R.A.S., rien à signaler, pourrait-on être tenté d'écrire.
En effet, LE PETIT MARSEILLAIS fut le seul quotidien du vendredi 27 novembre à faire paraître un article sur les opérations policières.
Et encore, il recopia une rumeur selon laquelle le bandit ETTORI, opérant près de Sartene, serait sur le point de se rendre.
Il était également annoncé que, à Paris, la Chambre criminelle de la Cour de cassation venait d'estimer que plusieurs bandits arrêtés ne devaient pas être jugés en Corse qui n'aurait pas "une atmosphère de quiétude compatible avec une saine administration de la justice". Leur procès aura donc lieu à Lyon.
Et, pendant ce temps, les gardes mobiles continuaient à patrouiller le long des golfes de Lava et de Sagone...
Rien de vraiment intéressant dans les journaux datés du jeudi 26 novembre 1931.
LE PETIT PROVENÇAL indiqua, dans un petit article, que "une opération n'a pas donné les résultats escomptés". "Dans le secteur de Laresta (sic, pour l'Aresta)", les policiers ont cherché en vain CAVIGLIOLI et TORRE.
Le sentiment général de découragement dans la presse, les forces de l'ordre et l'opinion était bien représenté par le dessin qui avait été publié le 23 novembre dans le journal LE PEUPLE:
LE PETIT PROVENÇAL publiait lui aussi des caricatures. Elle étaient de la main de S'tick, artiste marseillais dont la véritable identité était Raoul GARCIN (1891-1981). Sa "semaine humoristique" se trouvait chaque dimanche au bas de la deuxième page.
Après la seconde guerre mondiale, il dessina, de 1944 à 1950, dans le journal MASSALIA(voir le livre publié par Jeanne de GÉRIN-RICARD).Mais sa spécialité fut le portrait de sportifs dans LE PROVENÇAL de Gaston DEFFERRE.
En 1931, la chasse aux bandits corses fut évoquée deux fois:
- le 15 novembre:
- et le 22 novembre:
L'artiste le plus prolifique de cette période de répression du banditisme se trouvait dans L'HUMANITÉ: René DUBOSC. Né en 1897 et mort en 1964, il dessina dans le quotidien communiste de 1925 à 1939. Pendant la guerre, il collabora avec l'Allemagne et donna des dessins dans LE CRI DU PEUPLE de Jacques DORIOT.
Pendant le mois de l'expédition militaro-policière, huit de ses œuvres furent inspirées par la Corse.
Un énorme rocher bloque la circulation ce jeudi matin dans les calanche de Piana, entre Porto et Piana. Les pompiers de Corse-du-Sud sont sur place. Un éboulement a eu lieu ce jeudi matin dans le...
Pour une fois, LE PETIT PROVENÇAL sembla présenter les bandits d'une façon plus sympathique que d'habitude. Le mercredi 25 novembre 1931, il décrivit le transfert d'Antoine ROSSI à Ajaccio en citant des extraits de son interrogatoire.
"<<Ah! J'en ai fait du chemin. Je suis allé à Sagone, à Vico, à Calcatoggio. Partout. La nuit, je dormais dans les grottes ou dans des bergeries. Le jour, je faisais ma provision de châtaignes, ou bien je péchais dans les torrents, ou bien j'allais à la chasse.
- Tu chassais? Où est ton fusil?
- Je chassais au lacet, le fusil fait trop de bruit.>>
Et le jeune bandit dit encore d'une voix grave:
<<J'ai vécu comme je pouvais, mais je n'ai jamais demandé ni volé de l'argent à personne. Je ne suis pas un bandit d'argent, je suis un bandit de vengeance>>.
A peine la voiture s'était-elle arrêtée devant le Palais de Justice, qu'une jeune femme bondit sur le marchepied et serra Rossi dans ses bras. C'était la sœur du dévoyé qui appartient à une famille d'honnêtes commerçants ajacciens."
Le journal n'insista pas sur la raison de l'arrestation du bandit: il avait tué l'entrepreneur Antoine MORAZZANI et grièvement blessé une autre personne à Ajaccio le 29 août 1931, deux mois avant le début de l'expédition policière.
