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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 07:08

 

 

TOUTES NOS CONDOLÉANCES.

 

 

Nouveau deuil à Soccia
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30 septembre 2022 5 30 /09 /septembre /2022 13:41

 

L'expédition guagnaise de 1892 qui s'est soldée par la mort de deux gendarmes (voir les articles précédents) se termina par un grand procès.

 

 

DE LOURDES PEINES

 

Du 20 au 27 juin 1893, comparurent 44 accusés à la Cour d'Assises de Bastia. Une cinquantaine de témoins donnèrent des versions très différentes selon leur parti. La défense était assurée par Me AGOSTINI, Me de CARAFFA et Me Hyacinthe de MONTERA.

 

Le maire de Guagno et le père du candidat furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, sept Guagnais reconnus coupables eurent 15 à 20 ans de bagne en Nouvelle-Calédonie (dont certains ne revinrent jamais) et une dizaine d'autres écopa d'une peine de 3 à 10 ans. Le plus jeune, LECA dit LICONE, mineur au moment des faits, passa 5 ans en Guyane et composa une chanson sur ce séjour forcé.

 

La presse donna un large écho au procès, comme le montre la première page du "Petit Bastiais", qui donne même un  plan du tribunal.

 

tribunal 1893

 

 

  L'affaire avait eu aussi des répercussions sur le continent et même à l'étranger.

 

 

DANS LA PRESSE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE

 

  En 1894, dans "La Revue de Paris", Maurice JOLLIVET publie une étude de dix-huit pages sur la Corse. Il décrit l'affaire de Soccia et la considère comme "la synthèse des élections corses où s'épanouissent dans toute leur beauté la surexcitation des appétits, le dédain de la loi et du droit, le culte exclusif de la force". Il trouve que "le jury ne se montra pas impitoyable". D'ailleurs, "les accusés pouvaient invoquer, à leur décharge, un état d'esprit général qu'ils n'avaient pas créé, qui préexistait de longue date aux événements de Soccia, que les politiciens de haut vol se plaisent à entretenir pour leur plus grande gloire, et qui fait du département insulaire, en temps d'élection, - en tout temps même - un foyer d'agitation et de troubles."

  Réaction typique des hommes de plume qui prirent plaisir à renforcer la légende noire de la Corse.

 

 

  L'affaire fut connue très loin, y compris aux Etats-Unis, dans la Ohiopetite ville de LOGAN (Ohio) où le journal local "The Ohio Democrat" du 9 décembre 1893 reprend un article de la "Contemporary Review" intitulé "Une petite difficulté" ou "Comment les journaux corses suppriment les nouvelles".

 

  Sans l'exprimer franchement, ce texte contient des insinuations sur les pressions qui peuvent exister sur l'exercice de la justice dans l'île.

 

  Le rédacteur remarque que le premier compte-rendu du quotidien bastiais "occupait environ sept pouces d'une colonne". Mais, "le lendemain, le rédacteur en chef avait eu le temps de réfléchir (ou peut-être a-t-il reçu un avertissement sérieux) et, dans un article de trois pouces de long, il y avait cette correction importante: "Il semble que nous n'avons pas eu raison de dire que c'était le maire de Guagno qui avait donné l'ordre de tirer sur les gendarmes". Le troisième jour, il y eut seulement deux lignes: "à la suite de la malheureuse affaire de Soccia, il est probable que le maire de Guagno enverra sa démission".

 

Salut! C'est tout: J'ai pris le journal pendant une semaine, car j'étais curieux, de voir comment l'affaire se terminerait, mais il n'y avait plus rien, apparemment aucune enquête, aucune poursuite des délinquants".

 

 

 Un autre journal américain, le "Boston Evening", décrivit beaucoup plus tard le destin de l'un des acteurs du drame: Jean-Charles CAVIGLIOLI, dit CARLONE, l'un des Guagnais les plus excités et qui tira sur le gendarme FERRAUDET.

Cette petite dépêche fut publiée le 29 décembre 1898 et s'intitulait: "Un célèbre bandit Corse capturé" (âmes sensibles s'abstenir).

