La situation des déchets étant de plus en plus aigüe en Corse, le collectif Pumonte pulite a visité jeudi 9 janvier la déchetterie de Vico afin de se rendre compte de la situation pour les Deux Sorru. Pascale CHAUVEAU en a publié le compte-rendu dans le "Corse-Matin" du 10 janvier. Nous reproduisons cet article avec la réponse du SYVADEC aux remarques faites par les visiteurs. Mais le problème va-t-il finalement être traité dans son ensemble?
LA VIGILANCE DU COLLECTIF PUMONTE NE FAIBLIT PAS
Ils avaient annoncé "une action citoyenne". Hier matin, une dizaine de membres du collectif Pumonte pulite se sont rendus sur le site de l'ancien centre d'enfouissement des déchets de Vico-Sagone, dont ils avaient obtenu la fermeture il y a trois ans, empêchant la création d'un second casier. "Nous avions demandé la création officielle d'un comité de suivi pour le site, qui a été refusée par le Syvadec car il n'y a pas d'obligation légale, explique Véronique Fieschi, membre actif du collectif. Mais il n'y a pas d'interdiction non plus... Nous faisons régulièrement des demandes de visite mais la direction du Syvadec ne répond jamais à nos demandes."
Hier matin, plusieurs membres du collectif ont parcouru à pied l'ensemble du site, de la recyclerie au quai de transfert, allant jusqu'à inspecter l'ancien casier d'enfouissement désormais fermé. À quelques pas de là, à l'endroit où l'on parle de créer une zone de compostage, une petite décharge sauvage composée de cartons, palettes de chantier et déchets plastiques attirent leur attention.
Rien de dramatique néanmoins pour les membres du collectif, dont l'attention était davantage focalisée sur les caniveaux pleins de terre censés, à leurs yeux, assurer l'écoulement des lixiviats (cette fraction liquide est produite par les déchets sous l'action conjuguée de l'eau de pluie et de la fermentation naturelle) vers le bassin de rétention. Autres constations : le reboisement de la colline, initialement prévu dans les deux ans, n'a toujours pas commencé et un casier a manifestement accueilli les encombrants des villages, pourtant recyclables, mais qui ne seront probablement pas triés.
"Lascia corre général"
Pour le reste, le soleil inonde la colline, les nuées d'oiseaux qui autrefois venaient se repaître des déchets ne sont plus qu'un lointain souvenir. Le tableau pourrait presque sembler idyllique. Mais, sur le quai de transfert, la présence des tonnes de déchets mis en balles rappelle une crise insulaire qui peine à trouver des solutions.
Jean-Yves Torre, membre du collectif mais aussi de l'association Zeru Frazu, dénonce "le lascia corre général", qui fait qu'aucune solution pérenne n'a été trouvée ces trois dernières années. "Aujourd'hui, les déchets dégoulinent de toutes parts, il faut arrêter de penser enfouissement !", tempête-t-il. Contre une grosse unité de compostage prévue sur le site de Vico, il évoque son trio gagnant de solutions : une unité de compostage par village pour réduire les fermentescibles de 30 à 40%, un tri au porte à porte et une facturation au réel pour chaque citoyen. "Aujourd'hui, on voit fleurir des décharges sauvages partout dans la région, les gens se mettent à faire n'importe quoi ! Et en ville, on voit des rats de plus en plus gros. Un jour, un gosse se fera mordre... Sans compter le risque d'un problème sanitaire important !"
Pascale Chauveau
S.P.
Le Syvadec, propriétaire du site de l’ancien centre d’enfouissement, porte - on s’en doute - un regard différent sur les éléments évoqués par le collectif Pumonte pulite. À commencer par la question du comité de suivi du site. "Une commission de suivi a bien été créée par la préfecture en 2015 et elle s’est réunie plusieurs fois depuis, indique Catherine Luciani, directrice générale des services (DGS) du Syvadec. Il est vrai qu’elle n’a pas été convoquée depuis un petit moment, à la suite de la fermeture du site en 2017. Mais, je rappelle que c’est la préfecture qui est appelée à convoquer cette commission. En tant qu’exploitant, nous sommes évidemment à sa disposition pour y participer." Concernant la "petite décharge" observée hier sur une parcelle du site par le collectif, le Syvadec assure qu’il s’agissait du résultat "d’un renfort apporté par l’entreprise chargée de son réaménagement à la communauté de communes", cette dernière ayant besoin de décharger l’une de ses bennes. "Cet après-midi (hier, ndlr), tout a été trié pour être recyclé", assure Catherine Luciani.
Pour la DGS du Syvadec, pas l’ombre non plus de lixiviats sur le site... "Le casier est entièrement hermétique, souligne-t-elle. Les lixiviats sont récupérés à l’intérieur même du casier et orientés via un conduit souterrain en direction d’un bassin de rétention spécifique. Ce qui a été vu hier par le collectif sont les caniveaux d’évacuation des eaux de pluie, évidemment dirigés vers un autre bassin..." Enfin, à propos du reboisement de la colline, le Syvadec indique que l’opération envisagée initialement par ses soins a reçu l’avis négatif de l’office de l’environnement. "L’office prescrit de laisser la végétation locale reprendre ses droits pour favoriser l’insertion paysagère du site", précise Catherine Luciani.