Affaire sensibles est le titre d'une émission quotidienne de Fabrice Drouelle sur France Inter. Jeudi 18 novembre, le thème était Les manuscrits retrouvés de Céline, ces fameux feuillets dont la redécouverte fut annoncée cet été.
Le journaliste a donné le résumé de l'affaire, ce qui est important pour ceux qui raté le début de cette histoire et pour ceux qui la trouvent compliquée. Elle n'est pas compliquée mais plutôt mystérieuse.
L'animateur radio n'a pas manqué de citer Oscar ROSEMBLY et Poggiolo (au bout de 22 minutes). Dans la seconde partie, il a discuté avec le critique littéraire Emile BRAMI qui explique, à partir de 45 minutes, pourquoi il est persuadé que les documents céliniens furent dérobés par ROSEMBLY lors de la libération de Paris et comment il eut des contacts avec sa fille Marie-Luce.
En fin d'émission, Drouelle a adressé un appel aux auditeurs pour que l'un d'eux puisse aider à résoudre la question du rôle du Poggiolais et du trajet des manuscrits après 1945 jusqu'à maintenant.
selon le site du journal Le Monde, l'enquête pour "recel de vol", destinée à savoir comment les manuscrits ont pu réapparaître, vient d'être classée sans suite. Le mystère demeure.
Son texte contient quelques différences avec la biographie telle qu'elle a été publiée sur ce blog (voir ICI, ICI et ICI). Mais qu'importe, car peut-être bien que, comme il est marqué en conclusion: "tuttu hè falsu".
Une précision est à retenir: son surnom de Poulo (et non pas de Paulo) vient du bagne vietnamien de Poulo Condor.
U Pighjolu(terza parte)
Oscar Rosembly
Salute à tutte è à tutti. Cumpiemu sta settimana a nostra scuperta di u Pighjolu cù una figura impurtantìssima: Oscar Rosembly.
St’omu rinumatu da per lu mondu sanu, nascì à u Pighjolu in 1909. A so mamma si dete sempre di rimenu pè a fama di u so figliolu chì u babbu era mortu nanzu à a so nàscita.
Si n’andonu in Parighji. Tandu, stava Oscar ind’u stessu quartieru chè u pittore Gen Paul è u scrittore Louis- Ferdinand Céline. Per amicizia, fece a cuntabilità di Céline ma a so vita era in astrò. U so primu mistieru di prima trinca fù « assistant parlementaire » di u ministru Camille Chautemps. Schjattò a siconda guerra mundiale è Rosembly, ghjudeiu, entrì ind’a resistenza. Turturatu da a Gestapo, messe à scianchighjà. Da quì u so cugnome di Poulo: à l’èpica, ind’u Vietnam, c’era un bagnu chjamatu Poulo Condor chì e cundizioni èranu terrìbile: quellu chì si ne surtia, ciò ch’ùn accadìa micca spessu, era accasciatu. Di 1944, Céline scappò cù moglie è ghjattu in Allemagna. Ma Oscar li fece una prumessa: tenerà i manuscritti accatastati ind’u so appartamentu sin’à u so vultà.
Maison d'Oscar Rosembly à Poggiolo (photo Michel Franceschetti).
A so vita u purtò à viaghjà: fù sottuprefettu di a Martinica, viceconsule di Svezia, direttore d’una sucetà di prudutti oleaginosi, gurù per isse Mèriche ed hè longa a lista di i so successi. Si maritò di 1947 cù a figliola d’un giuvellieru è t’èbbenu una figliola Marie-Luce. Oscar a tenia quant’un tesoru è, quandu scelse di vultà à u Pighjolu, li cunfidò i manuscritti di Céline, postu chì a soia a casa paria un chjostru.