 

Boston 1898
Traduction:

  "Jean CARLONE, le bandit le plus remarquable de la Corse, et qui est depuis six ans la terreur des cantons de Soccia et de Vico, a été capturé après un combat dans lequel plusieurs gendarmes et le bandit ont été blessés. En 1892, Carlone avait tué deux gendarmes qui tentaient de l'arrêter lors de l'élection de Guagno. Récemment, en se querellant sur un partage du butin, il a poignardé un autre bandit en plein cœur, et il lui coupa la barbe qu'il porta comme un trophée sur sa poitrine. Carlone a un palmarès de dix meurtres atroces. Il a été trahi par ses camarades, qui avaient été écœurés par ses brutalités."

 

(à suivre)

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29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 07:11

 

LA RIPOSTE DU MAIRE DE SOCCiA


    (suite du récit publié dans "Le Journal de la Gendarmerie" du 21 juin 1893)

 

   A la nouvelle que que les Guagnais en armes marchaient sur Soccia pour faire modifier les résultats des élections, une inquiétude bien légitime s’était emparée de des habitants du village, et le maire, pressé de tous côtés, se décida à prendre un arrêté interdisant à tout individu armé de pénétrer dans la commune et de se tenir à une distance moindre de 200 mètres de la maison d’école où devait se tenir le bureau de recensement, réunion qui n’avait pu avoir lieu à l’heure fixée, le procès-verbal de Guagno notamment n’étant pas arrivé.

 

   Il alla lui-même afficher cet arrêté sur le mur de la maison Ottavioli situé à 80 mètres du village, et en remit une copie à la gendarmerie en l’invitant à en assurer l’exécution.


    Les gens de Guagno étaient encore à la fontaine Saint-Marcel lorsqu’ils apprirent l’existence de cet arrêté. L’un d’eux, Caviglioli (Jean-Charles), dit Carlone, s’écria aussitôt: “J’en ferai des bourres pour mon fusil”, et un autre, Casanova (Jean-Toussaint), s’empressa, suivant l’expression employée par un témoin, de rafraîchir son fusil, c’est-à-dire de le décharger pour en renouveler la charge.

 

   Enfin, vers deux heures, Poli, dit Formiculello, le maire de Guagno et Pinelli (Jean-Antoine) ayant rejoint leurs concitoyens, ceux-ci furent disposés en colonne par trois. Les hommes armés marchant en tête, puis Poli, dit Formiculello, et le maire de Guagno ayant repris leur place au premier rang, à côté de Poli (Antoine-Joachim), cette colonne reprit sa marche en avant.

 

 

LES GENDARMES S’INTERPOSENT


   gendarmes 1892    La brigade de Soccia ne comprenait que le gendarme Sala, commandant par intérim en l’absence du brigadier, et les gendarmes Ferrandet, Pisella et Jourdan; mais celui-ci, qui s’était foulé le poing la veille, était incapable de tout service. En recevant l’arrêté municipal, Sala avait ordonné à ses hommes de se mettre en tenue de résidence et revêtit lui-même cette tenue qui ne comporte que le revolver.


    Il se dirigea ensuite avec Pisella au-devant des Guagnais. Les ayant rencontrés à environ 200 mètres de la maison d’école, Pisella serra la main aux chefs, les engageant au calme et les invitant à respecter l’arrêté du maire.


   Leca (François-Xavier) et Poli, dit Formiculello, ayant demandé à lire ce document, ils s’avancèrent tous jusqu’à la maison Ottavioli; mais, après avoir pris connaissance de l’arrêté, le maire de Guagno s’écria: “Ni cet arrêté, ni les gendarmes, ni les habitants de Soccia ne nous empêcheront d’entrer dans le village, et le sang coulera”, et au cri “En avant”, aussitôt poussé par Poli (Antoine-Joachim), succéda le même cri poussé par Caviglioli (Jean-Charles), qui tout en brandissant son fusil prenait place lui aussi à la tête de la colonne.

