La devinette qui était proposée demandait le lien entre Poggiolo et Clermont-Ferrand.
A priori, la cité industrielle et auvergnate de Clermont-Ferrand n’a aucun rapport avec le village montagnard et corse de Poggiolo. Pourtant, un lien familial a existé. Un membre de la famille PINELLI, l'une des plus anciennes de Poggiolo, est né dans la cité des usines Michelin. Il s’agit de Jean-Noël-François PINELLI, né le 31 mai 1881.
D’autres Poggiolais ont eu des villes du continent comme lieu de naissance. Seulement, Jean-Noël-François PINELLI est le seul Poggiolais à avoir fait partie d’un gouvernement. Ses fonctions de sous-secrétaire d'Etat à la marine marchande furent brèves (quatre-vingt-dix jours) mais il ne mérite pas d’être oublié.
Jean-Noël-François PINELLI est donc né le 31 mai 1881 à CLERMONT-FERRAND.
Son père Jean-Baptiste était le fils de Jean-Noël PINELLI et de son épouse Marie Lucie NESA.
Jean-Baptiste naquit le 21 août 1848 à POGGIOLO et fit d'abord carrière dans l'armée. Il participa à la guerre de 1870 où il fut prisonnier des Allemands. Sa carrière a été racontée dans l’article "1870, la guerre oubliée"
Il se tourna ensuite vers la banque. Il épousa Aline MENU le 3 octobre 1876 à CLERMONT-FERRAND. Leur enfant, Jean-Noël-François, appelé le plus souvent Noël, vit le jour cinq ans plus tard dans cette même ville.
Jean-Baptiste obtint le titre de chevalier de la Légion d'Honneur le 13 janvier 1907 et mourut à Paris le 15 juillet 1917.
Noël fit ses études au collège Fesch d'Ajaccio et à la faculté de droit d'Aix-en-Provence dont il fut lauréat. Avocat du barreau d'Ajaccio en 1900. Commissaire de la marine de 1901 à 1918, professeur sur le bateau-école "Duguay-Trouin", il était à Salonique en 1916 et à Londres en 1917. Il entra dans l'industrie après la guerre.
Il était dirigeant de la Ligue Civique, association patriotique. Il entra en 1929 au Conseil général de la Seine et au conseil municipal de Paris, dont il fut vice-président en 1933-1934. Il se présenta aux élections législatives de 1936 dans la 1re circonscription du XIVe arrondissement de Paris. Il fut élu député de Paris au second tour par 10.313 voix sur 20.466 votants, contre 9.791 à Piot. Il s'inscrivit au groupe des indépendants républicains (groupe parlementaire conservateur constitué, en marge de la Fédération républicaine, par un certain nombre de députés de droite). Il fut membre de la commission des comptes définitifs et des économies et de la commission de la marine militaire.
Inquiet des menaces de chômage qui pèsent sur la France, il intervint à ce propos dans les discussions sur la semaine de quarante heures (juin 1936) et sur le programme de grands travaux destiné à fournir des emplois (juillet 1936). C'est dans le même sens qu'il protesta contre l'admission de réfugiés espagnols dans le département de la Seine en mars 1939. Il demanda à interpeller le gouvernement sur sa politique navale, et il fut rapporteur pour avis de la commission de la marine militaire sur le projet de loi de février 1939 relatif à la défense nationale. Il fut nommé sous-secrétaire d'Etat à la marine marchande dans le cabinet Paul Reynaud du 21 mars 1940: il ne le restera que jusqu'au 10 mai.
Il fut désigné en juin pour aller au-devant des Allemands, à Saint-Denis, et déclarer Paris ville ouverte. Il vota la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 qui donnait les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Il fut ensuite nommé au Conseil National de Vichy. Après la guerre, il fut membre de l'ADMP (Association pour la Défense de la Mémoire du Maréchal Pétain).
Il a été président des Poilus d'Orient et des Corses de Paris et vice-président de la Fédération des clubs automobiles de France. Il avait fondé à Salonique avec ses compatriotes Carcopino et Moro-Giafferi le Cercle amical culturel de l'Armée d'Orient dit "le CACAO!".
Il est resté célibataire; on lui prête des relations amicales avec la romancière Marcelle Tinayre (voir ICI et ICI) qui lui a dédié l’un de ses romans: "Le Bouclier d’Alexandre" (1922).
Bibliophile, érudit, italianisant réputé, il séjournait régulièrement à Rome. En 1929, il publia une nouvelle traduction du "Prince" de Machiavel. Le professeur Jérôme Carcopino disait de lui qu'il était "le romaniste le plus distingué du Parlement français". Il était Commandeur de la Légion d’honneur et Croix de guerre 14-18. Décédé le 6 février 1970.
Son importante bibliothèque fut dispersée après sa mort et il en reste des ex-libris avec sa devise «Pensa e poi fa» et quelques ouvrages parfois proposés dans des sites de livres d'occasion.
N’oublions pas Noël PINELLI, le seul Poggiolais député et membre du gouvernement !
PS : cet article est une nouvelle version de celui qui a été publié le 4 juin 2010 sous le titre "Pinelli vaut trois euros".
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