Di fatti, Oscar Rosembly t’avia per mottu « mens sana in corpore sano». Or’dunque, si bagnava tutte e mane ind’a funtana di u Lucciu, sottu à a so casa, nudu è untu d’oliu cum’è in l’Antichità greca. Decidì di stà senza ellettricità è di fà astinenza. Cantava chì paria un rusignolu: sopratuttu òpere taliane, sunendu di pianuforte. Si n’andò di 1990 è, seguitendu e so ùltime vulintà, nimu l’accumpagnò sin’à u campusantu. Quellu chì si ne cumprò a so casa era baulu: ùn sapia micca u valore di tuttu ciò chì Oscar avia passatu parechji anni à buscà: per ellu era tuttu mullizzu, è ghjittò tuttu. Anc’assai chì i manuscritti di Céline èranu à l’agrottu ind’è Marie-Luce in Corti. L’avia tenuti perchè chì Céline vulia ringrazià u so amicu Rosembly. Marie-Luce i deste à un ghjurnalistu tercanu, di gràtisi, da ch’elli fùssinu stampati.
«Hè tuttu falsu!» Cumu hè falsu? «Iè: O amicu lettore, sàppia chì ci hè d’un latu a vita di Rosembly è d’un astru quella ch’ellu vulia campà. Tù ci ai contu u versu d’Oscar. Eo a dicu torna, tuttu hè falsu. »
La cérémonie de commémoration de l'armistice de 1918 et du souvenir des Poggiolais morts pendant les guerres aura lieu devant le monument aux morts de Poggiolo
jeudi 11 novembre à 10h30
et sera suivie d'un apéritif offert par la mairie.
Rappel: durant le mois d'octobre, ce blog a publié les biographies des trente Poggiolais dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts du village.
Comme annoncé, nous commençons la liste détaillée des trente Poggiolais morts pendant la guerre de 1914-1918, afin qu'ils ne soient pas de simples inscriptions sur une pierre. Les renseignement...
Quatre Poggiolais morts pendant la première guerre mondiale portaient le nom de DEMARTINI. Ils sont inscrits sur la première face du monument aux morts. DEMARTINI Antoine François, du Sénégal ...
La famille DESANTI est représentée six fois sur le monument aux morts de Poggiolo, notamment par deux duos de frères. DESANTI Dominique Xavier, mort en Serbie Né le : 31 janvier 1890 - Décéd...
FRANCESCHETTI François-Antoine, le plus décoré Né le : 10 janvier 1857 - Décédé le : 5 février 1917 à Lyon. Parents : François FRANCESCHETTI (1806-1861) et Jeanne MARTINI (1825-1880). Tai...
MARTINI Pierre Toussaint, le légionnaire mort aux Dardanelles Né le 28 décembre 1869 - Décédé le 28 avril 1915. Parents : Paul MARTINI et Marie Barbe LECA Taille : 1,58 m Incorporé au 3e de ...
PINELLI Dominique Félix Né le 21 novembre 1889 - Décédé le 8 mars 1915. Parents : Dominique Antoine PINELLI et Agathe Marie DEMARTINI. Taille : inconnue Engagé en octobre 1910 au 141e RI (ré...
MARTINI Pierre Toussaint, le légionnaire mort aux Dardanelles
Né le 28 décembre 1869 - Décédé le 28 avril 1915.
Parents : Paul MARTINI et Marie Barbe LECA
Taille : 1,58 m
Incorporé au 3e de ligne de novembre 1890 à novembre 1892.
Travaille à la compagnie de l’Est Algérien à Constantine de juillet 1900 au 7 mars 1903.
Engagé le 17 mars 1903 à la Légion (1er régiment étranger) à Constantine.
Caporal puis sergent.
Campagnes : Algérie région saharienne (24 mars 1903-décembre 1907), Maroc (décembre 1907-octobre 1909), Tonkin (1er avril 1910-2 juillet 1913), Algérie (30 octobre 1913-1er août 1914), puis contre l’Allemagne.
Médaille coloniale « Sahara » et médaille du Maroc agrafe « Oujda ».
Tué à l’ennemi le 28 avril 1915 à Gallipoli, Çanakkale, lors de l’expédition des Dardanelles.