LE PETIT MARSEILLAIS précisait quand même que, avant de se rendre, ROSSI avait regagné la maison familiale à Ajaccio et avait changé de vêtements "car ceux qu'il portait, déchirés par deux mois de séjour dans le maquis, n'étaient plus que des loques".
Plus prosaïquement, L'HEBDOMADAIRE DES BASSES-PYRÉNÉES titra "La faim fait sortir les bandits du maquis".
LE PROGRAMME COMMUNISTE
L'HUMANITÉ de ce même jour n'eut pas le même sentimentalisme en publiant une caricature contre François COTY, une de ses têtes de Turc préférées, maire d'Ajaccio depuis quelques mois mais surtout symbole pour le PCF du grand capitalisme.
Le journal communiste continua sur la lancée du meeting du 23 novembre en donnant le texte du manifeste adopté à la fin de cette réunion. Chacun pouvait ainsi connaître le programme du Parti communiste qui, au nom des Corses, n'acceptera pas "de laisser nos foyers, nos femmes et nos enfants sous la botte de la soldatesque du militarisme français".
Les lecteurs du PETIT PROVENÇAL purent souffler mardi 24 novembre en apprenant la reddition du bandit Antoine ROSSI sur la route des Sanguinaires à Ajaccio. Il y avait enfin une bonne nouvelle à annoncer.
Mais L'HUMANITÉ se gaussa de cette prise qui n'était pas très grosse et écrivit que l'activité des soldats du général FOURNIER "qui, paraît-il, coûtera à la malheureuse Corse la coquette somme de vingt millions, se solde par un double zéro".
Beaucoup plus importante était la relation du meeting que le Parti Communiste avait tenu la veille lundi 23 novembre à la rue Cadet, au siège du Grand Orient de France.
Cette "magnifique protestation des travailleurs corses de Paris, fraternellement mêlés
aux prolétaires parisiens", était organisée par l'association "L'Emancipation de la Corse", une courroie de transmission du Parti Communiste présidée par BOZZI (dont le prénom n'est pas donné) et qui doit être un conseiller municipal de la banlieue parisienne. Un journal du même nom fut publié (ci-contre, un exemplaire de février 1938).
Parmi les responsables et les orateurs présents sur la tribune, PERI et BERTHON furent les seuls à avoir leur prénom cité.
Gabriel PERI fut la grande vedette de cette réunion. Voici le texte de son discours.
Né en 1902 à Toulon dans une famille d'origine corse, il fit ses études au lycée Périer puis au lycée Thiers, tous deux à Marseille. Engagé très tôt en politique, il devint responsable de la rubrique internationale à L'HUMANITÉ. En 1931, il n'était pas encore député.
Avec ce meeting, le Parti Communiste voulait démontrer qu'il était le seul à défendre le peuple corse.
Deux fautes de frappe à remarquer:
- dans le discours de PIETRI, le député PIERANGELI, auteur de romans sous le nom de PIERHOMME (voir ici), est devenu PIERANJELY;
- dans la dernière phrase de son discours, Gabriel PERI évoque le drapeau corse, ce qui donne: "au-dessus des têtes des combattants flottent côte à côte le drapeau à tête de mort et le drapeau où s'entrecroisent la faucille et le marteau".
Le vendredi 26 novembre 2021 à 10h00, la Fédération Française des Télécoms (FFTélécoms) et les représentants des opérateurs de téléphonie mobile Bouygues Telecom, Orange, SFR et Free inaugureront le premier site 4G multi-opérateurs issu du dispositif de couverture ciblée du New Deal Mobile en Corse-du-Sud à Soccia, en présence des élus locaux et de :
Gilles Simeoni, Président du Conseil exécutif de Corse ;
Pascal Lelarge, Préfet de la Corse-du-Sud ;
Jean-François Bartoli, Maire de Soccia.
Le temps des cabines téléphoniques est terminé depuis longtemps.
Le "New Deal Mobile" est l'accord conclu en janvier 2018 entre le Gouvernement, l'Arcep et les quatre opérateurs mobiles pour généraliser la couverture 4G partout en France. Excellente décision qui met du temps à se réaliser mais on y arrive.
