Pour bien gérer la commune, le maire doit pouvoir compter sur un personnel sérieux. Qu'ils soient municipaux ou départementaux, les employés ont pour mission d'entretenir le village pour le plus grand contentement des habitants.
Il arrive pourtant que des incidents montrent que la bonne harmonie n'existe pas. L'article précédent a donné l'exemple d'un conflit au sujet de la qualité du travail.
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DES MOTIFS POLITIQUES
Des motifs politiques peuvent également influer sur la carrière des agents publics.
L'avocat Simon UCCIANI (photo ci-contre) écrivit, le 6 juillet 1878, une lettre au préfet pour soutenir la plainte de "plusieurs membres du Conseil municipal de Poggiolo" contre les agissements du garde-forestier COLONNA:
"Le sieur COLONNA ne se contente pas d'être bonapartiste; il met au service de sa passion politique l'autorité dont il est investi".
Aux critiques poggiolaises, l'auteur de la lettre ajoutait un autre élément politique et aussi personnel:
"Aux élections du 4 novembre, interpellé par moi il me répondit qu'il combattrait ma candidature attendu que j'étais républicain".
Le scrutin auquel il est fait allusion est l'élection cantonale de 1877 dans laquelle UCCIANI battit le comte François POZZO DI BORGO, élu bonapartiste depuis 1874. Il devint ainsi le premier conseiller général républicain du canton de Soccia. Si sa lettre du 6 juillet 1878 porte comme en-tête imprimé son métier d'avocat, sa signature est accompagnée du titre de conseiller général (voir la lettre en bas de cet article).
N'oublions pas le contexte national de l'époque. Les 14 et 28 octobre 1877, les républicains de GAMBETTA avaient remporté les élections législatives. Le maréchal MAC-MAHON, Président royaliste de la République, avait dû se soumettre, avant de se démettre le 30 janvier 1879. Et le préfet à qui la lettre du conseiller général est adressée n'était autre que le très fervent républicain Eugène SCHNERB, mis en place le 27 décembre 1877 par les vainqueurs des élections d'octobre. Son rôle a déjà été évoqué dans l'article Péripéties municipales: une urne très convoitée
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LE RÔLE DE SIMON UCCIANI
Né le 24 mars 1838 à Ajaccio, Simon UCCIANI représenta notre canton à l'assemblée départementale jusqu'en 1884 et fit une belle carrière dans la magistrature: procureur de la République à LANNION (en Bretagne !) dès 1879 et conseiller à la Cour de PARIS.
Dans son domaine, aidé par la mairie poggiolaise, il contribua à l'épuration des cadres hostiles à la Troisième République débutante, de ceux qui, comme le garde COLONNA, sont "un défi aux institutions actuelles". On est loin ici des motifs d'incapacité professionnelle.
Evidemment, dans un XXIème siècle où la liberté d'expression est si grande, personne n'imaginerait que des mises à l'écart pour des raisons politiques puissent avoir lieu...!!!
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Car tout cela appartient à une époque révolue depuis longtemps…
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Sauf la photo de Simon Ucciani, les documents de cet article sont consultables aux Archives Départementales d'Ajaccio.
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