Débarquement des troupes françaises aux Dardanelles. http://foreignlegion.info/
Enterré au cimetière militaire de Seddul-Bahr (Turquie) comme Jean Ary LOVICHI.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « MARTINI Toussaint sergent major ».
MARTINI Jean Toussaint, le premier mort connu
Né le : 16 avril 1890 - Décédé le : 19 septembre 1914.
Parents : Pierre MARTINI dit "Carazza" et Dorothée PAOLI.
Taille : 1,67m.
Engagé en mai 1909 au 3e RI (régiment d'infanterie), puis au 9e hussards pour inaptitude physique (fracture tibia gauche).
Rayé des cadres le 28 janvier 1911.
Habite à Paris.
Se rengage au 89e RI le 22 janvier 1914.
1ère classe le 8 avril 1914.
Meurt des suites de blessures le 19 septembre 1914 à Neuvilly-en-Argonne (Meuse).
L'annonce de son décès, parvenue le 8 octobre à Poggiolo, est la première de cette guerre à être reçue au village.
Sa mère Dorothée (sœur de l'instituteur du village Bernard PAOLI) était veuve depuis 1911 et avait déjà eu à déplorer la perte de sa fillette Marie Gracieuse. Jean Toussaint était son seul enfant.
Corps transféré le 5 septembre 1922 au cimetière militaire de Vauquois (Meuse), tombe 62, rangée 3.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme "MARTINI Jean Toussaint soldat", dernier des six MARTINI.
Cimetière militaire de Vauquois. Photo Wikipedia.
PAOLI François Antoine, le Marseillais
Né le 8 décembre 1887 à Marseille - Décédé le 12 septembre 1915.
Parents : César PAOLI (1858-1901) et Assunta Maria Eléonore DORI.
Engagé à Toulon le 9 juillet 1906 au 9e hussards.
Marié le 29 avril 1910 à Marseilleavec Berthe Marie CAMOIN.
Pendant la guerre, appartient au 3e RAC (régiment d’infanterie coloniale).
Décédé des suites de blessures de guerre le 12 septembre 1915 à l’hôpital militaire de Toul (Meurthe-et-Moselle).
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « PAOLI François Antoine soldat ».
PATACCHINI Jean André Zacharie, de Pastricciola
Né le 14 mars 1888 à Pastricciola - Décédé le 13 août 1916.
Parents : Jean Laurent PATACCHINI et Pompélie CARLI.
Taille : 1,75 m.
En 1908, s’engage au 135e RI (régiment d'infanterie).
Sergent en mars 1910.
Rengage au 101e RI le 29 mars 1912.
Le 18 mai 1912, épouse Damienne PINELLI (1878-1965) à Poggiolo.
A la fin de son contrat, en mai 1913, est versé dans la réserve.
Se rengage le 20 mai 1914 au 171e RI.
Adjudant le 7 décembre 1914.
Blessé le 26 mars 1915 à Badonvillers, il est évacué pour cinq mois.
Médaille militaire et citation à l’ordre de l’armée le 10 avril 1915.
Muté au 44e RI en mars 1916, est tué à la tête de sa section le 13 août 1916 au bois de Hem, à Curlu, dans la Somme.
Cité à l’ordre du régiment le 29 août 1916.
Décès transcrit sur l’état-civil de Poggiolo le 16 octobre 1916.
Inhumé dans la nécropole nationale de Maurepas (Somme), tombe 746, avec l'inscription "PATACCHINI Jean André Adjudant 44e RI MORT POUR LA FRANCE le 13-8-1916".
Tombe de Jean André PATACCHINI.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « PATACHINI (avec un seul C)Jean André adjudant ».
Est également inscrit sur le monument aux morts de Pastricciola comme « PATACCHINI André » dans la partie des adjudants.
Monument aux morts de Pastricciola. http://monumentmort.corse.free.fr
La famille DESANTI est représentée six fois sur le monument aux morts de Poggiolo, notamment par deux duos de frères.
