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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 18:00

 

Il existe des prénoms spécifiques à la Corse et, contrairement à ce qui est communément admis, ils ne sont pas tous liés aux noms de saints.

La démonstration en a été fournie par l'analyse du dernier livre de Philippe OLLANDINI publiée dans le Corse-Matin du 7 juin 2023.

L'article présenté aujourd'hui complète les deux articles récents sur l'origine des noms de famille corses: 

Di quale si?

et

Les Franceschetti existent-ils?

 

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Comment les Corses nommaient leurs enfants au Moyen-Age

par Paule SANTONI

 

Les saints, les apôtres et la religion en général constituaient une source d'inspiration majeure. La littérature, la nature, la géographie et les préoccupations professionnelles faisaient aussi identité. C'est ce qu'explique Philippe Ollandini dans un ouvrage dense et très bien documenté.

De A comme Abra à Z comme Zuaninco en passant par Amoroso, Argentuccia, Battista, Calzone, Federico, Grisgione ou encore Padovano, Jovani, Sansonetto, Tiberio et Zerbino. Ces noms, comme plus de deux mille autres, collent à la peau des Corses du Moyen-Âge. Un petit stock onomastique qui révèle des parents de jadis, inspirés et en quête d'une certaine originalité.

 

La construction des prénoms corses

 

LIRE AUSSI. Roger Miniconi : "Certains toponymes du littoral de Corse remontent au Néolithique"

Il a été constitué par Philippe Ollandini dans son ouvrage Le nom de personne en Corse à la fin du Moyen-Âge (ed Alain Piazzola). L'approche s'inscrit dans le périmètre formé par les registres de la Taglia - l'impôt direct - établi par les percepteurs génois de 1537. "Ces documents font état de 19 992 ''feux''. Et seuls les noms des chefs de ''feu'', en majorité des pères de famille, sont recensés", précise l'auteur.

 

Le début de "l'état des âmes" de Poggiolo en 1636 donne une idée des difficultés à déchiffrer les vieux manuscrits.

Le début de "l'état des âmes" de Poggiolo en 1636 donne une idée des difficultés à déchiffrer les vieux manuscrits.

 

 

"Jovanni" en tête

En règle générale, l'identité de chacun passe par un nom unique. Le principe comporte toutefois son lot d'exceptions. Celles-ci sont alors déterminées par l'ajout d'un "deuxième élément". La désignation complémentaire, très en vogue en Balagne notamment, fait appel au nom du père ou de la mère, à l'origine géographique ou autre. Certains individus se démarquent en ayant, "leur nom précédé ou suivi de la désignation de leur statut social, comme prete, capitano, gentilhomo ou bien de leur activité professionnelle spécifique, telle que maestro. D'autres, décédés ou absents voyaient parfois leur nom cité dans le cadre de leur parenté avec le désormais chef de ''feu'', dès lors désigné par une périphrase", développe Philippe Ollandini.

Cette fois, c'est à partir des rapports familiaux qui s'articulent entre eux que l'identité est construite. On est la femme, la veuve, l'orphelin ou l'orpheline de quelqu'un. Comme Gallina vedua / veuve de Fratone, ou encore Lanciano, orfano / orphelin di Manuello. La parentèle sert donc de caractéristique.

Au-delà, les parents médiévaux semblent donner en priorité à leurs enfants le nom d'un chrétien de renom qui les a précédés dans la foi, au point de créer des situations "d'hégémonie onomastiques". Une façon sans doute, de rendre hommage à son apôtre, à son saint de prédilection, tout en s'attirant ses bonnes grâces à une époque où l'Église et les ordres religieux travaillent à la dévotion populaire et au rayonnement des grandes figures de l'Ancien et du Nouveau testament. Dès lors, une mode se crée. Du nord au sud de l'île, on croise, entre autres, des Adamo, Moise ou Salamone, des Lazzaro, Marco, Petro / Pero ou Simone, Francesco, Matteo ou Terramo et Quilico. Certains noms, du type Angelo / Angiolo, Gabriello ou Michele / Micaello sont liés à l'expression de la dévotion chrétienne, d'autres à celle de la piété, à l'image d'Agnello, Cristiano, Pasquale ou Pelicano / Policano. Il y a aussi des Bambino, Gasparo ou Novella.

Mais, c'est Jovanni qui figure en tête du hit-parade. "Et ce succès de Jovanni en Corse se vérifie aussi dans le temps, lui conférant ainsi une longévité remarquable - toujours à la première place - au moins depuis le XIIIe siècle",constate l'auteur. On aime le nom, ses dérivés, 55 au moins au total, ainsi que ses composés.

 

Des loups et des ours

À un degré moindre, la littérature antique et médiévale fait également son effet sur les esprits cultivés. Les noms seront alors chargés de mythes, de légende et d'humanité glorieuse. Les Alessandro, Arrigo, Cesare / Cesaro, Federico, Lovico, Marcantonio Zinevra, Achille, Ettore, Priano, Chiaramonte, Fioravanti, Manetto, Oliveri, Lancialetto délivrent un message fort.

Certains parents font le choix de se réfugier dans la géographie ou de puiser dans un registre professionnel. Au XVIe siècle, on peut très bien s'appeler Cruzino, Appietuccio, Luri, Casanova ou bien Baccialeri et Taglioferro.

Du surnom au nom, il n'y a qu'un pas très vite franchi aussi. Le mouvement produit des Asinello, Riccione et autres Calcagno, Manodritta, Perfetto et Buffone.

 

Il arrive encore que la recherche du prénom passe par la faune et la flore. Ce qui donne forme à des Giglio, Provinca, Rosa, Silvestro, Garofalo, ou encore Lupo et Orsu.

L'originalité est plus marquée s'agissant des femmes. Par définition, elles n'ont pas à assurer la continuité de l'identité familiale. Dans ces conditions, toutes les fantaisies ou presque sont permises.

Les noms des hommes, en revanche, se transmettent de grand-père à petit-fils. Les idées saugrenues sont donc proscrites.

Ces noms auront des fortunes diverses. Certains s'éteindront, d'autres subiront quelques modifications et d'autres encore traverseront les siècles intacts. Leur trajectoire sera alors aussi celle de noms de famille.

 

Le nom de personne en Corse à la fin du Moyen-Âge. Étude du système anthroponymique et des noms, Philippe Ollandini, 383 p, ed Alain Piazzola.

 

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