LE LIEU ET LES RAISONS
La plaque de cuivre proposée par la devinette du mois se trouve dans un lieu public de Poggiolo, un endroit où tout le monde peut la voir.
Non, elle n’est pas sur une porte, ni sur une boîte aux lettres, ni sur une tombe.
Elle est tout simplement dans l’église Saint Siméon.
Cette plaque a été fixée sur le sommet du dossier d’un prie-Dieu.
«Un prie-Dieu est une chaise qui dispose d'une assise sur deux étages, la première pouvant être relevable pour s'agenouiller. L'assise inférieure sert à poser les genoux, et le dossier sert à appuyer les coudes. Les deux assises sont le plus souvent paillées.»
(Wikipedia, article «mobilier liturgique»)
«Avant le concile Vatican II qui voit progressivement l'abandon des prie-Dieu dans les églises au profit de simples chaises ou bancs et l'imposition de la position debout à la place de l'agenouillement lors des moments clés de la liturgie, il était d'usage pour les notables de la paroisse d'être propriétaire dans les premiers rangs de leurs chaises avec prie-Dieu sur lesquels ils faisaient graver leurs noms sur des plaques de métal (généralement en cuivre) ou émaillées vissées au dossier des chaises.»
(Wikipédia, article «prie-Dieu»)
L’église poggiolaise est maintenant équipée de bancs mais ce prie-Dieu a été conservé, ainsi qu’un autre qui sera évoqué à la fin de l’article.
Tous deux se trouvent à gauche, dans les premiers rangs, près de la chaire d’où parlait autrefois le prédicateur.
Mais qui était la personne dont le nom E. VENTURINI est resté sur ce siège?
E. VENTURINI
La lettre «E» de la plaque est l’initiale du prénom «Elisabeth».
Marie Elisabeth PINELLI naquit le 8 mai 1894 à Poggiolo. Ses parents, Antoine François PINELLI (1864-1944) et son épouse Marie Dominique MARTINI (1868-1909), s’installèrent à Constantine en Algérie. C’est dans cette ville que sa soeur Antoinette vit le jour en 1897 (elle décéda en 1989). Elle avait aussi un frère, Jean Toussaint, né à Poggiolo en 1891 et mort pour la France en 1918. Son nom figurait à la fois sur le monument aux morts de Poggiolo et sur celui de Constantine (voir l'article "les "poilus" poggiolais de Constantine").
Elisabeth épousa le 17 mai 1922 à Constantine Emile Richard VENTURINI, né à Nouméa en 1879 et dont la famille était originaire d’Urtaca. Il mourut en 1939 à Poggiolo sans avoir eu d'enfant.
«Madame VENTURINI», ainsi qu’on l’appelait souvent, était bien connue pour sa gentillesse et sa piété. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait eu un prie-Dieu à son nom.
Elle vécut jusqu’au 19 janvier 1996, à 102 ans, et fut inhumée à Poggiolo.
Sa sœur Antoinette eut, de son mariage avec Martin OTTAVY (1890-1957), né à Philippeville mais d’origine socciaise, un garçon Marc «Jean», qui fut tué au combat en 1944 (voir l’article "De l'Algérie aux rives du Doubs" ), et Maryvonne qui est la mère de Joël et Hervé CALDERONI.
Ce simple prie-Dieu est un témoignage important de la pratique religieuse dans la première partie du XXème siècle. Il permet également d’évoquer l’histoire d’une famille poggiolaise. Il faut espérer qu’il soit conservé encore longtemps comme document historique.
NOUVELLE ENIGME
A côté du prie-Dieu d’Elisabeth VENTURINI, il existe un autre rescapé de ce genre de meuble religieux. Il comporte les lettres «C» et «A» tracées par des alignements de gros clous à tête ronde.
Qui était ainsi désigné?
L’animateur de ce blog l’ignore et espère que des lecteurs voudront bien l’éclairer.
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Photos 1, 2 et 4 ont été prises le 21 août 2016; la 3 est extraite du film "Visite de St Siméon" tourné par Thierry CALDERONI en novembre 2008.
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