Les élections territoriales, qui ont une nouvelle fois montré l’importance du sentiment national corse, auraient fait plaisir à Petru ROCCA, le grand défenseur de l’identité insulaire.
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Décédé voici exactement cinquante-cinq ans, le 7 juin 1966, à Vico, Pierre, dit Petru, Rocca y était né le 28 septembre 1887.
Fils d’un boucher, il fut attiré très jeune par les lettres, sous l’influence de sa mère, née Pozzo di Borgo, qui descendait des imprimeurs Marchi.
Après une période d’engagement dans l’armée, il s’installa à Paris où il fut employé dans une imprimerie. Il commença à écrire, notamment dans la revue «A Tramuntana» de Santu Casanova.
Petru Rocca participa à la guerre de 1914-1918 et en sortit avec le grade d’officier et le titre de chevalier de la légion d’honneur.
A partir du 15 mai 1920, il publia la revue « A Muvra » pour défendre la langue et la culture corse. Son imprimerie, transférée à Ajaccio, publia de très nombreux ouvrages d’écrivains corses.
Extrait du site L'Histoire par l'image (https://histoire-image.org/de/etudes/autonomisme-corse-entre-deux-guerres-muvra)
Petru Rocca passa rapidement à la politique en créant en 1923 le Partitu Corsu d’Azione, devenu en 1927 le Partitu Corsu Autonomistu qui réclamait l’autonomisme de l’île, puis, progressivement, l’indépendance.
Le dynamisme et les talents de tribun de l’écrivain vicolais lui donnèrent une grande audience. Ainsi, il lança une souscription publique pour édifier la Croce di u ricordu à Ponte Novu. La bataille décisive de 1769 entre soldats français et corses, alors tombée dans l’oubli, fut célébrée pour la première fois le 3 août 1925 devant une foule considérable avec un discours historique du chef de « A Muvra ».
Petru Rocca voulait s’en tenir à l’action culturelle et refusa l’action directe. Mais son parti fut de plus en plus attiré par l’irrédentisme italien. En 1938, Petru Rocca fut exclu de l’ordre de la légion d’honneur. En septembre 1939, quand le conflit mondial débute, « A Muvra » fut interdite et son imprimerie fermée.
A la fin de la guerre, Petru Rocca fut condamné à plusieurs années de prison. Libéré, il continua à écrire des poésies et contribua à de nombreux journaux.
De Petru Rocca, décédé et enterré à Vico voici cinquante-cinq ans, on se souvient de son incroyable énergie et de l’ampleur de son œuvre littéraire qui est toujours admirée. Et combien de fois les militants régionalistes, autonomistes et nationalistes, et aussi les Corses non militants, n’ont-ils pas entonné U Culombu, l’hymne laïc et politique écrit par Petru Rocca en 1937 pour équilibrer l’hymne religieux Dio vi salvi regina ?
Qui ne vibre pas au son de ces vers ?
Un son di cornu da li monti
Stende lu volu cun furor
A stu cennu siamu pronti
Riscassi da lu patriu ardor
Svanisce la diminticanza
Cresce la nostra voluntà
Disceta la speranza
A voce di colombu
Chjama di u so ribombu
A santa libertà.
Le livre « Vico Sagone. Regards sur une terre et des hommes » (ed. Alain Piazzola), toujours disponible en librairie, contient un article de François-Aimé Arrighi sur la vie de Petru Rocca et une étude détaillée de Jean-Laurent Arrighi sur le poème « Scàlanu ».
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