Les héros de la Première Guerre Mondiale ne sont pas seulement les soldats qui sont morts entre 1914 et 1918 comme ceux qui ont été présentés dans des articles précédents.
Ceux qui sont revenus vivants de cette grande boucherie ont été marqués toute leur vie par des blessures physiques et psychologiques.
A eux peut s'appliquer cet extrait de la chanson de Jean Ferrat "Nuit et brouillard" qui concernait les déportés de la seconde guerre mondiale:
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Voici trois exemples poggiolais.
Certains ont pu être profondément marqués dans leur chair comme Joseph DESANTI, né le 1er février 1889 à Poggiolo. Mobilisé au 173e Régiment d’Infanterie (le régiment des Corses), il fut blessé à la tête et au bras droit par un éclat d’obus à Douaumont. Il en fut profondément défiguré. Bien longtemps après, ses souffrances lui valurent la Légion d’Honneur par décret du 31 août 1960, mais à titre posthume… car il était mort le 16 juin 1959.
Autre Poggiolais chevalier de la Légion d’Honneur mais décoré de son vivant, lui aussi en 1960: le greffier Antoine François Léonard PINELLI (1893-1964) qui eut sa main gauche paralysée par une balle en 1917.
Jean-Antoine FRANCESCHETTI fut également un grand blessé, avec des blessures moins visibles bien que très réelles.
Né le 24 septembre 1897 à Poggiolo, il fut incorporé en 1917 au 29e Bataillon de Chasseurs à Pied dans lequel il fut un bon soldat comme le prouve le certificat de bonne conduite donné lors de son retour à la vie civile.
L’illustration de ce document est un tableau de Louis-Théodore Devilly qui montre le dernier jour de la bataille de Sidi-Brahim devenue le symbole des chasseurs, le 26 septembre 1845, au moment où les rescapés du 8e bataillon de chasseurs à pied vont succomber devant les troupes de l’émir Abd El-Kader.
Jean-Antoine fut blessé le 19 avril 1917 à Corbeny, dans l’Aisne. Un éclat d’obus lui infligea une grande plaie à l’avant-bras gauche et à la hanche. Soigné, il repartit au front et fut intoxiqué par une attaque aux gaz le 6 août 1918.
Les conséquences furent graves. Sa cicatrice de la crête iliaque gauche était grosse et douloureuse. Ses poumons et son cœur fonctionnaient souvent difficilement.
Mais il passa outre pour avoir une vie normale. Jean-Antoine FRANCESCHETTI épousa en 1922 Rose DESANTI, nièce de Philippe CERATI dont la biographie a été publiée dans l'article "La réponse à la devinette guagnaise".
Il eut deux fils, Jean-Martin et Philippe, et mena une carrière de fonctionnaire à Marseille. Après son retour à Poggiolo en 1958, il s’acharna à soigner ses arbres, à prendre soin de ses chèvres, cochons et ânes, et à cultiver quotidiennement son jardin jusqu’à quelques jours avant son décès le 27 août 1987, après une vie de labeur incessant. S’il ne parlait pas beaucoup de la guerre, celle-ci le fit souffrir chaque jour. Il en fut de même de beaucoup d’autres.
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