DESANTI Dominique Xavier, mort en Serbie
Né le : 31 janvier 1890 - Décédé le : 13 décembre 1918
Parents : Jean Baptiste DESANTI et Xavière PIETRI
Dominique Xavier DESANTI sur la photo de l'école de Poggiolo en 1900.
Taille : 1,69 m
Engagé le 15 décembre 1910 au 5e escadron du train.
1er RIC (régiment d'infanterie coloniale), puis 3e et 22e. Campagnes en Algérie et Maroc. Conducteur de 1ère classe en janvier 1913.
Blessures : éclats de grenade à l’épaule gauche le 5 juillet 1916 à Frise (Somme).
Campagnes de Serbie en 1917.
Décédé des suites de maladie le 13 décembre 1918 (un mois après l'armistice!) dans l’ambulance alpine numéro 5 à Zajeca en Serbie. Décès retranscrit sur l’état-civil de Poggiolo le 12/05/19.
Inhumé au cimetière militaire français de Skopje (Macédoine) (tombe 531) avec l'inscription "DESANTI Dominique Mort pour la France". Ce cimetière contient les restes de 960 officiers, sous-officiers et soldats de l'Armée d'Orient, ainsi que deux ossuaires, regroupant chacun environ 5.000 corps.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « DESANTI Dominique soldat» accompagné par une accolade le réunissant avec DESANTI Jacques et l’inscription « FRERES ».
Tombe de Dominique Desanti à Skopje. Photo Calimero http://monumentmort.corse.free.fr/
Cimetière de Skopje. Photo Souvenir Français.
DESANTI François Antoine, victime de la bataille de la Marne
Né le : 26 octobre 1886 - Décédé le : 20 septembre 1914.
Parents : Joseph DESANTI et Marie Anne CARLI
Taille : 1,60 m.
Engagé en octobre 1906 au 3e régiment de zouaves à Constantine.
141e RI (régiment d'infanterie), puis 173e RI, puis 3e RI.
Sergent, puis sergent-major le 6 août 1914.
Disparu le 20 septembre 1914 à Béthincourt (Marne) et déclaré mort pour la France en 1921. Pas de tombe.
Citations : « sous-officier brave ayant toujours donné l’exemple du devoir. Tombé au champ d’honneur le 20 septembre 1914 à Béthincourt en se portant à l’attaque des positions ennemies. Croix de guerre avec étoile d’argent ».
Médaille militaire le 14 juillet 1923.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme "DESANTI François Antoine sergent major".
Alors que l'ordre alphabétique en faisait le second des DESANTI, la présence des deux duos de frères l'a repoussé à la sixième place.
DESANTI Jacques Antoine, un des deux morts de Vauquois
Né le 18 septembre 1881 - Décédé le : 4 mars 1915.
Parents : Jean Baptiste DESANTI et Xavière PIETRI
Frère de François Marie et de Paul Baptiste.
Taille : 1,58 m.
Engagé en février 1912 au 10e régiment d'infanterie coloniale, puis au 9e et au 22e colonial.
Campagnes au Tonkin et à Madagascar.
Disparu le 4 mars 1915 à Vauquois (Meuse), une semaine après DESANTI Jean.
Déclaré Mort pour la France. Pas de tombe.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « DESANTI Jacques soldat » accompagné par une accolade le réunissant avec DESANTI Dominique et l’inscription « FRERES ».
DESANTI Jean, l'autre mort de Vauquois
Né le : 8 octobre 1892 - Décédé le : 26 février 1915.
Parents : François Marie DESANTI et Jeanne CECCALDI.
Jean DESANTI sur la photo de l'école de Poggiolo en 1900.
Taille : 1,55 m.
Engagé en 1912 au 46e RI (régiment d'infanterie).
1ère classe en novembre 1913, remis soldat de 2ème classe le 15 avril 1914 pour mauvaise conduite.
Mort le 26 février 1915 à Vauquois (Meuse), une semaine avant DESANTI Jacques Antoine.
