Il serait trop long de décrire tout l’immense travail accompli par Mgr CASANELLI d’ISTRIA dans le diocèse de Corse. Cet article le résumera rapidement. Les détails peuvent être trouvés dans l'étude publiée dans "Vico Sagone. Regards sur une terre et des hommes" (éditions Alain PIAZZOLA) sous la signature de François-Aimé ARRIGHI, ainsi que dans « Le diocèse d’Ajaccio » par François J. CASTA (éditions Beauchesne, 1974).
Une Église remise en état
Il fallait réorganiser l’Église de Corse qui avait un très grand nombre de prêtres, 1123 en 1821, parfois sans affectation et souvent très peu formés. Dès son arrivée à l'évêché d'Ajaccio fin 1833, Mgr CASANELLI suspendit les ordinations pour l’année 1834 et fit appel à l'Aixois Eugène de MAZENOD qui avait fondé en Provence les OMI (Oblats de Marie Immaculée). Il en avait fait la connaissance grâce au cardinal d'ISOARD, lui aussi originaire d'Aix-en-Provence.
Celui qui allait bientôt devenir évêque de Marseille lui envoya le Père Hippolyte GUIBERT, supérieur de la communauté de Notre-Dame du Laus (Hautes-Alpes) et futur archevêque de Paris, qui devint vicaire général, fonda le grand, puis le petit, séminaire et insista sur la formation du clergé. Il quitta la Corse en 1841.
Mgr CASANELLI acheta l’ancien couvent de Vico en 1836 et l’offrit aux oblats d’où ils purent rayonner sur l’île.
Mgr CASANELLI imposa le port de la soutane, inconnue jusqu’alors en Corse. La carte des paroisses fut revue et des églises construites : 47 entre 1840 et 1870, dont l’église de Vico. Un bas-relief en bronze placé sur la base de la statue de Xavier-Toussaint-Raphaël CASANELLI à Vico, du côté du restaurant « A Piazza », représente d'ailleurs une bénédiction d’église.
L’importance de l’éducation
L’instruction fut une de ses priorités de l’évêque. Il fit ouvrir de nombreuses écoles tenues par des instituts religieux. Ainsi, fut créé l’Institut Ste Marie de Vico qui devint l’école Jeanne d’Arc en 1907 et est devenue une maison de retraite. Les Frères des Écoles chrétiennes ouvrirent une école de garçons à Vico.
L’œuvre morale
La grande œuvre de Mgr CASANELLI d’ISTRIA fut la rénovation morale des mœurs. Il fut grandement aidé par le charisme du Père ALBINI, oblat lui aussi envoyé par Mgr de MAZENOD. Les prêtres expliquèrent aux couples concernés en quoi le concubinage était un désordre moral. En deux ans, 2.000 unions furent légitimées à l’église.
Contre la vendetta
La lutte contre le banditisme et la vendetta fut acharnée. Santu ne voulait plus de ces « ruisseaux de sang humain » provoqués par les homicides qui étaient d’environ 200 par an, avec une pointe de 833 en 1849 et 1850. Il n’hésitait pas à se rendre lui-même sur place, comme à Moca où le curé avait été assassiné en pleine messe. Il obtint des succès marqués par de véritables traités de paix entre les familles qui se déchiraient.
Sur la base de la statue de Vico, côté du magasin Casalta, un second bas-relief représente l’évêque s’adressant aux familles MASSONI et PICCINI de Marignana dont la vendetta aurait fait une soixantaine de morts. Elle prit fin à la suite de cette intervention.
Une forte personnalité
Le problème de Mgr CASANELLI était son indépendance d’esprit qui lui faisait prendre des positions tranchées, ce qui était maladroit avec les personnalités politiques.
Alors qu’il était en bons termes avec la famille BONAPARTE, connue lors de son séjour à Rome, les relations se dégradèrent sous le règne de Napoléon III. L’évêque, si opposé aux unions illégitimes, refusa d’appuyer la demande d’annulation du mariage d’un cousin de l’empereur. Il fit même campagne contre le candidat officiel du gouvernement lors de l’élection cantonale de Soccia en 1858. Voir le détail dans l’article « Battue de prêtres » dans le canton de Soccia.
Enfant de Vico, Xavier-Toussaint-Raphaël CASANELLI d’ISTRIA décéda au couvent de Vico, après une brève maladie due à un refroidissement, le 12 octobre 1869.
Ainsi s’acheva la vie d’une grande figure de l’Église de Corse.
Chambre mortuaire de Mgr Casanelli au couvent de Vico.