Une seule stupidité est le titre donné à cette opération: "New Deal". Est-il superflu de rappeler que, en France, la langue française est la langue officielle? A la rigueur, pour la partie réalisée dans notre île, un nom en langue corse aurait pu être trouvé.
Le président américain Roosevelt avait bien appelé "New Deal" le programme de grands travaux lancé en 1934 pour tenter de faire sortir les Etats-Unis de la crise économique. Mais il est vraiment présomptueux de comparer cette action à un complément de couverture téléphonique.
Et puis, il n'était pas difficile d'utiliser les expressions "nouvelle donne", "nouvelle distribution" ou "nouvelle répartition", si l'on voulait rester dans la nouveauté. Tout écrire en anglais n'est pas signe de nouveauté ou de dynamisme mais preuve de décadence.
En ce lundi 23 novembre 1931, il n'y eut rien de particulier à puiser dans LE PETIT PROVENÇAL.
La page 2 de L'ACTION FRANÇAISE de ce jour-là fit le point des renseignements que l'on avait sur les bandits recherchés (CAVIGLIOLI, TORRE, les frères SPADA, BORNEA et MORAZZANI):
Le ton du journal royaliste était très différent de celui de Léon DAUDET (voir ici).Surtout, le texte était favorable à la répression. On comprend mieux quand on voit que la signature est: Havas. Il s'agissait d'une dépêche d'agence de presse qui a été simplement recopiée sans commentaire. On peut noter que le titre utilise le terme de "répression" et évite toujours, comme dans les autres numéros de L'A.F., le mot "épuration".
L'HUMANITÉdonnait également la situation des bandits recherchés mais elle terminait par ce commentaire:
"Donc le fiasco est total; ou plutôt il apparaît bien nettement que la chasse aux bandits ne fut qu'un prétexte".
On a vu que le terme de "fiasco" avait été utilisé par LE POPULAIREde la veille.
Le quotidien communiste informa ses lecteurs que le général FOURNIER avait annoncé la fin des arrestations massives et ne laissait l'occupation militaire que "dans les régions de Guitera, Lopigna, Vico et Balogna". Il donnait aussi une grande place à l'initiative très originale du maire de BALOGNA, Antoine-Marie CASANOVA, arrêté le 20 novembre:
"Signalons, en passant,le beau geste du maire de Balogna. Il a décidé de réunir son conseil municipal et il a demandé à l'un des sbires de la prison de porter la convocation à tous ses conseillers dispersés dans les cellules de la maison d'arrêt. Voilà un trait d'énergique protestationcontre les violences policières".
Dans les éditions suivantes, ce journal ne dit pas quelles furent les conséquences de cette convocation pittoresque.
Œuvre murale, dite "street art", sur la façade du presbytère de Balogna.
C’est quand même insolite de voir notre église si … vide. Merci à tous ceux et celles qui nous ont aidé à sortir les bancs!
Et voici l’église prête pour une rénovation du carrelage - il était le temps - les photos à preuve ! Ce nettoyage professionnel nous est possible grâce à la générosité d’une bonne âme ! Pour cette opération l’église sera fermée jusqu’à dimanche 28 novembre.
Ce jour-là, nous allons entrer en Avent sur un sol solide et propre !
Le dimanche 22 novembre 1931, une grosse erreur fut reconnue par LE PETIT MARSEILLAIS: il annonça la libération de huit parents du bandit BARTOLI "arrêtés par erreur" car "les mandats d'arrêt exécutés contre eux ne les concernaient pas" !!!
Pour faire oublier cette gaffe, le journal marseillais plaça en première page une photo destinée à montrer l'efficacité de l'intervention policière: la route de Balogna était désormais sûre après l'arrestation de plusieurs habitants du village.
Mais, en feuilletant un journal très différent, LEPOPULAIRE, quotidien du parti socialiste S.F.I.O., on trouve un petit article montrant une forte désillusion envers "le fiasco policier". Le 21 novembre avait été "encore une journée pour rien...". Même si une partie des difficultés était mise sur le dos du mauvais temps (refrain utilisé plusieurs fois depuis le 7 novembre), on sentait que la police était assez désorientée.
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blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).