Après l'attaque des hôtels de GUAGNO-LES-BAINS et le meurtre qu'il y commit le 17 août 1931, voici quatre-vingts-dix ans (voir l'article La folle et sanglante agression de Guagno-les-Bains), François CAVIGLIOLI était pourchassé par la gendarmerie. Le lieutenant NEUVEGLISE, commandant de la brigade de VICO, ratissa toute la région pour retrouver le bandit. Mais celui-ci quitta TIUCCIA pour la montagne.
L'initiative du choix du jour et du lieu de l'affrontement entre le bandit et le gendarme revint à CAVIGLIOLI. Le récit suivant est inspiré en grande partie du livre Avec les derniers bandits corses de Jean BAZAL paru en 1973.
Le matin du 2 novembre 1931, en compagnie de ses deux neveux TORRE Jean-Baptiste et CAVAGLIOLI Toussaint, François CAVIGLIOLI s'arrêta pour boire à la buvette du col de Saint-Antoine, au-dessus de VICO.
Il fit du tir à la cible dont les échos durent parvenir jusqu'à la place Casanelli. Il arrêta le car d'Ajaccio et obligea les voyageurs à chanter un lamento avec lui. Il s'empara finalement d'une voiture et obligea un menuisier de BALOGNA à conduire le groupe jusqu'à ce village.
A BALOGNA, les bandits s'arrêtèrent à un café où ils commandèrent un repas. Après avoir coupé le fil de la cabine téléphonique, ils attendirent et ils finirent par voir dans leurs jumelles une voiture de gendarmes qui grimpait la route sinueuse. Les hors-la-loi se disposèrent pour l'embuscade qui aura lieu près du pont, un peu avant l'entrée du village.
Quand le véhicule des forces de l'ordre arriva, il fut accueilli par une pluie de projectiles lancés par la mitraillette et le fusil de Jean-Baptiste et Toussaint. Le maréchal des logis TOMI et le gendarme KLEIN furent tués. Le gendarme SOYER, chauffeur de la voiture, eut le bras brisé (il fut ensuite amputé). Quant au lieutenant NEUVEGLISE, il fut grièvement blessé à l'abdomen et à la poitrine.
Mais le gendarme CHAZE parvint à sortir de l'automobile et à répliquer par des rafales de fusil-mitrailleur. François CAVIGLIOLI, qui s'était imprudemment approché, reçut une balle en plein front. Ses complices prirent alors la fuite, Toussaint étant blessé par un autre tir de CHAZE. La bande se réfugia dans le maquis autour de BALOGNA.
Toussaint se constitua prisonnier le 1er décembre près de BELFIORE, à côté de VICO. Jean-Baptiste TORRE fut capturé à MUNA deux mois plus tard, le 10 février 1932, après avoir, paraît-il, été endormi par des beignets contenant un soporifique.
L'agression de GUAGNO-LES-BAINS était vengée.
La sanglante bataille de BALOGNA eut un grand écho dans la presse, dépassant celui de l'attaque de l'établissement thermal du 17 août. Voici le début de l'article paru en première page du PETIT PARISIEN du 3 novembre 1931. La seconde partie, non reproduite ici, rappelle en détails l'affaire des Bains.
Une gravure en couleurs de la scène de l'attaque, qui se voulait "reconstituée avec les documents et les précisions de l'affaire" (mais qui comporte pourtant quelques erreurs), fit la première page du numéro 2134, daté du 15 novembre 1931, de L'Illustré du Petit Journal, lequel était le nouveau titre du Petit Journal Illustré depuis le 18 octobre.
En tout cas, avant les derniers moments de CAVIGLIOLI, une spectaculaire expédition militaire en Corse avait été décidée par le gouvernement et elle débuta quelques jours après.
Ce sera le sujet de la prochaine série d'articles, "Chronique de l'épuration du maquis", qui débutera le 7 novembre.
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