Déclaré Mort pour la France le 18 janvier 1919.
Enterré à Poggiolo?
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « DESANTI Jean soldat » accompagné par une accolade le réunissant avec DESANTI Jean Toussaint et l’inscription « FRERES ».
DESANTI Jean Toussaint, mort après la guerre
Né le : 29 novembre 1873 - Décédé : après le 1er août 1923.
Parents : François-Marie DESANTI et Jeanne CECCALDI
Taille : 1,57
Engagé au 104e RI (régiment d'infanterie) en mars 1893.
Quitte l’armée en 1910 et habite à Bizerte (Tunisie).
Rappelé le 1er août 1914.
Unités : 44e territorial, puis 250e territorial.
Démobilisé le 3 août 1919.
Décédé après le 1er août 1923 (où?).
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « DESANTI Jean Toussaint lieutenant» accompagné par une accolade le réunissant avec DESANTI Jean et l’inscription « FRERES ».
DESANTI Jean Toussaint, ramené à Poggiolo
Né le : 29 avril 1892 - Décédé le 2 octobre 1914.
Parents : François Marie DESANTI et Françoise COLONNA
Taille : 1,65 m.
Résidant en Tunisie, s’engage le 18 mars 1913 au 4e régiment de marche de tirailleurs algériens.
Sergent le 12 septembre 1914.
Tué à l’ennemi le 2 octobre 1914 à Crouy (Somme)
Le "Liamone" devant l'entrée du Vieux Port de Marseille. Photo: fonds Adhémar. Site: http://maitres-du-vent.blogspot.com/
Corps ramené de Creil par train à Marseille le 11 juin 1922 et embarqué sur le vapeur « Liamone » avec les restes de 24 autres soldats pour être enterrés en Corse.
Fut enseveli dans la chapelle funéraire des DESANTI-BARTOLI, au-dessous de l'église St Siméon.
Eglise St Siméon et chapelle funéraire DESANTI-BARTOLI.
Inscription sur la tombe de Jean Toussaint DESANTI à l'intérieur de la chapelle funéraire. Photo J-P CHABROLLE.
Inscrit sur le monument aux morts de Poggiolo comme « DESANTI Jean sergent major».
Jean-Baptiste CROCE revient, dans Settimana du 17 septembre, sur les manuscrits volés de L-F CELINE et qui auraient été cachés en Corse (page 12).
Il reprend l'idée, largement déjà évoquée sur ce blog (notamment ICI et ICI, du rôle important joué par Oscar ROSEMBLY dans la disparition des feuillets de l'écrivain et, évidemment, mentionne Poggiolo.
Le journaliste expose clairement les connaissances actuelles sur l'affaire littéraire de l'été, ce qui est bien utile pour les personnes qui n'auraient pas tout suivi.
Dans son numéro daté du 27 août, le magazine de Natacha POLONY publie une enquête de Laurent VALDIGUIÉ intitulée "Louis-Ferdinand Céline, l'enfant caché".
Dans ce texte fouillé et précis, le journaliste évoque longuement la "piste corse", et plus exactement poggiolaise, pour expliquer où ces documents ont pu disparaître si longtemps, depuis 1944 jusqu'à cette année.
Il est amplement question d'Oscar ROSEMBLY à propos des témoignages de Jacques-Antoine et Pierre MARTINI qui évoquent diverses anecdotes sur la personnalité de celui qui était "fin lettré" mais se faisant passer pour "l'idiot du village". Le maire de Sampolo se souvient de sa mort en 1990: "C'est moi qui ai fait la croix de sa tombe, au cimetière de Poggiolo, et son enterrement était d'une tristesse inouïe, il n'y avait personne, ni sa fille ni ses petits-enfants."
Nous vous donnons ci-dessous la partie de cette enquête consacrée à Poggiolo et à ROSEMBLY mais il est conseillé d'acheter Marianne pour lire l'ensemble de l'article, d'autant que cet hebdomadaire est une des rares publications ne trempant pas dans la bien-pensance du politiquement correct.
