qui lui permet de découvrir en 1782 un procédé pour teindre en noir les étoffes avec de l’écorce de chêne. Surtout, ses origines lui permettent de retrouver les vertus des algues qu’il appelle Lémithochorton au lieu de helminthocorton. Il décrit cette découverte dans le mémoire annexé à «Voyage de Dimo et Nicolo Stephanopoli en Grèce pendant les années V et VI (1797 et 1798)», rédigé par Antoine Sérieys:
« La colonie grecque dont je fais partie, établie en Corse depuis cent vingt ans, venue des côtes de la Laconie, avait conservé l'usage du Lémithochorton; mais elle ne l'avait point étendu au-delà de ses limites. Depuis quatre-vingt-cinq ans qu'elle habitait cette île, jamais aucun Corse n'avait soupçonné les vertus, ni même l'existence de cette plante, lorsqu'en 1760, exerçant la chirurgie dans ce pays, où les maladies vermineuses et les fièvres putrides sont très-communes, je sentis la nécessité d'un vermifuge assuré, assez puissant pour en détruire les causes. Le Lémithochorton de la grande espèce, qui m'était connu comme aux autres Grecs, devint l'objet de mes recherches. J'en séchai et j'en préparai une certaine quantité, je l'employai en poudre, en infusion, en décoction et en sirop, de toutes les manières. Ses heureux effets surpassèrent mes espérances. La simplicité de ce remède qu'on peut employer dans tous les cas, et sans craindre aucun inconvénient, les occasions fréquentes que j'ai eues de l'administrer dans le cours de plusieurs années, m'ont mis en état de connaître, par ses effets, toute l'étendue de ses vertus, et comme vermifuge et comme calmant.
Il est constant que ce remède fait rendre les vers dans les vingt-quatre heures, et que la propriété vermifuge lui est inhérente, comme celle de concilier le sommeil est inhérente à l'opium, comme celle d'évacuer les humeurs est inhérente à la manne, à la rhubarbe, au jalap , etc.
Ainsi, le Lémithochorton détruisant promptement la cause de la maladie, le malade se trouve parfaitement rétabli dans les vingt-quatre heures. »
Il ajoute qu'il peut guérir aussi la coqueluche et le rhume.
Un propagandiste zélé
Ayant trouvé que cette plante se trouvait sur les côtes corses, surtout entre Ajaccio et Cargese, Dimo STEPHANOPOLI en fait adopter l’utilisation par l’hôpital d’Ajaccio, puis quitte celui-ci pour faire connaître ce fabuleux remède sur le continent.
Il imprime un mémoire et, en 1776, il va rencontrer les médecins du continent, à qui il remet son prospectus avec des échantillons, surtout en Provence. Son dynamisme impressionne :
« Dans l'espace de dix-huit mois, je parcourus les villes d'Aix, d'Orgon, d'Avignon et tout le Comtat, celles de Tarascon, de Beaucaire, d'Arles, etc. Par-tout les personnes de l'art me prodiguèrent des éloges sur l'efficacité de ce nouveau remède. »
Arrivé à Paris en 1788, il se présente à la faculté de médecine qui le félicite et lui permet d’avoir une prime gouvernementale de 3.000 livres.
Sous son impulsion, de nombreuses études sont alors consacrées à la mousse corse.
Inquiet de la forte consommation et des faibles réserves de cette erba greca ou murzu marina, STEPHANOPOLI entreprend en 1797 et 1798 un voyage en mer Ionienne, avec son neveu Nicolo, pour trouver de nouveaux fournisseurs.
(vue de Vitylo aujourd'hui)
Une première tentative échoue à cause de l’attaque de pirates.
Mais, les années suivantes, l’engouement diminue assez rapidement et devient « une curiosité de droguier »(P. LEMAY).
Les vertus de la mousse corse existent pourtant toujours. L’été, à Sagone, on peut se délasser en se baignant. On devrait penser aussi à se soigner en se frictionnant avec les algues du lieu ou en faire une récolte pour préparer des décoctions. Le syndicat d'initiative pourrait le recommander aux nombreux touristes.
Et, à une époque où l’on veut retrouver les produits naturels, pourquoi ne pas se remettre à commercialiser ce produit original, à la fois si grec et si corse?
Le rituel du 11 novembre permet d'honorer les Français tués pendant la guerre de 14-18 et même les morts de toutes les guerres. Les élus et la population se rassemblent autour du monument aux morts où sont écrits les noms des héros. Mais ces noms n'évoquent souvent pas grand-chose aux gens d'aujourd'hui. Sur ce blog, deux articles avaient déjà été consacrés au monument de Poggiolo. L'un était une synthèse sur l'ensemble de ces hommes (cliquer ici) et un autre à trois particulièrement caractéristiques (cliquer ici). Nous revenons avec plus de détails sur Jean LOVICHI.
