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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 18:00

Le baccalauréat est un examen dans lequel parents et enfants investissent beaucoup. Il est un rite de passage essentiel vers le statut d'adulte. La charge émotionnelle est si forte que certains candidats tentent de frauder par n'importe quel moyen. Mais la tricherie est aussi vieille que les examens et le bac en a toujours été victime. Un bon exemple est fourni par le litige qui a opposé un Vicolais aux autorités académiques voici un siècle et demi.

Cet épisode a un rapport avec POGGIOLO car il concerna celui qui fut ensuite concessionnaire de GUAGNO-LES-BAINS. Un article de ce blog a déjà été consacré au conflit politique qui l'opposa en 1858 à l'évêque CASANELLI d'ISTRIA à propos de l'élection cantonale de SOCCIA.

Jean-Dominique-Antoine de la ROCCA était né le 20 décembre 1832 à VICO. Il publia en 1853, sous le nom de Jean ROCCA (plus tard, il signera Jean de la ROCCA), une "Défense devant mes compatriotes contre l'accusation de faux et substitution dans un examen de baccalauréat". A cette époque, où chaque session annuelle couronnait 3.000 nouveaux bacheliers (contre 600.000 maintenant), des fraudes existaient déjà.

ROCCA commençait son texte en reconnaissant que des fraudes aux examens existaient et qu'elles étaient légèrement punies mais c'était pour lui "une question d'honneur, une question de vie" de se défendre car en Corse "nous sommes rigoristes". Il tenait à "conserver l'estime de ses compatriotes".

Jean a-t-il triché?

UN EXAMEN À PÉRIPÉTIES

Après des études secondaires au collège FESCH d'Ajaccio, le jeune homme quitta la Corse pour Paris en octobre 1851. Il prit un professeur particulier, M. GREGOIRE, pour parfaire sa préparation. Il tomba malade et envoya le 20 décembre 1851 à la Sorbonne Jean-Baptiste COTI, un ami qui signa le registre des consignations à sa place afin d'être convoqué pour l'examen.

Le matin du 13 janvier 1852, eut lieu l'épreuve écrite de version latine. En sortant de la Faculté des Lettres, Jean montra le brouillon de la version à deux hommes de lettres qui l'assurèrent de la qualité du travail présenté.

Mais, l'après-midi, le Vicolais ne put passer l'épreuve orale à cause des différences d'écritures constatées par les responsables académiques entre les papiers officiels et la copie déposée. Il fut finalement autorisé à subir les oraux le 15 janvier. Ils se déroulèrent très correctement.

Certain d'avoir réussi le baccalauréat, Jean de la ROCCA quitta Paris le 16.

ENQUÊTE ET EXCLUSION

Mais il ne reçut pas le diplôme car l'enquête continua. En juillet, GREGOIRE fut arrêté pour avoir facilité plusieurs substitutions de candidats aux examens. Jean fut convoqué en juillet à Ajaccio pour écrire une lettre sous la dictée du recteur de la Corse. Le conseil académique de la Seine, se basant sur des différences constatées dans l'écriture de cette lettre avec la version latine rédigée à la Sorbonne, décida, le 30 mai 1853, de l'exclure de toutes les Académies jusqu'au 1er janvier 1854. L'autorisation sous condition de s'inscrire à la faculté de droit d'Aix-en-Provence fut, par la même occasion, supprimée. Pour les autorités académiques, la version latine aurait été composée par un certain BERGERON qui aurait été payé par le jeune Corse.

Jean de la ROCCA fit aussitôt appel au conseil supérieur de l'instruction publique et rédigea ce mémoire de 114 pages, truffé de certificats d'anciens professeurs et d'attestations de nombreux témoins, pour se défendre. Il y écrivait qu'il était la victime "de la vengeance d'un ennemi de ma famille", car "Lorsque deux familles se disputent l'opinion et la prééminence dans une localité, il s'ensuit des haines, des jalousies, qui prennent leur source dans la rivalité, et qui, le plus souvent, dégénèrent en basses envies et font appel aux plus lâches passions".

Ce bachelier refoulé ne précisait pas quelle était son ennemi mais il indiquait bien dans son livre qu'il était apparenté à la grande famille vicolaise des MULTEDO.

UNE CARRIÈRE FOISONNANTE

Notre documentation ne permet pas de savoir quel fut le verdict final mais, de toute façon, Jean de la ROCCA ne fit pas pas la carrière d'avocat qu'il avait caressée.

Son oncle, Giovanni MULTEDO, né vers 1793 et mort à Vico le 6 novembre 1863 sans héritier direct, légua à ses neveux tous ses biens, dont la propriété des Bains de GUAGNO. Jean de la ROCCA fut ainsi concessionnaire de la station thermale. Il était ainsi propriétaire du bâtiment de l'indigence récemment restauré.

Voir l'article Christophe va-t-il vivre dans l'indigence?

Mais il eut, jusqu'à sa mort en 1883, une abondante activité d'écrivain et de journaliste dévoué à la cause bonapartiste. Rédacteur en chef de "L'Aigle de Rodez", fondateur de "L'Avenir de la Corse", rédacteur en chef du "Patriote", il publia des articles jusqu'à la fin de sa vie.

Utilisant les papiers de son oncle, officier d'ordonnance de MURAT dans le royaume de NAPLES, il publia "Le roi Murat et ses derniers jours" en 1868, ainsi que:

"Biographie de la famille Abbatucci" en 1857,

"La Corse et son avenir" (1857),

"Mission du prêtre corse" (1858),

"A S. M. Napoléon III... en faveur de l'établissement thermal de Guagno, en Corse" (1860)

"La Corse calomniée" (1865)

"Vie du prince Pierre Bonaparte (1815-1870)" en 1870

etc., etc....

Cette activité foisonnante avait-elle pour but de compenser les fâcheuses conditions de sa prestation au baccalauréat?

Jean a-t-il triché?
Jean a-t-il triché?
Jean a-t-il triché?
Jean a-t-il triché?
Jean a-t-il triché?
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commentaires

A
J'aurais tendance à penser que la tricherie est aussi vieille que l'apparition de l'homme sur terre....
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