Si la première mort connue officiellement à Poggiolo en 1914 fut celle de Jean Toussaint MARTINI (voir l'article précédent L'annonce du premier mort), une autre famille poggiolaise avait déjà été frappée par la guerre.
En examinant les fiches individuelles (disponibles sur le site ministériel www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/) des trente soldats "morts pour la France" nommés sur le monument aux morts de la commune, on peut se rendre compte que Noël Ange François MARTINI décéda le 5 septembre 1914, soit 14 jours avant Jean Toussaint MARTINI.
Mais, d'après sa fiche, Noël MARTINI vit le jour loin de Sorru in Sù, à SÉTIF en Algérie.
Ses parents étaient bien de Poggiolo. Son père, Dominique MARTINI, dit Picciatinu, y était né en 1860, comme Angeluccia, née elle aussi MARTINI, avec qui il se maria le 23 janvier 1890 à Poggiolo. Mais ils habitèrent à SÉTIF où Noël naquit onze mois plus tard, le 25 décembre 1890, à leur domicile rue St Augustin, déclaration de naissance consultable sur le site des Archives nationales d'outre-mer: http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/). Dominique était alors sous-agent des Postes.
Il eut des promotions et devint Receveur des Postes et Télégraphes à MAC-MAHON (localité appelée maintenant AÏN TOUTA, 35 km de BATNA), lieu de naissance des deux derniers de ses cinq enfants.
Noël MARTINI était toujours sous l'uniforme à la déclaration de guerre, et avec le grade de sergent-major au 8ème Régiment de Marche des Tirailleurs, car il s'était engagé dans l'armée en 1909.
Or, d'après la fiche, c'est à TOCQUEVILLE que la mort de Noël MARTINI fut déclarée officiellement le 18 mars 1915, avec six mois de retard.
Il était bien considéré comme un habitant de cet endroit (nommé maintenant RAS EL OUED, à 55 km au sud-ouest de SÉTIF) car son nom figure sur le livre d'or de cette commune. Il voisine avec 25 autres noms européens et 14 "indigènes", comme on disait alors, sur la liste publiée par le MémorialGenWeb.
Ces livres d'or ont été rédigés après la guerre dans le but de recenser les soldats ayant bénéficié de l'appellation "Mort pour la France", à partir des informations fournies par les mairies.
Son nom était certainement présent sur le monument aux morts de TOCQUEVILLE qui fut inauguré le 16 septembre 1922. Malheureusement, la seule photo disponible ne permet pas de lire la moindre inscription.
Cependant, sur internet, il existe une photo de la plaque commémorative qui se trouvait dans l'église et qui fut inaugurée le même jour que le monument laïc. Dix-huit noms de paroissiens catholiques y sont gravés. Noël MARTINI est le dixième.
Après l'indépendance de l'Algérie, pratiquement tous ces monuments furent détruits et les souvenirs des morts pour la France originaires de là-bas ont disparu.
Mais, pour POGGIOLO, Noël MARTINI, même s'il n'y vécut jamais, était un enfant du pays et son nom fit partie des trente inscrits sur le monument aux morts.
Même si l'on vit loin de la Corse, le lien avec le village d'où vient sa famille ne s'efface jamais.
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Remerciements à Pierre LECCIA dont le très gros travail disponible sur GENEANET donne de nombreux renseignements généalogiques.
N'OUBLIEZ PAS DE NOUS ENVOYER DES PHOTOS DE VOS ANCÊTRES EN 1914-1918.
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