Jean LOVICHI est particulier car il n'est pas né à Poggiolo et n'y a pratiquement vécu que pour les vacances scolaires. Son nom n'est pas d'origine poggiolaise. Enfin, il aurait pu ne pas être soldat. Les renseignements réunis ici viennent de la brochure "L'oncle Jean, Correspondance de Jean LOVICHI", extraite de "Soldats par habitude, Etre soldat de 1720 à 1920", étude publiée par son neveu Romain DURAND (décédé en juin 2010).
La famille LOVICHI
Jean-Paul LOVICHI, le grand-père de Jean, est né en 1822 à Azzana-Vignamayo (mais le foyer patronymique des Lovichi est Monacia d'Aullène). Instituteur à Poggiolo, Jean-Paul a épousé en 1851 dans notre village Angèle Françoise Eugénie Pinelli (1827-1885). Ils ont eu neuf enfants dont Charles-Désiré-Gabriel-François né à Poggiolo en 1862. Charles (photo ci-contre) fait ses études au séminaire d'Ajaccio, passe le baccalauréat de lettres et obtient un emploi de rédacteur à la préfecture de Constantine (Algérie). Il est nommé en 1894 secrétaire particulier du chef de cabinet du préfet, administrateur de commune mixte en 1896, administrateur principal de la commune mixte de l'Edough (avec résidence à Bône) en 1912, sous-préfet en 1918, maintenu à titre exceptionnel jusqu'en 1930, il se retire à Alger où il meurt en 1942. Il était chevalier de la Légion d'honneur, officier d'Académie, chevalier du mérite agricole, officier du Nicham Iftikar. Il a épousé à Sèvres, en 1892, Odile Delon, professeur de lettres, fille de Charles Delon (1839-1900), écrivain et pédagogue. De ce mariage, naissent quatre enfants: l'aîné Jean en 1893, puis ses soeurs Fanny, Charlotte et Odile.
Le philosophe qui voulait se battre
Jean Ary Francois Léon LOVICHI (photo ci-contre de Jean avec deux de ses sœurs) est né le 10 novembre 1893 à Constantine, en Algérie. Il fait ses étudesau lycée de Constantine et au lycée Henri IV de Paris où il est l'élève d'Alain, le philosophe qui était alors l'inspirateur de la Troisième République radicale. Agé d'à peine 18 ans, il est licencié de philosophie à la Sorbonne. Diplômé de philosophie, Jean est empêché par la guerre de présenter le concours de l'École normale supérieure.
L'article "1914: la fin d'un bel été", publié ici en août 2010, raconte comment Jean, en vacances à Poggiolo, et tous les Poggiolais apprirent la nouvelle de la déclaration de guerre.
Jean prépare son agrégation comme répétiteur au lycée de Philippeville. et il aurait pu être le plus jeune agrégé de France. Il avait été réformé en 1913 pour sa faible constitution. Mais, patriote, il se porte volontaire à l'appel de la classe 15. De nouveau jugé inapte au service armé, il refuse d'être réformé. Son père, qui préside le conseil de révision, tranche en sa faveur: "C'est mon fils, prenez-le. Il a le droit de vouloir. C'est un cœur et un cerveau qui s'offrent au pays: sa volonté et son amour de la patrie maîtriseront son corps. Service armé!". Contrairement à d'autres, il n'a pas eu un passe-droit pour éviter l'armée mais pour y aller.
Il rejoint l'école des élèves-officiers d'Alger-Ben-Aknoun. Comme il l'écrit alors à ses parents: "J'ai presque dépouillé le vieil homme et n'aspire plus maintenant qu'à me redresser de toute ma taille de défenseur de la Patrie". A un de ses amis, Joseph ANGELINI-BENEDETTI, rédacteur en chef de "L'Echo de la Corse", il précise: "j'aurais été, si je n'avais pas été appelé, réduit aux sophismes et à la vie misérable. Maintenant une vie nouvelle commence, de force et de responsabilité". L'armée a changé l'intellectuel.
La folie des Dardanelles
Il est affecté aux zouaves du 2e RMA (régiment de marche d'Afrique) qui comprend des Français d'Algérie et de Tunisie. Son unité part aux Dardanelles où elle arrive le 12 mai 1915.
