Malgré la célébrité de l'abbé CIRCINELLU et de son neveu Martino LECA (dont il a été question dans l'article précédent), la résistance à l'occupation française à Sorru in sù ne fut pas uniquement guagnaise.
Un Poggiolais est cité dans "1769-1789, vingt ans de résistance corse", le livre écrit par Jean-Pierre POLI (éditions Alain Piazzola, 2019).

Il s'appelait Anton Matteo CAMILLI.
Il faisait partie du groupe dirigé par Francesco FIORE, originaire de Tavera (près de Bocognano). Ces maquisards écumaient les abords d'Ajaccio et le Cruzzini. Traqués par les troupes royales, ils tentèrent de s'embarquer pour la Sardaigne en novembre 1774. Ayant échoué, ils finirent par se rendre.
FIORE et ses seize compagnons furent emprisonnés à Ajaccio le 5 décembre 1774 et transférés à Toulon le 2 mai 1775. Parmi eux, la liste officielle note la présence de "Anton Matteo CAMILLI, 30 ans, de Poggiolo de Guagno".
Qui était Anton Matteo CAMILLI?
Il était mentionné sur la feuille du recensement de 1770 à Poggiolo comme faisant partie du feu numéro 27 avec son père Gioan Battista CAMILLI et sa mère Anna Maria DEMARTINI. Lui-même, qui avait alors 25 ans, était marié à une Giovanna dont le nom de famille est inconnu et ils avaient un enfant prénommé Giacomo qui serait né en 1764.
Xavier PAOLI, l'historien de Poggiolo, qui a étudié "L'Etat des âmes" tenu par le curé de 1730 (voir l'article "Histoire abrégée du village avant 1914"), ne cite pas de CAMILLI parmi les 81 habitants du village. Est-ce un oubli du document ou bien cette famille s'installa-t-elle entre 1730 et1770?
Il semble donc qu'Anton Matteo quitta sa famille pour suivre Francesco FIORE dans le maquis et en prison.
Après quatre ans de détention à Toulon, FIORE réussit une évasion spectaculaire racontée dans le livre de POLI:
"dans la nuit du 1er au 2 octobre 1779, en pratiquant un trou sous une fenêtre de la Grosse Tour, une vingtaine de détenus vont atteindre le donjon au milieu d'un orage épouvantable, ils se saisissent de la sentinelle, placent une corde qu'ils avaient confectionnée en secret et descendent sur le rivage situé à plus de soixante pieds. Deux sont arrêtés, un blessé décède, mais le reste parvient à s'enfuir."
Mais Anton Matteo n'était pas dans le groupe des dix-huit évadés.
Avait-il été libéré auparavant ou resta-t-il en prison? Ce qui est certain, c'est que, en 1781, il ne faisait pas partie des trois résistants corses encore enfermés à Toulon.
Il est certain également qu'il ne décéda qu'après 1813 à Poggiolo, comme le montre sa fiche biographique établie par Pierre LECCIA sur le site GENEANET.
Son fils Giacomo fut membre du conseil municipal de Poggiolo en 1803.
Nous espérons que, parmi les lecteurs du blog et les descendants d'Anton Matteo CAMILLI, il s'en trouvera qui pourraient fournir des renseignements supplémentaires sur ce discret résistant poggiolais.
(à suivre)
Michel Poli 25/04/2020 19:24