Pour les lecteurs qui ont apprécié le beau texte publié sous le titre «Les bonheurs et les malheurs de Francesca» et qui voudraient mieux connaître Francesca et Louis, quelques éléments historiques et biographiques peuvent être nécessaires.
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Francesca était la fille d’Antoine-Toussaint ANTONINI et de son épouse Julie DEMARTINI. Elle naquit à Soccia le 1er février 1889.
C’est à Bastia qu’elle fit la connaissance de Louis CLEMENTI, né le 8 avril 1881 dans cette ville. Il fut incorporé dans l’armée en 1902 et se rengagea en 1904 jusqu’en 1908. Il obtint le grade de caporal.
Libéré, il devint facteur à Paris où Francesca le rejoignit et mit au jour leur fils François-Antoine, surnommé Pierre, le 28 mai 1910, dans le Xe arrondissement.
Renié par sa famille, Louis fut adopté par les ANTONINI de Soccia.
Leur bonheur fut brisé par la guerre. Louis fut mobilisé en 1914. Sa fiche biographique du Ministère de la Défense montre qu’il mourut «tué à l’ennemi» dans l'Oise, le 6 juin 1915 à la Ferme d'Écafaut, à Moulin-sous-Touvent, commune de Tracy-le-Mont (Oise). Il fut inhumé dans le cimetière communal de ce lieu.
Sur cette fiche, Louis était caporal alors que, d’après les Registres matricules du recrutement militaire, il l’était déjà depuis 1904 et qu’il devint sergent le 30 janvier 1915. Le graveur du monument aux morts de Soccia a donc eu raison d’accompagner son nom de ce grade.
Contrairement à ce qui est écrit sur certains sites, son nom n’est pas inscrit sur le monument de Matra. Il s’agit d’un homonyme, Charles-Marie Joseph Louis Antoine CLEMENTI, aspirant décédé en 1918.
Louis était véritablement devenu Socciais, tout comme son fils Pierre qui tint à ce que son premier enfant, Louis-Pierre, naquit à Soccia en 1935.
Francesca termina sa vie le 20 mai 1978 à Sevran.
Pierre mourut à Paris le 16 avril 1982.
Comme beaucoup d’autres orphelins de guerre, il fut profondément marqué par la mort de son père. La preuve en est le texte suivant que le dernier fils de Pierre, René, né en 1967, posta sur le "Forum Pages 14-18" le 4 février 2007 :
« À la lecture d'un des fils de ce forum, j'ai appris qu'un pompon ornait le képi des soldats avant 1910.
Cela a fait remonter un souvenir d'enfance à ma mémoire. Ma grand-mère paternelle, veuve de guerre en 1915, morte en 1978 alors que j'avais 11 ans, avait conservé dans ses affaires un pompon, un simple pompon rouge; je crois aussi me souvenir qu'on m'a dit en famille que mon père (né en 1910, mort en 1982), pleurait lorsqu'il tombait dessus (et pour faire pleurer mon père, vous pouvez me croire, il fallait que ce soit spécial). Personne dans la famille ne sait ce que c'était que ce pompon, et il va d'ailleurs falloir, maintenant qu'il est remonté de ma mémoire, que je m'inquiète de savoir ce qu'il est devenu.
(…)
Je devine maintenant que le fameux pompon rouge de ma grand-mère devait être un souvenir du grand-père. »
Dans de nombreuses maisons, il y avait des pompons rouges ou d’autres reliques qui peuvent paraître dérisoires mais qui étaient chargés de souvenirs et d’émotions. Cent ans après, combien a-t-on conservé de ces souvenirs de vies détruites par la Grande Guerre ?
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