Le baccalauréat est un examen dans lequel parents et enfants investissent beaucoup. Il est un rite de passage essentiel vers le statut d'adulte. La charge émotionnelle est si forte que certains candidats tentent de frauder par n'importe quel moyen. Mais la tricherie est aussi vieille que les examens et le bac en a toujours été victime. Un bon exemple est fourni par le litige qui a opposé un Vicolais aux autorités académiques voici un siècle et demi.
Cet épisode a un rapport avec POGGIOLO car il concerna celui qui fut ensuite concessionnaire de GUAGNO-LES-BAINS. Un article de ce blog a déjà été consacré au conflit politique qui l'opposa en 1858 à l'évêque CASANELLI d'ISTRIA à propos de l'élection cantonale de SOCCIA.
Jean-Dominique-Antoine de la ROCCA était né le 20 décembre 1832 à VICO. Il publia en 1853, sous le nom de Jean ROCCA (plus tard, il signera Jean de la ROCCA), une "Défense devant mes compatriotes contre l'accusation de faux et substitution dans un examen de baccalauréat". A cette époque, où chaque session annuelle couronnait 3.000 nouveaux bacheliers (contre 600.000 maintenant), des fraudes existaient déjà.
ROCCA commençait son texte en reconnaissant que des fraudes aux examens existaient et qu'elles étaient légèrement punies mais c'était pour lui "une question d'honneur, une question de vie" de se défendre car en Corse "nous sommes rigoristes". Il tenait à "conserver l'estime de ses compatriotes".
UN EXAMEN À PÉRIPÉTIES
Après des études secondaires au collège FESCH d'Ajaccio, le jeune homme quitta la Corse pour Paris en octobre 1851. Il prit un professeur particulier, M. GREGOIRE, pour parfaire sa préparation. Il tomba malade et envoya le 20 décembre 1851 à la Sorbonne Jean-Baptiste COTI, un ami qui signa le registre des consignations à sa place afin d'être convoqué pour l'examen.
Le matin du 13 janvier 1852, eut lieu l'épreuve écrite de version latine. En sortant de la Faculté des Lettres, Jean montra le brouillon de la version à deux hommes de lettres qui l'assurèrent de la qualité du travail présenté.
Mais, l'après-midi, le Vicolais ne put passer l'épreuve orale à cause des différences d'écritures constatées par les responsables académiques entre les papiers officiels et la copie déposée. Il fut finalement autorisé à subir les oraux le 15 janvier. Ils se déroulèrent très correctement.
Certain d'avoir réussi le baccalauréat, Jean de la ROCCA quitta Paris le 16.
ENQUÊTE ET EXCLUSION
Mais il ne reçut pas le diplôme car l'enquête continua. En juillet, GREGOIRE fut arrêté pour avoir facilité plusieurs substitutions de candidats aux examens. Jean fut convoqué en juillet à Ajaccio pour écrire une lettre sous la dictée du recteur de la Corse. Le conseil académique de la Seine, se basant sur des différences constatées dans l'écriture de cette lettre avec la version latine rédigée à la Sorbonne, décida, le 30 mai 1853, de l'exclure de toutes les Académies jusqu'au 1er janvier 1854. L'autorisation sous condition de s'inscrire à la faculté de droit d'Aix-en-Provence fut, par la même occasion, supprimée. Pour les autorités académiques, la version latine aurait été composée par un certain BERGERON qui aurait été payé par le jeune Corse.
Jean de la ROCCA fit aussitôt appel au conseil supérieur de l'instruction publique et rédigea ce mémoire de 114 pages, truffé de certificats d'anciens professeurs et d'attestations de nombreux témoins, pour se défendre. Il y écrivait qu'il était la victime "de la vengeance d'un ennemi de ma famille", car "Lorsque deux familles se disputent l'opinion et la prééminence dans une localité, il s'ensuit des haines, des jalousies, qui prennent leur source dans la rivalité, et qui, le plus souvent, dégénèrent en basses envies et font appel aux plus lâches passions".
Ce bachelier refoulé ne précisait pas quelle était son ennemi mais il indiquait bien dans son livre qu'il était apparenté à la grande famille vicolaise des MULTEDO.
UNE CARRIÈRE FOISONNANTE
Notre documentation ne permet pas de savoir quel fut le verdict final mais, de toute façon, Jean de la ROCCA ne fit pas pas la carrière d'avocat qu'il avait caressée.
