Pendant l'incendie de Notre-Dame de Paris, un pompier d'origine corse a eu un rôle très important que met en évidence l'entretien publié dans "Corse-Matin" de lundi 22 avril.
Stéphane CECCALDI a été appelé dès le début du sinistre au COGIC (centre opérationnel de gestion interministérielle des crises) car ce pompier a une spécialité très particulière d'expert en protection du patrimoine. Il est notamment titulaire d'une thèse sur la naissance du droit canonique au XIIème siècle et d'une autre sur le mobilier intérieur à la fin du XVIIème siècle.
L'article décrit le rôle que cet officier sapeur-pompier volontaire, qui dirige le service de sécurité incendie du Château de Versailles et du Trianon, a tenu pendant ces heures dramatiques et le bilan qu'il dresse de la situation actuelle de la cathédrale.
Issu d'une famille de Cristinacce et ayant passé son enfance à Marseille, Stéphane CECCALDI travaille également avec le SIS 2 A à la sécurisation du patrimoine de Corse du Sud. Il est donc tout à fait qualifié pour expliquer historiquement l'implantation des églises insulaires et leur importance pour l'identité de nos villages.
"L’église du village reste le point de rassemblement identitaire du village"
L’émotion est très vive dans la population. Preuve, s’il en fallait, de l’absolue nécessité de protéger le patrimoine ?
Oui, l’incendie de Notre-Dame est un vrai traumatisme psychologique qu’il faut prendre en considération, qu’il soit lié à la foi ou à un sentiment d’appartenance à une communauté. Il n’y a pas que les conséquences financières de la reconstruction et la perte patrimoniale. Lorsque j’assure des formations sur la sécurisation du patrimoine aux pompiers, je leur dis toujours de ne pas oublier que l’église du village reste le point de rassemblement identitaire d’une communauté, au-delà de toute croyance. C’est souvent le seul bâtiment ancien que l’on ait conservé dans une petite commune et dont on est fier.
Vous parlez des églises de village... Vous travaillez avec le Sis 2A pour la sécurisation du patrimoine. Quelle est votre mission ?
Nous procédons à un recensement des différents lieux culturels religieux, privés, châteaux, etc. C’est un travail que je fais depuis dix ans dans les Yvelines. Ce qui permet de rédiger, avant le sinistre, des fiches opérationnelles pour alerter de l’importance patrimoniale du lieu concerné, comme ce fut le cas à Notre-Dame. Un travail qui, à terme, peut amener, comme c’est le cas dans les Yvelines ou au musée Fesch, à la rédaction d’un plan de sauvegarde des biens culturels (PSBC) qui détermine les œuvres prioritaires à évacuer en premier ou à protéger.
Quels bâtiments en Corse devraient-ils, à votre sens, bénéficier de ce plan ?
La maison Bonaparte, la cathédrale d’Ajaccio bien sûr, où se trouve un tableau de Delacroix, l’église de Bonifacio avec ses fameuses statues de procession, le musée de la préhistoire à Sartène et un nombre absolument immense par rapport à la taille du département d’églises très anciennes avec des parties peintes importantes.
La Corse regorge d’un patrimoine religieux qui se trouve davantage dans les campagnes que dans les villes. Pour réévangéliser la Corse, Pise, au XIIe, XIIIe siècles, a implanté des églises dans les campagnes, pour aller plus vite à moindres frais.
Plutôt que de construire une église dans chaque village, un édifice était alors implanté au milieu de rien, une église qui était ensuite partagée, à titre d’exemple, par quatre communes dans un rayon de 3 km. Je travaille pour le Sis 2A mais la Haute-Corse est également remplie de trésors. Le Cap Corse, la Castagniccia… des fresques extraordinaires se trouvent aussi dans les églises du côté de Corte.
Propos recueillis par Caroline MARCELIN
Dans la pieve de Sorru in Sù, l'implantation de l'église Sant'Anarilla près des Trois Chemins correspond bien à ce récit. Au XVIème siècle, elle fut remplacée par l'église piévane de St Siméon. Cette histoire a été racontée dans l'article de ce blog dont voici le lien:
A noter: Stéphane CECCALDI a déjà été présenté aux lecteurs de "Corse-Matin" dans son édition du 17 novembre 2018.
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