À la fin de l’été, les derniers estivants et les rares résidents du cœur du village ont pu assister à un événement conduit avec décision, efficacité et talent : la restauration et l’embellissement de la chapelle Saint-Roch. En effet, pour la seconde fois, le peintre Mario SEPULCRE est venu œuvrer dans le village.
Pour mémoire, Poggiolo et Guagno-les-Bains s’enorgueillissent de trois lieux de culte :
- l’église Saint-Siméon,
- la chapelle Saint-Roch
- et l’oratoire de Saint-Antoine ermite, lequel, vestige de l’hôpital militaire, est édifié au carrefour des routes de Poggiolo et de Guagno-village.
Saint-Siméon, l’ancienne église pievane construite à Poggiolo, avait été désacralisée au XVIIème siècle, pour une longue période, à la suite du crime sacrilège perpétré dans ses murs (NDLR: ce crime, commis le 10 septembre 1634, fera l'objet d'un article particulier dans ce blog) et ne fut reconstruite que beaucoup plus tard.
L’actuelle église a été restaurée, il y a quelques années grâce au talent unanimement reconnu de Mario SEPULCRE (photo ci-contre). Il allait donc de soi que ce soit lui qui intervienne pour réaliser le travail prévu à Saint-Roch.
La commande passée concernait la restauration des peintures murales, la remise en l’état des colonnes de l’autel, repeintes il y a quelques années par de bonnes volontés poggiolaises, dans une couleur jugée peu orthodoxe par certains, ainsi que la création de fresques sur les murs latéraux du chœur : à gauche Saint-Roch, à droite Saint-Jean Baptiste.
Quelle ne fut pas la surprise de notre artiste de découvrir, sur les colonnes, sous les différentes couches de peinture, un stuc de couleur « vieux rose » dont la technique de réalisation remonte à la fin du XVIIIème siècle.
NDLR: On peut se rendre compte de cette découverte en comparant les deux
photos suivantes.
Cette découverte, des plus intéressantes, donne tout son poids à l’hypothèse avancée par le Père DOAZAN qui pense que Saint-Roch est un édifice plus ancien que l’actuel Saint-Siméon dont la construction date du XIXème siècle ; hypothèse que la datation des colonnes semble donc confirmer. On peut ainsi se laisser aller à penser que Saint-Roch a été construite après l’abandon de Saint-Siméon, à la suite d’une donation du terrain où elle a été édifié, par les familles MARTINI et DEMARTINI dont c’était le quartier d’origine et qui, pour la plupart, sont encore aujourd’hui propriétaires des maisons qui l’entourent.
Ajoutons que, si l’on comprend pourquoi une représentation de Saint-Roch a été peinte dans le chœur, celle de Saint-Jean Baptiste nécessite une explication : il y a quelques années, lors d’un contrôle du toit et du clocher, on a découvert que la cloche était dédiée à Saint Roch, mais aussi à Saint-Jean Baptiste. La chapelle est ainsi placée sous la protection de ces deux saints.
mur blanc avant les travaux
nouvelle fresque de St Jean Baptiste
Nous ne pouvons que vous inviter à venir l’admirer dans sa nouvelle configuration.
D’aucuns diront, sans doute : «encore de l’argent jeté par les fenêtres». Eh ! bien, c’est oublier l’histoire et il est de notre devoir de ne pas vouer à l’abandon ce que nos anciens ont voulu et réalisé, par leur labeur et de leurs propres deniers. Et chacun d’entre nous sait combien notre village en particulier, et la Corse en général, ne nageaient pas, à l’époque, dans l’aisance, loin de là. Devant cette volonté, le devoir de mémoire s’impose donc à tous, croyants comme non croyants.
Par ailleurs, à un moment où tous, élus de toutes tendances, comme citoyens de base, nous nous interrogeons sur le développement durable de notre Île, il est bon et réaliste d’envisager que les seuls monuments publics, témoins de notre passé insulaire, que sont nos lieux de culte, fassent partie intégrante de notre développement économique, et plus particulièrement touristique, local.
Ainsi, de même qu’il existe des « routes » du vin, des sens et des saveurs, dans les microrégions, pourquoi ne pas imaginer de créer dans la notre qui s’y prête, un circuit des lieux du culte : église anciennes, églises restaurées, églises dépositaires de tableaux du legs du cardinal Fesch, cathédrale de Sagone, etc. ?
Alors, pourquoi ne pas adjoindre un tel circuit à nos traditionnels circuits de randonnée, plutôt que de « ratiociner », chacun sur son pré carré ? Car, comme le dit le poète : « celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, tous deux étaient amoureux de la belle », ici, en l’occurrence, notre Île si chère au cœur de chacun d’entre nous.
Et, pour conclure, Poggiolais et habitants des Bains, comme des Deux-Sorru, vous tous qui passez par nos chemins, nous ne pouvons que vous inviter à venir admirer la magnifique réalisation de Mario SÉPULCRE, digne de la foi et de l’engagement de nos anciens.
Et, bien sûr, nos remerciements pour leur opiniâtreté aux quelques Poggiolais irréductibles qui ont porté ce projet et pour sa détermination, à leurs côtés, de notre municipalité. Merci également aux collectivités publiques qui, chacune à son niveau ont apporté leur aide et rendu possible cette réalisation.
Toute notre admiration et nos remerciements, enfin, à Mario SEPULCRE qui, une fois encore, nous a émerveillés par son talent.
Soyons fous, rêvons d’une inauguration,
lors de la Saint-Roch 2012 !
Hélène et Philippe DUBREUIL