Petite précision: la photo de la maison du Luccio (où vécut Oscar ROSEMBLY) qui illustre l'article est extraite de Google Maps et date de novembre 2008. En cadeau, voici une photo du même lieu actualisée car prise par Michel Franceschetti le 6 août 2021.
La découverte de manuscrits inédits de l'écrivain Louis-Ferdinand CÉLINE a provoqué une tempête dans le monde littéraire parisien... et Poggiolo est impliqué dans cet événement.
"Le Monde" de vendredi 6 août a publié un article de Jérôme DUPUIS expliquant comment viennent de réapparaître ces écrits disparus depuis 1944. Pratiquement tous les quotidiens et hebdomadaires français, et même étrangers, ont repris ces révélations.
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Des milliers de feuilles écrites par CÉLINE
Jean-Pierre THIBAUDAT, ancien critique littéraire de "Libération", est allé voir en juin 2020 Emmanuel PIERRAT, avocat spécialiste du droit d'auteur et des successions d'artistes, pour lui révéler qu'il possédait près d'un mètre cube de feuillets de la main du grand auteur antisémite. Trois romans inédits, une nouvelle, le manuscrit intégral de "Mort à crédit" et de très nombreux écrits divers font partie du lot. Le détail est décrit par THIBAUDAT sur Médiapart.
PIERRAT contacta alors son confrère François GIBAULT et Véronique CHOVIN, tous deux ayants droit de Lucette DESTOUCHES, la veuve de CÉLINE, morte en 2019. Comme il n'y eut pas d'accord entre les protagonistes, une plainte fut déposée contre THIBAUDAT qui dut remettre à la police les documents donnés ensuite aux ayants droit.
Une question se pose: où se trouvaient ces écrits depuis soixante-dix-sept ans, quand CÉLINE, sa femme Lucette et leur chat Bébert quittèrent en catastrophe Paris pour l'Allemagne le 17 juin 1944, à la veille de la libération de la capitale?
Oscar Louis Jean ROSEMBLY, né à Poggiolo le 4 avril 1909 et mort à Ajaccio le 25 septembre 1990, a fait l'objet d'une biographie dans un article publié sur ce blog le 22 novembre 2020 à l'occasion du décès de sa fille. On avait insisté sur ses origines familiales, sur sa vie de bohème et ses dernières années au village en faisant l'impasse sur l'année 1944.
Emile BRAMI, auteur d'une biographie de l'écrivain, est persuadé que ROSEMBLY s'était emparé des papiers céliniens en se faisant passer pour un résistant chargé de perquisitionner l'appartement de la rue Girardon entre le 25 et le 30 août 1944. BRAMI avait trouvé la trace d'Oscar ROSEMBLY en 1997 dans un dossier remis par le fils de l'avocat Jean-Louis TIXIER-VIGNANCOUR. Il tenta en vain de rencontrer sa fille Marie-Luce.
Le journaliste Jérôme DUPUIS rencontra Marie-Luce à Paris en 2003 puis à Corte où elle vivait mais, au dernier moment, la visite prévue dans la maison de Poggiolo fut annulée. Il vient donc de publier l'historique de cette résurrection littéraire. Il croit peu au rôle de ROSEMBLY alors que BRAMI est persuadé du contraire, ainsi que ce dernier l'a déclaré dans un entretien avec Benoît GROSSIN sur France Culture le 8 août dernier.
Qui a donc pu s’emparer selon vous des manuscrits ?
On connaît la perquisition faite par Oscar Rosembly. Elle est établie et documentée. Et Céline a accusé nommément cet homme. Oscar Rosembly, ce personnage très particulier était un proche du peintre Gen Paul, ami intime de Céline, et ils habitaient tous les trois dans le même quartier.
À cause de son nom, tout le monde croit qu'il est juif, ce qu’il n’est pas. Il appartient à une famille juive qui est arrivée en France au XVIIe siècle et qui s'est très rapidement convertie au catholicisme. Et c'est quand même un archétype antisémite, Céline, pensant qu'il est juif, lui fait faire sa comptabilité!...