 

 

  LA POUDRE PARLE


    Celle-ci s’ébranla de nouveau, entraînant les gendarmes Pisella et Sala qui, les bras tendus, s’efforçaient de l’arrêter. Les deux agents de la force publique venaient d’être refoulés jusqu’à 20 mètres de la maison d’école, lorsque survint le gendarme Ferrandet; à son tour il engagea vivement les Guagnais à déposer leurs armes, et il venait à peine de proférer les mots: “Nous mourrons plutôt que de ne pas faire notre devoir”, que Poli (Antoine-Joachim) commandait: “En tirailleurs”, et qu’une autre voix, qui, d’après le gendarme Pisella, ne serait que celle du maire de Guagno, commandait “Feu de peloton”.

 

   En commandant: “En tirailleurs”, Poli (Antoine-Joachim) s’était armé d’un revolver, et, pendant qu’il faisait feu, Caviglioli Jean-Charles, de son côté, épaulait son fusil et pressait la détente. Il avait visé le gendarme Ferraudet qui tomba inanimé, son revolver à la main, mais sans en avoir fait usage, frappé par deux balles au cou et à la poitrine. Une vive fusillade suivit ces deux premières détonations. Le gendarme Sala s’affaissa à son tour, déchargea son revolver sans résultat, et expira peu d’instants après. Il avait reçu plusieurs projectiles à la cuisse et à la hanche. Quant à Pisella, il n’a échappé à la mort que parce qu’il était mêlé aux Guagnais, qui ne pouvaient faire feu sur lui sans s’atteindre entre eux.


    Sur les cinquante-deux hommes qui avaient quitté Guagno pour se rendre à Soccia, six, dont deux parmi eux qui étaient armés, s’étaient éloignés de la troupe avant d’arriver dans cette dernière commune. Les quarante-six autres ont tous pris part aux faits criminels dont ils ont aujourd’hui à rendre compte à la justice.


    Les débats commencés le 20 juin, se sont terminés le 27. Les principaux accusés ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

 

(à suivre)

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26 septembre 2022 1 26 /09 /septembre /2022 18:00

 

Qui connait le drame sanglant du 26 septembre 1892 à Soccia? Voici 130 ans, pour une simple querelle électorale, une expédition armée de Guagnais se heurta violemment dans ce village à des gendarmes dont deux furent tués.

 

Cette affaire eut une telle ampleur qu'elle va faire l'objet de six articles dans ce blog. 

 

Pour la conter sans oublier ou déformer des détails, le plus simple est de reprendre l'article très documenté paru dans le numéro 1718 (21 juin au 1er juillet 1893) du "Journal de la gendarmerie" au moment du procès des responsables de l'affrontement. Evidemment, les commentaires sont ceux des représentants des forces de l'ordre de l'époque.

 

Afin d'en faciliter la lecture, l'animateur du blog a placé des inter-titres qui ne se trouvaient pas dans l'article originel.

 

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COUR D'ASSISES DE LA CORSE

 

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MEURTRE SUR DEUX GENDARMES
 


    La Cour d'assises de Bastia juge en ce moment les assassins des gendarmes Ferradet et Sala, de la brigade de Soccia (2° compagnie de la Corse). Les accusés, qui appartiennent tous à la commune de Guagno, sont au nombre de quarante-six.
    A aucune époque, dit "Le Petit Bastiais", on n'a vu comparaître devant la Cour d'assises de la Corse autant d'accusés à la fois. Le retentissement  qu'ont eu les faits de cette cause a été très considérable; on ne saurait trop déplorer la mort de deux braves soldats de la loi, qui ont poussé la consigne jusqu'à l'abnégation et peut-être même jusqu’à la témérité.
    L'acte d'accusation, que nous reproduisons en partie, donne une singulière idée des mœurs corses lorsqu'il s'agit de procéder à des élections.

 

 


UNE ÉLECTION ÂPREMENT DISPUTÉE 

  
     Le 25 septembre 1892, on avait procédé aux élections pour le conseil d'arrondissement dans le canton de Soccia, qui compte quatre communes: Soccia, Guagno, Poggiolo et Orto. Deux candidats étaient en présence: le sieur Pinelli (Philippe) de Poggiolo, et Poli (Antoine-Joachim), de Guagno. Ce dernier avait obtenu plus de suffrages que son concurrent à Guagno, Soccia et Poggiolo, mais la majorité acquise au sieur Pinelli à Orto était plus que suffisante pour modifier le résultat final et assurer son élection.


