Les villages de notre haut-canton n’ont pas toujours été situés là où ils sont maintenant. Un peu comme les baignoires de Guagno-les-Bains, les habitations se sont déplacées au cours des siècles.
POGGIOLO
Avant qu’existe Poggiolo, les hommes du néolithique fréquentaient (vers 4.200 ans avant Jésus-Christ) les hauteurs de Campivu, entre Guagno-les-Bains et les Trois Chemins. Le site était encore occupé pendant l’âge du fer, au IIIème siècle avant notre ère. Voir l’article «Tout sur Poggiolo et Guagno-les-Bains en cinq pupitres».
Il n’existe pas de vestiges archéologiques permettant de connaître le Moyen Age poggiolais. Ce n’est pas très étonnant car les habitations étaient le plus souvent en bois et surtout car le village fut victime, comme toute la pieve, de la «disabitazione», c’est-à-dire des destructions et des déportations ordonnées par les Génois en 1489 et en 1507 pour punir la population de son soutien aux seigneurs de Leca (voir les articles «Poggiolo les années zéro: 1489» et «Poggiolo les années zéro: 1501»).
Les familles rescapées purent rentrer vers 1517. En 1530, dans sa "Description de la Corse», l’évêque Agostino GIUSTINIANI, parla du village de "Podiolo" et d'un autre plus petit, les «Soprane», lequel comptait 14 feux sur le registre des "taglie" de 1537. Podiolo doit à peu près correspondre à l’actuel quartier de saint Roch. Le nom de Soprane est utilisé maintenant pour les maisons et terrains qui sont au-dessus de la route, près de Saint Siméon. En fait, les Soprane de l’époque se trouvaient plus haut que l’église.
Il en reste encore des traces dans le maquis, mais complètement enfouies par la végétation. Seules deux ou trois personnes du village se souviennent encore d’avoir vu quelques pierres il y a très, très longtemps…
Les villages actuels sont en jaune. Les emplacements anciens sont en rouge. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
SOCCIA
Le Soccia actuel est le résultat de plusieurs déplacementss.
Anna-Maria LECA et Noëlle MEDURIO, dans leur "Inventaire préliminaire du patrimoine bâti du Canton des Deux-Sorru” (consultable sur le site de La Médiathèque Culturelle de la Corse et des Corses: http://m3c.univ-corse.fr/omeka/items/show/1163), rapportent que, d’après la tradition orale, la première implantation aurait été "u Petricaghju, proche de la limite communale de Letia, qui aurait été fondé par des habitants fuyant au sujet d’un différent dans leur village de Petricaggio en Castagniccia".
La seconde a été Aghja, sur la rive droite de la rivière de Filiccioni (surnommée «le fleuve» par les Socciais). Des ruines y sont toujours bien visibles. Le hameau «fut cultivé et habité jusqu'à la fin du siècle dernier (XIXème siècle). Une tuilerie y fonctionnait», précise Jean-Baptiste PAOLI dans «Histoire d’un petit village de montagne au cœur de la Corse du Sud». L’érudit socciais répète la tradition orale qui explique la localisation actuelle de Soccia:
«Quatre frères ayant pour prénoms Mainettu, Francu, Lucha et Martinu, issus d’une famille installée à Aghjia, auraient, dit-on, découvert le site du village actuel en suivant leurs chèvres qui fréquentaient volontiers cet endroit particulièrement agréable et ensoleillé».
ORTO
Même pour Orto, l’emplacement a connu des variations. Anna-Maria LECA et Noëlle MEDURIO l’ont écrit:
«Orto avait un village premier, San Cervone, dont il ne reste pas de vestiges visibles. La nouvelle implantation présente des édifices de la fin du 18e siècle pour les plus anciens. Le cimetière actuel se trouve sur l’ancien site du village et a, pour mur d’enceinte, les pierres de l’ancienne chapelle. Orto est construit sur un versant rocheux, ce qui lui aurait très certainement valu son nom.»
Contrairement à ce que l’on peut croire, l’histoire de nos villages a été très active. Mais il reste beaucoup à découvrir.