Après la reddition de Bastien (voir article précédent), il fallut encore un an pour arrêter son frère André SPADA, celui qui se faisait appeler "le tigre de la Cinarca".
Une importante somme d'argent fut proposée pour sa capture, mais sans succès.
Du col de San BASTIANO à la forêt de PASTRICCIOLA, André SPADA errait seul mais il n'avait plus de refuge. Il décida de se rapprocher de la maison de COGGIA où vivaient ses parents et ses frères.
La solitude et la crainte de l'arrestation avaient accentué son mysticisme. Ainsi, Lucia MOLINELLI-CANCELLIERI (dans "Spada, dernier bandit corse") écrit:
"Le 25 mai 1933, jour de l'Ascension, on le vit en chemise dans un état de grande exaltation. Tandis que la messe était célébrée à l'intérieur de l'église, vers 11 h 30, Spada chantait des cantiques à quelques centaines de mètres du village (de Coggia) en brandissant un crucifix."
Le 29 mai 1933, à la suite d'un renseignement, le chef d'escadron BRICE, avec douze gendarmes d'AJACCIO et de CALCATOGGIO, renforcés par les gendarmes de VICO, trouva à l'aube une cachette du bandit mais elle était vide.
Le groupe se dirigea alors vers la maison des parents SPADA. Le "sanglier" fut surpris et rapidement ceinturé.
Il fut conduit à VICO avant d'être transféré à la prison d'Ajaccio en fin de journée.
Mais son état mental préoccupant nécessita un examen psychiatrique à la prison du boulevard Chave à Marseille. Les experts psychiatriques indiqueront
dans leur rapport que SPADA simulait la folie et le déclareront pleinement responsable de ses actes. Ce rapport comporte de nombreuses erreurs et des contradictions mais qu'importe! Grâce à lui,
SPADA pouvait être jugé.
Incarcéré à la prison Sainte-Claire de BASTIA, il attendit son procès qui débuta le 4 mars 1935 et dura trois jours. dans une salle de cour
d'assises pleine à craquer. Défendu par Charles CANCELLIERI et Tito BRONZINI de CARAFFA, il suivit les débats avec une profonde indifférence et accepta l'annonce de sa condamnation à mort sans
manifester la moindre émotion.
Spada fut condamné à mort. Il fut guillotiné à l'aube de ce 21 juin 1935, devant la prison de Bastia, exactement à 4 h 12.
Le bourreau DEIBLER, n'ayant pu trouver à se loger ni à l'hôtel, ni chez l'habitant, dut coucher à bord du bateau qui l'avait amené avec sa machine. Plus jamais, la guillotine ne refit son apparition en Corse. Une époque était terminée.