    Empêcher la proclamation du résultat d’Orto, tel fut le parti auquel on s’arrête dans le camp Poli, et voici comment on procéda. Pendant le dépouillement et alors que le président du bureau électoral d’Orto sur les 85 bulletins trouvés dans l’urne en avait déjà lu 76, dont 55 portant le nom de Pinelli et 21 seulement celui de Poli, un membre du bureau,  partisan de celui-ci, le sieur Battesti, qui avait eu soin de réunir sous sa main tous les bulletins déjà lus, les jeta de nouveau dans l’urne, puis s’emparant de la feuille de pointage et de la liste d’émargement les déchira.


 

 

Carte postale: farandole pour l'élection du maire de Guagno en 1907.

Carte postale: farandole pour l'élection du maire de Guagno en 1907.

 

LA TROUPE SE FORME


    Le bureau de recensement devait se réunir à Soccia le 26 à 10 heures du matin. Ce jour-là, dès 6 heures, Poli (Antoine-Joachim), assisté de son père Dominique-Mathieu, dit Formiculello, rassemblait chez lui, à Guagno, ses partisans, leur distribuait des armes, de la poudre et des balles, en leur disant: “Ecoutez-moi, et je réponds de tout”.   

 

    Une heure après, une bande de cinquante-deux hommes dont trente-quatre armés de fusils quittait Guagno, se dirigeant vers Soccia. Elle avait à sa tête Poli (Antoine-Joachim), marchant à pied, et son père Formiculello, ainsi que  Leca (Jean-François), maire de Guagno, ces deux derniers à cheval. Elle fit une première halte à Poggiolo, chez le maire, où l’on servit à boire à ceux qui la composaient, pendant que Leca (François-Xavier), Poli, dit Formiculello, et Pinelli (Jean-Antoine) se rendaient aux bains de Guagno pour conférer avec leurs amis politiques.                              


    La troupe des Guagnais, reprenant ensuite sa marche, alla attendre le retour de ses trois délégués à la fontaine Saint-Marcel, à 1.200 mètres de Soccia.

 

(à suivre)

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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 18:04
Bilan des signatures

 

 

L'élection présidentielle se déroulera dans moins d'un mois entre douze candidats. Plusieurs ont obtenu les signatures d'élus dans les derniers jours. Le blog avait fait un premier bilan de ces présentations le 17 février.

 

Finalement, pour quels candidats ont signé les élus de notre partie de la Corse? 

 

pour Yannick JADOT:

François COGGIA, maire de Coggia

Mathieu CECCALDI, maire de Marignana

 

Pour Jean LASSALLE: 

Jean-François BARTOLI, maire de Soccia

Nicolas RUTILY, maire d'Orto,

Xavier POLI, maire de Rosazia,

Jean-Pierre GIORDANI, maire de Salice

Christian Jean Joseph ANGELINI, maire d'Arro

Pierre NEBBIA, maire de Lopigna

 

pour Emmanuel MACRON:

François COLONNA, maire de Vico

 

pour Valérie PECRESSE:

Michel PINELLI, maire de Sari d'Orcino

le député Jean-Jacques FERRARA

 

pour Eric ZEMMOUR:

Paul-Joseph COLONNA, maire de Guagno

 

Le maire de Poggiolo n'a donné sa signature à aucun candidat.

 

 

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18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 18:00
Les étoiles de Jean-Pi

 

A la suite du décès de Jean-Pierre OTTAVI le 4 février, Pascale CHAUVEAU a publié dans "Corse-Matin" du 17 février un touchant article qui rappelle bien comment Jean-Pi était un exemple de joie de vivre et combien il était important dans l'animation des soirées d'été à Soccia.

 

Les étoiles de Jean-Pi
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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 18:00

 

Le grand souci des potentiels candidats à l'élection présidentielle est d'obtenir 500 signatures d'élus qui acceptent de les présenter.

 

ATTENTION! Les journalistes (et de nombreux hommes politiques) parlent de "parrainages" alors que la loi électorale utilise le terme de "présentation". La différence est importante car on peut "présenter" quelqu'un sans le soutenir. Mais être son parrain évoque un lien étroit.

 

Toujours est-il que les maires sont très sollicités dans tous les départements.