Son oncle, Giovanni MULTEDO, né vers 1793 et mort à Vico le 6 novembre 1863 sans héritier direct, légua à ses neveux tous ses biens, dont la propriété des Bains de GUAGNO. Jean de la ROCCA fut ainsi concessionnaire de la station thermale. Il était ainsi propriétaire du bâtiment de l'indigence récemment restauré.
Voir l'article Christophe va-t-il vivre dans l'indigence?
Mais il eut, jusqu'à sa mort en 1883, une abondante activité d'écrivain et de journaliste dévoué à la cause bonapartiste. Rédacteur en chef de "L'Aigle de Rodez", fondateur de "L'Avenir de la Corse", rédacteur en chef du "Patriote", il publia des articles jusqu'à la fin de sa vie.
Utilisant les papiers de son oncle, officier d'ordonnance de MURAT dans le royaume de NAPLES, il publia "Le roi Murat et ses derniers jours" en 1868, ainsi que:
"Biographie de la famille Abbatucci" en 1857,
"La Corse et son avenir" (1857),
"Mission du prêtre corse" (1858),
"A S. M. Napoléon III... en faveur de l'établissement thermal de Guagno, en Corse" (1860)
"La Corse calomniée" (1865)
"Vie du prince Pierre Bonaparte (1815-1870)" en 1870
etc., etc....
Cette activité foisonnante avait-elle pour but de compenser les fâcheuses conditions de sa prestation au baccalauréat?
La dixième édition du Festival Sorru in Musica commence dans un mois.
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Renseignements supplémentaires:
Mathieu Louis Passoni aime bien réaliser des vidéos sur la région vicolaise. Nous avions déjà vu comment il avait montré la dernière chute de neige sur les Deux Sorru.
Il vient de publier un reportage sur la Festa di a Natura qui s'est déroulée dimanche 19 mai.
Les stands des diverses activités artisanales sont bien montrés et expliqués avec plusieurs interviews.
"Il y a là bas des matins qui sont comme le premier matin du monde.
Les contours des montagnes bleues de la Sposata se détachent sur le bleu du ciel avec une telle précision, une si grande légèreté, que le temps semble arrété là, dans cette lumière touchée par la grâce. Nulle part au monde on ne la trouve, je le sais maintenant, elle est là à la fois intense et transparente, irréelle. Le silence alentour, je le connais aussi, on l’entend dans toutes les solitudes, et c’est sur lui que se referme tout amour.
Ce paysage aura toujours pour moi la force de la première image que j’ai regardée lorsque j’étais enfant, et comme la première page qu’il m’a été donné de lire. Si le sens profond de ces lignes demeure à déchiffrer, déjà se révélait à moi une présence non soupçonnée encore, déjà me bouleversait la grandeur de cette aventure toute simple qu’est le jour qui commence.
Rien n’est plus surprenant, plus inattendu que le paysage corse. Un amoncellement de pics et de ravins, de rocs énormes aux arêtes vives, blocs suspendus de granit étincelant, un excès de pans coupés, tranchants comme du métal, partout la violence, partout la démesure, et la nature arrive à composer une harmonie singulièrement légère et délicate, toute vaporeuse, comme si la matière était du voile de mousseline, l’exécution un simple jeu d’enfant. Cela tient du miracle.
L’harmonie, on la trouve partout en Corse. Ce n’est pas l’apaisement qu’elle apporte mais plutôt une sombre inquiétude, la peur de ne pouvoir satisfaire aux exigences de cette terre orgueilleuse qui voudrait transformer toute histoire en destin. "
Cette citation de Marie SUSINI est mise en introduction du site internet que vient d'ouvrir l'hôtel U Paradisu de Vico à l'adresse:
http://www.hoteluparadisu.com/
Nouveau site pour un nouvel hôtel puisque des travaux importants viennent de moderniser entièrement le bâtiment construit en 1968 route du couvent.
L'agréable mise en page et les très nombreuses photos de ce site permettent de passer facilement des chambres de l'hôtel aux menus du restaurant Saint Pierre en passant par la piscine et par une page sur l'histoire de cette institution vicolaise.
Tout montre que Jean Pierre FONDEVILLE, propriétaire et gérant de l'établissement, applique vraiment la devise de Madame de Sévigné:
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NB: nos lecteurs apprécieront certainement de voir, parmi les liens recommandés, le nom du blog des Poggiolais.
