L'article du 28 octobre a été le premier d'une série que ce blog consacre à Théodore POLI, le premier grand "bandit d'honneur" qui était originaire de GUAGNO et qui sévit surtout dans les Deux-Sorru. De nombreux épisodes proviennent de l'ouvrage que Henri PIERHOME (de son vrai nom, Henri PIERANGELI) lui a consacré (cf le même article du 28 octobre). Mais d'autres renseignements ont été également trouvés dans "Recherches historiques et statistiques sur la Corse" écrites par François-Guillaume Robiquet en 1831.
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Trahi par le gendarme PETIT dont il se vengea de façon sanglante le 14 février 1820, THÉODORE poursuivit ces représentants de l'ordre de sa haine.
LA HAINE DES GENDARMES
Son premier attentat eut lieu près du pont du LIAMONE où un gendarme qui traversait le fleuve fut blessé.
Un peu plus tard, le 17 août 1821, THÉODORE, accompagné des deux frères MULTEDO et de PELLEGRINI, dit BRUSCO, investirent MURZO et se firent préparer un déjeuner par Philippe-Antoine COLONNA. Les gendarmes, avertis par le maire, arrivèrent de VICO. L'échange de coups de feu blessa BRUSCO et un MULTEDO. Les bandits se réfugièrent à MUNA où ils furent soignés. Puis, ils s'enfuirent par ROSAZIA. Une semaine plus tard, COLONNA, soupçonné à tort d'avoir été complice des gendarmes, fut assassiné.
Le 21 novembre 1821, la gendarmerie de CORTE, aidée par trois guides locaux, rencontra un groupe dirigé par THÉODORE et blessa mortellement Christophe ARRIGHI dont le corps fut transporté dans une grotte voisine. Un peu plus tard, Théodore et ses complices revinrent et fusillèrent un gendarme et le guide Mathieu FERRACCI.
De nombreux coups de main eurent ensuite lieu. Le 19 octobre 1822, la gendarmerie de CASAGLIONE fut attaquée par une bande de cinq contumax dirigée par THÉODORE déguisé en gendarme. Un pandore malade fut tué. Les assaillants furent finalement repoussés par des habitants alertés par le maire ALBERTINI.
Mais le bilan s'alourdit: un gendarme tué à PASTRICCIOLA, un tué et un blessé à ORTO, deux blessés à ROSAZIA.
CONTRE LES VOLTIGEURS
Devant l'importance du banditisme (190 homicides ou tentatives en 1822 pour une population de 170.000 à 180.000 habitants), dont THÉODORE était l'élément le plus actif et le plus connu, le vicomte de SULEAU, préfet de la Corse de 1822 à 1824, souhaita lever un corps auxiliaire composé de Corses pour prêter main forte à la Gendarmerie. Entre 1816 à 1822, 116 gendarmes avaient été victimes du devoir.
Le Bataillon des Voltigeurs Corses (dont l’effectif théorique s’élèvait à 421 hommes recrutés dans l'île) fut donc créé par l'Ordonnance Royale du 6 novembre 1822, comme auxiliaire de la 17ème Légion de Gendarmerie Royale de la Corse,
Le bataillon était régi par les règlements de l’infanterie pour ce qui concernait l’organisation de la vie courante et l’avancement, et de la gendarmerie, pour celui du service et des missions
La vie du Voltigeur était constituée de longues patrouilles dans la montagne et d’embuscades. 14 d’entre eux firent le sacrifice de leur vie dans l’accomplissement de leur mission. Ils furent également des cibles pour THÉODORE.
Ainsi, en 1824, deux voltigeurs escortaient de VICO à ORTO, leur résidence, un muletier transportant des vivres. Un jeune paysan de POGGIOLO, nommé FRANCESCHETTI, se joignit à eux. Ils tombèrent dans une embuscade organisée par THÉODORE et BRUSCO. Un voltigeur fut tué et le jeune Poggiolais blessé mortellement. Ce dernier était un neveu de THÉODORE qui manifesta un réel chagrin quand il apprit l'identité de sa victime.
THÉODORE avait voué une véritable haine aux forces de l'ordre. Les représentants d'une autre institution furent aussi ses victimes: les prêtres (à voir dans un prochain article).
Les noms des lieux cités dans l'article sont entourés en rouge. Cliquez sur la carte pour l'agrandir.