 

Quelle est la situation dans notre coin de Corse?

 

D'après la liste publiée le 17 février par le Conseil Constitutionnel, deux maires du haut-canton ont signé dès le 8 février: Jean-François BARTOLI, le maire de Soccia, et  Nicolas RUTILY, celui d'Orto. Ils ont décidé de présenter Jean LASSALLE. Le député des Pyrénées Atlantiques, homme de terrain qui connaît bien le monde rural, est d'ailleurs le candidat qui a reçu le plus de soutiens (30 signatures) parmi les élus corses qui donné leur signature. Ayant atteint les 500 présentations, il vient d'être reconnu officiellement comme candidat.

 

 

Jean Lassalle à l'Elysée, montage publié sur le site lindependant.fr

Jean Lassalle à l'Elysée, montage publié sur le site lindependant.fr

 

François COLONNA, maire de Vico, s'est déterminé pour Emmanuel MACRON et le député Jean-Jacques FERRARA, fidèle à son camp, a opté pour Valérie PECRESSE.

 

Toujours dans les Deux Sorru, Le maire de Coggia, qui se nomme François COGGIA, a signé pour Yannick JADOT.

 

D'autres signatures viendront-elles de Sorru in sù? La clôture sera le 4 mars. Mais tous les élus ne sont pas obligés de participer à ces présentations.

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 07:13

 

 

TOUTES NOS CONDOLÉANCES,

 

 

particulièrement à Ketty, Antoine et Pascal.

 

Décès de Joséphine OTTAVI
Décès de Joséphine OTTAVI
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14 janvier 2022 5 14 /01 /janvier /2022 18:00

 

 Charles DEBBASCH qui vient de décéder a écrit plusieurs textes sur la Corse et plus précisément sur notre pieve.

 

Le texte suivant est extrait d'un de ses livres (et republié dans son blog). En dehors de la critique du passéisme des nationalistes (avec laquelle on peut ne pas être d'accord), il y a là une description des paysages des Deux-Sorrù, des faux espoirs de Guagno-les-Bains (au sujet desquels l'auteur semble confondre établissement thermal et hôtel) et des changements dus à la modernité. C'est à lire. Ensuite, chacun peut en penser ce qu'il veut.

 

[10/08/2007 11:03]
LE PROBLEME CORSE

LE PROBLEME  CORSE                                            

 CERVEAUX DECHIRES

 

je publie à nouveau ce texte écrit en 2003 et qui a gardé toute son actualité

 

LES FLAMBEAUX DE CONTINUITE

Le lendemain, il n’était plus question de paroles mais de réalités. Je m’étais enfoncé dans la vallée de Vico. J’avais quitté les roseaux marécageux et les eucalyptus enivrants et je m’étais engagé dans la plaine puis dans la montagne. Lacet après lacet, je m’évertuais à rejoindre ma cible. Impatient et téméraire, je forçais quelque peu sur l’accélérateur pour atteindre plus vite mon but. La nature se faisait plus sauvage. Les chênes verts s’étaient teintés de noir et dessinaient des ombres inquiétantes. Trois sangliers égarés veillaient la dépouille de l’un des leurs qui avait voulu se frotter de trop prés à la civilisation automobile. Puis Soccia apparut, sorte d’île dans ce cirque de montagnes majestueux. Les pierres stables et ardentes de monotonie et le village pareil à lui-même donnaient l’impression de l’immobilité. Et, pourtant, je ne pouvais m’empêcher, en progressant dans une lente procession dans les rues en colimaçon du village, ébloui par la majesté des massifs environnants, de ressentir des idées contradictoires s’entrechoquer dans mon esprit.