Le 24 avril, les troupes alliées (Français et Anglais, Australiens et Néo-Zélandais) avaient débarqué sur la pointe de la presqu'île de Gallipoli qui commande le passage de la mer de Marmara, entre la mer Egée et la Mer Noire. Le but était de s'emparer d'Istanbul, la capitale de l'Empire ottoman allié de l'Allemagne. Attendues par les soldats turcs, les forces de l'Entente se trouvèrent bloquées sur le cap Helles, entre la mer et les collines tenues par leurs ennemis.
Contrairement aux vastes espaces de la Marne ou de Verdun, ici le front est très étroit: 7 kilomètres sur 3. Les combats se concentrent sur les rives du ravin, large et profond, dans lequel coule le Kérévés-Dér et où les Alliés ont creusé des tranchées pour contrer les attaques turques venus de Krithia.
Dans ses lettres, Jean LOVICHI ne donne pas de détails sur les dures conditions de combat (censure oblige!). Il affirme souvent qu'il est bien nourri mais il demande constamment que sa famille lui envoie de nouvelles lettres.
Pour les intellectuels comme lui, mais aussi comme Jérôme CARCOPINO, François CHARLES-ROUX ou Jean GIRAUDOUX, eux aussi présents sur ce champ de bataille, les Dardanelles sont un lieu exceptionnel car ils sont très proches du site de l'ancienne Troie. De l'autre côté du détroit, se trouve le lieu des exploits de PRIAM, ACHILLE, HECTOR, ULYSSE et des autres héros chantés par HOMÈRE. Jean demande d'ailleurs l'Iliade et l'Odyssée, ainsi que les oeuvres de MONTAIGNE, dans sa lettre du 30 juin.
Mort d'un héros
Les Français attaquent les 21 et 22 juin et remportent un grand succès: ils avancent de... 200 mètres! et ils perdent 2.500 hommes. Jean reçoit une citation:"Aspirant LOVICHI. A entraîné vaillamment sa section à l'assaut et, pendant près de quinze heures, n'a cessé de commander seul et de donner le meilleur exemple aux défenseurs de la tranchée conquise par lui". Il doit accéder au grade de sous-lieutenant.
Les combats deviennent terribles à partir du 12 juillet. Le 14 juillet 1915, Jean est tué. Extrait de la lettre du brancardier ZANETACCI à ses parents: "Blessé au visage par des éclats vers 7 heures du soir, puis à l'épaule vers 9 heures par une balle, il persistait à vouloir diriger lui-même l'assaut de sa compagnie déjà privée de tous ses officiers; c'est en allant dans un boyau pris en enfilade par des Turcs qu'une balle l'a frappé au front".
Il aura une nouvelle citation (J.O. du 1er octobre 1915) et sera décoré de la Médaille Militaire à titre posthume (décret du 20 octobre 1919).
dernière lettre de Charles LOVICHI à son fils, arrivée après son décès et renvoyée à l'expéditeur
En dehors de sa famille, sa mort eut un certain retentissement en Algérie où des journaux la mentionnèrent. Joseph ANGELINI-BENEDETTI prononça à Paris le 28 novembre 1915 une conférence reproduite dans la revue "L'Echo de la Corse", organe des Corses de Paris. Il y déplora, dans le style de l'époque, qu'une balle ait anéanti "ce puissant cerveau, remarquable produit du génie français".
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Quel souvenir?
Romain DURAND, fils de Charlotte, sœur de Jean, termine sa brochure avec une conclusion qui pourrait s'appliquer à d'autres disparus:
"Il ne reste de l'oncle Jean qu'un léger souvenir qui disparaîtra avec la dernière de ses sœurs. Pour les neveux et nièces qu'il n'a pas connus, il y a une photographie sur laquelle un officier imberbe croise les bras. On a fixé au cadre la Médaille Militaire et la Croix de guerre avec une palme et une étoile.
Au village, les vieux disaient: "Ah! votre oncle Jean!", et c'était tout. Grand-père et grand-mère ne disaient rien, mais chaque jour, vivement, ils regardaient la photo. Jean est resté au cimetière français de Gallipoli, face au tombeau d'Achille. Son nom est gravé sur le monument aux morts de Poggiolo avec vingt-six autres: la moitié de ceux qui sont partis".
Cimetière militaire francais de Seddul-Bahr (presqu'île de Gallipoli). Jean repose dans la tombe N° 269.
P.S.: 1) la dernière sœur, Odile, est décédée en 2004. La maison LOVICHI appartient maintenant à Marie-Ange et Xavier PAOLI.
2) le nom de Jean LOVICHI se trouvait aussi sur le monument aux morts de Bône qui a été détruit après l'indépendance de l'Algérie
Le prix Goncourt a été attribué à Jérôme FERRARI, professeur de philosophie d'origine corse, pour un roman se déroulant en Corse. Le fait est suffisamment
important pour que le blog de Poggiolo le relève.
