D'une certaine façon, l'année 1931 s'est terminée comme commence l'année 2021: par un couvre-feu et une forte limitation des déplacements.
Il y a presque quatre-vingt-dix ans, le 13 novembre 1931, les journaux publiaient le communiqué officiel suivant émanant des autorités gouvernementales françaises:
Transcription du texte de l'article:
"Si l'état de siège n'a point été proclamé, comme on l'a dit, la circulation des habitants et des automobiles est, du moins, strictement réglementée. A 21 heures, dans les villages de Sari-d'Orcino, domaine de Spada; de Guagno et de Vico, domaine de Caviglioli, au Nord d'Ajaccio; de Guitera, où opérait Bornéa, et Palneca, où opérait Bartoli, à l'Est du chef-lieu, tout le monde doit avoir regagné son habitation.
Quant à la circulation des automobiles, elle est plus rigoureusement encore réglementée. Ne peuvent franchir les postes de gardes, installés sur toutes les routes, que les automobilistes dûment autorisés. Les consignes, données aux gardes, sont extrêmement sévères. En aucun cas, un garde ne peut circuler seul et tous doivent être constamment armés. Dans les secteurs où les bandits se sont réfugiés, gardes et gendarmes ont l'ordre de tirer sur toute personne qui ne s'arrêterait pas à la première sommation. Telle est la rigueur des consignes."
A partir de ce 12 novembre 1931, tous les habitants de Sari d'Orcino, de Guagno et de Vico étaient confinés à 21 heures. Poggiolo, Guagno-les-Bains, Soccia et Orto étaient également concernés. En complément de ce couvre-feu, un contrôle strict (on ne disait pas encore "drastique") de la circulation automobile était institué.
Quelle était l'épidémie à combattre?
Maladie qui empoisonnait la Corse depuis longtemps, le banditisme avait connu une puissante poussée en 1931, illustrée par l'attaque le 17 août des hôtels de Guagno-les-Bains par la bande de François CAVIGLIOLI. Un curiste avait été tué. Le 2 novembre, une bataille rangée entre gendarmes et bandits à Balogna avait fait trois morts et trois blessés.
Le gouvernement dirigé par Pierre LAVAL envoya, selon un plan en fait élaboré depuis de nombreux mois, une armée de près de 600 gardes mobiles, avec auto-mitrailleuses et équipement de campagne, ... ainsi que de nombreux journlistes.
Débarquées le 8 novembre, les forces de l'ordre se concentrèrent sur le foyer d'infection le plus important (on ne disait pas alors "cluster"), c'est-à-dire les Deux Sorru, les Deux Sevi, la Cinarca et le Cruzzini.
Cette "épuration du maquis" dura pratiquement un mois. Le récit quotidien en a été donné sur ce blog à partir de trois journaux continentaux de l'époque (Le Petit Provençal, L'Humanité et l'Action Française) dans une série de 40 articles parus à partir du 3 novembre 2011.
Vous pouvez les lire l'un après l'autre à partir de celui intitulé:
LES 80 ANS DE L'ÉPURATION DU MAQUIS. Explications et méthodologie
Vous pouvez également suivre le lien L'épuration du maquis mais les articles y apparaissent dans l'ordre chronologique inverse.
Nous reviendrons plus tard sur ce fait majeur de l'histoire corse du XXe siècle.
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