Voilà vingt ans, la télévision ne pénétrait pratiquement pas ici. Zone d’ombre disaient les techniciens de TDF. Dominique, sorte de tonton flingueur, recréait sa vie à sa façon. Il se voyait empereur de Montmartre, roi des bandits manchots, prince des filles  faciles. Et on se demandait ce qu’il faisait là dans une maison presque en ruine sans moyens pour se chauffer. Ce qui ne l’empêchait pas de loin en loin, de plus en plus  loin, d’aller mener la grande vie à Ajaccio, à Nice ou à Toulon. Plein de projets, il fascinait son frère inspecteur des impôts débonnaire et droit qui revenait de ses séjours à Soccia plein d’idées folles. Le champ d’oliviers hérités des parents allait devenir le siège d’un grand établissement de cure thermale et pourquoi pas d’un casino. Et mon interlocuteur d’exhiber la copie d’un édit de Louis-Philippe  du 7 septembre 1840 qui déjà déclarait d'utilité publique les travaux entrepris à Guagno les bains. Enfin, les touristes allaient affluer dans le village, et payer à prix d’or les chambres d’hôtes.

ame debbasch

 

LES CHOCS DU CHANGEMENT

 

Vingt  ans après, l’établissement thermal a poussé mais sur le terrain d’un voisin. Les touristes n’ont pas suivi. Le Tonton flingueur est relié au monde par satellite et il peste de voir son village dépérir. Les jeunes délaissent les maisons familiales pour aller s’installer plus prés des plages. La société de consommation est passée par là et lors de la fête patronale les rythmes américains ont remplacé les ritournelles corses. Voici les jeunes gagnés par la mondialisation. Ils achètent des fringues estampillées. Ils se coiffent comme leurs idoles américaines . Ils jouent sur des playstation et rêvent de la guerre des étoiles numéro dix. Les couples se font et se défont à un rythme que les parents n'arrivent plus à suivre et les enfants du divorce rejoignent les grands-parents plus souvent que de raison. Quelle place pour l’identité dans ce déferlement de modernité, dans cette ouverture si grande sur le monde qu’elle déchire les linteaux des anciennes fenêtres? Le cimetière des corsitudes abandonnées serait grand ouvert et le vent du grand large emporterait les derniers vestiges d’une authenticité disparue. Comme s’il suffisait de lustrer les feuilles dentées des châtaigniers pour faire disparaître la mémoire de leurs racines ! Car d’autres tendances encore plus profondes se font jour.

 

 Les civilisations sont rebelles à la mort. Quand elles sentent celle-ci se rapprocher, elles se réveillent et engagent le combat contre le virus assimilationniste. A toi, l’anglais triomphant de ton universalité, à toi le français subtil et tourmenté, j’oppose la langue corse variée de ses patois mais lieu géométrique de la reconnaissance d’une identité. A toi le cosmopolitisme universaliste, j’oppose la trame des origines, la loi du sang. Et à chacun de se découvrir plus corse que son voisin, corse de l’intérieur contre corse de l’extérieur, corse de souche ou d’adoption, de mère ou de père. A toi le capitalisme, j’oppose le respect de la tradition, la paix des rivages, le droit du peuple à sa terre. A toi le citoyen du monde, découvreur des horizons lointains, je réponds par ma volonté de vivre et mourir au pays.

 

Ainsi, il y aurait deux logiques, l’une de l’enfermement et de l’isolement, l’autre de l’ouverture. Corses isolés dans leur île  ou île plongée dans le tourbillon universel des Corses de partout et d’ailleurs. Une île pour les Corses ou des Corses dans leur île. Débat source de haines irréductibles, de combats fratricides, de morts inutiles, de paillotes brûlées par de prétendus gardiens de la loi.

 

 Ainsi devisait mon interlocuteur. Je lui répondis :

 

« Rassurez-vous les choses sont plus compliquées qu’il n’y parait. Il n’y a pas une ligne de démarcation entre ces deux univers, une frontière qui sépare deux clans. La ligne de fracture est à l’intérieur même des cerveaux qui adhèrent à ces deux conceptions à la fois. Il ne devrait pas être bien sorcier de  réconcilier ces neurones égarés. »

 

 

 
DOYEN CHARLES DEBBASCH

 

 

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12 janvier 2022 3 12 /01 /janvier /2022 18:05

 

Un ami des Deux Sorru vient de disparaître discrètement. Le journal La Provence du 12 janvier révèle que Charles DEBBASCH, atteint depuis longtemps par la maladie de Parkinson, est mort à Paris samedi 8 janvier.