Le Président, Charles AMET, invite les membres de l'ASSOCIATION «SANTA MARIA ASSUNTA »
à une ASSEMBLEE GENERALE
Le vendredi 31 mai 2013 à 17 heures
salle de réunion de la mairie de Vico
L’ordre du jour de cette rencontre est le suivant :
« Maison Jeanne d’Arc »
Chjama à a populazione di I Dui Sorru
In u quadru di u Diplomu Universitariu « furmazione à e techniche di l’inventariu in situazione lucale » trà l’Università di Corsica è a Cullettività Territuriale, duie studiente anu in carica u travagliu di l’inventariu di u patrimoniu materiale (dà u Vesimu seculu sin’à u 1983) in u rughjone di I Dui Sorru.
Sò guagnese :
Medurio Noelle (06.19.88.27.09 circinella@live.fr)
è Leca Anna-Maria (06.28.02.21.15 leca.anna-maria@sfr.fr)
Anu principiatu à u mese d’aprile è cumpieranu à a fine di dicembre.
S’è vo avete infurmazione :
-vechji ritratti induve si vedenu e case senza scialbu per esempiu, ò vechji ritratti chi mostranu cumu era u paese in quelli tempi,
-storia di u paese,
-legende, fole, canti,
-studii parsunali…
Pudete cuntattà le.
Appel à la population des Deux-Sorru
Dans le cadre du Diplôme Universitaire « formation aux principes et techniques de l’inventaire en situation locale », partenariat entre l’Université de Corse et la Collectivité Territoriale, deux étudiantes sont chargées d’un travail d’inventaire du patrimoine bâti (du Ve siècle jusqu’à 1983) sur le canton des Deux-Sorru.
Elles sont guagnaises :
Medurio Noelle (06.19.88.27.09 circinella@live.fr)
et Leca Anna-Maria (06.28.02.21.15 leca.anna-maria@sfr.fr)
Elles ont débuté au mois d’avril et finiront à la fin du mois de décembre.
Elles sont à la recherche d’informations telles que :
-anciennes photos d’où l’on peut voir les maisons sans crépi ou qui illustrent bien le village d’antan,
-l’histoire du village,
-légendes, contes et chansons,
-études personnelles
N’hésitez pas à les contacter.
La famille de Jean-Luc CHIAPPINI recevra les condoléances à partir du dimanche 28 avril 2013, à 9 heures, à la chambre funéraire des pompes funèbres impériales, La Rocade.
La levée du corps aura lieu au même lieu le lundi 29 avril 2013 à 13 h 30.
La cérémonie religieuse sera célébrée, à 15 h, en l'église de Letia.
L'inhumation suivra au cimetière de Letia.
En signe de deuil et de respect pour sa famille, les mairies de Corse-du-Sud seront fermées le jour des obsèques, et, à cette occasion, les drapeaux seront mis en berne.
Article paru dans "Inseme" de février 2013 sous le titre "QUAND TOURNE LE MOULIN À CHÂTAIGNE". Ce moulin, le seul du haut-canton à être en activité, se trouve à Soccia, en haut du village, près du lavoir, au début du chemin qui mène à Croce Maio.
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Vacances de Noël à Soccia. Il fait beau et doux, un temps propice à faire une promenade dans le village.
Surprise! L'unique fenêtre du moulin à châtaigne est ouverte, et deux véhicules sont garés devant. Le moulin tourne. C'est si rare que je ne résiste pas à l'envie d'y faire une halte.
Sitôt la porte franchie, tous mes sens sont instantanément et simultanément en éveil. Il y a d'abord le
cliquetis régulier de l'unccinu, ce petit vibreur taillé à la main dans de la bruyère si sèche qu'elle est devenue dure comme du fer, qui transmet les vibrations de la meule à la trémie. Et puis
l'odeur et le goût de la farine fraîchement moulue, si fine qu'elle vole en suspension dans toute la pièce, envahissent mon palais et mes narines de sa douceur sucrée. Comme des fantômes
diaphanes, recouverts de farine des pieds à la tête, trois messieurs saluent mon arrivée: Finfin le meunier, et deux producteurs de Renno. Je m'assieds pour passer un moment avec eux dans ce lieu
magique.
On dirait que le temps s'est arrêté. Le moulin n'a pas changé depuis sa construction après 1870, date à
laquelle le curé de l'époque avait fait réaliser un canal d'irrigation pour le village. Dans l'unique pièce aux murs de pierres sèches, la meule et le grand coffre déjà aux trois quarts plein
occupent presque la moitié de l'espace. Avec un diamètre de un mètre quarante, c'est une des plus grosses meules de Corse. Devant la cheminée, un petit lit rappelle ces temps anciens où le moulin
tournait sans discontinuer pendant deux mois et demi, et que le meunier y restait jour et nuit à surveiller le travail.