Lorsqu'il y avait des rafles ou bien des patrouilles allemandes dans la butte Montmartre, Oscar Rosembly montait au quatrième étage chez Céline pour se cacher.
Cultivé, Oscar Rosembly a été assistant parlementaire d'un ministre (Camille Chautemps). Il sait, lui, la valeur de ce qu'il y a chez Céline. Il sait qu'un manuscrit de Céline est quelque chose de très important, même si à l'époque, cela n'a pas la valeur d'aujourd'hui. Il sait que littérairement, c'est quelque chose de très important. Il faut savoir aussi que lorsque Céline dit quelque chose, c'est toujours exagéré, mais qu’il y a toujours, sans exception, un fond de vérité. Donc, si Céline dit que c'est Oscar Rosembly qui l’a volé, on peut être à peu près certain que c’est lui.
Il faut noter aussi qu’Oscar Rosembly a été arrêté après la Libération (le 5 septembre 1944) pour avoir mené des perquisitions chez d'autres collabos notoires, Robert Le Vigan par exemple. Il a été arrêté et jugé pour s’être largement servi, plutôt que de faire simplement des vérifications pour la Résistance.
Que devint ROSEMBLY entre sa sortie de la prison de Fresnes et son installation définitive à Poggiolo vers 1980?
Il épousa à Paris en 1947 Mathé Eugénie Angèle GUALANDI, décédée en 1998, fille d'un bijoutier de Corte. Ils eurent une fille, Marie-Luce, qui est morte en novembre 2020, mais le mariage ne dura pas.
Dans son enquête, Jérôme DUPUIS écrit qu'il serait devenu gourou en Californie. Il semble certain qu'il soit allé un certain temps sur le continent américain.
D'après Xavier PAOLI, l'historien de Poggiolo, il aurait été employé, à sa libération de prison, dans une société de produits oléagineux. Mais il s'en faisait passer pour le directeur.
Beaucoup de Poggiolais ont cru qu'il avait été sous-préfet de la Martinique, alors que c'est sa fille qui se maria avec un représentant du corps préfectoral.
Hélène DUBREUIL raconte que ROSEMBLY distribuait des cartes de visite avec le titre de vice-consul de Suède.
Les histoires au sujet de ce personnage original sont nombreuses. Jérôme DUPUIS a certainement lu le blog des Poggiolais car il rappelle les bains de Poulo dans la fontaine, anecdote donnée par Jacques-Antoine MARTINI. Poulo était le surnom utilisé dans la famille d'Oscar, surnom devenu Paulo pour de nombreux villageois.
Le plus important est de savoir ce que Poulo avait fait des feuillets de CÉLINE. On peut imaginer qu'ils furent cachés dans la maison de Poggiolo mais ils auraient pu avoir été donnés par ROSEMBLY à une autre personne, peut-être un véritable résistant. Jean-Pierre THIBAUDAT a refusé de révéler comment il avait obtenu ce trésor littéraire. "Secret des sources", dit-il.
Quand, voici quelque temps, Alexis CHITI a fait l'acquisition de la maison, il dut, d'après Xavier PAOLI, faire sept allers-retours avec son camion pour vider le bric-à-brac accumulé par Poulo. Quelques papiers s'y trouvaient-ils encore? Toujours est-il que le mètre cube de feuillets était alors entre les mains de THIBAUDAT.
Le mystère va certainement persister. Une fois de plus, on peut constater que, dans de nombreux événements, Poggiolo et les Poggiolais sont présents !!!
Parmi les personnages assez particuliers originaires de Poggiolo, Oscar ROSEMBLY est certainement l'un des plus oubliés. Un avis de décès vient de rappeler son souvenir. Le 6 novembre, "Corse-Ma...