 

Né à Tunis en 1937, il fut à 24 ans le plus jeune agrégé de droit public de l'histoire universitaire française. Doyen de la faculté de droit d'Aix-en-Provence à 33 ans, il obtient de haute lutte sa transformation en Université Aix-Marseille III dans les années agitées d'après-mai 68. 

 

Membre de plusieurs cabinets ministériels sous Georges POMPIDOU et Valéry GISCARD d'ESTAING, Charles DEBBASCH eut de nombreuses activités. Sa fonction de président de la Fondation Vasarely causa sa perte. La famille de l'artiste critiqua sa gestion et il s'en suivit une interminable procédure judiciaire. 

 

Mais le juriste trouva refuge en Afrique où il fut sollicité par divers pays, notamment le Togo dont il rédigea la Constitution. Conseiller spécial du président Faure GNASSINGBÉ, il avait obtenu la nationalité togolaise.

 

Fin d'itinéraire pour un doyen surdoué

 

Enfin, il connaissait bien la Corse, et surtout notre canton, car il fut marié avec Marie-Hélène OTTAVY, originaire de Soccia. Ils s'étaient connus au Dauphiné libéré où elle était grand reporter alors qu'il dirigeait ce journal.

 

Ils eurent une fille, Sophie, qui possède une maison à Sagone.

 

Beaucoup se souviennent peut-être d'avoir vu le couple (avec son chien yorkshire) à la salle des fêtes de Soccia pour le 15 août ou à la foire de Renno où le doyen honoraire dédicaçait ses livres. Les obsèques de Marie-Hélène en 2004 avaient frappé la population par le grand nombre de belles voitures remplies de personnalités africaines qui avaient grimpé jusqu'à l'église de Soccia.

 

Charles DEBBASCH a attribué ce décès à l'acharnement policier dans l'affaire VASARELY. Il écrit dans un de ses livres:

 

J’ai la grande chance d’être entouré de l’affection et du soutien de ma femme Marie-Hélène et de ma fille Sophie. Et pourtant, Marie-Hélène sera harcelée jusque dans son travail par des gendarmes voyous agissant sur l’ordre du juge Le Gallo. Leurs investigations au Journal où elle travaille finiront par lui faire perdre son emploi. À travers elle, vertueuse et appliquée, c’est moi qu’ils espèrent déstabiliser. Mais c’est elle qu’ils finiront par blesser. Les traumatismes de l’esprit trouvent toujours leur  issue dans les équilibres du corps. Le cancer s’est installé. Une année pleine d’espoirs de guérison et de rechutes s’est achevée une nuit à l’Institut Curie. Marie-Hélène est morte, victime d’un gang. Elle repose aujourd’hui dans son petit village corse de Soccia. De là où elle est, sereine et apaisée, elle inspire mon combat.

 

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Présentation

  • : Le blog des Poggiolais
  • : blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù). Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent.
  • Contact

Qu'est-ce que ce blog?

Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité.
POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici.
Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO.
Avertissement: vous n'êtes pas sur le site officiel de la mairie ni d'une association. Ce n'est pas non plus un blog politique. Chaque Poggiolais ou ami de POGGIOLO peut y contribuer. Nous attendons vos suggestions, textes et images.
Nota Bene: Les articles utiliseront indifféremment la graphie d'origine italienne (POGGIOLO) ou corse (U PIGHJOLU).

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Le calendrier poggiolais

 

 

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Dates à retenir:

Samedi 21 juin: Fête de la musique avec le groupe U Bandu.

Samedi 5 juillet: Vacances d'été.

Samedi 19 juillet: concours de boules "La Poggiolaise".

Samedi 16 août: fête de saint Roch.

Mercredi 20 août: concert du groupe Cuscenza.

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L'album de photos des Poggiolais:

Pour le commander, suivre le lien:

https://www.collectiondesphotographes.com/i-nostri-antichi-di-u-pighjolu-de-philippe-prince-demartini.html

 

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Votre ancêtre a participé à la guerre de 1914-1918?

Envoyez une photo de lui à l'adresse larouman@gmail.com

Elle pourra être publiée dans notre dossier des combattants poggiolais.

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La météo poggiolaise

Pour tout savoir sur le temps qu'il fait et qu'il va faire à Poggiolo, cliquez sur LE BULLETIN METEO

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