Ci-dessous, un article extrait du blog de "Corse-Matin".
Jérôme Ferrari sacré par le prestigieux prix Goncourt
Jérôme Ferrari a été couronné mercredi par le prestigieux prix Goncourt pour son roman "Le Sermon sur la chute de
Rome" (Actes Sud), qui fait d'un bar corse l'épicentre d'une fable superbe sur les espérances déçues, les frustrations et l'inéluctable fugacité des mondes.
Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti en apprenant la nouvelle "une chute de tension qu'on peut considérer comme une
définition correcte de la joie".
"Bien sûr, c'est une consécration". Assailli par les photographes et les caméras, il a aussi confessé se sentir "un peu
comme un lapin dans les phares".
L'attribution du Goncourt à un écrivain corse, originaire de Sartène, a été accueillie avec enthousiasme dans l'île de
Beauté.
"C'est exceptionnel! C'est un acte fondateur pour la Corse, comme le fut, dans le domaine sportif, la
participation de Bastia à la finale de la Coupe d'Europe de football en 1978", a estimé le libraire bastiais Sébastien Bonifay.
"Dans une langue magistrale, Jérôme Ferrari atteint des sommets de beauté et de lucidité sur cette île natale qui le hante,
ce monde corse disparu, métaphore de la famille, du sens de la vie, de la mémoire et de la mort", a salué la ministre de la Culture Aurélie Filippetti.
Né en 1968 à Paris, père d'une fillette de 4 ans, Jérôme Ferrari est professeur de philosophie et conseiller pédagogique au
Lycée français d'Abou Dhabi depuis la rentrée, après avoir enseigné au lycée international d'Alger puis au lycée Fesch d'Ajaccio.
Montagne corse
Plus encore que dans ses précédents romans, "Dans le secret" (2007), "Balco Atlantico" (2008), "Un dieu un animal" (2009) ou
encore "Où j'ai laissé mon âme" (2010), le quadragénaire envoûte par la beauté de son écriture, imprégnée du souffle des sermons antiques et terriblement moderne.
Le sermon de saint Augustin a été prononcé en 410, dans la cathédrale disparue d'Hippone, devant des fidèles désemparés
après le sac de Rome. Augustin les rassure: "Le monde est comme un homme: il naît, il grandit, il meurt".
Ce seul passage et les têtes de chapitre
du roman sont extraits du Sermon.
Le livre emporte le lecteur dans la montagne corse. Un vieil habitant, Marcel Antonetti, est rentré au village ruminer ses
échecs. A la surprise générale, son petit-fils Matthieu renonce à ses études de philo pour y devenir patron du bar du village, avec son ami d'enfance, Libero.
Leur ambition ? Transformer ce modeste troquet en "meilleur des mondes possible". Mais l'utopie vire au cauchemar. C'est
l'enfer qui s'invite au comptoir. Les ex-apprentis philosophes sont frappés par la malédiction qui condamne les hommes à voir s'effondrer les mondes qu'ils édifient.
Le romancier a mûri pendant six ans cet ouvrage vendu jusqu'ici à près de 90.000 exemplaires.
"La Corse est mon milieu naturel de fiction littéraire", a-t-il confié à l'AFP, racontant s'être enflammé à 20 ans pour le
nationalisme et avoir été rédacteur dans un journal indépendantiste. Il est aussi traducteur du corse.
"J'ai d'abord écrit des bribes d'histoires. Le titre a été le déclic et le Sermon la clé de voûte du roman". Dans ce livre
"se retrouvent plusieurs figures d'un même mécanisme qui s'applique aux empires, au bar d'un village et au coeur des hommes".
"S'il y a quelque chose de contemporain dans ce roman, dit-il, c'est que beaucoup ont l'impression aujourd'hui
d'un monde qui s'effondre".
PS: de nombreux commentaires sur ce livre se trouvent sur le site BABELIO.
Pour le 94ème anniversaire de l'armistice de 1918, les habitants de POGGIOLO et de GUAGNO-LES-BAINS sont invités dimanche 11 novembre à la cérémonie qui débutera à 11 h 30.
Après le dépôt de gerbes au monument aux morts, la population est invitée au traditionnel pot de l'amitié.
A GUAGNO, messe à 11 h, dépôt de gerbes au monument aux morts à
12 h, suivi du pot de l'amitié offert par la municipalité.
A VICO, messe à 10 h 30, dépôt de gerbes au monument aux morts à
11 h 30, puis pot de l'amitié offert par la municipalité.
:
blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).