Raymond RIFFLARD, un peintre bien de chez nous
Le peintre Raymond RIFFLARD a laissé de grandes traces dans les Deux Sevi et les Deux Sorru.
Cet artiste décéda à Sagone en 1981, voici quarante ans, ce qui justifie de se souvenir de lui.
Né à Paris en 1902, Rifflard était de famille continentale. Mais, à partir où, dès le milieu des années 20, il s’installa à Ajaccio, il devint parfaitement corse.
Habitant rue du Roi de Rome, il fréquenta la galerie Bassoul, lieu de rencontre de nombreux artistes corses : José Fabri-Canti, François Corbellini, Lucien Peri, le photographe Ange Tomasi, etc. Il y avait aussi Suzanne Cornillac, dont il était le voisin. Plus tard, en 1959, il fit le portrait de sa fille Catherine.
Il illustra la revue « L’Almanaccu di a Muvra» en 1927. Il fut l’auteur de nombreux tableaux de paysages montrant une Corse attachée à ses traditions avec un style pictural moderne, comme par exemple avec « La sérénade » et « Une charrette en Corse». Il signait « Raymond Rifflard » mais aussi « Raymond Rif », « Rif » ou même « R.R. ».
Décorateur d’églises
Il est surtout connu pour sa décoration de nombreuses églises, à Cozzano, Loreto-di-Tallano, Moca-Croce, Sollacaro, Propriano. Mais ses œuvres furent particulièrement nombreuses près de nous.
Il confectionna en 1936 dans la chapelle St Martin de Letia des fresques en prenant des habitants du village comme modèles.
A Vico, où il fit un séjour prolongé, entre 1942 et 1945, à cause de la guerre, Raymond Rifflard procéda à de nombreuses peintures murales dans l’église paroissiale. En 1955, il fut chargé de la réfection de la toiture de Sainte Lucie d’Azzana. En 1971, il décora l’église de Cristinacce et reprit les peintures de Nicolas Ivanoff à Saint Martin d’Evisa.
Il fit de même à Soccia. A St Jacques de Marignana, il restaura le décor peint par Jean-Noël Coppolani.
De Gaulle à Orto
L’activité de Rifflard ne se limita pas aux établissements religieux. Il décora la Maison des Combattants d’Ajaccio et plusieurs bars.
Justement, il fut l’auteur, dans un bar d’Orto, de la fresque représentant le général de Gaulle en uniforme sur fond de drapeau tricolore. Cette peinture murale, mesurant 1,40 m sur 1,35 m, aurait résulté d’un défi lancé à l’artiste par Etienne Massiani, patron du Café de la Paix, à la suite du retour au pouvoir du chef de la France Libre en 1958. Cette œuvre, si originale, mériterait d’être plus connue.
Rifflard et Poggiolo
On sait encore moins que Raymond Rifflard était particulièrement attaché à Poggiolo.
Son épouse était née dans ce village le 22 février 1901. Prénommé Barbe Marie, elle était la fille de Jean André Papadacci, lui-même né à Poggiolo en 1875 mais dont la famille était originaire de Cargese. La mère de Barbe Marie, Gracieuse Martini, appartenait à une vieille famille poggiolaise.
Il n’est donc pas étonnant qu’au moins un de ses tableaux, signé « R.R. », montre une partie de Poggiolo. Il représente une petite rue très facile à reconnaître : celle qui va de l’arrière de la chapelle St Roch à la place Inghjo en longeant la maison dite «de Tatanella ». Le peintre a été très précis dans de nombreux détails que l’on retrouve car l’endroit n’a pas changé.
Un artiste si talentueux et si actif ne mériterait-il pas que les quarante ans de son décès soient célébrés avec un éclat particulier dans notre ensemble de villages ?
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