Le 3 février dernier, ce blog demandait aux Poggiolais d'envoyer de vieilles images:
"Il doit également exister de très nombreuses photographies de toutes sortes de cérémonies (messes, communions et processions) des lointaines années. Ce sont des témoignages historiques d'une grande importance pour connaître notre passé, nos traditions, nos racines."
La preuve que des documents existent et qu'ils peuvent être utiles est fournie par ce cliché paru dans "L'Info U Pighjolu" d'août 2007.
Ainsi que ce journal l'a écrit, il s'agit d'une procession de la Saint Roch, donc le 16 août. En quelle année? Et quel est l'intérêt historique de cette vieille image?
Nous allons tomber dans le pédantisme en analysant les parties de ce cliché. Nous ferons ainsi du micro-localisme comme cela a été déjà réalisé pour l'ancien terrain de bal qui était d'ailleurs juste à côté de cet endroit (voir l'article en question en cliquant ICI).
L'étude sera éclairée par la comparaison avec un film de la vidéothèque poggiolaise et avec d'autres photographies.
LES PROCESSIONNAIRES
Les trois enfants de chœur (1) sont identifiés comme Jean-Martin PINELLI (l'actuel président de l'Association Artistique et Culturelle de Sorru in Sù), son frère François PINELLI et Noël SICCHI.
Comme ils ont un peu plus de soixante ans chacun, l'événement peut être daté de légèrement avant 1960. Mais les actuels propriétaires de la photo pourraient donner une plus grande précision.
Ces trois enfants sont habillés avec la soutane ou soutanelle, longue robe rouge, noire ou violette, et avec le surplis ou cotta, vêtement blanc qu'on met sur la soutane. Ces ornements furent peu utilisés après le concile Vatican II (1962-1965) qui préconisa une plus grande simplicité des cérémonies catholiques. Actuellement, les enfants de chœur ont plutôt une aube blanche.
Dans le film de la procession du 15 août 1966, pour l'Assomption à Poggiolo (voir ci-dessous), les vêtements des enfants de chœur ont disparu. Jean-José BARTOLI, qui est à la tête de la procession avec la même croix que sur la photo (2), a un costume civil, de même que son frère François qui se tient à côté du curé MILLELIRI.
Si la croix est présente dans les deux cas, la bannière de la procession de St Roch (3), qui semble représenter la Vierge et qui est tenue par une femme, n'existe plus sur le film alors qu'elle avait tout à fait sa place le 15 août. Qu'est-elle devenue? Quand ne fut-elle plus utilisée?
L'ordonnancement est, grosso modo, le même dans les deux cas, à savoir que les femmes sont devant, puis vient la
statue de Saint Roch avec ses porteurs (4) et les hommes derrière. Il est vrai qu'un minimum d'organisation donne un cachet particulier.
La procession rassemble une soixantaine de personnes. La vidéo ne permet pas de compter tous les participants mais on peut penser qu'ils étaient du même ordre.
Très peu d'enfants se voient sur cette photo, moins que dans les images de 1966. Mais cette année-là le cinéaste avait alors lui-même 17 ans et s'était attaché à sa classe d'âge.
Sur la photo, de nombreuses femmes sont en robe noire et foulard noir. Ce costume traditionnel est visible aussi sur le film.
L'ITINÉRAIRE
Le photographe devait être juché sur le mur à l'angle de la route et de la stretta, ce qui donne une vue plongeante de la procession qui descend du Lucciu au village.
Quel était donc l'itinéraire?
Ce tronçon de la route a rarement été utilisé car il oblige à passer deux fois au même endroit. Le film présente l'itinéraire de l'église St Siméon à la chapelle St Roch. En général, les fidèles du 16 août font une boucle partant de St Roch et y aboutissant.
Une seule exception récente s'est produite en 2004.
Le 16 août de cette année-là, la procession marcha sur la route plus haut que la fontaine du Lucciu.
Il s'agissait d'apporter du réconfort à Ceccarella, la doyenne du village qui ne pouvait plus se déplacer.
En avant, était brandie la bannière de la Cunfraternità di u Padre Albini, présente cette année-là.
LE DÉCOR
Sur la vieille photo, le début de la procession arrive près du grillage et du petit portail de la maison MARTINI (5). L'endroit n'a pas changé depuis.
Par contre, l'arbre (6), qui était peut-être un mûrier (un lecteur pourrait-il nous le confirmer?), a disparu. D'après certains souvenirs, il aurait été enlevé entre 1965 et 1969. Près de l'arbre, en partie cachée par la bannière de la Vierge, une voiture est stationnée. On peut comparer avec le nombre d'automobiles présentes en 2004.
Au fond, au bout de la bordure en pierres (7), on peut remarquer que la maison de Fosca n'existe pas encore.
Quant au pylône en béton (8) qui se cache derrière le feuillage de l'arbre, il est remplacé maintenant par un lampadaire en bois.
Google Maps montre le même lieu aujourd'hui.
Sera-t-il de nouveau emprunté par les processions? Comment sera organisé le prochain Saint Roch?
Et qui pourrait proposer d'autres documents-témoignages du passé de notre village?