Depuis une dizaine d'années, le meunier du village, c'est Séraphin Pozzo di Borgo, qui a pris la suite de Ceccè
Buteau, qui avait lui-même pris la suite de Simonetti. Comme moi, Finfin a envie de se replonger dans le passé. Il me raconte qu'en des temps encore plus anciens, il y
avait sept moulins à Soccia, deux dans le village même, et cinq autres répartis à différents endroits de la rivière, près de chaque pont. On peut d'ailleurs trouver encore quelques ruines çà et
là.
Entre les deux guerres, les moulins ont été abandonnés peu à peu, par manque de besoins. Après 45, la
farine blanche est arrivée à profusion, comme un nouvel or blanc. Finfin se souvient que sa grand-mère échangeait trois kilos de farine de châtaigne pour un kilo de farine blanche!
Mais la farine de châtaigne est restée malgré tout pendant longtemps un élément essentiel de
l'alimentation des villageois. Chaque famille faisait entre 80 et 100 kilos de farine par an; 10 % servaient à rémunérer le meunier, lequel reversait 10 % au propriétaire du moulin. Ainsi payé en
farine au-delà de ses besoins personnels, le meunier revendait une partie de ses stocks, ou les troquait contre autre chose. La saison durait environ deux mois et demi, car il fallait profiter du
fort débit de l'eau.
Il y a une trentaine d'années, la commune de Soccia s'est dotée d'une micro-centrale électrique qui a
capté les eaux de la rivière alimentant le moulin. En contrepartie, elle a financé l'électrification du moulin. Il n'y a donc plus aujourd'hui la contrainte de l'eau, et on est passé d'un débit
de 30 kg/heure à 60 kg/heure.
Mais n'est pas meunier qui veut! Plus j'écoute Finfin, plus je me rends compte qu'outre les capacités
techniques pour savoir régler le débit des châtaignes ou l'épaisseur de la meule, pour savoir reconnaître au bruit quand la trémie n'est plus assez pleine, ou encore décider quand on peut
accélérer le travail, la qualité supplémentaire indispensable au bon meunier est la passion.
Je lui demande ce qui fait qu'une farine sera meilleure qu'une autre, digne de se présenter aux concours
annuels. Il me répond que les critères fondamentaux sont le goût, la finesse, et la couleur. Pour le goût, il y a d'abord la qualité des greffons, mais aussi le lieu
d'implantation des arbres: sur un versant exposé au sud, la châtaigne obtenue sera plus sucrée. Ensuite, des résidus de fine peau vont donner de l'amertume. Et, enfin, il est indispensable que
les châtaignes aient été ramassées à la bonne maturité (souvent les Italiens ramassent avant maturité et cassent les bogues pour récupérer les fruits et ce n'est pas bon).
Ensuite il y a la couleur. Une farine trop rouge témoigne du fait que les châtaignes ont
été brûlées au four ou au séchoir. L'idéal est une couleur un peu crème.
Enfin la finesse. C'est son savoir-faire à lui associé à la qualité de la meule, mais là
encore, si le séchage n'est pas parfait ou que les châtaignes molles n'ont pas été bien triées, il ne pourra pas faire des miracles.
Pour finir, j'ai voulu savoir si après lui, il y aurait quelqu'un pour prendre la relève. Encore une fois,
Finfin me répond que pour être meunier, il faut vraiment être passionné. "Il y a bien un jeune du village qui est intéressé à mon travail, mais il ne suffit pas de savoir le faire juste pour
savoir le faire. Par ailleurs. l'autre véritable souci est de savoir si nos châtaigneraies ne vont pas disparaître! Elles ont survécu au chancre et à la maladie de l'encre, mais, depuis peu, le
cynips venu d'Italie s'attaque à nos forêts, et il y en a déjà dans le Niolu qui n'est vraiment pas loin".
Pascale CHAUVEAU
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Votre ancêtre a participé à la guerre de 1914-1918?
Envoyez une photo de lui à l'adresse larouman@gmail.com
Elle pourra être publiée dans notre dossier des combattants poggiolais.
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VACANCES SCOLAIRES:
du samedi 27 avril au lundi 13 mai.
Début des vacances d'été: samedi 6 juillet.
Les articles du blog se trouvent sur la page Facebook du groupe Guagno-les-Bains Poggiolo.