La source de la Goccia n’a pas eu la même célébrité que les thermes de Guagno-les-Bains mais elle a toujours été mentionnée dans les guides touristiques et dans les livres présentant la Corse.
François VAN CAPPEL de PRÉMONT, dans son étude «Guagno-les-Bains à travers la petite histoire du thermalisme», précise que les deux sources ont des compositions chimiques similaires: «toutes deux présentent des eaux à dominante sulfatée sodique, chlorurée et carbonatée, de minéralisation peu élevée (0,3 g/j) mais de teneur en silice considérable (30 à 35 % de la minéralisation)».
La Goccia était toujours mentionnée comme ayant un débit d’un peu plus 6 litres à la minute avec une température de 37°, l’eau de Venturino ayant 49° et coulant à la vitesse de plus de litres à la minute.
Par contre, leurs vertus étaient légèrement différentes. Si l’eau de la grande source était bonne pour de nombreuses maladies, la Goccia était plus spécialisée, comme l’écrivit Jean de la ROCCA dans «La Corse et son avenir» (1857): «les effets de ces eaux sont merveilleux pour la guérison des organes les plus délicats, les yeux, les oreilles, toutes les parties de la face qui peuvent être affectées, et surtout elles opèrent des cures admirables dans les maladies de la vessie». De nombreux écrits reprirent les mêmes termes et précisèrent souvent, pour la face, que ces qualités se faisaient sentir surtout sur la gorge et le larynx. On ajoutait souvent les blessures par armes à feu.
Le bâtiment qui recevait cette source a été construit en plusieurs étapes.
De 1808 à 1810, un bassin circulaire fut édifié par le conseil général du département. François VAN CAPPEL de PRÉMONT en donne le plan et la reconstitution.
Il fut reconstruit entre 1816 et 1818. En 1826, lui fut accolée une petite pièce moins haute que la première et qui était destinée au traitement des yeux et des oreilles. Ainsi s’explique le décalage entre les deux parties du toit de la Goccia.
L’eau arrivait par une gargouille en granit dans la salle à la baignoire circulaire carrelée en bleu. Plusieurs marches permettaient de descendre progressivement dans l’eau chaude et de s’asseoir dans le bain.
Une partie de l’eau était dirigée dans la partie plus récente par un conduit en maçonnerie. Le long du mur de séparation, un plan, également en granit, avait été creusé pour permettre l’écoulement. Son rebord était percé et permettait d’avoir deux filets d’eau pour asperger les organes affectés et pour remplir des bouteilles.
L’eau partait ensuite dans un canal à ciel ouvert qui rejoignait le ruisseau.
L’entrée de la partie fontaine était ouverte ou barrée par une simple barrière, ce qui permettait à chacun de venir librement et gratuitement profiter des bienfaits de l’eau sulfurée.
Les buveurs étaient nombreux.
Alors, pourquoi la Goccia est-elle maintenant abandonnée ?
(à suivre)