Disparus en 1944, des milliers de feuillets inédits de l'écrivain, auteur de " Voyage au bout de la nuit " et de " Mort à crédit ", viennent de resurgir dans des circonstances étonnantes. " Le...
Le peintre Raymond RIFFLARD a laissé de grandes traces dans les Deux Sevi et les Deux Sorru.
Cet artiste décéda à Sagone en 1981, voici quarante ans, ce qui justifie de se souvenir de lui.
Né à Paris en 1902, Rifflard était de famille continentale. Mais, à partir où, dès le milieu des années 20, il s’installa à Ajaccio, il devint parfaitement corse.
Habitant rue du Roi de Rome, il fréquenta la galerie Bassoul, lieu de rencontre de nombreux artistes corses : José Fabri-Canti, François Corbellini, Lucien Peri, le photographe Ange Tomasi, etc. Il y avait aussi Suzanne Cornillac, dont il était le voisin. Plus tard, en 1959, il fit le portrait de sa fille Catherine.
Il illustra la revue « L’Almanaccu di a Muvra» en 1927. Il fut l’auteur de nombreux tableaux de paysages montrant une Corse attachée à ses traditions avec un style pictural moderne, comme par exemple avec « La sérénade » et « Une charrette en Corse». Il signait « Raymond Rifflard » mais aussi « Raymond Rif », « Rif » ou même « R.R. ».
Signature Raymond Rif
« La sérénade » https://www.auction.fr/
« Une charrette en Corse » https://www.gazette-drouot.com
Décorateur d’églises
Il est surtout connu pour sa décoration de nombreuses églises, à Cozzano, Loreto-di-Tallano, Moca-Croce, Sollacaro, Propriano. Mais ses œuvres furent particulièrement nombreuses près de nous.
Il confectionna en 1936 dans la chapelle St Martin de Letia des fresques en prenant des habitants du village comme modèles.
A Vico, où il fit un séjour prolongé, entre 1942 et 1945, à cause de la guerre, Raymond Rifflard procéda à de nombreuses peintures murales dans l’église paroissiale. En 1955, il fut chargé de la réfection de la toiture de Sainte Lucie d’Azzana. En 1971, il décora l’église de Cristinacce et reprit les peintures de Nicolas Ivanoff à Saint Martin d’Evisa.
Il fit de même à Soccia. A St Jacques de Marignana, il restaura le décor peint par Jean-Noël Coppolani.
L’activité de Rifflard ne se limita pas aux établissements religieux. Il décora la Maison des Combattants d’Ajaccio et plusieurs bars.
Justement, il fut l’auteur, dans un bar d’Orto, de la fresque représentant le général de Gaulle en uniforme sur fond de drapeau tricolore. Cette peinture murale, mesurant 1,40 m sur 1,35 m, aurait résulté d’un défi lancé à l’artiste par Etienne Massiani, patron du Café de la Paix, à la suite du retour au pouvoir du chef de la France Libre en 1958. Cette œuvre, si originale, mériterait d’être plus connue.
Photo Ariane Chemin
Rifflard et Poggiolo
On sait encore moins que Raymond Rifflard était particulièrement attaché à Poggiolo.
Son épouse était née dans ce village le 22 février 1901. Prénommé Barbe Marie, elle était la fille de Jean André Papadacci, lui-même né à Poggiolo en 1875 mais dont la famille était originaire de Cargese. La mère de Barbe Marie, Gracieuse Martini, appartenait à une vieille famille poggiolaise.
Il n’est donc pas étonnant qu’au moins un de ses tableaux, signé « R.R. », montre une partie de Poggiolo. Il représente une petite rue très facile à reconnaître : celle qui va de l’arrière de la chapelle St Roch à la place Inghjo en longeant la maison dite «de Tatanella ». Le peintre a été très précis dans de nombreux détails que l’on retrouve car l’endroit n’a pas changé.
Un artiste si talentueux et si actif ne mériterait-il pas que les quarante ans de son décès soient célébrés avec un éclat particulier dans notre ensemble de villages ?
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blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù).
Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO. Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images. Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).